• L'euro touche un plus bas de 10 ans contre le yen

    Mis à jour le 28.12.11 à 23h36

    L'euro est tombé à un plus bas de 10 ans contre le yen ce mercredi, reflétant l'inquiétude croissante suscitée par les banques européennes, poussant les investisseurs à privilégier des devises plus sûres.

    L'euro est tombé à 100,70 yens, un plus bas depuis juin 2011, selon les données Reuters.

    Contre le dollar, la monnaie européenne enregistre également un net recul, et s'approche d'un plus bas d'un an à 1,2933 dollar.

    Le montant des liquidités au jour le jour déposées par les banques auprès de la Banque centrale européenne a atteint un nouveau record à 452 milliards d'euros, selon les chiffres publiés mercredi par la
    BCE.

    Cette donnée confirme que le marché interbancaire européen demeure sinistré en cette fin d'année 2011.

    Reuters

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  • L'Iran menace de cadenasser le détroit d'Ormuz

     

    Par Delphine Minoui Mis à jour <time class="updated" datetime="28-12-2011T23:41:00+02:00;">le 28/12/2011 à 23:41</time> | publié <time datetime="28-12-2011T21:38:00+02:00;" pubdate="">le 28/12/2011 à 21:38</time>

    Les inquiétudes de la communauté internationale coïncident avec une série de manœuvres militaires na­vales lancées samedi dernier autour du détroit d'Ormuz.
    Les inquiétudes de la communauté internationale coïncident avec une série de manœuvres militaires na­vales lancées samedi dernier autour du détroit d'Ormuz. Crédits photo : Hamed Jafarnejad/AP

    INFOGRAPHIE - La République islamique n'exclut pas d'interdire le transit des navires pétroliers pour contrer les sanctions occidentales.

    Le détroit d'Ormuz est l'un des corridors les plus stratégiques de la planète, celui par lequel transitent près de 40% du trafic maritime pétrolier mondial. En menaçant, mardi, de le verrouiller, la République islamique savait qu'elle frappait fort. Sur les marchés, les cours du pétrole n'ont pas tardé à grimper, tandis qu'un vent d'inquiétude se mettait à souffler sur les capitales occidentales.

    «Le détroit d'Ormuz est un détroit international. En conséquence, tous les na­vires, quel que soit leur pavillon, bénéficient du droit de passage en transit, conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, adoptée en 1982, et au droit international coutumier de la mer», s'est empressé d'affirmer, mercredi, le ministère français des Affaires étrangères, en guise de mise en garde. La veille, le vice-président iranien, Mohammad Reza Rahimi, avait prévenu ses adversaires qu'«aucune goutte de pétrole ne transitera(it) par le détroit d'Ormuz» en cas d'un renforcement des sanctions occidentales contre Téhéran.

     

     

      

    Les inquiétudes de la communauté internationale sont d'autant plus fondées que la menace iranienne coïncide avec une série de manœuvres militaires na­vales lancées samedi dernier autour du détroit d'Ormuz. Ces dix jours d'exercices au large des côtes iraniennes comprennent, entre autres, des opérations pour lancer des mines antinavires et anti-sous-marins. Autant de pratiques jugées sensibles quand on connaît la présence navale américaine dans cette zone névralgique, avec notamment la Ve flotte, basée à Bahreïn. Les spécialistes de l'Iran gardent également en mémoire la fameuse «bataille des tankers» pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988). Sans compter cet accrochage évité de justesse, début 2008, en plein détroit d'Ormuz, entre cinq vedettes des gardiens de la révolution iranienne et trois navires de guerre américains, après qu'un farceur se fut invité dans les conversations radio en menaçant de «faire exploser» l'USS Port Royal…

    Bras de fer

    Mais l'Iran peut-il vraiment mettre ses menaces à exécution? «Il faut replacer les déclarations iraniennes dans le contexte actuel», tempère un professeur iranien de relations internationales, qui préfère ne pas donner son nom, en rappelant que ce n'est pas la première fois que Téhéran profère de telles menaces. Selon lui, les déclarations iraniennes s'inscrivent plutôt dans le bras de fer qui oppose la République islamique aux Occidentaux au sujet du dossier nucléaire iranien. Elles ne seraient donc qu'une réaction verbale au projet d'embargo sur le brut iranien que défendent depuis plusieurs semaines la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et les États-Unis. C'est d'ailleurs dans ce sens que s'est exprimé, mardi, Mohammad Reza Rahimi, en menaçant de fermer le détroit «si on devait adopter des sanctions contre (les exportations) de pétrole iranien». Avant d'ajouter: «Nous n'avons aucune envie d'hostilité ou de violence [mais] les ennemis renonceront à leurs complots seulement le jour où nous les remettrons à leur place.»

    Pour l'amiral Habibollah Sayyari, commandant de la marine, qui s'exprimait mercredi sur la chaîne de télévision iranienne Press TV, la fermeture du détroit est «plus facile que de boire un verre d'eau». «Mais, pour le moment, nous n'avons pas besoin de le fermer puisque nous contrôlons la mer d'Oman et son trafic», a-t-il précisé. Les cours du pétrole ont d'ailleurs retrouvé mercredi leur niveau antérieur. Si la peur d'une obstruction de cet axe stratégique - qui pourrait mettre l'économie mondiale à genoux - est bien réelle, les États-Unis s'efforcent de relativiser le risque. «C'est une nouvelle tentative de détourner l'attention du vrai problème, qui est le non-respect continuel de la part de l'Iran de ses obligations internationales en matière de nucléaire», a ainsi commenté, depuis Washington, le porte-parole du département d'État Mark Toner.


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  • SYRIE. A quoi les observateurs ont-ils accès ?

    Créé le 28-12-2011 à 18h29 - Mis à jour à 22h40     

     
    Par Céline Lussato

    VIDEOS.

    Un enfant tué par balle est montré aux observateurs de la Ligue arabe à Homs en Syrie. Extrait d'une vidéo Youtube

    Un enfant tué par balle est montré aux observateurs de la Ligue arabe à Homs en Syrie. Extrait d'une vidéo Youtube
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    A quoi les observateurs de la Ligue arabe ont-ils accès en Syrie ? Difficile de savoir exactement si les experts désignés par l'organisation peuvent aller et venir librement, rencontrer qui ils le souhaitent et ce sans l'interférence de proches du régime.

    Alors que le Quai d'Orsay a mis en doute la possibilité que les observateurs aient pu "apprécier la réalité de la situation" à Homs en raison "de la brièveté de leur séjour", de son côté, le général Dabi, à la tête de la délégation a lui qualifié de "bonne" la visite de la ville.   http://youtu.be/mSzXStWfiPY

    Mercredi en tout cas des habitants de Homs ont pu emmener des observateurs voir le corps d'un enfant de cinq ans tué par balle le jour même par les forces de sécurité selon les témoins sur place. L'un des observateurs de la Ligue arabe – en gilet orange – prend des photos de l'enfant.

    http://youtu.be/BA-AxOkazOU

    Un peu plus tôt, des habitants de la ville avaient voulu empêcher des observateurs d'entrer dans un quartier. Non pour s'opposer à leur mission mais pour dénoncer le fait qu'ils étaient accompagnés d'un membre de la quatrième division dirigée par Maher al-Assad, l'un des principaux responsables des massacres dans la ville.       

    Dans un témoignage recueilli par France Inter, un habitant de Homs s'en prend ainsi aux observateurs : "J'ai essayé de parler avec les observateurs, mais ils avaient une attitude négative, ils ont refusé de voir l'intégralité de notre quartier, je n'ai aucune confiance en eux. Ils n'ont rien vu. On a essayé de leur demander de venir avec nous pour voir que l'armée a accaparé certaines de nos maisons pour y dormir, et ils ont encore une fois refusé."

    Dans cette vidéo, on peut voir des observateurs en gilet orange parcourir la ville mardi, interpellés par des habitants sans pour autant s'adresser à eux.  http://youtu.be/U1qLkrod5H8

    Mardi, au premier jour de leur visite, les observateurs s'étaient rendus dans le quartier de Bab Amro, touché la veille par la répression du régime: 

     
    Par Céline Lussato


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  • Zone euro : l'inflation recule, le chômage progresse

    La hausse de l'indice des prix est tombée à 2,1% en novembre, à son plus bas niveau depuis quatorze mois, notamment grâce au repli des prix de l'énergie. Et le chômage est au plus haut depuis janvier 2007.

    Union européenne

    Le ralentissement de l'inflation se confirme et s'amplifie en Europe. En novembre, l'indice des prix est ressorti à 2,1% en rythme annuel, contee 3,2% en ocotobre. Il s'agit du plus bas depuis septembre 2007. Les analystes interrogés par Dow Jones Newswires tablaient sur un repli moins fort en novembre, à 2,4%.

    Depuis les sommets atteints en juillet et en juin, à 4% en rythme annuel, l'inflation n'a cessé de reculer en même temps que les prix de l'énergie. A 147 dollars le baril le 11 juillet, le pétrole a depuis perdu environ les deux tiers de sa valeur, s'échangeant autour de 50 dollars. La hausse des prix dans la zone euro avait déjà ralenti à 3,8% en août puis à 3,6% en septembre.

    L'inflation se rapproche donc à nouveau pour la première fois depuis plus d'un an de l'objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE), qui vise une inflation en dessous mais proche de 2% sur le moyen terme. De quoi ouvrir la voie à de nouvelles baisses des taux d'intérêts européens alors que l'économie est entrée en récession et que le chômage grimpe.

    Le taux de chômage dans la zone euro est monté à 7,7% en octobre, son plus haut niveau depuis janvier 2007. Selon l'Office européen des statistiques Eurostat, 12,003 millions de personnes étaient au chômage. En septembre, le taux de chômage dans la zone euro avait été de 7,6%, après 7,5% en juillet et août.

    Pour l'ensemble des 27 pays de l'Union européenne, le taux de chômage s'est élevé à 7,1% en octobre, en hausse par rapport aux 7,0% du mois de septembre.

    Parmi les plus grands pays européens, le taux de chômage a surtout fortement augmenté en Espagne, à 12,8%, contre 12,1% en septembre. En France, il est monté à 8,2%, contre 8,0% en septembre. Il est resté stable à 7,1% en Allemagne.

    latribune.fr


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  • Vingt ans après, l'impossible réconciliation des Serbes et des Croates de Vukovar

    LEMONDE | 28.12.11 | 14h46   •  Mis à jour le 28.12.11 | 18h20

    Dans un cimetière où sont enterrées des victimes de la guerre de 1991, le 17 novembre.

    Dans un cimetière où sont enterrées des victimes de la guerre de 1991, le 17 novembre.AFP/HRVOJE POLAN

    Vukovar (Croatie), envoyé spécial - Une fois par an, à la fin du mois de novembre, la Croatie n'a d'yeux que pour Vukovar. Loin à l'est, là où le Danube trace la frontière avec la Serbie, la ville sort soudain de son isolement. Des dizaines de milliers de personnes affluent, représentants de l'Etat, vétérans, anonymes, pour célébrer l'héroïsme et le martyre de la ville, devenue le symbole de la "guerre patriotique" croate.

    Trois mois de siège, d'août à novembre 1991, face à 30 000 soldats de l'armée yougoslave déployés pour appuyer les sécessionnistes serbes locaux. Trois mois de guérilla à l'arme légère face aux chars du président Slobodan Milosevic, pendant lesquels la ville fut écrasée sous des milliers d'obus. Trois mois dans les caves, pour les civils serbes et croates, à laper l'eau des tuyaux de canalisation.

    Et puis, après la chute de la ville, le 18 novembre, ces innombrables viols, crimes et meurtres perpétrés tandis que les 22 000 habitants croates étaient contraints de fuir. L'horreur a un nom : Ovcara. Un massacre au cours duquel 260 personnes évacuées de l'hôpital par des militaires serbes furent amenées dans une porcherie isolée, à cinq kilomètres de la ville, torturées, exécutées et enterrées dans des fosses communes.

    Le père d'Ivana Bodrozic, Ante, est l'un des morts d'Ovcara. La jeune femme a quitté Vukovar au début des combats, à l'âge de 9 ans, avec sa mère et son frère. Devenue écrivain - son livre, Hôtel Zagorje, doit paraître au printemps chez Actes Sud -, Ivana porte, vingt ans après, un regard amer sur ce qu'est devenue sa ville. "Quand nous étions enfants, c'était normal d'entendre les adultes parler de meurtres et de viols, dit-elle. Ce qui m'effraie, c'est qu'aujourd'hui ce climat de haine ne s'est pas complètement dissipé." Elle ajoute : "La guerre est passée, mais Vukovar ne s'est jamais remise, et ses habitants non plus."

    La ville n'a pourtant plus rien du champ de ruines de 1991. La plupart des maisons ont été rénovées ou reconstruites, leurs murs repeints de couleurs pastel. Seuls quelques édifices forment de vastes amas de briques rouges. D'autres sont criblés d'impacts de balles, témoins de l'intensité des combats.

    Mais pour qui a connu la splendeur passée de la "petite Vienne", Vukovar n'est que l'ombre d'elle-même. Zeljko Sabo, le maire, a beau distribuer ses cartes postales montrant la rue principale "avant" et "après" la reconstruction, il ne peut s'empêcher de soupirer à l'évocation de la riche métropole d'antan : ses palais baroques, son port sur le Danube, ses artisans, ses vingt-trois minorités ethniques qui cohabitaient harmonieusement... Ses usines, aussi, comme celle de Borovo, où 23 000 personnes fabriquaient des pneus et des chaussures "de réputation internationale". Aujourd'hui, à peine 500 ouvriers se débattent, de chômage partiel en chômage technique.

    Entre les morts, les expulsés, les chômeurs et les jeunes partis tenter leur chance ailleurs, la population a subi la même saignée. De 42 000 à la fin des années 1980, la ville compte aujourd'hui un peu plus de 25 000 habitants. Un gros tiers de Serbes. Quelques Magyars, Ukrainiens, Ruthènes, Russes, Roms... Et les Croates, qui forment la majorité.

    Dans une ville où le taux d'activité plafonne à 16 %, la séparation entre les communautés est d'abord palpable dans les cafés. Aux Croates, le Mustang, le Best, l'Etno... Aux Serbes, le Maritimo, le Cobra ou l'Atina. Les bars "mélangés", comme disent les locaux, sont rares : le Quo Vadis, qui organise sa "soirée récession" avec alcool à bas prix, ou le Den Haag (La Haye), clin d'oeil désabusé à la prison du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, où criminels de guerre serbes et croates cohabitent, dit-on, en paix. "La seule chose qui nous unit, c'est ce qu'on boit, rigole Milorad, attablé au Mornar. La même bière, les mêmes eaux-de-vie... et dans les mêmes quantités !"

    Milorad lit un journal en cyrillique. Serbe, donc. Pour lui, le "vrai problème, c'est le chômage. S'il y avait du travail, on ne parlerait pas de ces questions ethniques". Au chômage depuis dix ans, Milorad, la cinquantaine, assure que les emplois vont en priorité aux Croates, car "les patrons sont presque tous croates". Une situation d'autant plus difficile, assure Vojislav Stanimirovic, un dirigeant de la minorité serbe, que "les Croates touchent, en tant que vétérans ou victimes de la guerre, des pensions auxquelles nous n'avons pas droit ".

    Dans les écoles, les collèges, les lycées, séparation encore. Elle reste invisible de l'extérieur : les élèves, qui habitent les mêmes quartiers et parfois les mêmes immeubles, franchissent ensemble la porte d'entrée, mais se séparent ensuite. Enseignants et élèves serbes d'un côté, croates de l'autre. Dans les établissements de petite taille, le matin est pour les Serbes, l'après-midi pour les Croates. Et l'on alterne chaque semaine.

    "C'est de la ségrégation, tranche Ivana Bodrozic. Ces enfants jouent ensemble sans aucun problème et on ne leur offre pas la possibilité de s'asseoir ensemble en classe. Quelle ville a un avenir avec un tel système ?" Il a pourtant été accepté par les deux parties, au moment de la "réintégration pacifique", entre 1996 et 1998 : à l'époque, tout le territoire croate avait été repris par les armes ; seul Vukovar restait aux mains des Serbes et, pour éviter de nouveaux combats, l'ONU a forcé Serbes et Croates à négocier le retour dans la ville de ces derniers.

    "Cela nous a permis de nous assurer que nos droits seraient respectés, explique Vojislav Stanimirovic, négociateur pour la partie serbe. Je ne veux pas que mes enfants aillent à l'école croate pour s'entendre seriner que les Serbes sont des agresseurs et des assassins." Le maire, un Croate "élu avec les voix de tout le monde", concède qu'"il est temps de changer, de faire un pas en avant. Nous avons tous suffisamment mûri".

    A l'heure de l'université, les étudiants croates partent à Zagreb, les Serbes à Belgrade. Et ceux qui reviennent continuent à vivre au sein de leur communauté. Fréquents avant la guerre, les mariages mixtes n'existent presque plus.

    La méfiance est entretenue par des lectures de l'histoire discordantes. La thèse communément admise en Croatie attribue aux sécessionnistes serbes la responsabilité du déclenchement du conflit. Mais une partie de la minorité serbe la conteste. "Ce sont des questions qui se dissiperont avec le temps, élude le maire de Vukovar. Nous devons seulement faire en sorte que les Croates ne regardent pas leurs voisins serbes en se demandant qui a tué. C'est le travail de la justice."

    Sur la colline de Mitnica, où se dresse le symbole du siège, un château d'eau criblé d'impacts d'obus, ce discours ne passe pas. Mitnica est le haut-lieu des Croates les plus "durs", et Vilma Vidovic en est une figure. Cette femme de 68 ans, visage émacié et voix basse, a perdu cinq membres de sa famille en 1991. Elle-même a vécu le siège jusqu'à son évacuation, en octobre, infirmière ou petite main pour les combattants.

    "Avec leur réintégration pacifique, nous qui avons souffert, qui avons été violés et torturés, nous avons dû négocier pour revenir chez nous. Les bourreaux, eux, ont été amnistiés, et aujourd'hui, ils se moquent quand ils nous croisent." L'amnistie est une réalité : les chefs serbes ont été condamnés à La Haye ou à Belgrade, mais les exécutants, qui pour beaucoup étaient des habitants de Vukovar, ont été amnistiés. "Ces gens sont nos voisins, ils savent même où sont les derniers charniers mais ne le disent pas", assure Vilma. Elle ne veut pas le départ de tous les Serbes, mais "que justice soit faite".

    Dans ce contexte, les moindres tensions sont observées à la loupe. Il y a six mois, le passage à tabac d'un jeune Serbe a été interprété comme une agression "ethnique" par les Serbes. Bagarre de supporteurs de football, répondent les autorités. La profanation du monument aux morts d'Ovcara ? Il s'agissait d'une provocation d'extrémistes nationalistes croates, mais les gens de Mitnica ne le savent pas - ou ne veulent pas le savoir.

    A en croire Zeljko Simundic, le chef de la police, le niveau de violence a beaucoup baissé : "Aujourd'hui, ce sont plutôt des graffitis haineux, qui sont effacés dans la nuit. Les bagarres sont sporadiques, et leur première cause est l'alcool." Il y a trois ans, la police avait dû envoyer ses hommes dans les bus scolaires et à la sortie des écoles, à l'heure où les élèves serbes et croates se croisent, pour éviter les bagarres.

    "Les patrouilles mixtes sont un facteur d'apaisement", assure Zeljko Simundic. Elles sont nées à l'époque de la réintégration pacifique : dans la police comme dans toutes les administrations municipales, les Serbes, y compris des personnes amnistiées, représentent un tiers des employés. " Pas encore aux plus hauts postes, mais c'est positif", convient le Serbe Vojislav Stanimirovic.

    Sasa Bjelanovic, un Serbe, a fondé il y a quinze ans le Youth Peace Group Danub, une ONG qui vient en aide aux jeunes Serbes et Croates, pour du soutien scolaire ou une recherche d'emploi. Ce colosse joyeux est certain que les jeunes générations ont tiré un trait sur les blessures du passé. Au point d'avoir inscrit son fils de 9 ans à l'école croate : "En deux ans, il n'a jamais eu un seul problème et, cette année, Luka a été élu président de sa classe par les petits Croates." De plus en plus de parents serbes suivent son exemple, assure-t-il

    Ivana Bodrozic a du mal à partager les espoirs de Sasa. "Quand j'étais petite, je ne savais même pas que j'étais croate. Puis le temps de la haine et de la mort est venu. Aujourd'hui, on offre à nos enfants l'indifférence." Comme l'assurance d'une paix fragile, aussi trompeuse que le placide Danube.

    Benoît Vitkine Article paru dans l'édition du 29.12.11
     

    Croatie

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