• Election présidentielle à haut risque en République démocratique du Congo

    LEMONDE | 28.11.11 | 11h53   •  Mis à jour le 28.11.11 | 12h09

     

    Un partisan d'Etienne Tshisekedi participe à des affrontements avec la police, samedi 26 novembre, devant une affiche de campagne du président sortant Joseph Kabila.

    Un partisan d'Etienne Tshisekedi participe à des affrontements avec la police, samedi 26 novembre, devant une affiche de campagne du président sortant Joseph Kabila.AFP/GWENN DUBOURTHOUMIEU

    Kinshasa Envoyé spécial - A Kinshasa, la route goudronnée, par endroits, qui mène vers l'aéroport international de Ndjili au travers de quartiers miséreux en ébullition concentre tout le potentiel explosif du scrutin présidentiel et législatif, à un tour, du lundi 28 novembre. Un cocktail reproductible à l'échelle de la République démocratique du Congo (RDC, ancien Zaïre), alors que les deux principaux adversaires à la présidentielle, si ce n'est ennemis, l'opposant "historique" Etienne Tshisekedi (79 ans) et le chef de l'Etat sortant Joseph Kabila (40 ans), se sont engagés, chacun avec ses propres armes, dans une fuite en avant.

    Dimanche, un semblant de vie normale reprenait ses droits sur la route vers Ndjili. Les fidèles, apprêtées dans leurs jolies robes, sortaient tranquillement des églises. La veille pourtant, ce cordon bitumeux mité par l'impéritie des gouvernements qui, depuis l'indépendance de l'ancienne colonie belge en 1960, ont consciencieusement mis à sac ce pays potentiellement richissime, était un champ après la bataille: jonché de pierres et balisé de pneus en flammés.

    Kinshasa n'a jamais aimé et n'aime toujours pas Joseph Kabila, "le Rwandais" comme l'appelle, méprisant, Etienne Tshisekedi. Le vieil homme politique reprend ainsi à son compte les douteuses insinuations aux relents nationalistes véhiculées, et toujours démenties, sur les ascendances du président, propulsé en 2001, à 30 ans, à la tête du pays, au lendemain de l'assassinat de son père Laurent-Désiré, tombeur du dictateur, le maréchal-président Mobutu Sesse Seko en 1997, grâce aux forces rwandaises.

    Aujourd'hui, et une guerre plus tard, les appétits du petit Rwanda sur les richesses orientales du géant congolais ne sont pas rassasiés. Mais le discours antirwandais, lui, ne fait plus vraiment un programme électoral.

    Samedi, les jeunes des communes kinoises de Matete, Ndjili et Masina sont sortis par milliers de leur taudis pour dire à Kabila, à leur façon, brutale, qu'eux, les désœuvrés, ne veulent plus de Joseph Kabila pour perpétuer le pillage des richesses minérales du pays. Ils étaient là aussi pour fêter bruyamment le retour dans la capitale d'Etienne Tshisekedi, "le Sphinx de Limete", en référence à son quartier de "Kin" d'où il s'oppose sans relâche depuis trente ans à tous les gouvernants congolais, qui l'ont enterré politiquement plusieurs fois.

    Au retour de sa tournée dans le pays, Etienne Tshisekedi entendait conclure sa campagne à Kinshasa par un meeting provocateur aux abords du stade des martyrs en même temps que celui du président. Ces rendez-vous n'eurent jamais lieu. Il y eut sur place des échanges de pierres entre les militants des deux camps. Quand il se confirma que la rue de Kinshasa appartenait aux "tshisékédistes", les brigades d'intervention rapide de la police antiémeute et antiterroriste firent parler leur brutalité.
    Il y eut plusieurs morts. Au milieu de la journée, trois corps étaient encore visibles sur le bord de la route de l'aéroport. Le nombre total – six? dix? plus? – est invérifiable dans cette cité de 10millions d'habitants.

    Pour éviter un bain de sang encore plus grave, tous les rassemblements ont été annulés. Etienne Tshisekedi n'a jamais eu sa marche triomphale depuis l'aéroport. Il y a été bloqué par la police pendant dix heures avant d'être reconduit chez lui sans ménagement au milieu de la nuit.

    Cela n'a pas entamé sa détermination. Dimanche matin, en conférence de presse, il a transmis le message qu'il répète depuis le début de sa tournée électorale. Celui qui n'est à ce jour que le président de l'Union démocratique pour le progrès social (UDPS) est convaincu, avant même le scrutin, que "les Congolais [l]'ont déjà nommé président de la République". Et si le résultat devait être contraire aux présages du "Sphinx", "les Congolais sauront prendre leurs responsabilités", lâche-t-il, confiant dans la force de la rue. La désorganisation du scrutin pourrait lui offrir aussi l'occasion de crier au voleur au moment de la publication des résultats.

    En 2006, lors du premier scrutin pluraliste de l'histoire du Congo indépendant, la communauté internationale avait dû accomplir des miracles pour mener à son terme une élection jugée plutôt réussie. Rien de tel, cette année. Des observateurs prévoient un véritable chaos.

    La communauté internationale a tout de même contribué à hauteur de 400 millions de dollars (300 millions d'euros) dans l'organisation, et la flotte aérienne de la mission des Nations unies au Congo (Minusco) a convoyé le matériel électoral dans les principales villes du pays. Le reste revient aux autorités congolaises pour alimenter 64 000 bureaux de vote (pour 32 millions d'électeurs inscrits sur une liste contestée), certains perdus au milieu de la forêt équatorienne où les urnes, grandes comme des poubelles d'immeuble, ne peuvent arriver qu'à dos d'homme ou en pirogue.

    Dans ce contexte, et sans parler des fraudes, nul doute qu'Etienne Tshisekedi saura trouver matière à contester et à exciter les bidonvilles. Mais les violences de samedi donnent une idée de la réponse que le camp de Joseph Kabila entend donner. Les hordes désœuvrées trouveront alors face à elles du matériel antiémeute sud-africain ou les milliers d'hommes de la garde présidentielle. Et si l'issue est, malgré le déséquilibre des forces, incertaine à Kinshasa, que dire du reste du pays?

    Christophe Châtelot

    Des bureaux de vote incendiés dans le Centre

    Des bureaux de vote ont été incendiés, des bulletins volés, d'autres déjà mis dans des urnes avant l'ouverture du scrutin, lundi 28 novembre, dans la ville de Kananga, fief de l'opposant Etienne Tshisekedi, dans le centre du pays, a-t-on appris de source onusienne et locale.

    Les incidents ont débuté alors que des bureaux de vote tardaient à ouvrir faute de bulletins et d'urnes, notamment, et ils se sont aggravés après la découverte d'urnes déjà remplies, selon cette source onusienne. Une "quinzaine" de bureaux de vote ont été incendiés, a affirmé un candidat député, présent à Kananga.


    votre commentaire
  • Les shebabs interdisent 16 ONG et agences onusiennes en Somalie

    LEMONDE.FR Avec AFP | 28.11.11 | 11h58   •  Mis à jour le 28.11.11 | 12h06

    Des réfugiés dans le sud-ouest de la Somalie, le 30 octobre.

    Des réfugiés dans le sud-ouest de la Somalie, le 30 octobre.AFP/TONY KARUMBA

    Les insurgés islamistes shebabs ont confirmé lundi la fermeture de 16 ONG et agences humanitaires de l'ONU, accusées "d'activités illégales" en Somalie, et ont menacé d'interdiction toute autre organisation qui ne respecterait pas leurs règles. "Toute organisation […] activement engagée dans des activités jugées nuisibles à la mise en place d'un Etat islamiste ou menant des activités autres que celles qu'elles disent officiellement mener seront immédiatement interdites, sans avertissement", mettent-ils en garde dans un communiqué.

    Selon une source sécuritaire en Somalie, les rebelles auraient mené des descentes coordonnées dans les bureaux de plusieurs ONG et agences de l'ONU dans les villes de Beledweyne, mais aussi d'El-Bur, Kismayo, Wajid, Merka, Baidoa, Bulo Burte. Des miliciens armés auraient ordonné aux personnels des agences de quitter les lieux et auraient saisi ordinateurs, téléphones et autres équipements de bureau. Aucune arrestation de personnel humanitaire n'était à ce stade signalé. Selon des habitants, quelques rares ONG, dont le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et Médecins sans frontières (MSF), auraient à ce stade été épargnées.

    En 2009, les shebabs avaient déjà forcé la majorité des ONG et agences onusiennes à évacuer les zones sous leur contrôle, les accusant de visées politiques ou de déstabilisation du marché agricole local. Celles restées sur place demeuraient soumises à des contrôles drastiques et à des restrictions, qui, selon les humanitaires, nuisent à l'acheminement de l'aide cruciale pour plusieurs centaines de milliers de victimes de la sécheresse et de la famine.

    La Somalie, en guerre civile depuis vingt ans, a été le pays le plus durement touché par la récente sécheresse dans la Corne de l'Afrique. Selon l'ONU, trois régions du Sud somalien connaissent encore une situation de famine, et près de 250 000 personnes risquent d'y mourir de faim.

     

    Intervention du Kenya en Somalie

    Les soldats kényans sont encore à 250 km du port de Kismayo en Somalie, considéré comme le fief des shebab. Les faits L'armée kényane s'embourbe en Somalie


    votre commentaire
  • A la Une > Élection présidentielle 2012

    Gilbert Collard sera sans doute candidat FN aux législatives

    LEMONDE.FR | 28.11.11 | 10h55   •  Mis à jour le 28.11.11 | 11h02

    L'avocat Gilbert Collard et Marine Le Pen aux journées d’été du Front National, le 10 septembre 2011.

    L'avocat Gilbert Collard et Marine Le Pen aux journées d’été du Front National, le 10 septembre 2011.Jean-Claude Coutausse pour "Le Monde"

    L'avocat Gilbert Collard a annoncé, lundi 28 novembre, dans l'émission Les 4 vérités, sur France 2, qu'il serait sans doute candidat pour le Front national aux législatives en juin. "Marine me le demande et ce serait être faux-cul que de ne pas l'être. Je crois que je vais lui dire oui", a-t-il déclaré, estimant que ce serait de la "désertion" que de ne pas y aller.

    "On peut rejoindre Marine Le Pen  sans pour autant épouser les idées du FN", a  ajouté le président du comité de soutien de la candidate FN, prenant en exemple son opposition viscérale à la peine de mort : "Je me sens pour l'instant plus à l'aise au comité de soutien qu'au parti."

    Dans une interview à La Provence le 14 novembre, Marine Le Pen avait déclaré qu'une candidature de Gilbert Collard aux municipales de 2014 à Marseille ne serait "pas absurde".


    Le Monde.fr

    MARIALIS :

    Comment peut-on se perdre à se point? Cet avocat respecté pour ses valeurs est en train de sombrer dans des allées nauséabondes! Homme de gauche jusqu'à très récemment, que va t-il faire dans cette galère? Qu'a-t-il perdu pour se perdre à ce point? ses illusions?Veut-il nous faire un remake de Maître Vergès,moins présent actuellement? Comment peut-il cautionner les idées de Marine Le Pen et du FN? Par quel cheminement intellectuel est-il passé pour en arriver à se renier à ce point?

    Je suis déstabilisée car je m'étais habituée à ses effets de manche,à sa faconde et à ses combats. Je respectais l'homme mais ce choix la est incompréhensible! Il l'explique par ses désillusions mais basculer soudainement dans l'abîme de son contraire : c'est choquant.

    C'est sa liberté et je la respecte, mais, Maître Collard vous m'aviez habituée à mieux!

    Je lui en veux car il cautionne par sa présence et sa candidature des idées qui sont malsaines et dangereuses: n'a-t-il plus de mémoire?A-t-il délibéremment choisi d'occulter,de céder aux sirènes de la notoriété?Rien n'explique un changement aussi radical... Les déceptions, les illusions désenchantées ne peuvent expliquer à elles seules ce virage!


    votre commentaire
  • Lutter contre les inégalités hommes-femmes au travail

    Publié le vendredi 25 novembre 2011 à 01H00

    Sandra Lévy-Agami présente sa première proposition de loi de Pays

    La représentante Sandra Lévy-Agami a présenté, hier matin, sa première proposition de loi de Pays, qui vise à lutter contre les inégalités entre les hommes et les femmes dans le monde professionnel.

    Une partie s’attache à assurer une plus grande égalité professionnelle entre l’homme et la femme, en assurant notamment un salaire identique pour diplôme et travail égal.

    Une autre souhaite protéger les victimes de harcèlement moral ou sexuel sur leur lieu de travail, des notions juridiques aujourd’hui absentes du code du travail polynésien. Le texte pourrait passer à l’Assemblée en mars prochain.

    La représentante non-inscrite, Sandra Lévy-Agami,  a présenté, hier, une  proposition de loi de Pays visant à mettre fin  aux inégalités hommes-femmes dans le monde  professionnel.

    La représentante non-inscrite, Sandra Lévy-Agami, a présenté, hier, une proposition de loi de Pays visant à mettre fin aux inégalités hommes-femmes dans le monde professionnel.

     

    “À travail égal, à compétence égale, souvent les femmes gagnent 20 à 30 % de moins que les hommes”, souligne Sandra Lévy-Agami.

    La représentante présentait, hier matin, à l’Assemblée, sa proposition de loi de Pays visant à gommer les inégalités homme-femme dans le cadre professionnel, et à protéger les salariés contre le harcèlement moral et sexuel dans leur entreprise. Car, il y a un vide juridique concernant ces thèmes, précise Sandra Lévy-Agami dans l’exposé des motifs : “Le code du travail polynésien apparaît obsolète sur certains points importants. Il faut rénover le droit social polynésien”. D’où son travail, depuis maintenant deux ans, sur cette proposition de loi avec des professionnels du droit : un avocat, une spécialiste du droit du travail, l’ancienne présidente du tribunal du travail, mais aussi l’ancienne présidente de l’Association des juristes de Polynésie.

    Aujourd’hui, il reste encore deux étapes pour le texte avant de passer à l’Assemblée en mars prochain, espère-t-elle. L’élue souhaite d’abord l’envoyer aux représentants syndicaux des patrons et des salariés, au ministère du Travail, Pierre Frébault, qui, d’après elle, est favorable à cette proposition de loi. Ensuite, elle aimerait obtenir la co-signature des représentantes sur son texte avant un passage au CESC et un retour sur les bureaux de l’Assemblée.

     

    Le harcèlement aussi dans sa mire

    Son objectif aujourd’hui, “gommer les inégalités qui persistent au niveau de la société polynésienne, notamment à l’égard des femmes”, d’où sa présentation la veille de la journée contre les violences faites aux femmes. L’idée est d’assurer un meilleur contrôle sur les pratiques des entreprises. Le texte prévoit notamment que toute entreprise doit tendre à assurer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes : “Dans celles d’au moins 11 salariés, le chef d’entreprise présente aux délégués du personnel un rapport écrit annuel sur la situation comparée des conditions générales d’emploi, de formation, de promotion professionnelle, de qualification, de classification, de conditions de travail et de rémunération effective des femmes et des hommes dans l’entreprise”.

    Même combat contre le harcèlement moral et sexuel au travail, qui concerne les femmes comme les hommes, commente Sandra Lévy-Agami. Un article prévoit son interdiction, mais aussi le fait que l’employeur doive prendre des dispositions en vue de le prévenir, et des sanctions en cas d’agissements de harcèlement sexuel ou moral.

    Et, il était temps, pour la représentante du Conseil des femmes de Polynésie : “On est en retard en Polynésie française par rapport au droit des femmes en métropole. Si le code pénal prévoit des sanctions, il n’y a aucune référence à cela dans le code du travail local”. “C’est une forme de violence”, ajoute l’élue, “il n’y a pas de chiffrages, mais j’ai des retours réguliers”.

    Et c’est bien ce qu’elle déplore aujourd’hui, l’absence de chiffres et d’études sur ces thèmes en Polynésie, l’obligeant à reprendre des chiffres métropolitains : “L’ISPF fait des statistiques qui ne sont pas assez ciblées en matière de genre, distinction homme-femme, notamment sur l’emploi et sur ces problématiques spécifiques. Il s’agit là d’une obligation qui est faite par la convention du droit des femmes, la CEDEF, pour laquelle l’État français est signataire, et qui s’applique de facto à la Polynésie française. Il faut que ces statistiques soient mises en place, mais ça suppose des budgets, donc c’est une décision politique”.

    Ce que prévoit la proposition de loi de Pays

    1) Sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes

    - La réalisation d’une évaluation annuelle des conditions générales d’emploi et de formation des femmes et des hommes dans les entreprises de plus de 11 salariés, afin d’informer les employeurs et les partenaires sociaux des inégalités qui peuvent exister au sein de l’entreprise.

    - L’institution de sanctions en cas de non-respect de ses dispositions.

    - Empêcher les inégalités de rémunération pouvant résulter de la prise d’un congé de maternité, en imposant une majoration automatique de la rémunération des salariées au sortir de leurs congés de maternité si des augmentations générales ou individuelles ont été perçues pendant la durée de ces congés par d’autres salariés.

    2) Sur le harcèlement professionnel

    - L’interdiction d’agissements de harcèlement de toute personne dans le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle à son profit ou au profit d’un tiers.

    - L’employeur prend toutes les dispositions nécessaires en vue de prévenir les agissements de harcèlement sexuel. Et tout salarié ayant procédé à de tels agissements est passible d’une sanction disciplinaire.

    - Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral, qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale, ou de compromettre son avenir professionnel.


    votre commentaire
  • Hommage aux victimes de la violence faite aux… musulmanes PDF Imprimer Envoyer
    Vendredi, 25 Novembre 2011 13:27

    Dr Salem Benammar écrit - Aujourd’hui, 25 novembre, c’est la journée internationale de la violence faite aux femmes, alors qu’on devrait plutôt commémorer les victimes de la barbarie machiste.


     

    Malgré l’arsenal juridique répressif en France, une femme meurt toutes les 60 heures sous les coups de son compagnon. Ailleurs, c’est certainement pire encore. De telles statistiques, aussi morbides, ne devraient pas avoir cours de nos jours. Mais, il y a des pays où de telles statistiques n’existent pas. Ou quand une femme meurt sous les coups de son concubin (j’emploie ce terme à escient), c’est juste considéré comme un châtiment et qu’elle a donc eu ce qu’elle mérite parce que la loi de la jungle, en l’occurrence la charia, l’autorise. Comme elle légitime les brimades, le harcèlement sexuel, la violence corporelle, la lapidation, l’humiliation, bref le harcèlement moral.

    Les victimes devenues coupables  

    Quand la violence est habillée dans le linceul noir du sacré, elle ne peut être qualifiée comme telle dans les pays qui appliquent la loi canon de la charia. Une femme acculée au suicide à cause de ses conditions de vie avilissantes et attentatoires à la dignité humaine, peut-on qualifier cela de meurtre au premier degré ? Quand une femme est privée de ses droits humains les plus élémentaires au nom du sacré n’est ce pas aussi de la violence morale qui finit par devenir de la violence physique ayant entraîné la mort de quelqu’un qui n’a plus d’autre alternative possible que la mort ou la prison à vie ?

    En définitive, dans un Etat de droit, la condition féminine n’est pas hélas reluisante, alors quid de la condition féminine dans les sociétés de non-droit et de théocratie religieuse ?

    Dans les sociétés humaines, une femme a les moyens de recours juridique pour agir et se faire accompagner dans ses démarches, dans les sociétés déshumanisées et obscurantistes, vivant sous le poids écrasant de la religion et dominées par le sacré, les femmes n’ont ni de protection juridique ni la possibilité de circuler librement, et en aurait-elle la possibilité, elles ne pourraient agir sous peine de violer le sacré et de commettre une apostasie. Conséquence pour la victime, elle devient coupable et le bourreau est blanchi comme le rapporte Touria Tiouli dans son livre ‘‘Brisée : Enlevée et violée par trois Emiriens’’ (éditions Michel Lafon, Paris, 2004)... alors qu’elle porte plainte, elle se retrouve inculpée de... «relations sexuelles hors mariage !»

    Dans les Etats théocratiques, le violent n’est jamais l’auteur de l’acte, qui jouit d’une véritable impunité juridique, c’est toujours la femme qui, du statut de victime, comme c’est le cas dans les Etats de droit, devient coupable.

    Pour une protection transnationale

    Il est grand temps que les Nations Unies œuvrent pour une loi universelle contre toutes les formes de violence faite aux femmes, opposables à tous les Etats membres sans exclusion. Qu’on en finisse avec l’exception des Etats islamiques dès qu’il s’agit de les faire adhérer aux chartes universelles qui touchent les droits fondamentaux des hommes et des femmes ainsi que des enfants.


    votre commentaire