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    Statut d’autonomie de la Catalogne attendra    source La Vanguardia

    Après trois ans de réflexions et de débats, le Tribunal constitutionnel devait enfin se prononcer sur le sujet. En se déclarant incapable de le faire, il s’attire cette volée de bois vert, à partager avec l’ensemble de la classe politique.

    22.04.2010


    Le Tribunal constitutionnel n’est pas parvenu à se prononcer sur le statut d’autonomie de la Catalogne.

    Ni l’aiguillon de l’amour-propre, ni la pression exercée par le fait de voir se diluer le prestige et l’autorité d’une des plus importantes institutions de l’Etat n’ont agi.

    Le 16 avril à midi, les magistrats ont rejeté par 6 voix contre 4 le cinquième texte rédigé par la juge Elisa Pérez Vera après trois ans de délibérations tortueuses et mouvementées. Selon certaines sources, l’opposition de la majorité des juges à des points tels que la définition de la Catalogne comme nation et l’utilisation des mots “symboles nationaux” pour l’hymne, le drapeau et le blason de la région serait l’une des principales raisons de ce rejet. En résumé, les magistrats favorables à la substance du statut sont restés minoritaires, et ses détracteurs veulent inclure dans le texte une réaffirmation claire de la souveraineté espagnole, conformément à l’article 2 de la Constitution. [“La Constitution est fondée sur l’unité indissoluble de la nation espagnole, patrie commune et indivisible de tous les Espagnols, et reconnaît et garantit le droit à l’autonomie des nationalités et des régions qui la composent et la solidarité entre elles.”]

    Voilà donc l’un des points de friction qui ont fait échouer les délibérations. Comme on l’avait compris depuis le début du processus, le problème de l’approbation du statut n’est pas seulement un problème de technique juridique mais aussi et surtout de modulation politique, ainsi que d’interprétation correcte de cet esprit d’ouverture et d’intégration qui caractérise la Constitution espagnole de 1978.


    Nous nous trouvons dans une impasse. Après trois ans de délibérations très tendues, la juge María Emilia Casas n’a pas réussi à diriger correctement le travail du Tribunal constitutionnel et à lui donner le rythme et les contenus adéquats. Rappelons que, sur les douze gardiens de la Constitution, l’un est décédé, un autre a été récusé (après des ma­nœuvres internes manifestement obstructionnistes) et quatre autres ont vu leur mandat prorogé, un fait absolument insolite qui ne peut qu’inviter à procéder d’urgence à une rénovation. Cet échec rejaillit inévitablement sur le gouvernement espagnol sur le ministre de la Justice et spécialiste du droit constitutionnel Francisco Caamaño, sur la vice-présidente María Teresa Fernández de la Vega et surtout sur le Premier ministre, José Luis Rodríguez Zapatero.

    A l’heure qu’il est, le chef du gouvernement ferait bien de se demander s’il avait bien pesé tout le sens des mots qu’il a prononcés à Barcelone en cette lointaine année 2003 : “Je soutiendrai le statut qui sortira du Parlement de Catalogne.”

    La patate chaude est dans les mains de la droite .

    L’ échec rejaillit également sur la droite, c’est-à-dire sur le Parti populaire (PP). Ce n’est pas parce que nous en parlons en dernier que sa responsabilité est moins élevée sur l’échelle du non-sens. Le PP est l’auteur du principal recours en inconstitutionnalité en cours d’examen. Il y a trois ans, la droite n’a pas freiné comme il le fallait les dangereuses dérives provoquées dans l’opinion espagnole par la violence du débat sur le nouveau statut d’autonomie de la Catalogne. Et voilà qu’après ces tempêtes qui ne doivent jamais se reproduire, le Parti populaire demande aujourd’hui à la Catalogne de la compréhension et du bon sens.

    Le rejet de la dernière mouture du statut a entraîné illico le remplacement de la magistrate chargée de sa rédaction, Elisa Pérez Vera, par le vice-président du tribunal, Guillermo Jiménez, nommé sur proposition du Parti populaire (PP). Ce serait aller trop loin que de dire que la balle est maintenant dans le camp de Mariano Rajoy, le leader du PP. Nous respectons la présomption d’indépendance des magistrats, mais nous ne voudrions pas pécher par naïveté. La balle n’est peut-être pas dans le camp de Rajoy, mais la patate chaude du statut se trouve aujourd’hui dans les mains de la droite.

    Le tribunal est ressorti encore plus faible de ce dernier épisode, et la proximité des élections au Parlement de Catalogne (prévues en novembre) est devenue un facteur de première importance dans un paysage politique secoué par des convulsions. Qui voudra ajouter de l’huile sur le feu dans un pays durement touché par la crise économique ? Une réponse sensée à cette question donnera une idée raisonnable de ce qui pourrait se passer dans les mois à venir. Le Tribunal constitutionnel a échoué. L’Espagne ne pourra pas supporter plus de crises que celles qui pèsent déjà sur ses épaules, et la patience civique des Catalans ne doit pas être interprétée comme un signe d’inattention ou de désintérêt.

    Nous le répétons calmement : "Pacta sunt servanda". Les pactes sont faits pour être respectés.

    Patience, pondération et dignité. La dignité de la Catalogne

      José Luis Rodríguez Zapatero doit se rappeler tout le sens des mots qu’il a prononcés à Barcelone en cette lointaine année 2003 : “Je soutiendrai le statut qui sortira du Parlement de Catalogne.”


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  •  Publié le 14 mai 2010 à 08h44 | Mis à jour le 14 mai 2010 à 21h02

    Bangkok s'enfonce dans la violence: 16 morts, 141 blessés                           

    Les militaires ont ouvert le feu vendredi sur les manifestants antigouvernementaux lors d'affrontements qui ont fait au moins 16 morts et 141 blessés en plein centre de Bangkok, où le pouvoir tente d'isoler les «chemises rouges» en les privant de tout ravitaillement.

    En moins de 24 heures, au moins 16 personnes ont été tuées et au moins 141 blessées, selon les secours, ce qui porte le bilan de cette crise depuis mi-mars à au moins 46 morts et plus de 1.000 blessés.Parmi les blessés figurent trois étrangers, un Polonais, un Birman et un caméraman canadien de la chaîne de télévision France 24, ainsi qu'un photographe du quotidien thaïlandais Matichon et un caméraman de la chaîne câblée thaïlandaise Voice-TV.

    Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a appelé à la fin des violences et «suit avec une préoccupation croissante la rapide montée des tensions et de la violence», a déclaré son service de presse dans un communiqué.

    Les heurts ont commencé vendredi matin lorsque l'armée a tenté de progresser en direction d'une avenue tenue par les «rouges», qui ont juré la chute du gouvernement. Ces derniers ont «tenté d'intimider les autorités avec des armes», selon le colonel Sunsern Kaewkumnerd, porte-parole militaire.Des échanges de coups de feu nourris se sont poursuivis jusqu'en milieu de soirée le long de la limite sud du quartier touristique et commercial de Bangkok occupé par les manifestants depuis début avril.

    Les leaders des «chemises rouges» ont accusé le Premier ministre Abhisit Vejjajiva d'avoir lancé «la guerre civile» et ont exigé le retrait des troupes autour du quartier qu'ils contrôlent.

    «Je ne sais pas comment nous allons survivre ce soir si Abhisit n'accepte pas un cessez-le-feu. Nous espérons qu'il ne veut pas la guerre», a déclaré l'un des trois principaux cadres du mouvement, Nattawut Saikuar.Le porte-parole du gouvernement, Panitan Wattanayagorn, a déclaré que les militaires avaient été attaqués pendant qu'ils essayaient d'empêcher un nouvel afflux de «chemises rouges» vers le lieu de leur rassemblement. «Les soldats ne pouvaient pas faire autrement que de se défendre contre les attaques dont ils étaient l'objet», a-t-il affirmé.

    Officiellement, cependant, ces affrontements ne préfiguraient pas une opération pour déloger les manifestants, qui se sont barricadés derrière des barbelés, des pneus arrosés de kérosène et des grilles de bambous.«Les autorités ne lanceront pas pour le moment d'opération contre le site de Ratchaprasong, mais nous nous attendons à de nouvelles violences ce soir», a déclaré le colonel Sunsern, en exhortant les «rouges» à se disperser.

    Le ministre de la Défense, le général Prawit Wongsuwon, a indiqué à l'AFP que l'opération était «destinée à faire pression sur les 'chemises rouges' pour qu'ils reviennent à la table des négociations».

    L'armée cherche à étrangler les «rouges» sur le plan logistique dans l'espoir de réduire au maximum le nombre de manifestants, qui se retrouvent sans électricité, sans eau ni nourriture.En moins de 24 heures, la capitale a sombré dans un nouvel engrenage de violences, après 10 jours au cours desquels les négociations avaient repris le dessus entre le Premier ministre et l'opposition.

    Jeudi soir, des heurts avaient déjà fait un mort et au moins 11 blessés, dont un général renégat pro-"rouge», grièvement atteint par balle et dans un état critique.Le général Khattiya Sawasdipol, alias Seh Daeng, très populaire parmi les opposants,n'avait pas caché qu'il refusait une sortie de crise pacifique. Il est considéré comme proche de Thaksin Shinawatra, ex-Premier ministre en exil renversé en 2006 par un putsch et icône de nombreuses «chemises rouges».«Ce qui lui est arrivé était totalement inattendu», a assuré le colonel Dithaporn Sasasmit, un haut responsable de la sécurité, démentant la thèse selon laquelle le pouvoir aurait décidé de se débarrasser de lui.L'état d'urgence, décrété à Bangkok début avril, a été étendu à 15 autres provinces du Nord et du Nord-Est, bastion des «rouges».

    Dans un communiqué, M. Thaksin a jugé qu'une «solution politique était toujours possible», tout en estimant que l'action du gouvernement constituait «un délit et une violation grave des droits de l'Homme».

    Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a «le choix entre la manière forte et des moyens pacifiques», mais s'il s'accroche à son poste, il risque de sacrifier «les vies de gens innocents».


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  • Quasi-consensus à l'Assemblée pour proclamer le refus du voile intégral 



    L'Assemblée devait voter mardi la proposition de résolution UMP, "voeu" contre le port du voile intégral, première étape symbolique et consensuelle avant son interdiction dans l'espace public via un projet de loi beaucoup plus polémique, qui sera débattu début juillet.
    Procédure parlementaire née de la révision constitutionnelle de 2008,
    la résolution n'a aucun pouvoir contraignant. 


    Celle des députés UMP et de leur président, Jean-François Copé, réaffirme le principe d'égalité entre hommes et femmes. Seule allusion au voile intégral : cette tenue est une "pratique radicale contraire aux valeurs de la République".
    L'UMP et le NC ont annoncé un vote positif, ainsi que les députés PS
     et PRG. En revanche, les élus PCF devaient quitter l'hémicycle au moment du vote pour ne pas cautionner une "opération" de "stigmatisation" des musulmans.


    "Nous ne participerons pas à ce vote mascarade. Vous n'obtiendrez pas de nous un consensus qui vaudrait pour le projet de loi gouvernemental qui suivra", a déclaré Alain Bocquet (PCF). Lionnel Luca (UMP) les a accusés de vouloir ainsi "racoler l'électorat de banlieue".


    Seule exception au PCF, André Gerin, qui avait ouvert le débat en juin 2009 et présidé la mission parlementaire sur le voile intégral, a appelé à "choisir la République contre la barbarie" et lutter contre "la gangrène" qui "a commencé", en "votant la résolution puis la loi".
    "Nous ne pouvons laisser le voile intégral couvrir le visage de notre République", a lancé M. Copé,auteur de la résolution co-signée par la quasi-totalité de son groupe, en appelant lui aussi les députés à dépasser les clivages partisans.
    Le Nouveau Centre a apporté un "soutien qui ne va pas sans regret : que le processus consensuel initié par la mission parlementaire" ait été perturbé par le cavalier seul du groupe UMP.
    Le PS a apporté un soutien teinté de méfiance. "Nous voterons sans aucune tergiversation cette résolution mais nous le ferons les yeux ouverts... sans illusion" car "nous ne sommes pas dupes", a lancé Jean Glavany en dénonçant une "manoeuvre politicienne".
    "Quand il s'agira de débattre d'un texte de loi, nous serons toujours disponibles pour un consensus républicain, mais encore plus exigeants", a-t-il prévenu.
    La résolution parlementaire précède en effet
    le projet de loi, qui sera présenté le 19 maien Conseil des ministres pour acter l'interdiction du port du voile intégral dans tout l'espace public.

    Oui à la résolution, non au projet de loi d'interdiction générale, a répété la numéro un du PS, Martine Aubry, pour qui "interdire sur l'ensemble de l'espace public ne sera pas opérant, risque d'être stigmatisant et surtout inefficace car totalement inappliqué".

    A l'unanimité, le groupe PS a adopté mardi une contre-propositionqu'il déposera sous forme de proposition de loi. Tenant compte des réserves émises par le Conseil d'Etat, il propose de bannir le voile intégral des services publics et commerces. Donc pas dans la rue.

    Mais plusieurs socialistes, comme Manuel Valls et Aurélie Filippetti, sont prêts à voter le textegouvernemental, qui sera débattu début juillet à l'Assemblée et sans doute en septembre au Sénat. Gouvernement et UMP misent sur un vote conforme de la Haute Assemblée pour un vote définitif rapide.
    "Le gouvernement est déterminé à se donner tous les moyens pour lutter contre des pratiques contraires aux valeurs républicaines", a promis la ministre de la Justice MichèleAlliot-Marie.
    Pour ce débat, les conditions de sécurité avaient été renforcées à l'Assemblée.


    Source AFP 11.05.2010, 04h05




    MALOU 1360



    Quasi-consensus à l'Assemblée pour proclamer le refus du voile  « intégral » :

    La  Franceest une terre d’accueil par tradition et par idéologie  les mots sont écrits, les textes votés, mais si loin de la réalité vécue par ces femmes tous les jours ! L’omniprésence des valeurs familiales et religieuses d’un autre temps, la pression sociale dans les banlieues principalement mais pas exclusivement, l’illettrisme de ces femmes maintenues volontairement dans l’ignorance de la langue parlée, le français, de leurs droits en tant que citoyennes françaises et en temps que femmes, leur devoir d’exercer l’autorité et le contrôle parental, le suivi de la scolarité de leurs enfants et pour finir leur intégration naturelle en tant que françaises.

    Il n’est pas question ici d’effacer l’histoire et les racines, ni la pratique religieuse qui fait partie des convictions intimes.

    Nous leur demandons simplement de nous respecter, nous et les lois de la République et de tolérer que nous soyons différents…


    Aujourd’hui nous débattions  de l’interdiction du voile intégral : et que faisons -nous des autres voiles qui sont autant d’insultes à l’intégrité féminine et à sa liberté ?

    NOTES:

    Le terme hijab  est issu de la racine hajaba qui signifie « dérober au regard, cacher ». Par extension, il prend également le sens de « rideau », «  écran ». Le champ sémantique correspondant à ce mot est plus large que pour l'équivalent français «  voile » qui couvre pour protéger ou pour cacher, mais ne sépare pas.

    Selon les pays et les courants religieux, sa forme diffère : en Iran, par exemple, il s'appelle tchador et ne cache pas le visage ni les vêtements de la femme; par contre, en Afghanistan, dans certaines régions du Pakistan ou d'Inde où il s'appelle tchadri, il cache tout le corps ne laissant voir que le bas de ses jambes couvertes d'un pantalon (la femme sous son voile est habillée d'un pantalon recouvert d'une robe tombant légèrement sous les genoux) et à l'occasion ses bras et ses mains. Quand il s'appelle burqa, au sens qu'on lui donne depuis la fin des années 1980, il ne laisse rien voir du corps de la femme, ni ses mains, ni ses pieds : les Occidentaux l'appellent « voile intégral ». Traditionnellement, tchadri et burqa étaient des termes synonymes bien que le second ne fut connu que de l'intelligentsia afghane.

    Dans un contexte non arabophone, il désigne plus particulièrement le voile que certaines femmes musulmanes portent, couvrant la tête et laissant le visage découvert. Il est aussi appelé « voile islamique ». C'est le cas de pays comme les Philippines, la Malaisie ou l'Indonésie.



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  • LES DIFFERENTES CONNOTATIONS du voile


    Dans les sociétés musulmanes, la question a rarement eu l'importance qu'elle revêt aujourd'hui et le thème du voile n'a été abordé généralement dans la littérature musulmane que d'un point de vue théologique, obstacle offusquant la vision de Dieu et non comme tenue vestimentaire.

    Pendant longtemps, les légistes musulmans ont invariablement affirmé le caractère obligatoire du port du voile pour les femmes musulmanes nubiles de condition libre, en s'appuyant essentiellement sur l'interprétation du verset 31 de la sourate 24 - assez obscure - ainsi que sur le verset 59 de la sourate 33 - plus précis, mais mentionnant le jilbâb, forme de manteau ou de châle. Le débat et les interprétations portent généralement sur la partie à cacher qui relève de l'interprétation du concept coranique de 'awra, les parties à dissimuler au nom de la pudeur à la vue des autres, après la puberté[.] Pour les femmes nubiles, il s'agit pour la plupart des commentateurs du corps entier à l'exception du visage et des mains, parfois des pieds[1].

    Dans l'idée du respect du principe général de la pleine qualification des femmes à la participation de la vie publique, la plupart des légistes tempèrent également l'obligation de se voiler[1] si elle entre en contradiction avec cette participation[].

    A la différence du Nouveau Testament, le Coran ne présente pas le voile comme outil de sujétion de la femme mais d'un signe de reconnaissance des femmes de musulmans qui les met à l'abri des agressions extérieures. Néanmoins, les commentateurs musulmans ont souvent abordé le sujet sous l'angle de l'éthique musulmane qui favorise la primauté masculine.

    Depuis quelques années, la question du voile est devenue l'objet d'un large débat : l'importance des codes vestimentaires sharaïques se posant de manière paradigmatique dans le cadre de la réaffirmation de la normativité musulmane face à l'influence supposée néfaste des mœurs et discours permissifs occidentaux. Ainsi, dans nombre de pays à majorité musulmane où il était l'exception, comme l'Égypte et la Turquie, il tend à se généraliser depuis le milieu des années 1980.

    La dénomination « voile islamique » elle-même prête à confusion : elle suggère explicitement que le port du voile est une prescription de la religion musulmane, alors que d'une part, il ne semble pas s'imposer dans toutes les communautés musulmanes, et que d'autre part il a existé et il existe encore dans des communautés non musulmanes.

    En réalité, le lien entre religion et « voile islamique » n'est pas formellement établi; il repose sur des interprétations qui varient selon les lieux et les époques. Si le « voile islamique » existe bien en tant que coutume,et s'il joue un rôle indiscutable de symbole identitairepour certaines communautés musulmanes, son fondement théologique n'est pas établi de façon certaine.

    Des courants libéraux minoritaires composés de théologiens contemporains et d'intellectuels contestent l'interprétation traditionnelle dominante à partir des textes eux-mêmes, ou bien d'autres considérations.

    Dans le Coran[

    En ce qui concerne le sens religieux, le mot hijab est utilisé six fois dans le Coran. Dans aucun cas il ne fait référence au vêtement féminin, pour lequel d'autres formules sont utilisées.

    Le mot voile veut dire « rideau »,il est devenu le symbole d'une séparation entre la femme et l'homme.En revanche, le mot hijab a le sens de « rideau » pour désigner l'isolement des épouses Mahomet : « Et si vous leur demandez (aux femmes du prophète) quelque objet, demandez-le leur derrière un rideau: c'est plus pur pour vos cœurs et leurs cœurs »[5]. Cette séparation, d'abord réservée aux femmes de Mahomet, se serait ensuite postérieurement étendue aux femmes musulmanes en général.

    Le terme « voile » en français, celui que l’on porte sur la tête est abordé (indirectement) deux fois dans le Coran :

    • Dans la sourate XXIV, versets 30,31 :

    « Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C'est plus pur pour eux. Allah est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu'ils font. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs (...) (versets 30, 31) ; traduction Muhammad Hamidullah »

    .

    Le mot traduit par « voile » ici est le mot arabe « khimar » qui signifie « mante » ou « mantille ». Quant au terme rendu ici par « poitrines », il s'agit du terme arabe « juyub », que d'autres traducteurs ont rendu par échancrure, gorges, seins. Le terme juyub est utilisé par le Coran au singulier jayb à propos de Moïse (27:12 ; 28:32) dans le sens de l'ouverture de la chemise, et dans une variante du verset 66:12 dans le sens de la fente du corps de la femme, comme synonyme de sexe. Ce verset est à rattacher à une pratique arabe pré-islamique de tourner nu autour de la pierre noire, voire de frotter les organes génitaux contre cette pierre; il demande aux femmes qui participaient au pèlerinage de couvrir le sexe. D'après l'exégète du IXe siècle Tabari, ce passage recommande aux femmes de « cacher leurs cheveux, leur cou et leurs boucles d'oreilles ». Ceci ne correspondrait pas au sens de la sourate mais à l'interprétation qu'en ont faite certains théologiens.



    • Dans la sourate XXXIII, verset 59 :

    « Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de resserrer sur elles leurs voiles : c'est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées. - Dieu est celui qui pardonne, il est misericordieux ; traduction Denise Masson »

    .

    Le mot traduit par « voile » ici et dans beaucoup de traductions est le mot arabe jalabibihenna (جَلَابِيبِهِنَّ), de jalâbib qui est le féminin pluriel de jilbab (la djellaba maghrébine ou la galabeyya égyptienne) qui signifie donc « robe » , « habit » ou « châle ». Ce verset coranique constituerait donc davantage un appel à la bienséance et à la préservation socialequ'une injonction vestimentaire spécifique.

    Dans les hadiths :

    Le hadith : « Tout le corps de la femme est awra (à cacher) excepté ses mains et son visage », rapporté par le compilateur Abu Dawud, est invoqué par la majorité des théologiens sunnites, chiites et ibadites, pour justifier l'obligation de voilement.

    Ce hadith se classe dans la catégorie des hadiths faibles(il ne figure pas dans les recueils canoniques comme ceux d'al-Boukhari et de Muslim, et sa chaîne de transmission est absente, ou à tout le moins incomplète) ; or dans la jurisprudence musulmane, un hadith faible ne saurait former la base d'une disposition obligatoire. Certains libéraux avancent cet argument et d'autres pour remettre en question l'existence d'une prescription du voile.

    Chez les traditionalistes eux-mêmes, il y a débat sur l'étendue de la awra (la partie à cacher) de la femme. Abu Hanifa est d'avis que les pieds de la femme ne sont pas une awra tandis que Mâlik ibn Anas ou Ahmad Ibn Hanbal considèrent eux que les pieds de la femme doivent être cachés en se basant sur des avis postérieurs à Mahomet.

    Débats

    Bien que les prescriptions vestimentaires n'occupent qu'une place très marginale dans le Coran, cet aspect est mis au premier plan par les traditionnalistes actuels qui tentent de clore le débat sur la question en affirmant que l'obligation de voilement n'est contestée par aucune source islamique et que la question ne se pose pas. Cependant, les libéraux revendiquent ce débat. Par ailleurs, il y a eu dans l'histoire contemporaine des différents pays musulmans certaines périodes de dévoilement.

    Suivant certaines tendances traditionalistes, le Hijab doit correspondre en tout ou en partie à certains critères:

    • Couvrir tout le corps à l'exception du visage et des mains (et des pieds chez la majorité des hanafites)
    • Ne pas être une belle parure en lui-même
    • Être opaque
    • Être large, non moulant
    • Ne pas être parfumé
    • Ne pas ressembler aux habits des hommes
    • Ne pas symboliser les habits des non-musulmane
    • Ne pas attirer le regard

    Contestation de l'interprétation traditionaliste

    Plusieurs penseurs libéraux contemporains, spécialistes de l'islam, se sont employés à remettre en question l'obligation du hijab :

    • À partir des sources religieuses elles-mêmes: en contestant le sens donné par les traditionalistes à certains termes coraniques, dont aucun ne réfère explicitement aux cheveux, en rappelant que les trois versets du Coran utilisés par certains théologiens pour affirmer que le voile des femmes est une obligation ont été révélés pour remédier à des situations spécifiques: pour l'un imposer le respect de l'intimité et du domicile du prophète de l'islam Mahomet, l'autre aux femmes de Mahomet qui doivent s'habiller d'une certaine façon afin d'être reconnues et de ne point être importunées et la troisième au fait qu'il faut couvrir la poitrine (entre les seins); ou encore en remettant en cause l'authenticité du hadith invoqué par les traditionalistes à l'appui de leur démonstration; enfin en notant que, si elle existe, cette prescription n'est assortie, ni dans le Coran ni dans les hadith, d'aucune sanction.
    • À partir d'une analyse du contexte socioculturel: les libéraux estiment que les Anciens ont tenu le voilement pour une évidence parce qu'ils baignaient dans un contexte socioculturel où les normes vestimentaires d'inspiration bédouine étaient très ancrées. Si les oulémas qui leur ont succédé (depuis ceux des grandes écoles jurisprudentielles sunnites, chiites, ibadites jusqu'à ceux d'aujourd'hui) n'ont jamais songé à prendre leurs distances avec les Anciens sur cette question, c'est justement, selon les libéraux, parce que leur mode d'apprentissage et de pensée consiste à assimiler les arguments développés par ces Anciens sans les remettre en cause, alors même que l'évolution de nos sociétés contemporaines nécessiterait une réévaluation de la signification de cette norme vestimentaire.

    De tous les éléments ci-dessus, ces libéraux déduisent que le voile n'est pas un principe fondamental de l'islam, et encore moins une prescription. On peut citer par exemple Iqbal Baraka (journaliste égyptienne), Muhammad Sa'îd al-'Ashmawi (ancien magistrat et spécialiste de droit musulman et comparé) ou encore Gamal El Banna (frère du fondateur des Frères musulmans).

    En France, le Dr Al Ajami, théologien musulman français, a publié dans un ouvrage intitulé Que dit vraiment le Coran une démonstration allant dans le même sens. En revanche, les libéraux s'accordent tout de même avec la majorité des théologiens sur l'obligation de bienséance dans les vêtements et de pudeur dans les attitudes (aussi bien pour les hommes que pour les femmes du reste).

    1. En Égypte, on considère que la première remise en cause du voile a lieu à la fin du XIXe siècle : Qasim Amin, qui appartient alors au courant de pensée moderniste qui cherche à interpréter l'islam pour le rendre compatible avec la modernisation de la société, s'exprime en faveur d'une évolution du statut de la femme dans son ouvrage Tahrîr al-mar'a (La libération de la femme) publié en 1899. Il s'exprime notamment pour l'éducation des femmes, la réforme de la procédure de divorce et la fin du voile et du confinement des femmes. En ce temps là, Amin fait référence au voile facial (burqu : voile de mousseline blanche qui recouvrait le nez et la bouche) que portent les femmes de classe aisée en ville, qu'elles soient chrétiennes ou musulmanes. Le hijab d'alors est effectivement lié à l'isolement des femmes. On considère généralement que c'est à ce moment que le hijab cesse d'être le symbole d'un statut social et de richesse pour devenir un symbole d'arriération, selon ses détracteurs, et un enjeu social, politique et religieux.

    En 1923, Huda Sha'arawi, considérée comme l'une des premières féministes, retire son voile facial en rentrant d'une rencontre féministe à Rome, lançant ainsi, d'après de nombreux auteurs, un mouvement de dévoilement (al-sufûr).

    1. En Turquie et en Iran, le dévoilement est imposé au début du XXe siècle par Mustafa Kemal Atatürk et le chah d'Iran,qui voient l'adoption de la tenue occidentale comme un signe de modernisation. En février 2008, le Parlement turc, dominé par le Parti pour la justice et le développement, vote une loi autorisant les femmes à porter le voile dans les universités[6]
      Cet amendement est annulé par la Cour constitutionnelle, de majorité CHP, qui interprête la laïcité dans le sens de l'interdiction du voile sur la base de l'article 2 de la Constitution.
    2. En Tunisie, Habib Bourguiba interdit le port du voile dans l'administration publique et déconseille fortement aux femmes de le porter en public.
    3. Au Marocà l'avènement de l'indépendance, le roi Mohammed V, père du roi Hassan II, demande à sa propre fille d'ôter le voile en public, comme symbole de la libération de la femme. Cependant en présence du roi, les députées se voient obligées de se voiler les cheveux par respect de la tradition.
    4. En Afghanistan, le port du voile est rendu facultatif en 1959 pardécret royal pris par Mohamed Zaher Chah. Les femmes des milieux aisés, intellectuels ou diplomatiques seront nombreuses à Kaboul, notamment, à profiter de cette largesse.

    Les tâlebân, au pouvoir de Septembre 1996 à Novembre 2001 rétablirent l'obligation du port du tchadri.A la libération du pays par les américains, les britanniques et les français, notamment, des femmes à Hérât, Mazâr-é Sharîf et particulièrement Kaboul abandonnèrent à nouveau le tchadri pour ne conserver qu'un simple foulard sur la tête. Dans les écoles, les collèges et les lycées, les élèves portent un uniforme veste/pantalon généralement noir et un foulard blanc; leurs femmes professeurs portent un uniforme vert clair ou gris et aussi un foulard.

    À partir des années 1960, le port du voile ne fut ni imposé et ni fortement recommandé dans la plupart des pays à majorité musulmane, à l'exception de l'Arabie saoudite.

    Depuis la révolution islamique de 1979, le port du voile en public est redevenu obligatoire pour toutes les femmes en Iran.l'Arabie saoudite oblige les femmes non musulmanes à porter l'abaya sans qu'elles soient obligées de se couvrir les cheveux). En avril 2007, la police a interpellé des dizaines de contrevenantes eta distribué 10 000 avertissements.

    Aujourd'hui

    Le hijab désigne donc une tenue aux justifications coraniques confuses. Il se veut symbole de modestie et de piété, mais il désigne aussi, et surtout, une nouvelle manière de se couvrir la tête, contrainte ou revendicative, et se distingue des formes utilisées traditionnellement ou à la campagne. C'est ce que A.E. Mac Leod désigne par l'expression new veiling, le « nouveau voilement ».

    Celui-ci se diversifie au fur et à mesure que cette nouvelle manière de se couvrir la tête se répand si bien que hijab ne désigne plus seulement la tenue traditionnelle, mais l'ensemble des nouvelles manières de se voiler adoptées, principalement par les femmes appartenant à la classe moyenne au cours des années 1970 et 1980, et dont la tenue est devenue courante dans l'ensemble du monde arabe et du monde musulman.

    Le terme renvoie à une diversité de phénomènes : le hijab n'est pas le même et n'a pas le même sens en Arabie saoudite, dans la Turquie laïque ou en France.

    En France particulièrement, le voile est devenu pour certaines femmes une manière de revendiquer publiquement leur religion, ainsi qu'une soumission aux contraintes imposées par le milieu familial.


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  • Birmanie/LND: dissolution "choquante"

    AFP
    07/05/2010 | Mise à jour : 14:31 

    La dissolution aujourd'hui par la junte birmane de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Aung San Suu Kyi, est "profondément choquante", a déclaré vendredi le Quai d'Orsay, selon lequel des élections dans ces circonstances ne peuvent avoir de crédibilité.

    "La France regrette vivement cette situation profondément choquante", a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero, lors d'un point presse régulier.
    "Nous déplorons que nos appels au dialogue entre le gouvernement et l'opposition n'aient pas été entendus par la junte", a poursuivi le porte-parole. "Si rien n'est fait pour revenir sur ces mesures et ouvrir véritablement le processus électoral, celui-ci ne pourra avoir de crédibilité aux yeux de la communauté internationale", a ajouté M. Valero.

    La France avait déjà condamné fermement les nouvelles lois électorales birmanes, estimant qu'elles ne favorisent pas une participation de l'ensemble des forces politiques. L'ambassadeur français pour les droits de l'Homme, François Zimeray, avait convoyé le mois dernier ce message de la France à la junte birmane. 

    Les législatives sont prévues fin octobre ou début novembre. Elles sont les premières depuis celles que la LND avait très largement remportées en 1990, sans jamais être autorisée à accéder au pouvoir.

    La Ligue avait annoncé fin mars qu'elle boycotterait le scrutin. Une participation l'aurait obligée à exclure sa dirigeante historique et lauréate du prix Nobel de la paix, en résidence surveillée, ce à quoi elle s'est refusée.


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