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    Jordi Cabezas / Maire de La Jonquera

    «Ennemis de l’économie du Roussillon malgré nous»

    Mercredi 7.4.2010. 04:15h

     

    Village en 1993, fourmilière commerciale en 2010, La Jonquera profite à fond de la construction européenne. La commune compte 2200 habitants dont 30% d’étrangers et surtout 5000 emplois, au centre de l’axe Perpignan-Girona. Son maire depuis 1999, Jordi Cabezas, est fier d’avoir mené une politique ultra-commerciale qui profite au capital local tout en menaçant le commerce du Roussillon.


    Jordi Cabezas, maire de La Jonquera / David Espinet
    Jordi Cabezas, maire de La Jonquera / David Espinet



    Lorsqu’on arrive à La Jonquera par le nord, on a vraiment l’impression d’entrer au Mexique…

    Oui, je comprends cette impression, mais notre explosion commerciale, depuis 1995-1996, s’est produite grâce et à cause des gens du nord ! En 1993 la frontière a disparu, mais, en fait, elle est restée, car la différence de prix continue et les gens du nord continuent à venir ici pour consommer dans les restaurants, acheter des cigarettes, de l'alcool... Notre situation géographique est une chance, par la différence de prix des produits entre la Catalogne sud, la Catalogne nord et la France, car viennent ici des gens de tout le sud de la France. Cette différence de prix a assuré un développement de l'activité commerciale. Les entrepreneurs locaux, le capital local, ont cru en ce changement que proposait la Mairie, en mettant à disposition des terrains municipaux, pour un prix très symbolique, presque donné. Du coup, nous avons 400 commerces, 46 restaurants, 16 stations-service, 16 supermarchés de plus de 1000 mètres carrés, et trois polygones commerciaux : le mas Morató, le polygone de Vilella et le polygone de Les Oliveres, qui disposera bientôt d’un centre commercial de type « outlet ». Mais songez qu'il y a 30 ans il y avait des champs et des jardins potagers, avec des vaches, en lieu et place des zones commerciales actuelles. Au-delà de tout cela, nous sommes un village doté d’une société active, avec de nombreuses associations, un marché tous les samedis, et huit ermitages... nous sommes la capitale du massif des Albères, car nous détenons la partie la plus importante du Parc Naturel du massif, mais, c’est vrai, tout le monde ne sait pas tout cela.

    La situation ne vous échappe pas un peu quand-même ?

    Un peu, oui. Certains habitants n’aiment pas La Jonquera d’aujourd’hui, mais cette situation s’est produite parce que s’était écrit dans l’histoire, car nous avons la situation géographique que nous avons. Nous deux entrées et sorties vers l'autoroute, ce qui constitue un cas à part et convient très bien à l'économie. Personnellement, je préfèrerais avoir un village différent, mais celui que vous voyez est celui que nous avons. On ne peut pas mettre de bâtons dans les roues de l'activité économique. Songez que toutes les stations-service d’ici sont installées sur des terrains qui appartiennent à des entrepreneurs de la commune. Le capital est dont d’ici, très majoritairement.

    D’une certaine manière, vous revendiquez la frontière ?

    Non ! Tous les ans, nous organisons la vérification des bornes-frontière, car la France et l'Espagne nous y obligent, mais il s’agit pour nous d’un acte d'amitié avec les villages voisins de Sorède, Le Perthus, Maureillas et Saint-Jean de l’Albère, et nullement d’une revendication de la frontière. Pour moi, la frontière n'existe pas, ou ne devrait pas exister. Mais l'économie est très différente de la politique et du coeur.

    Ces derniers mois, Perpignan, La Jonquera et Girona se disputent l’implantation d’Ikea...

    On sait peu de choses au sujet d'Ikea. Nous avons des terrains privés à disposition, ils peuvent venir. Le lieu et la situation leur plaisent, car nous sommes très près de la France et de l'autoroute, sur un central entouré de plus d'un million et demi de clients potentiels, de Girona à Béziers. Et, surtout, La Jonquera dispose d’un label de ville touristique, ajouté à la qualité de ville frontalière, ce qui permet l’ouverture des commerces les dimanches et jours fériés. Cet immense avantage, que Perpignan et Girona n'ont pas, représenterait 20% d'activité économique supplémentaire pour Ikea, car les clients circulent davantage le dimanche. Avec cet argument-massue et bien d’autres projets commerciaux, nous avons un grand avenir.

    L'aéroport de Girona a affaibli celui de Perpignan, La Jonquera ponctionne des clients au Roussillon… Êtes-vous nos ennemis économiques ?

    Sûrement, mais malgré nous. Dès 1993 nous avons compris qu'il fallait amorcer un changement d'activité économique, et les entrepreneurs du village ont suivi la Mairie. Mais tout est arrivé progressivement, et cela va continuer. Imaginez qu’en 1993, avec l'ouverture de la frontière, nous avons perdu 300 habitants, puisque le 1er janvier 1993 environ 800 personnes qui travaillaient ici se sont retrouvées au chômage, suite à la crise des 80 entreprises de douanes. J’étais moi-même gérant d'un bureau de douanes et j’ai perdu mon travail. Notre Mairie, bien plus que le Gouvernement catalan et l'État espagnol, a œuvré pour notre reconversion commerciale, après avoir essayé une reconversion industrielle, qui n'a pas fonctionné, par manque de tradition dans la région de l'Empordà. Vous vous rappelerez peut-être que, pendant quelques, mois les camions passaient par l'autoroute sans s’arrêter, mais nous sommes arrivés à les faire s’arrêter de nouveau, en lançant ce grand changement économique.

    Aujourd’hui, nous sommes en concurrence avec le Roussillon, car nous partageons un même espace économique, et, à l'avenir, notre économie serait encore plus prospère. De nombreuses personnes de Catalogne nord viennent monter leur entreprise ici, car elles savent que nous sommes un pays qui a un avenir.

    Vous ne craignez pas des sentiments négatifs du Roussillon à votre égard ?

    A mon avis, le Conseil Général des Pyrénées-Orientales, la Mairie de Perpignan et toutes les autres communes, proches de la nôtre, voient en nous une chance de coopération en tous genres. Mais de toute façon, la même situation existe en Belgique, où l’on trouve de nombreuses communes comparables à La Jonquera, où gens du nord de la France vont faire leurs courses. Il y a quelques ans, il était impossible d’imaginer que des jeunes de Perpignan ou du Boulou viennent travailler à La Jonquera, alors qu’aujourd’hui, la plupart des employés de nos magasins sont des citoyens français. Pour nous, c’est absolument normal, alors que nous pourrions nous plaindre, car notre taux de chômage est plus élevé que le taux français…

    Dans la longue chaîne de communes entre Perpignan et Girona, quelle place voulez-vous occuper ?

    Nous serons un espace central, comme Figueres, entre Perpignan et Girona. Le seul problème est que nous n'avons pas de gare, à l’inverse de ces trois villes. Mais nous disposerons possiblement d’un troisième accès à l'autoroute, suite à la mise à 2X2 voies de la nationale II. Cela devrait renforcer notre économie, car nous savons que l’harmonisation européenne peut constituer une menace, lorsque les prix, les impôts et la TVA seront équivalents partout, mais ce sera très long, peut-être en 2025 ou en 2030. A ce moment-là, nous aurons créé une activité économique qui n'existera pas au Perthus ou au Boulou, nous nous appuierons donc sur une tradition. Regardez, ici, à La Jonquera, nous sommes en train de monter un outlet de plus de 100 magasins de vêtements et d’équipements de maison. Ce genre de choses n’existe pas en Catalogne nord, et, même si les prix deviennent les mêmes, les gens continueront à descendre ici.

    Vu de La Jonquera, quel est le problème du Roussillon ?

    Mis à part que je considère que c'est aussi mon pays, avec lequel je maintiens des liens personnels et politiques très forts, dans une solidarité permanente, je pense que le problème du Roussillon est qu’il se trouve au sud de la France, c'est-à-dire très loin de Paris. L'État n'investit pas donc suffisamment dans ses infrastructures, exactement comment cela se produit ici, par rapport à Madrid.


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  • Protocole d'accord signé à Perpignan par les polices française et espagnole

    L'ex-frontière du Perthus est remplacée par une zone de transition de 13 km

    Samedi 30.10.2010. 10:30h   LA CLAU


    Le démantèlement des cabines de l'ancienne frontière du Perthus à la jonction des autoroutes A9 et AP7, finalisée en décembre, est anticipé depuis plusieurs semaines par un déménagement des points de contrôle. Les services de police et de douane effectuent ainsi des opérations de filtrage ponctuelles, généralement au point de péage du Boulou, tout comme sur la Route Départementale 900 à proximité du Casino du Boulou, et autour des ronds-points d'arrivée à La Jonquera. Ce mercredi, l'outil administratif nécessaire à ce déménagement des contrôles a été lancé à Perpignan. Des patrouilles mixtes, composés d'agents français et espagnols, seront ainsi présents sur la zone de transition d'une douzaine de kilomètres, entre Le Boulou et la Jonquera. Selon le protocole signé entre le commissaire de la Police des Airs et des frontières (PAF) de Perpignan, Thierry Assanelli, et le commissaire provincial de la police nationale espagnole à Girona, Sebastián Trapote, les accords de Schengen trouveront enfin une traduction en Catalogne. En Roussillon, ces patrouilles internationales seront généralement composées d'une dotation variable d'agents français, accompagnés d'un  véhicule affecté à deux agents espagnols, et vice-versa en Empordà. Cette formule a été lancée au milieu des années 2000 à Cerbère et à Portbou pour accompagner la disparition d'une frontière, conçue comme une zone diluée et non plus comme une séparation physique.

    Autoroute AP7/A9 au Perthus, octobre 2010 © Agence Catalane d'Informations
    Autoroute AP7/A9 au Perthus, octobre 2010 © Agence Catalane d'Informations


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    ARTHUR MAS
    Discours libéral face à une assemblée de chefs d'entreprise à Madrid

    Le possible président catalan Artur Mas veut 25 % de fonctionnaires en moins

    Mardi 21.9.2010. 16:45h

     

    Le candidat centriste aux prochaines élections de Catalogne, Artur Mas, a annoncé ce mardi à Madrid son intention de réduire de 25 %, en cas de victoire, les effectifs de l'administration sud-catalane. Le leader de la coalition Convergence et Union, qui s'exprimait face à une assemblée de de trois-cents chefs d'entreprise, a promis de mettre en place un "gouvernement parmi les meilleurs", s'il remporte le scrutin, prévu le 28 novembre.

    Lors d'une analyse générale du territoire, M. Mas a défendu l'idée d'un gouvernement à "mentalité sérieuse, positive, serein, qui transmette de bonnes vibrations".

    Mais la partie la plus surprenante de son discours a concerné l'évocation d'un plan économique, destiné à "redresser le pays", comprenant des mesures fiscales, un encouragement à l'investissement, tout comme un aménagement de la fonction publique catalane et des nombreux consortiums territoriaux, comprenant 20 à 25 % de suppressions de postes. Par cette stratégie nettement libérale, Artur Mas, largement favori en tant que président catalan selon tous les sondages récents, pourrait séduire les électeurs davantage attirés par la sortie de crise que par un simple nationalisme catalan pilier de la doctrine de CiU.


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  • CATALOGNE

    Discours de précampagne de Joan Laporta, ex-président du Barça

    La Catalogne indépendante serait la 4ème puissance européenne

    Mardi 5.10.2010. 06:30h

     

    Dans la cadre de la précampagne pour les élections générales de Catalogne du sud, prévues le 28 novembre, le candidat Joan Laporta a effectué ce lundi à Barcelone une série de déclarations qui tendent à clarifier son message.

    L'ancien président du FC Barcelone, candidat du mouvement Solidarité Catalane pour l'Indépendance, qui prône un Etat catalan intégré à l'Union européenne (UE), a déclaré qu'une telle éventualité transformerait le territoire en "quatrième puissance de l'Union". Cet argument économique, nouveau dans le débat sur l'indépendance, marque une rupture avec les anciennes stratégies, inspirées de revendications souvent historiques, liés à  l'ancienne souveraineté catalane, perdue en 1714. Joan Laporta, qui cherche réunir l'ensemble du vote indépendantiste, traditionnel et nouveau, souhaite également que le catalan devienne la seule langue officielle du territoire, tout en soulignant l'intérêt d'une société "polyglotte", composée de citoyens maîtrisant "l'espagnol, le français et l'anglais". L'ancien chef de file du Barça, qui s'est penché sur l'intégration d'un Etat catalan à l'UE, considère que les grandes multinationales resteraient en Catalogne en cas d'indépendance, car elles seraient attirées par le potentiel économique. Il s'est enfin exprimé sur la perception de l'UE, satisfaite de disposer d'un "Etat sérieux au sud de l'Europe, qui manque à l'heure actuelle.


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    La ligne fonctionnera à basse vitesse de Figueres à Barcelone

    Les TGV Perpignan-Barcelone pourront accueillir 510 passagers

    Lundi 25.10.2010. 12:00h


    L'arrivée au compte-gouttes des détails techniques concernant la ligne TGV Perpignan-Figueres-Barcelone comporte une information majeure.

    La nouvelle liaison à Grande Vitesse, lancée le 12 décembre après plusieurs semaines d'essais, sera effectuée par des "trains duplex" d'une capacité de 510 passagers. Faute de continuité de la ligne entre la nouvelle gare Figueres-Vilafant et la capitale catalane, des convois de type "Alvia" seront utilisés, sur la voie conventionnelle, avec un seul arrêt sur le parcours, en gare de Girona.

    La société Rail Europe, filiale de la SNCF, a dévoilé cette information jeudi à Barcelone, tout en précisant avec insistance que les passagers arrivés en TGV à Figueres devront donc quitter le train, pour rejoindre les Alvia, à raison de deux convois par jour dans les deux sens. D'autre part, si le tarif du voyage Paris-Figueres approchera 100 euros, tandis que le trajet Figueres-Barcelone en coûtera une vingtaine, selon une information fournie par une autre société, Elipsos, à laquelle prennent part autant la SNCF que son homologue espagnole, la RENFE. La vente sera ouverte à partir du 12 novembre, après résolution de problèmes informatiques concernant la compatibilité des logiciels de réservation français et espagnol.


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