• Serbie : Ratko Mladic va pouvoir être transféré vers le TPI

     

    Publié le 27.05.2011, 14h22 | Mise à jour : 23h00

    Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie accusé de génocide et arrêté jeudi après 16 ans de cavale, va pouvoir être transféré au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI), a décidé vendredi la justice de Belgrade

    Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie accusé de génocide et arrêté jeudi après 16 ans de cavale, va pouvoir être transféré au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI), a décidé vendredi la justice de Belgrade | Politika Newspaper/AFP Zoom

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    Le Tribunal serbe vient de décider ce vendredi que Ratko Mladic était «transférable» vers le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye pour l'ex-Yougoslavie. Ratko Mladic, celui qui a été baptisé «le boucher des Balkans», inculpé par le TPI de génocide et de crimes de guerre, a été arrêté jeudi matin dans le village de Lazarevo, à 80 Km au nord-est de Belgrade.

    Cette décision du tribunal serbe contredit les propos tenus par son fils un peu plus tôt ce matin. Ratko Mladic n'est «pas coupable» et son état de santé est tel qu'il n'est «pas transférable» vers le Tribunal pénal international avait déclaré son fils Darko à la presse après une rencontre avec son père. «Nous sommes capables de prendre en charge des gens malades», a pourtant indiqué la porte-parole du TPI, soulignant que la majorité des accusés du tribunal ont été transférés à La Haye «avec des pathologies préexistantes».

    Première audition arrêtée pour raisons de santé

    La procédure de transfèrement de Ratko Mladic comprend plusieurs étapes, le ministère serbe de la Justice étant l'instance finale qui signe l'ordre de transfèrement. L'ensemble de la procédure peut demander jusqu'à sept jours ouvrables. 

    Le suspect est présenté tout d'abord, après son arrestation, à un juge d'instruction du tribunal pour les crimes de guerre à Belgrade. La première audition doit déterminer son identité et des informations générales à son sujet.
    Cette première audition de Ratko Mladic a été interrompue jeudi en raison de la santé présentée comme défaillante de l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie. Elle devait reprendre vendredi.


    Au terme de cette première audition, un premier juge décide de son maintien ou non en détention. L'inculpé et son avocat sont ensuite informés de l'acte d'inculpation et doivent se prononcer sur celui-ci. Le juge d'instruction dispose alors d'un délai de trois jours pour décider si le suspect remplit les conditions pour être transféré vers le TPI. Et l'inculpé a la possibilité de faire appel de cette décision dans un délai de trois jours. S'il le décide ainsi, un panel de trois juges dispose à son tour de trois jours pour se prononcer sur cet appel. Si l'appel est rejeté, le ministère de la Justice, en dernière instance, doit signer un ordre de transfèrement.

    Seize ans de cavale pour l'homme le plus recherché d'Europe

    Jeudi, c'est dans un village de la vaste plaine du Banat, à la frontière avec la Roumanie, loin des montagnes sauvages de Bosnie et de Serbie où nombre d'observateurs l'imaginaient, que l'homme le plus recherché d'Europe a été interpellé.

    L'ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, inculpé pour son rôle dans les massacres de Srebrenica (est de la Bosnie) et le siège de Sarajevo, vivait dans le village de Lazarevo (80 km au nord-est de Belgrade) dans la maison d'un cousin, Branislav Mladic.


    «Il était seul au moment de son arrestation (...) entouré uniquement de ses cousins. Aucun de ses soldats n'était avec lui», a indiqué une source anonyme au quotidien serbe Blic. Selon un voisin cité par Vecernje novosti, il était en pyjama quand les forces spéciales l'ont interpellé. Ratko Mladic n'a pas fait usage de deux pistolets en sa possession. On ignorait vendredi depuis quand Ratko Mladic se cachait à Lazarevo.

    Un homme vieilli et amigri


    Les photos publiées vendredi par la presse serbe montrent un homme vieilli et amaigri, les tempes blanchies sous une casquette de base-ball bleue, loin de l'époque où Ratko Mladic paradait fièrement à Belgrade malgré son inculpation par le TPI.

    Durant cinq ans, celui qui est accusé d'être un des principaux ordonnateurs du génocide de Srebrenica dans lequel périrent plus de 8.000 hommes et adolescents musulmans de Bosnie, défia ouvertement la justice internationale en fréquentant bars et restaurants de Belgrade, taillant des roses dans son jardin ou dévalant des pistes de ski.


    Mais après la chute de l'ancien président serbe , en octobre 2000, puis son tranfert à La Haye, en juin 2001, Ratko Mladic entre dans la clandestinité pour échapper aux poursuites. Le gouvernement du Premier ministre serbe Zoran Djindic aurait tenté de le convaincre de se rendre, mais en vain. Mladic passe alors d'appartement en appartement à Belgrade pour échapper aux enquêteurs. Il bénéficie de l'appui de certains de ses anciens compagnons d'armes.

    16 ans de cavale

    Un ancien garde du corps a raconté aux juges, en 2009, sa cavale, précisant qu'il avait été caché dans des casernes militaires, notamment à Topcider à Belgrade. Selon des rumeurs persistantes dans la presse, la mort de soldats de forces spéciales dans des casernes auraient été liées à la découverte inopinée de Ratko Mladic dans sa cachette.
    Comme , Mladic est aussi suspecté de bénéficier de la protection de certains membres de l'Eglise orthodoxe dans sa cavale et d'avoir été abrité dans des monastères.


    En 2009, des images de l'ex chef militaire des Serbes de Bosnie sur des pistes de ski en Bosnie ou en Serbie apparaissent sur une télévision de Sarajevo. Mais, selon le ministre serbe chargé de la coopération avec le TPI, Rasim Ljacic, ces images avaient été saisies en 2008 lors d'une perquisition dans la maison de Mladic.
    Puis, la famille de Ratko Mladic le décrit comme mort. Jeudi, son arrestation a mis fin à seize ans de cavale pour l'homme le plus recherché d'Europe.


    Un «Envoyé spécial» consacré à Srebrenica a été retransmis jeudi pour l'occasion. Il s'agit du documentaire poignant de Morad Aït Habbouche revevant sur le travail d'un commissaire français dans l'enquête sur le massacre.

    LeParisien.fr


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  • Zemmour et Naulleau virés de France 2 : justice est faite ?

    Les deux "snipers" du samedi soir perdent leur rond de serviette sur France 2. Un drame national ?
    Sélectionné et édité par Aude Baron

    Temps de lecture Temps de lecture : 2 minutes    NOLLEAU ZEMMOUR

    Dans la série « tout fout le camp », voilà que l'on a appris ce jeudi la disparition du tandem Zemmour-Naulleau. On ne va pas en faire ces tonnes, mais cela mérite que l'on s'y arrête deux minutes.

    Zemmour et Naulleau

    D'une certaine façon, c'est un petit monde qui s'en va. Toute une époque. Fini le rond de serviette pépère du samedi soir sur la deux. Fini le massacre des vedettes de télé en mal d'enfant ou des chanteuses en minijupes. Finies les envolées à la Benamou (« Cela suffit Eric Zemmour ! ») ou les anathèmes à la Leconte (« Je viens d'être jugé par des porcs »). Finis les sarcasmes contre le « prêche du frère Plenel ». Finis les « Le premier livre n'en était pas un, celui-là non plus ! » lancés à des Isabelle Alonso ou Colombe Schneck, trop bien élevées pour répondre sur le même ton. Finies les exclamations légèrement faux-cul de Ruquier en mode « Oh non ! Eric ! Vous ne pouvez pas dire ça ! ». Bref, finita la comédia du samedi soir.


    Cela nous manquera-t-il ? En l'état où les deux compères laissent les lieux, franchement non. L'un comme l'autre, pris au piège de la télévision, étaient devenus pire que les pires caricatures de ce que peut produire la boîte à images qui rend fou quand on ne soigne pas. Prévisibles. Répétitifs. Odieux. Méchants. Injustes. Inhumains. Le sempiternel sketch de nos deux camarades ne suscitait plus que de la gêne.


    Qu'y a-t-il de courageux à se payer des auteurs, artistes ou acteurs débutants, maladroits, fragiles et sensibles quand on se prosterne devant les vaches sacrées et les puissants du moment, y compris Tariq Ramadan ? Grand habitué de l'émission, j'avais fini par la déserter ces derniers mois. Pourtant, je l'avoue, au tout début de leur règne, j'avais assisté non sans déplaisir à la mise en pièces de quelques impostures, mais l'instauration ultérieure et progressive d'un régime télévisuel de terreur et vertu façon Zemmour/Naulleau avait fini par me lasser, comme bien des gens.


    On entend déjà, ici et là, le couplet sur la terrible injure à la liberté d'expression qui serait ainsi causée par cette horrible éviction. Et on se marre. Oui, on se marre. Entre le Figaro, I télé et RTL pour l'un, RTL et Paris Première pour l'autre, il semblerait que l'agora française leur demeure largement ouverte. Merci de nous épargner ce ridicule couplet. De même que l'on ne souhaite pas non plus entendre parler d'un éventuel complot qui serait parti de l’Élysée pour écarter un Eric Zemmour trop anti-sarkozyste. Le même Zemmour est invité à déjeuner à l'occasion pour y déblatérer contre les musulmans au point de gêner le président lui-même (à lire ICI) . C'est dire. Non, la vérité, toute bête et toute simple : c'est que le tandem était usé, point.

    Zemmour et Naulleau

     Une question se pose désormais, et elle justifie ce billet : cette éviction va-t-elle sonner le glas pour les émissions culturelles traquenards où, sous prétexte de critique, on livre à des artistes en pâture à des gladiateurs mercenaires dans le but d'égayer le bon peuple en mal de sensation télévisuelle ?


    Auteur parrainé par Benoît Raphaël


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  • Interruption de l'audition de Ratko Mladic

    Par FTV (avec agences)     

    RATKO

    Des Serbes d'un parti nationaliste brandissent une photo de Ratko Mladic, le 24 février 2006 à Belgrade

    Des Serbes d'un parti nationaliste brandissent une photo de Ratko Mladic, le 24 février 2006 à Belgrade

    AFP / Dimitar Dilkoff
    L'audition de Ratko Mladic devant le juge pour les crimes de guerre a été interrompue en raison de son état de santé
    Les médecins détermineront vendredi s'il peut comparaître.

    Ratko Mladic, le "boucher des Balkans"Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie en cavale, a été arrêté, tôt jeudi matin, en Serbie. Il était recherché pour son rôle durant la guerre de Bosnie (1992-1995).

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    "Le processus d'extradition est en cours", vers la Haye, où siège le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie. Cette arrestation représente "le résultat d'une pleine coopération de la Serbie avec le tribunal de la Haye. Aujourd'hui, nous fermons un chapitre de l'histoire de notre région qui nous mènera vers une pleine réconciliation" régionale, s'est félicité le président serbe Boris Tadic.

    Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPI) a inculpé l'ancien chef de l'armée bosno-serbe de génocide pour le massacre à l'été 1995 de 8000 Bosniens musulmans à Srebrenica (Bosnie).


    Un ami de la famille de l'ancien chef militaire, qui avait confirmé l'arrestation de Ratko Mladic avant la conférence de presse du président, a précisé que l'ancien chef de guerre était détenu au QG de la BIA, les services de renseignement serbes.

    En fuite depuis son inculpation en 1995, Ratko Mladic, 69 ans, est accusé d'être l'un des principaux artisans d'un plan de "nettoyage ethnique" de certaines zones de Bosnie-Herzégovine, aux côtés de l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, arrêté en 2008.


    Ratko Mladic qui doit répondre de génocide, crimes de guerre et contre l'humanité durant la guerre de Bosnie (1992-1995), devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), risque la prison à vie s'il est reconnu coupable des quinze charges de génocide, persécutions, exterminations, meurtres, déportations, actes inhumains et prises d'otages notamment qui pèsent contre lui.

    Depuis des années, le TPI pour l'ex-Yougoslavie réclamait l'arrestation de Ratko Mladic pour son rôle pendant la guerre inter-communautaire en Bosnie (1992-1995): pour le massacre de Srebrenica (Bosnie), où périrent quelque 8000 hommes et adolescents musulmans en 1995 et pour le siège de Sarajevo, au cours duquel 10.000 civils ont été tués, entre 1992 et 1995.


    Réactions internationales


    Nicolas Sarkozy  a qualifié l'arrestation Ratko Mladic de "très bonne nouvelle", "une décision très courageuse du président serbe" et "une étape de plus vers l'intégration de la Serbie dans l'Union européenne".


    La chef de la Diplomatie européenne, Catherine Ashton,  a salué l'arrestation de Mladic et demandé qu'il soit "transféré sans délai" devant le Tribunal Pénal international pour l'ex-Yougoslavie.

    Stefan Füle, le commissaire européen en charge des négociations d'adhésion, a déclaré jeudi que cette arrestation levait un "grand obstacle" sur la voie de la Serbie vers l'UE.

    L'Otan a salué jeudi l'arrestation de Ratko Mladic, estimant que celle-ci offrait une possibilité "à la justice d'être faite", près de 16 ans après son inculpation pour génocide et crime de guerre.

    A l'Onu, le secrétaire général Ban Ki-moon a estimé que cette arrestation constitue "un jour historique pour la justice internationale, qui marque un progrès dans notre volonté de mettre fin à l'impunité".

    Les familles des victimes du massacre de Srebrenica, où quelque 8.000 musulmans ont été tués en juillet 1995, ont manifesté leur "soulagement" après 16 ans d'attente.


    Londres a estimé que cette arrestation "clôt un chapitre malheureux de la Serbie".

    Pour Rome, l'arrestation de Ratlo Mladic "rapproche la Serbie davantage encore de l'Europe et de l'Union européenne".

     

     

    Tous les accusés de Srebrenica ont été arrêtés

    Avec l'arrestation jeudi de Ratko Mladic, seize ans après le massacre de Srebrenica, qualifié de génocide par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), tous les inculpés pour ce massacre sont désormais sous les verrous.


    Rappel des faits

    Lors de la prise de l'enclave de Srebrenica le 11 juillet 1995, les Casques bleus néerlandais censés la protéger n'ont pas résisté. Les forces serbes de Bosnie ont séparé les hommes et adolescents musulmans des femmes, les ont emmenés dans des camions et des cars, les ont exécutés et ont jeté leurs corps dans des fosses communes.
    Ce massacre, le pire commis en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, a été qualifié de génocide par le TPIY et par la Cour internationale de justice (CIJ).


    Déjà condamnés

    Radislav Krstic, le général qui a dirigé l'attaque contre Srebrenica, purge une peine de 35 ans de prison. Condamnation pour participation à un génocide confirmée en appel en avril 2004.


    - Les généraux Milan Gvero et Radivoje Miletic ont été condamnés le 10 juin 2010 à 5 et 19 ans de prison, respectivement, pour avoir notamment empêché l'aide humanitaire internationale d'accéder à l'enclave. Ils ont interjeté appel.


    - Le colonel Vidoje Blagojevic a été condamné en appel, en mai 2007, à 15 ans de prison et son co-inculpé Dragan Jokic à 9 ans de prison pour crimes de guerre et contre l'humanité.

    - Les officiers serbes de Bosnie Dragan Obrenovic et Momir
    Nikolic
    , qui plaidaient coupable de participation au massacre, ont été condamnés, en décembre 2003, à 17 et 27 ans de prison. En appel, la peine de Nikolic a été réduite à 20 ans.

    - Le premier condamné pour Srebrenica a été Drazen Erdemovic, ancien soldat de l'armée des Serbes de Bosnie, qui plaidait coupable. Condamné en 1998 à 5 ans de prison, il a été libéré en 2000.

    - Le 10 juin 2010, les ex-officiers de l'armée des Serbes de Bosnie Vujadin Popovic et Ljubisa Beara ont été condamnés à la prison à perpétuité pour génocide. Dans la même affaire, les ex-officiers Vinko Pandurevic, Ljubomir Borovcanin et Drago Nikolic ont été condamnés à 13, 17 et 35 ans de prison, respectivement. Seul M. Borovcanin n'a pas interjeté appel.


    - L'ancien capitaine Milorad Trbic a été condamné le 16 octobre 2009 à 30 ans de prison pour génocide, peine confirmée en appel. Transféré à Sarajevo en juin 2007, où il a été condamné par la Cour d'Etat de Bosnie-Herzégovine, il a été reconnu coupable d'avoir aidé au transport de Musulmans vers les lieux des exécutions.


    Slobodan Milosevic, décédé pendant son procès

    Avant de mourir en détention le 11 mars 2006, l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic comparaissait devant TPI pour génocide, crimes de guerre et contre l'humanité pour son rôle dans les conflits qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie dans les années 1990, y compris le massacre de Srebrenica.  


    Procès en cours

    - L'ex-chef d'état-major de l'armée yougoslave Momcilo Perisic est accusé d'avoir fourni une aide logistique à l'armée des Serbes de Bosnie, y compris à Srebrenica. La prison à perpétuité a été requise contre lui le 29 mars.

    - L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, arrêté en juillet 2008, est considéré comme un des architectes des massacres. Son procès s'est ouvert le 26 octobre 2009.


    - Le général serbe Zdravko Tolimir, ancien membre du haut commandement de l'armée des Serbes de Bosnie, est accusé de génocide, crimes de guerre et contre l'humanité pour avoir supervisé plusieurs exécutions massives aux alentours de Srebrenica. Son procès s'est ouvert le 26 février 2010.


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  • Deauville : le G8 pour soutenir les révolutions arabes 

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    Par Alain Barluet
    25/05/2011 | Mise à jour : 21:17 
    Quelque 12.000 policiers sont affectés à la sécurité du sommet des pays les plus industrialisés à Deauville.
    Quelque 12.000 policiers sont affectés à la sécurité du sommet des pays les plus industrialisés à Deauville. Crédits photo : ANDREW WINNING/REUTERS

    Conviés par la France, les dirigeants des pays industrialisés divergent sur la Libye et le Proche-Orient. 

    C'est un nouveau débarquement que va devoir affronter la côte normande, mercredi et jeudi. Dix-huit chefs d'État et de gouvernement et 2.500 délégués sont attendus à Deauville pour participer au sommet des pays les plus industrialisés, le G8, présidé cette année par la France. L'événement sera placé sous la surveillance de 12.000 policiers. La venue de Barack Obama mobilise à elle seule 700 personnes. «Club», fondé en 1975, le G8 rassemble pour des discussions informelles des dirigeants partageant théoriquement les mêmes préoccupations. Mais cette édition, dominée par l'aide aux pays du «printemps arabe», devrait aussi connaître des frictions, notamment entre les Occidentaux et la Russie. La succession de DSK à la tête du FMI devrait être évoquée en coulisses. 

    • Le soutien aux révolutions arabes 

    «Deauville ne sera pas une conférence de donateurs», répète la présidence française du G8. Le grand rendez-vous normand, sur lequel va souffler un vent venu du Maghreb et du Proche-Orient, verra néanmoins l'annonce de mesures immédiates pour aider la Tunisie et l'Égypte. Ces deux pays ont chiffré leurs besoins de financement à, respectivement, 25 milliards de dollars sur cinq ans et une douzaine de milliards jusqu'à la mi-2012. Barack Obama a déjà dévoilé la semaine dernière un plan d'aide de plusieurs milliards de dollars pour encourager la ­démocratisation. La Banque mondiale pourrait débourser jusqu'à 6 milliards si les réformes se poursuivent. Active à l'Est après la chute du Mur, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) va être redéployée vers les rives sud de la Méditerranée. Demain, un partenariat de long terme sera officiellement lancé entre le G8, la Tunisie et l'Égypte, en présence des premiers ministres des deux pays. La Russie a mis en garde mardi le G8 en déclarant que celui-ci «ne doit pas se transformer en un organe de pression et de sanctions». Une allusion à la situation en Syrie, qui figurera au menu de Deauville. Les Occidentaux veulent demander à Moscou de lever sa me­nace de veto à l'adoption d'un texte par le Conseil de sécurité dénonçant la répression.

    • L'intervention en Libye 

    Les raids intensifs lancés ces jours derniers par l'Otan sur Tripoli ont fait sortir Moscou de ses gonds. Pour le Kremlin, ces bombardements constituent un «nouvel écart grossier par rapport aux résolutions de l'ONU» légitimant l'intervention militaire pour protéger les populations. La guerre, qui devait être de courte durée, se prolonge et les dissensions s'accroissent au sein de la communauté internationale. Paris et Londres restent en pointe. Toujours en retrait, les États-Unis objectent aux sollicitations que l'opération fonctionne sans eux. Pour évoquer les pistes d'une sortie de crise, le G8 se tournera une fois de plus vers l'Afrique, dont trois chefs d'État (Niger, Guinée, Côte d'Ivoire) seront présents à Deauville. Pour la première fois, le G8 s'achèvera par une déclaration cosignée avec les Africains.

    • Proche-Orient 

    À Deauville, l'Assemblée générale de l'ONU, en septembre, se profile déjà. Les Palestiniens envisagent de faire reconnaître à New York la création de leur État. Nicolas Sarkozy a également évoqué cette perspective, si le processus n'avance pas d'ici là, mais Barack Obama, qui vient d'appuyer sur ce point Benyamin Nétanyahou, en visite ces jours-ci à Washington, est contre. Américains, Européens et Russes vont confronter leur approche pour un déblocage du processus. Nicolas Sarkozy servira d'aiguillon en rappelant ses mots d'ordre: «le statu quo n'est pas tenable» et «les paramètres d'un règlement sont connus». Toutefois, le Quartette (UE, États-Unis, Russie, ONU) n'a pas prévu de se réunir en marge du sommet et aucune percée n'est à attendre.

    • La sûreté nucléaire 

    La catastrophe de Fukushima «a balayé» ce que le groupe de travail du G8 sur la sécurité nuclé­aire préparait depuis des mois pour Deauville, explique un proche du dossier. Cet après-midi, une session sera consacrée à ce thème, après un déjeuner au cours duquel les dirigeants exprimeront leur solidarité à l'égard du Japon. La déclaration finale encouragera les pays dotés de centrales à mener des audits, comme l'ont fait les États-Unis et comme l'Europe s'apprête à le faire. Et elle appellera la communauté internationale à se doter «du plus haut niveau de sûreté» possible. Le G8 n'entrera cependant pas dans les détails et renverra à la conférence ministérielle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui réunira un nombre plus important de pays nucléaires à Vienne, le 20 juin.


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  • Le lancement d'un nouveau quotidien, "Ara", le 28 novembre, marque les années 10. Né en pleine crise de la presse, et générale, ce nouveau modèle peut répondre au nouveau paradigme de l’info, et hisser Barcelone à l’avant-garde.

    Le nouveau journal Ara, une révolution pour la presse et pour la Catalogne ?

    Vendredi 5.11.2010. 21:00h

    Le 28 novembre 2010 sera probablement une date majeure en Catalogne, avec l'ouverture d'un nouveau cycle historique consécutif aux élections du Parlement de Catalogne, à Barcelone. Car en réalité la deuxième transition historique du territoire s'est terminée par une grande manifestation d'1,5 million de personnes favorables à une Catalogne émancipée, le 10 du juillet dernier, et des référendums populaires sur l'indépendance. La première transition, de la fin des années soixante-dix au début des années quatre-vingts, avait simplement installé l'autonomie au sein de l'Espagne, et par là-même la renaissance publique de la langue catalane. Le nouveau paradigme désormais défini s'apprête à trouver un point de départ dans le domaine de la presse, avec le même 28 novembre ce n'est pas un hasard, du nouveau quotidien multi-plateforme Ara ("maintenant"), qui s'annonce de la sorte : «Un nouveau monde est en train de naître, un nouveau journal naît aussi».

    La crise de la presse est celle de la fin d'un monde


    En Catalogne du Sud, à la fin des années soixante-dix et aux début des années quatre-vingt, une fois digéré le régime totalitaire de Franco, la transition espagnole vers la démocratie a favorisé l'arrivée du journal Le Periódico de Catalogne, dans la dynamique fédéraliste socialiste, et du quotidien Avui, dans la dynamique catalaniste, tandis que le nouveau pouvoir dirigé par le président catalan Jordi Pujol sauvait le journal ancestral La Vanguardia. Ce geste a d'ailleurs permis de panser les plaies, tout en faisant le lien avec le passé. Ces trois expressions ont jalonné une séquence historique fondamentale, désormais révolue. Le journal leader, El Periódico, subit une forme de perdition idéologique, tandis que le journal Avui se dilue, et résiste, en fusionnant avec El Punt. Parallèlement, La Vanguardia prévoit de lancer en 2011 une version en langue catalane, tout en perdant beaucoup d'argent. Si la crise de la presse est réelle, au niveau global et au niveau sud-catalan, au-delà du souci économique, ne s'agit-il pas de la fin d'un monde ? La réponse semble être affirmative. On assiste avant tout à l'effondrement d'un système idéologique qui condamne ses soutiens, comme le démontrent les exemples des journaux français Libération et Le Monde, tous deux fondés en 1945.

    Naissance du journal d'après le XXe siècle


    Le lancement du journal Ara accompagnement un changement de modèle, mais surtout de génération. Ce nouveau titre apparaît déjà comme le journal « d’après », selon ses instigateurs, c'est-à-dire un grand nombre de pointures de la presse sud-catalane, comme Carles Capdevila, Antoni Bassas, Albert Om ou Toni Soler. Tous sont nés dans les années 1960, ce n'est pas un détail, et illustrent à merveille ce changement générationnel post-vingtième siècle, c'est-à-dire post-Franco et post-1989. Une génération catalanophone sans complexes, qui a connu le début d’Internet. Biberonnés à Catalunya Ràdio ou TV3, médias publics, catalans et universels, ces acteurs ont pu s’y sentir à l’étroit, car leur génération maîtrise parfaitement ce nouveau monde médiatique. Certainement, elle voit plus loin, même au-delà de la crise économique actuelle, point de départ risqué mais ô combien symbolique.

    Barcelone risque d'être trop en avance

    Le journal Ara entend répondre à plusieurs exigences du nouveau paradigme, notamment technique, en lançant un média multiplateforme, c'est-à-dire en version papier, mais aussi avec un support web, notamment adapté aux formats portables, et performant, la presse Internet ayant sa logique propre. Annoncé par un manifeste, le nouveau quotidien veut associer une rigueur et une grande qualité journalistique autour de ses signatures chevronnées, ainsi qu'une logique 2.0 basée sur une forte participation et intéraction avec le lecteur. Là réside peut-être la plus grande inconnue, en fonction de la viabilité du modèle économique engagé, qui pourrait transformer Ara d'un effet d’annonce à une véritable mini-révolution, si ce nouveau média se connecte réellement avec la société catalane. Seul le succès pourrait faire d’Ara la référence, pour peu que cette publication saisisse l’air du temps et sache lire ce qui agite le monde, du multiculturalisme de nos sociétés à la crise économique mondiale, de la crise de l’identité à la crise de la démocratie. Depuis Barcelone, et surtout en catalan. Dans le concert européen, alors que le reste, Paris, Londres, Berlin ou Rome, peinent à décrire l’après, Barcelone pourrait se hisser à l’avant-garde ou être trop en avance par rapport à un nouveau modèle qui ne peut que naître aussi ailleurs.

    Journal Ara : www.ara.cat


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