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    Le Point.fr - Publié le 31/01/2012 à 16:34 - Modifié le 31/01/2012 à 17:06

    De Miami à Chicago en passant par Paris, plusieurs collectifs de victimes portent plainte contre Costa.

    Le Costa Concordia a sombré au large de l'île toscane du Giglio, en Italie.

    Le Costa Concordia a sombré au large de l'île toscane du Giglio, en Italie. © Pier Paolo Cito / SIPA

    L'information était connue depuis vendredi dernier, mais les victimes n'ont reçu la confirmation officielle que lundi soir. Costa Croisières Italie propose de rembourser les frais de croisière et de verser 11 000 euros à chaque passager survivant, incluant la perte des bagages et autres "effets personnels" (sous réserve de ceux contenus dans les coffres-forts). "Ce montant comprend l'ensemble des préjudices subis de quelque nature que ce soit, c'est-à-dire le choc émotionnel et psychologique, le préjudice d'angoisse et les dommages économiques et patrimoniaux", indique Bertrand Courtois, avocat du Collectif des naufragés français du Costa Concordia, qui représente 70 % des 462 Français se trouvant à bord du bateau.

    "Des indemnités spéciales" fixées au cas par cas seront versées aux personnes blessées ou ayant perdu des proches, selon la compagnie. Pour le secrétaire général de la Fédération nationale des victimes d'accidents collectifs Stéphane Gicquel, "une telle indemnité forfaitaire ignore le principe de réparation intégrale du préjudice et celui de l'individualisation de l'indemnisation en fonction du préjudice réellement subi. Il aurait fallu réaliser des expertises préalables et réunir les gens. Ceux-ci ont le sentiment de ne pas être écoutés", déplore-t-il.

    Deux semaines de réflexion

    Les familles devront se décider d'ici au 14 février et leur signature impliquera de renoncer à toute action judiciaire. "En Italie, les sanctions pénales sont aggravées lorsque les victimes n'ont pas été dédommagées de manière amiable. Et ce sont le plus souvent des peines fermes qui sont prononcées. Pour éviter ce risque pénal, les victimes obtiennent une indemnisation, et en contrepartie, elles perdent leur droit d'agir au civil et au pénal", décrypte l'avocat pénaliste Daniel Soulez-Larivière.

    Reste à obtenir l'accord des intéressés. "Chaque croisiériste doit à présent évaluer si une telle proposition à l'amiable est suffisante pour couvrir son préjudice ou s'il a intérêt à engager un contentieux individuel", explique Irene Ballini, conseil maritime, membre du Conseil de la mer de la principauté de Monaco. Car les naufragés n'ont pas tous vécu la même histoire. "Il faut se souvenir qu'on était en pleine nuit, qu'il n'y avait que 26 chaloupes et que beaucoup de gens se sont retrouvés dans une eau à 10 degrés", note Me Courtois, qui s'élève contre l'empressement de Costa à vouloir solder les comptes.

    Situation ubuesque

    "Alors que le bilan n'est pas établi, que les responsabilités ne sont pas tranchées, qu'aucune expertise psychologique n'a été faite, on met les gens dos au mur en leur disant qu'ils ont jusqu'au 14 février pour accepter cette quittance à valeur libératoire !" s'indigne-t-il. Tout en pointant le caractère inconsistant du montant proposé : "Sur quel texte juridique repose le chiffre de 11 000 euros ? Ce montant est très inférieur à ce qui pourrait être alloué par un tribunal français ou italien ! Pourquoi Costa n'a-t-il pas donné suite aux demandes d'explications du collectif sur l'indemnisation proposée et ce qu'elle induit en termes de renonciation."

    Une provision de 7 000 euros à valoir sur l'indemnisation définitive du préjudice a été demandée par le collectif français en vue de couvrir les dépenses d'urgence des passagers (lunettes, papiers, clés, téléphones, appareils dentaires, etc.). "Mais aucune suite n'a été donnée à cette demande", se désespère l'avocat. Pour faire face à l'urgence financière, certains couples envisagent que l'un des deux accepte la proposition de Costa alors que l'autre réservera ses droits. Devant cette situation ubuesque, le collectif s'apprête à demander à Costa de reculer l'échéance.

    Actions de groupe

    De son côté, l'association italienne de défense des consommateurs Codacons a, en collaboration avec deux cabinets d'avocats américains, lancé une action de groupe à Miami contre Carnival et sa filiale italienne Costa Crociere. L'objectif est de réclamer "au moins 125 000 euros par passager", voire jusqu'à plus d'un million d'euros pour les cas graves". Les passagers, quelle que soit leur nationalité, sont invités à adhérer à cette action via un formulaire en ligne sur le site de l'association (traduit en anglais). En y souscrivant, précise le site, les passagers pourront se constituer partie civile lors du procès au pénal devant la juridiction de Grosseto. Dans le même temps, aux États-Unis, Gary Lobaton, un membre de l'équipage, a déposé le 28 janvier une plainte en nom collectif devant un tribunal de Chicago à l'encontre de Carnival et Costa Crociere. Il met notamment en cause les "conditions dangereuses et meurtrières du bateau".

    Contrairement à la France, une plainte collective pourrait théoriquement être présentée devant les tribunaux italiens. "Ce type d'actions visant à obtenir l'indemnisation du préjudice subi par plusieurs consommateurs est entré en vigueur en Italie le 1er janvier 2010, et les croisiéristes pourraient en principe y adhérer pour protéger leurs droits contractuels à l'encontre de Costa Crociere, explique Irene Ballini. Concernant les victimes de dommages corporels, la class action me semble néanmoins inutile dans le contexte d'un accord transactionnel proposé par Costa Crociere. Pour les autres, le droit italien ne fixe pas de limite d'indemnisation. La responsabilité du transporteur maritime n'est pas limitée dans son quantum, l'Italie n'ayant pas ratifié la convention d'Athènes et son protocole de 2002 fixant une limitation de la responsabilité par passager victime d'accident en cas de sinistre majeur."


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    France

    Suppressions de postes. Des milliers d’enseignants manifestent

    Éducation mardi 31 janvier 2012
     
     

    + Les raisons de la grève des enseignants

     

    Plusieurs milliers d’enseignants ont défilé mardi à Paris à l’appel de syndicats qui ont également lancé un mouvement de grève pour dénoncer les 14 000 suppressions de postes à la rentrée et exiger le retrait du projet de réforme de l’évaluation.

    Le ministère annonce un taux de grévistes de 15,55 % dans le primaire et de 12,41 % dans les collèges et lycées.

    Selon le SNUipp-FSU (principal syndicat du premier degré), l’appel était suivi dans 52 départements, avec un taux moyen global de grévistes de 40 %. Selon le Snes-FSU (principal syndicat du secondaire), la grève était suivie par 42 % des enseignants.

    La journée nationale d’action est appelée par le Snes-FSU, FO, le Snalc et le SNUipp-FSU, mais pas par le Sgen-CFDT ni le SE-Unsa.

    À Paris, la manifestation nationale a réuni entre 9 000 personnes selon la police et 20 000 selon les organisateurs.

    Inspection académique envahie au Mans

    Des actions se déroulaient également en régions : à Toulouse, entre 1 000 et 1 800 personnes selon les sources ont défilé sous la pluie. Ils étaient quelques centaines à Agen, Pau et Bordeaux.

    Au Mans, à l’issue d’une manifestation comprenant 400 personnes plus d’une centaine de manifestants ont envahi l’inspection académique pour protester contre la disparition de 52 postes de « Rased », les réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté.


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  • Garzon défend le droit des victimes du franquisme

    Justice mardi 31 janvier 2012
     

    Le juge espagnol Baltasar Garzon, assurant lui-même sa défense à son procès pour infraction à la loi d’amnistie générale sur les crimes du franquisme, a estimé mardi que les victimes de la dictature avaient droit à la justice.

    Surtout connu pour avoir poursuivi l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet et avoir obtenu son arrestation à Londres en 1998, le magistrat comparaît depuis une semaine devant le Tribunal suprême espagnol pour abus de pouvoir.

    Plaintes d’organisations d’extrême droite

    L’instance judiciaire a estimé recevable la plainte de deux organisations d’extrême droite, « Manos limpias » (mains propres) et « Libertad e Identitad » (liberté et identité), selon lesquelles le juge Garzon n’a pas respecté la loi d’amnistie de 1977 en voulant enquêter sur les 114 000 disparus de la guerre civile (1936-39) et des 36 années de franquisme qui ont suivi.

    Crimes contre l’humanité

    Il s’agissait, a-t-il dit aux sept juges du Tribunal suprême, d’un plan « d’élimination systématique » et « des milliers de personnes sont toujours portées disparues aujourd’hui ».

    Selon Baltasar Garzon, ces disparitions forcées sont donc des crimes contre l’humanité qui ne peuvent faire l’objet d’une amnistie, conformément au droit international.

    Interdiction d’exercer pendant 20 ans

    S’il est reconnu coupable, Garzon risque une interdiction d’exercer de 20 ans, ce qui, à 56 ans, signerait la fin de sa carrière. En cas de condamnation, le juge a annoncé qu’il ferait appel devant la Cour européenne des droits de l’homme.

    Manifestations

    Dimanche, plusieurs milliers de personnes s’étaient rassemblées à Madrid pour protester contre le procès. Parmi eux figuraient des proches de personnes torturées ou assassinées durant la guerre civile ou la dictature. « Il est honteux qu’en Espagne, pays qui fut pionnier dans son opposition aux génocides, des représentants des vieux fascistes aient mis au banc des accusés le juge qui voulait enquêter sur les crimes du fascisme », a déploré le poète Luis Garcia Montero, parmi les manifestants. Mardi, une autre manifestation se tenait devant la Haute cour de justice espagnole.


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  • Calculez l'impact potentiel d'une hausse de la TVA sociale

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    Par Marine Rabreau Mis à jour <time class="updated" datetime="31-01-2012T11:24:00+02:00;">le 31/01/2012 à 11:24</time> | publié <time datetime="30-01-2012T10:53:00+02:00;" pubdate="">le 30/01/2012 à 10:53</time> Réactions (62)

    INFOGRAPHIE - Nicolas Sarkozy a annoncé une hausse prochaine de 1,6 point de la TVA, à 21,2%. Voyez quel serait l'impact sur un panier de biens si les entreprises la répercutaient totalement sur les prix.

    Dimanche soir, Nicolas Sarkozy a annoncé l'augmentation de la TVA «normale» de 19,6% à 21,2% au premier octobre 2012, soit 1,6 point de plus. Sont concernés les produits manufacturés, comme les produits high-tech, mais aussi les vêtements, chaussures, les voitures, etc. Les produits de première nécessité restent soumis à une TVA réduite, à 5,5%. Le taux intermédiaire, passé le 1er janvier 2012 de 5,5% à 7%, ne bougera pas non plus.

    Selon le président de la République, «il n'y aura pas d'augmentation» des prix, puisque cette hausse de TVA sera totalement compensée par une baisse des charges patronales, qui allègera le coût du travail. Une position qui fait débat. Mais comment savoir si les entreprises vont jouer le jeu de baisser les prix, sachant qu'elles n'y sont pas contraintes? Elles pourraient choisir de restaurer leurs marges, ou d'investir plus, ou de mieux rémunérer leurs actionnaires... En étudiant ce qu'il s 'est passé dans d'autres pays qui ont augmenté leur TVA, comme l'Allemagne et le Danemark, il a été constaté une forte accélération de l'inflation à court terme, avec une consommation ralentie. Toutefois, l'inflation n' jamais grimpé à hauteur de la hausse de la TVA.

    La crainte des «arrondis»

    Malgré tout, les fameux «arrondis» peuvent impacter les prix à la hausse. Par exemple, un téléviseur LCD à 470 euros hors taxe: une taxe à 19,6% porte le prix TTC (Toute taxes comprises) à 562,12 euros. Si la TVA augmente de 1,6 point et que l'entreprise répercute une partie de la hausse de la TVA sur son prix, par exemple 1 point, le prix TTC passe à 566,82 euros. En arrondissant à 569,90 euros - proposer un prix psychologique qui ne dépasserait pas 570 euros est monnaie courante -, la différence entre le prix hors taxes et toutes taxes serait de... 21,2%.

     


    L'infographie permet de calculer la différence sur le ticket de caisse, à la fois de la hausse de la TVA réduite, de 5,5% à 7%, intervenue au 1er janvier 2012, et de celle qui serait mise en place si Nicolas Sarkozy était réélu en mai prochain. En revanche, s'il perdait, cette hausse de la TVA normale serait annulée.

    LIRE AUSSI:

    » À 21,2%, la TVA dépassera la moyenne européenne

    » TVA: pas d'augmentation des prix selon le gouvernement

    Par Marine Rabreau
    Journaliste,

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  • La Cour des comptes et les "vrais" coûts du nucléaire

    Créé le 31-01-2012 à 13h40 - Mis à jour à 16h41      3 réactions

    Dans leur rapport ce mardi, les magistrats de la rue Cambon soulignent le poids croissant des frais de maintenance, alors que les provisions d’EDF s'avèrent sous-évaluées et opaques.

    Les provisions d’EDF sont sous-évaluées et opaques. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

    Les provisions d’EDF sont sous-évaluées et opaques. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)
     

    Dans un rapport très attendu rendu public mardi 31 janvier, la Cour des comptes met à plat les coûts de production de l’électricité nucléaire, qu’il s’agisse des dépenses d’investissement passées, des dépenses courantes (charges d’exploitation) ou des dépenses futures (démantèlement et gestion des combustibles et des déchets).

    Ce rapport de près de 400 pages a été commandé par le Premier ministre le 17 mai 2011, quelques semaines après la catastrophe de Fukushima. Les chiffres ainsi posés doivent faire office de "boîte à outils" pour alimenter le débat sur le nucléaire, de façon dépassionnée. Voici ses principales conclusions.

     

    Le développement de la filière nucléaire a demandé de lourds investissements

    Les investissements publics et privés réalisés depuis les années 1970 dans l’électricité nucléaire en France s’élèvent selon la Cour des comptes à 228 milliards d'euros.

    Cette somme comprend le montant de la construction des installations nécessaires à la production d'électricité nucléaire : 121 milliards d'euros (hors coût de Superphénix), dont 96 milliards pour la seule construction des 58 réacteurs, dont les plus anciens (Fessenheim 1 et 2) sont entrés en service en 1978.

    Il comprend aussi les dépenses de recherche publique et privées depuis les années 1950, évaluées à 55 milliards d’euros, soit environ un milliard par an.

    De plus, la production du Mégawattheure se révèle plus coûteuse qu'annoncée. Alors que le prix de la production de l’énergie nucléaire avait été évalué à 33,1 euros par la Commission Champsaur, la Cour des comptes propose de le réévaluer à hauteur de 49,5 euros.

    Le coût de production par l’EPR de Flamanville pourrait pour sa part être compris "au minimum, entre 70 et 90 euros par MWh". Tout en sachant qu’il ne s’agit pas du coût de l’EPR "de série", qui reste très incertain et empêche ainsi la Cour de "donner et valider un calcul du coût de production d’un parc d’EPR".

     

    Les coûts futurs de la filière sont appelés à grimper

    Principale cause : l'évolution des dépenses de maintenance des installations, dont le montant annuel moyen devrait au minimum doubler sur la période 2011-2025 par rapport à 2010. Ils devraient s'élever à 3,7 milliards par an en moyenne entre 2011 et 2025, soit plus du double des montants dépensés entre 2008 et 2010.

    Pour le reste, il existe de nombreuses incertitudes, aussi bien en matière de coût du démantèlement des installations nucléaires que de gestion à long terme des déchets radioactifs, par manque d'expérience et parce que certains choix ne sont pas encore arrêtés.

    En ce qui concerne le démantèlement par exemple, les dépenses de fin de vie des 19 centrales sont estimées aujourd’hui à 18,4 millions d’euros mais la Cour des comptes précise dans sa synthèse :

    Les devis ont très généralement tendance à augmenter quand les opérations se précisent, d’autant plus que les comparaisons internationales donnent des résultats très généralement supérieurs aux estimations d’EDF. "

    En ce qui concerne la gestion des déchets radioactifs, la Cour des comptes pointe un écart notable entre le chiffrage d’EDF, 23 milliards d’euros actuellement, et celui de l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), 36 milliards d’euros. Ces coûts ne devaient toutefois pas représenter plus de 5% des coûts de fin de vie.  

    Autre incertitude : la Cour a prévenu que le non-prolongement des réacteurs d'EDF au-delà de 40 ans nécessiterait "un effort très considérable d'investissement équivalent à la construction de 11 EPR d'ici 2022", ce qui lui parait "très peu probable, voire impossible". Elle ne s’avance pas pour autant sur des scénarios de mix-énergétiques.

    Les provisions d’EDF sont opaques

    Les provisions d’EDF sont sous-évaluées et opaques. Sur un total de 27,8 milliards d'euros de provisions pour opérations de fin de cycle devant être couvertes par des actifs dédiés, 18,2 milliards d'euros étaient couverts par des titres financiers côtés, au 31 décembre 2010, 2,7 milliards d'euros n’étaient pas censés être couverts à cette date et 6,9 milliards d'euros étaient constitués de couvertures croisées entre opérateurs du domaine nucléaire, y compris l’Etat. Un montage qui mérite d'être clarifié. 

    Morgane Bertrand avec AFP

     

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