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Rosa Luxemburg est née le 5 mars 1871 dans la ville polonaise de Zamosc. Elle vient d'une famille de commerçants juifs. La Pologne est alors sous domination russe. La jeune Rosa fait ses études à Varsovie, mais ses liens avec les mouvements révolutionnaires, la poussent à fuir en Suisse en 1889. Beaucoup de révolutionnaires y sont exilés comme Plekhanov ou Axelrod.
Elle travaille à un doctorat d'économie politique à Zurich. Elle co-fonde le parti social démocrate polonais et milite pour l'unité d'action des travailleurs polonais avec leurs camarades russes pour renverser le tsarisme. En 1983, elle est déléguée de la Pologne au IIIe congrès de l'IS, n'hésitant pas à s'y opposer à Engels sur la question de l'indépendance de son pays.Peu de temps après Rosa Luxemburg devient citoyenne allemande et adhère au SPD où elle anime l'aile gauche avec Karl Liebknecht, en opposition au révisionnisme de Bernstein. En 1905, elle soutient la révolution russe de Varsovie, mais elle est arrêtée. Dans la période qui va de 1907 à 1914, Rosa Luxemburg donne des cours à l'École de la social-démocratie à Berlin. Elle y défend l'idée de la grève de masse comme principal moyen d'action révolutionnaire.
En cela, Luxemburg s'oppose à Lénine, qui préfère l'organisation et la discipline d'un parti de révolutionnaires professionnels à la " spontanéité " des masses. Dans la même période, elle écrit également l'Accumulation du capital (1913), un ouvrage dans lequel elle tente montre que l'évolution de l'impérialisme capitaliste conduira à un renforcement de la lutte des classes et donc, l'action révolutionnaire.
La guerre éclate en 1914, soutenue par les députés SPD. Dans le parti socialiste, Luxemburg fait partie des pacifistes, ce qui lui vaut d'être emprisonnée.
La crise interne au SPD la conduit, en 1916, à la fondation avec Karl Liebknecht, Franz Mehring et Clara Zetkin du mouvement spartakiste, résolument révolutionnaire et antimilitariste. Luxemburg est encore incarcérée jusqu'en 1918. Ses écrits de prison sous le pseudonyme de Junius, servirent de base au programme spartakiste.
Rosa Luxemburg accueille avec enthousiasme la révolution de 1917, mais elle reste très lucide et visionnaire sur l'autoritarisme et le manque de liberté du régime mis en place par Lénine. Dans La révolution russe, elle écrit : "La liberté seulement pour les partisans du gouvernement, pour les membres d'un parti, aussi nombreux soient-ils, ce n'est pas la liberté. La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement." [...] "La tâche historique qui incombe au prolétariat, une fois au pouvoir, c'est de créer, à la place de la démocratie bourgeoise, la démocratie socialiste, et non pas de supprimer toute démocratie."
Pour Rosa Luxemburg, la dictature du prolétariat consiste en "la manière d'appliquer la démocratie, non dans son abolition, dans des interventions énergiques, résolues, dans les droits acquis et les rapports économiques de la société bourgeoise, sans lesquelles la transformation socialiste ne peut être réalisée. Mais cette dictature doit être l'oeuvre de la classe et non d'une petite minorité dirigeante, au nom de la classe, autrement dit, elle doit sortir pas à pas de la participation active des masses, être sous leur influence directe, soumise au contrôle de l'opinion publique, produit de l'éducation politique croissante des masses populaires."
Libérée en novembre 1918, elle participe à la fondation, du Parti communiste allemand, le KPD.
Opposée à l'insurrection spartakiste à Berlin de janvier 1919, à cause d'un rapport de forces défavorable aux révolutionnaires, Rosa Luxemburg y participe quand même. L'insurrection échoue et elle est arrêtée, avant d'être assassinée avec Liebknecht le 15 janvier.
L'originalité de la pensée de Rosa Luxemburg est qu'elle s'affirme très tôt comme attachée à l'orthodoxie marxiste. En cela, elle critique les options de Bernstein et Kautsky.
Passionnément révolutionnaire, elle n'en est pas moins attachée à la perspective d'une authentique démocratie socialiste.
Une femme libre, dans son siècle,qui nous fait réfléchir sur les notions d'égalité et de démocratie...
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L’égyptologie perd Christiane Desroches Noblecourt
le 25/06/2011 à 00:00Christiane Desroches-Noblecourt décorée de la Légion d’honneur par le président Jacques Chirac en 2005 Photo AFP/Patrick Kovarik
L’égyptologie perd Christiane Desroches Noblecourt
Surnommée « la grande prêtresse de Ramsès II », la célèbre égyptologue française Christiane Desroches Noblecourt est décédée à l’âge de 97 ans, jeudi à Sézanne, dans la Marne.
Ancienne résistante, cette grande dame de l’archéologie a été conservateur en chef des antiquités égyptiennes au musée du Louvre.
Elle s’était battue pendant vingt ans, avec l’appui d’André Malraux, ministre de la Culture du général de Gaulle, et avec l’Unesco, pour sauver les temples de Nubie, en Haute-Égypte, menacés par le lac de retenue du barrage d’Assouan. Elle a conçu le projet, considéré comme impossible par les autorités égyptiennes et de nombreux spécialistes, de surélever les temples creusés dans le rocher.
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Fuite au bac : lycéens et parents mettent la pression sur Chatel
Publié le 24.06.2011, 10h25 | Mise à jour : 22h50
Des lycéens et des parents d'élèves ont remis une pétition forte de 15000 signatures réclamant au ministre de l'Education Nationale de revenir sur sa décision de ne pas faire noter une partie de l'épreuve de mathématiques du bac S. (AFP)
La fronde des parents et des lycéens contre la décision de Luc Chatel de ne pas noter l'exercice de mathématiques du bac S qui a fuité sur internet ne s'essoufle pas. Une délégation a porté vendredi au ministère de l'Education nationale une pétition qui a, selon elle, recueilli 15 000 signatures pour faire revenir le ministre sur sa décision, jugée injuste et inégalitaire.
Lundi soir, un exercice de probabilités de l'épreuve de maths, passée mardi par 165 000 élèves de la Série S, a été publié sur Internet, un événement rarissime. Plutôt que d'annuler l'épreuve, Luc Chatel a décidé de répartir les quatre points de l'exercice incriminé sur deux autres.
La pétition, qui circule depuis mercredi sur Internet (www.petitionenligne.fr), demande au ministre de «reconsidérer» sa position et «de reprendre la notation de cet exercice ou bien d’accorder à l’ensemble des copies la note de 4». Elle est soutenue par la FCPE. «A défaut de réponse favorable de votre part sous huit jours, nous sommes nombreux à vouloir saisir le médiateur de l'Education nationale puis éventuellement engager un recours au tribunal administratif», avertissent les pétitionnaires.
La délégation arborait un tee-shirt sur lequel on pourra lire : «Luc, touche pas à ma notation de bac, va plutôt réviser tes maths», en référence à l'interview de M. Chatel «qui n'a pas su faire une règle de trois le 7 juin sur BFM TV», rappelle le communiqué.
Déjà plusieurs recours devant le tribunal administratif
Les parents d'élèves qui avaient tenté en vain de saisir le Conseil d'Etat contre la décision de Luc Chatel se sont tournés vendredi vers le tribunal administratif (TA) de Paris. Jeudi, le Conseil d'Etat s'était déclaré «incompétent» pour examiner le recours déposé par M. et Mme Scemama au nom de leur fille Isadora, une lycéenne de terminale S de Paris. La haute juridiction avait précisé que ce type de recours devait être déposé devant un tribunal administratif.
Depuis, les recours continuent mais sont cette fois déposés dans les Tribunaux Administratifs. Un lycéen de La Rochelle a ainsi saisi jeudi le TA de Poitiers.
Des syndicats partagés
Annuler l'épreuve et la repasser, c’est ce que réclament le Snes, principal syndicat d’enseignants du secondaire ainsi que l’Association des professeurs de mathématiques (Apmep). Le Sgen et la fédération de parents d'élèves FCPE suggèrent quant à eux d'accorder les 4 points de l’exercice « neutralisé » à tous.
> A venir
Les résultats du Bac seront annoncés à partir du 5 juillet 2011 et seront accessibles sur notre site internet.
LeParisien.fr
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Madame la Pharaonne
Par L'Express, publié le 18/07/1996
Fidèle adoratrice de Ramsès II, l'égyptologue Christiane Desroches Noblecourt nous en raconte La Véritable Histoire. Portrait de l'auteur.
Du sommet de son immeuble parisien, celle qu'on a surnommée "la Pharaonne" attend des nouvelles de Ramsès II. Christiane Desroches Noblecourt, l'égyptologue qui a sauvé les temples de Nubie, gratté le sable dans la Vallée des Reines et fait découvrir Toutankhamon et ses trésors à une foule accourue de toute l'Europe, continue d'exprimer sa passion pour ce Ramsès qui fut le plus illustre pharaon de l'Histoire. Qui croirait que cette petite dame pétillante a commencé sa carrière avant la guerre, elle qui s'enflamme toujours pour ce souverain fabuleux qui fit trembler les monarques de son temps?
La plus célèbre des égyptologues françaises - moins par ses découvertes que par ses intuitions fulgurantes et son génie de l'action - a quelques raisons de s'impatienter. Ramsès devrait bientôt donner de ses nouvelles. De l'autre côté de la Méditerranée, dans la Vallée des Rois, l'Américain Kent Weeks vient de reprendre ses pelles et ses pioches. Il cherche un passage secret entre la tombe du grand roi et le mausolée de ses héritiers. Et un dernier message de celui qui régna pendant soixante-huit ans sur un empire qui s'étendait des confins du Soudan aux sources du Nil, des sables d'Arabie au désert libyen. Weeks aura beau trouver des momies, des papyrus, des statues ou des amulettes, personne ne saura faire rêver les foules comme Mme Desroches depuis soixante ans.
Ramsès doit bien un signe de connivence à sa plus fidèle adoratrice. Elle prétend que sa passion égyptienne est née à Paris, devant l'obélisque de la Concorde. Gravés dans le granit, des corps gracieux, des oiseaux enchanteurs et des graphies énigmatiques évoquent une culture méconnue, à découvrir. Il n'en fallait pas plus pour que la gamine décide d'aller voir sur place l'origine des hiéroglyphes. A l'époque où les jeunes filles de bonne famille se contentaient de vagues humanités, elle se plonge dans l'histoire des dynasties de l'Ancien et du Nouvel Empire. Très vite, elle part sur le terrain, en jodhpurs et casque colonial. Résolue à rivaliser avec Carter, le découvreur de Toutankhamon.
A l'en croire, elle comprend sans tarder que le temps des colonies est terminé. L'égyptologie doit se faire en accord avec les chercheurs locaux. Elle se targue aussi d'avoir été féministe avant l'heure. Ça jasait dans les clubs britanniques du Caire, où l'on écoutait plus du fox-trot que le Coran: une femme sous la tente, dans le désert, donnant des ordres aux fellahs et rendant des comptes à un vieux chanoine - Etienne Drioton, directeur en tarbouch du service des Antiquités de l'Egypte - qui travaillait "comme un bagnard". Scorpions, cobras: rien ne l'effraie. L'audacieuse montre déjà ses qualités - une détermination inébranlable, une santé à toute épreuve et l'art de se concilier les puissants. "Il faut toujours les mettre de son côté." Il y aura donc deux Christiane: l'une officielle, conférencière de talent, vedette de dîners diplomatiques; l'autre officieuse, affairée dans les ruines, au Caire, au Louvre et dans les antichambres ministérielles.
La médaille de la Résistance:
Un art difficile, qui n'empêche pas le refus des compromissions. Aujourd'hui encore, la voici qui pique des colères et vous lance des "Nom d'un chien!" vindicatifs. Pendant la guerre, alors que nombre de conservateurs font des courbettes devant l'occupant, elle fait partie d'un réseau. Sa médaille de la Résistance, c'est le général de Gaulle qui l'épinglera. C'est elle qui le guidera, en 1967, dans l'exposition Toutankhamon, au Petit Palais, où vont défiler plus de 1 million de personnes. Mais surtout qui persuadera René Maheu, à l'Unesco, et André Malraux de prendre la tête de la croisade pour le sauvetage de la Nubie.
Quand on visite aujourd'hui l'immense temple d'Abou-Simbel, reconstitué, pierre par pierre, sur un îlot au bord du lac Nasser, on a du mal à imaginer l'énergie qu'il a fallu pour convaincre les Nations unies, les Egyptiens, une poignée de pays riches et quelques rares mécènes de sauver 24 temples qui allaient être noyés par les eaux d'un barrage - pharaonique - payé par les Soviétiques. La conservatrice doublée d'une militante attendra plus de vingt ans pour raconter cette épopée dans La Grande Nubiade. Parce qu'elle préfère agir plutôt qu'écrire.Comme elle les a houspillés tous, puissants et obscurs, pour faire recueillir sous un soleil de plomb fresques, colonnes et statues que personne n'allait voir! Et qui sont devenues, depuis, la meilleure affaire des tour-opérateurs.
Il n'y aura plus jamais de chantier de cette envergure pour assouvir son ambition. La plus célèbre Française du Caire fera cependant venir la momie de Ramsès II à Paris pour la guérir des champignons qui la défigurent et fouillera la Vallée des Reines pour connaître la dernière demeure de la reine Touy.
En réalité, la dame du Nil aurait aimé être le vizir de Ramsès - influencer sa politique, participer aux rituels du pouvoir. Toute visite dans son appartement du XVIe arrondissement finit par ressembler à une séance de diwan chez un satrape. Dans un décor d'intellectuels raffinés, elle vous annonce que Ramsès était un rouquin. "Un signe maléfique, dans l'ancienne Egypte. Surdoué comme il l'était, il a fait croire que c'était un signe du ciel." Evidemment, elle n'est pas dupe. Pour avoir fréquenté tant de grands hommes, vivants et morts, elle sait ce qu'il faut d'intuition et de volonté pour créer une oeuvre.
Ramsès II. La véritable histoire, par Christiane Desroches Noblecourt. Pygmalion/Gérard Watelet, 427 p., 139 F.
* à lire également
Une passion égyptienne, de Claudine Le Tourneur (Plon, 236 p., 120 F).
Un complot sur le Nil, de Marie-Ange Faugérolas (Lattès, 354 p., 129 F).
Le Secret du pharaon, de Violaine Vanoyeke (L'Archipel, 296 p., 120 F). La Fortune d'Alexandrie, de Gerald Messadié (Lattès, 428 p., 129 F).
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23/06/2011 / SYRIE - TURQUIE
Les réfugiés se ruent vers la frontière turque pour fuir les chars syriens
Les chars de l’armée syrienne ont investi ce matin le village frontalier de Khirbet al-Jouz et ses alentours, poussant les réfugiés qui s’étaient massés dans cette zone à fuir vers la Turquie.L’armée syrienne avait déjà pénétré hier dans le village de Badama, situé à 2 kilomètres de la frontière et à 10 km de Khirbet al-Jouz.
Les soldats syriens sont arrivés à Khirbet al-Jouz le 23 juin au matin. Ils ont investi le camp où s’étaient réfugiés des habitants de villages du nord-ouest du pays. Plus de 10 000 déplacés ont déjà rejoint la Turquie, mais des milliers d’autres hésitaient encore à passer la frontière, de peur de ne plus pouvoir rentrer ensuite dans leur pays.
"Vers six heures du matin, nous avons vu les chars à l’entrée du village"
Mohamed Abdelwahab est un habitant de Khirbet al-Jouz. Il avait déjà quitté son village pour s’installer dans un des campements de réfugiés aux alentours.
" Notre campement était situé sur une colline qui surplombe le village de Khirbet al-Jouz. Vers six heures du matin, nous avons vu des chars à l’entrée du village. Ils étaient accompagnés de bulldozers et ils avaient commencé à détruire quelques maisons. Nous avons pris peur, nous avons ramassé le peu d’affaires que nous avions et nous avons passé la frontière.
J’ai entendu parler d’arrestations dans mon village, mais elles ne doivent pas être très nombreuses car la plupart des habitants avaient fui avant l’arrivée de l’armée.
De là où je suis, je vois la tour Daymouss qui servait à guetter les incendies de forêts. Elle est maintenant occupée par des soldats syriens. Nous voyons aussi de la fumée qui monte de notre village. Peut-être qu’ils sont en train de brûler les maisons…"
Du côté turc de la frontière, nous manquons de vivres et de médicaments, mais la Croix-Rouge et l’armée turque nous ont apportés de l’eau. Heureusement, car il fait très chaud. Des cortèges de voitures se succèdent pour nous emmener vers les camps."
Cet article a été rédigé en collaboration avec Sarra Grira, journaliste à France 24.
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