• La Cour de cassation osera-t-elle interdire les licenciements économiques ?

    Créé le 29-02-2012 à 16h02 - Mis à jour à 17h24      Réagir

    EXCLUSIF La Cour de cassation s'apprête à trancher un litige qui, selon la décision qu'elle prendra, remettrait complètement en cause la validité des plans sociaux pour motif économique. Et risquerait d'enterrer une fois pour toutes le licenciement économique.

     
     

    Plusieurs détenus de la prison de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, réclameront mercredi à la Cour de cassation de les libérer, compte tenu de conditions d'incarcération "indignes et dégradantes" dans cet établissement surpeuplé à l'état déplorable.
(c) Afp

    Plusieurs détenus de la prison de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, réclameront mercredi à la Cour de cassation de les libérer, compte tenu de conditions d'incarcération "indignes et dégradantes" dans cet établissement surpeuplé à l'état déplorable. (c) Afp

    Ce mercredi 29 février 2012 a débuté à la Cour de Cassation une audience que les experts en droit social, les syndicalistes et les DRH des entreprises vont suivre avec la plus grande attention.

    Les magistrats de la plus haute juridiction doivent en effet valider ou infirmer un récent arrêt de la Cour d’appel de Paris. Le 12 mai 201, celle-ci avait estimé que le motif économique invoqué par la société Viveo France pour justifier son plan social n’était pas valable. Et si cet arrêt est confirmé, ce sera un véritable tremblement de terre.

    Retour sur les faits. L'affaire remonte à 2010. Peu après son rachat par le groupe suisse Temenos, l’entreprise de logiciels bancaires engage un plan social qui prévoit la suppression de 64 postes. Le comité d’entreprise (CE) s'y oppose et décide de porter l'affaire devant la justice. A ses yeux, le motif économique invoqué par Temenos pour justifier la procédure de licenciement ne tient pas. En première instance, le CE est débouté. Mais un an plus tard, la Cour d’appel lui donne raison, soulignant "un défaut de cause économique". Tout en assurant qu’elle ne s’immisce pas "dans la gestion de l’entreprise", la Cour estime que la légalité du motif de la procédure n’est pas justifiée.

    D'autres cours d'appel ont tranché dans le même sens

    Si ce jugement inquiète, c’est parce qu’il n’est pas isolé. A la fin de l’année dernière, la Cour d’appel de Reims renvoyait également une procédure de licenciement pour une absence de motif économique. La société Sodimécal, spécialisée en matériel médico-chirurgical avait voulu fermer un site. Saisi par le comité d’entreprise, le tribunal avait annulé la procédure de licenciement. Et donc bloqué en cours d’élaboration un plan social, au motif que la restructuration ne reposait réellement sur un motif économique. Une première.

    Et pour cause. Jusqu’à présent, lorsqu’une entreprise engage un plan social, les salariés ont le droit de saisir, au travers de leurs délégués, les tribunaux pour le contester. Mais d’une part, cela se fait en amont, avant que les salariés aient reçu leur lettre de licenciement. Et deuxio, ce n’est qu’en cas d’absence de mesures de reclassement ou si elles sont jugées insuffisantes, que les magistrats du tribunal de grande instance peuvent annuler un PSE.

    Ils ne peuvent en aucun cas juger la pertinence ou non que l’employeur a pour supprimer des emplois au nom de difficultés économiques. Cette disposition n’est possible que dans un second temps, devant le conseil des prud’hommes, seul habilité à statuer sur "la cause réelle et sérieuse" d’une rupture de contrat. En général, le salarié se lance dans une procédure, et s’il l’emporte, le patron lui verse des dommages et intérêts. C’est souvent une mesure personnelle, et la condamnation qui peut en découler est seulement pécuniaire.

    Quelles seraient les conséquences d'une confirmation en cassation ?

    Si le jugement Viveo venait à être confirmé, les salariés auraient désormais la possibilité, en amont, de remettre en question la pertinence d’un plan social. Et en d’autres termes, les magistrats pourraient juger la motivation économique d’une restructuration.

    Cette possibilité inquiète patrons comme salariés. Fait rare, mais le syndicat d'avocats d'entreprises en droit social, Avosial, a adressé une lettre à tous les candidats à la présidentielle pour alerter de la difficulté à faire reconnaître la validité des licenciements économiques. Selon eux, si les juges se donnent le pouvoir de faire annuler l'ensemble d'un plan social, les conséquences économiques seront catastrophiques.

    "S’ils ont de telles entraves pour supprimer des postes, les patrons n’embaucheront plus", assure Etienne Pujol, un membre d’Avocial. Et de souligner les aberrations qui en découleront. Par exemple, dans le cas de Sodimédical, les salariés  -ils sont une cinquantaine - ne peuvent pas être licenciés économiquement, puisque le plan social pour ce motif a été considéré comme nul. Ils ne peuvent pas non plus réintégrer puisque leur site a fermé. De fait, l’employeur est tenu de leur verser un salaire. Déjà en difficulté, il est probable que celui-ci bientôt ne puisse plus le faire. Qu’en sera-t-il alors de l’avenir des salariés ? Ceux-ci risquent en tout cas d’y perdre. Non seulement ils n’auront plus de job, mais ils seront moins bien pris en charge.

    Le licenciement économique serait enterré une fois pour toutes

    "Dans le cadre d’un plan social, ils avaient au moins l’assurance de bénéficier de mesures d’accompagnement", poursuit Etienne Pujol. Un constat qui n’a pas échappé aux organisations syndicales. Elles savent que des mesures négociées collectivement sont toujours plus intéressantes. Les licenciements économiques étaient souvent assortis d’indemnités de départs, mais aussi d’aides pour la recherche d’emploi... Pour Michel Ghetti, le PDG de France Industrie Emploi, qui fait beaucoup d’aide à la revitalisation et d’accompagnement des entreprises dans leur restructuration, "au fond, c’est l’attractivité de la France qui est menacée". Et le patron d’assurer que déjà, devant de telles rigidités juridiques, des entreprises étrangères qui prévoyaient d’installer des sites dans l‘hexagone renoncent.

    En réalité, si la Cour de Cassation confirme le jugement Viveo, elle enterrerait une fois pour toute, le licenciement économique. Trop complexe, et trop cher, ce dispositif est déjà mal en point. Ainsi, comment expliquer qu’en pleine crise, les licenciements économiques aient baissé de moins 4% en un an ? Les employeurs préfèrent passer par un plan de départ volontaire ou une rupture conventionnelle plus simple et nettement moins couteuse. Preuve en est, les ruptures à l'amiable sont deux fois plus nombreuses que les licenciements économiques. En janvier, 14.000 licenciements ont été enregistrés pour 30.000 ruptures conventionnelles. La cour de cassation a prévu de rendre sa décision dans trois semaines. Une attente interminable pour toutes les parties concernées.

     


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  • Corée du Nord : moratoire sur les missiles et les activités nucléaires

    LEMONDE.FR avec AFP, Reuters | 29.02.12 | 16h49

    Les installations nucléaires de Yongbyon, en Corée du Nord, photographiées en 2002.

    Les installations nucléaires de Yongbyon, en Corée du Nord, photographiées en 2002.AFP/AFP

    La Corée du Nord a accepté la mise en place d'un moratoire sur les lancements de missiles longue distance, et sur les essais nucléaires et les activités d'enrichissement de l'uranium menés à son usine de Yongbyon. Cette annonce de Washington a été confirmée par Pyongyang.

    La Corée du Nord a également accepté le retour d'inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour superviser le moratoire sur l'enrichissement de l'uranium à Yongbyon, a précisé la porte-parole de la diplomatie américaine. En échange, les Etats-Unis ont annoncé la reprise prochaine de leur aide alimentaire à la Corée du Nord. Selon Pyongyang, Washington a ainsi promis de fournir 240 000 tonnes d'"aide alimentaire" et d'envisager une aide supplémentaire. C'est de son site nucléaire de Yongbyon que la Corée du Nord avait expulsé les inspecteurs de l'AIEA en 2009.

    >>> Lire "Le nucléaire nord-coréen, une source de discorde"

    RÉSULTAT DE POURPARLERS

    KCNA, l'agence de presse officielle nord-coréenne, rapporte que Pyongyang a pris ces mesures à la demande des Etats-Unis et "dans le but de créer une atmosphère positive" pour de futurs pourparlers à haut niveau entre Pyongyang et Washington. Ces avancées font en effet suite à des discussions menées en Chine, les premières entre Etats-Unis et Corée du Nord depuis la mort du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il en décembre. En 2011 déjà, des pourparlers avaient abouti à un accord de principe. Des négociations étaient ensuite prévues en décembre mais avaient été décalées après le décès de Kim Jong-il.

    Cet accord annoncé mercredi constitue une avancée vers des négociations multilatérales à six (les deux Corées, Chine, Japon, Russie, Etats-Unis) sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Ces négociations étaient en effet suspendues depuis 2009. La Corée du Nord s'en était retirée et avait effectué un essai nucléaire, le second depuis 2006. Essais qui avaient eu pour conséquence des sanctions onusiennes.

    "Les Etats-Unis ont toujours de nombreuses inquiétudes concernant l'attitude de la Corée du Nord dans un certain nombre de domaines, mais les annonces (de mercredi) reflètent un progrès important, même s'il reste limité, pour tenter de répondre à ces inquiétudes", a estimé la porte-parole de la diplomatie américaine.


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  • Angelina Jolie, la Bosnie au cœur

    Bernard-Henri Lévy

     

     

    Angelina Jolie et ses comédiens dans Au pays du sang et du miel.

    Angelina Jolie et ses comédiens dans Au pays du sang et du miel.

    Quand Angelina Jolie m’a demandé de présenter avec elle, jeudi dernier, à Paris, l’avant-première de son film, « Au pays du sang et du miel », j’ai commencé, bien sûr, par demander à le voir – mais, l’ayant vu, je n’ai pas hésité une seconde.

    Car, enfin, quelle histoire !

    Voilà une grande actrice hollywoodienne.

    Voilà une des stars les plus cotées, les plus célébrées, du cinéma mondial.

    Voilà un grand nom dont nul ne doutait qu’il aurait, s’il décidait, un jour, de passer derrière la caméra, l’embarras du choix des sujets, des financements, des scénarios et, bien entendu, des comédiens qui se battraient pour avoir le privilège d’être de l’aventure.

    Or Angelina Jolie, en effet, passe derrière la caméra – et qu’arrive-t-il ?

    Elle tourne un film d’auteur, avec des acteurs bosniens inconnus, dans une langue, le bosniaque, qui, en Amérique comme en Europe, semble une langue improbable – et elle le situe, ce film, dans cet angle mort de l’Histoire du XXe siècle, dans ce moment de douleur absolue en même temps que d’indignité et de honte pour les nations qui laissèrent faire : la guerre de Bosnie.

     

    Ajla et Danijel, les deux protagonistes principaux d'Au pays du sang et du miel

    Ajla et Danijel, les deux protagonistes principaux d'Au pays du sang et du miel

    Le résultat est un film qui, d’abord, sonne incroyablement juste. Je connais les lieux qu’elle évoque. J’ai vu, dans la vraie vie, des hommes et des femmes qui ressemblent comme des frères et des sœurs à Danijel et Ajla, les Roméo et Juliette de cette histoire d’amour sur fond de camps de concentration et d’horreur. Et cette affaire du viol conçu comme arme de guerre, cette humiliation d’un peuple à travers le corps supplicié de ses femmes, cette purification ethnique par le ventre qui sont, non le décor, mais le sujet du film, je les avais filmées dans « Bosna ! », mon documentaire de 1994. Eh bien, la fiction qu’elle consacre à ces drames, leur reconstitution, presque vingt ans après, dans des studios de Hongrie, leur mise en écriture, en scène et en légende, sont criantes de vérité et retrouvent le souffle, la violence noire, qui furent la marque du réel et dont je peux, hélas, témoigner.

    Le résultat c’est, du coup, un cas rare, et très émouvant, de transmission réussie. Angelina Jolie était une adolescente au moment des faits qu’elle rapporte. Elle ne les a connus que par un vague et, sans doute, tardif ouï-dire. A l’époque où une poignée d’aînés (Peter Schneider et Hans Christoph Buch en Allemagne ; Salman Rushdie en Angleterre ; Christopher Hitchens ou Susan Sontag aux Etats-Unis ; l’auteur de ces lignes, avec d’autres, en France) craignaient que ne sonne, à Sarajevo, le glas d’une Europe venant offrir au XXIè siècle sa nouvelle et non moins cauchemardesque guerre d’Espagne, elle en était encore à rêver de ses rôles dans « Glass Shadow » et « Hackers ». Or elle prend le relais, reprend le flambeau, continue en quelque sorte le combat et, non contente de revivre ce que nous avons vécu, accomplit le miracle, toujours bouleversant quand il se produit, de faire histoire de notre mémoire.

    Et le résultat c’est, enfin, un acte politique comme le -cinéma en engendre de moins en moins. Un film engagé ? Partisan ? Un film qui ne craint pas de livrer bataille et de prendre le risque, quand il le faut, d’être taxé par les crétins de manichéen ? Oui, bien sûr. Car un film qui appelle un chat un chat. Car un film qui, loin de l’unanimisme bêlant que l’on aurait pu craindre venant d’une pure créature de l’industrie hollywoodienne, appelle les miliciens serbes de l’époque des « fascistes » et prend soin de distinguer, dans la confusion de ces temps sombres, victimes et bourreaux. Et un film qui, du coup, et pour reprendre le mot de Godard, n’est pas juste un film, mais un film juste, rendant justice aux morts et honneur aux survivants.

     

    Bernard-Henri Lévy et Angelina Jolie lors de l'Avant-Première du film

    Bernard-Henri Lévy et Angelina Jolie lors de l'avant-première du film

    « Au pays du sang et du miel », lorsqu’il a été projeté à -Sarajevo, la veille de sa présentation à Paris, a été accueilli par une foule qui hésita, de longues minutes, entre les larmes et les vivats. Normal. Ces femmes violées qui se taisaient depuis vingt ans, les enfants de ces viols en train d’arriver à l’âge d’homme et qui vivaient leur généalogie comme un opprobre, cette société bosniaque qui avait là son secret le plus douloureux, voilà qu’une grande actrice, doublée d’une grande dame, mettait son prestige à leur service et leur permettait, pour la première fois, de relever un peu la tête.

    J’ai connu semblable situation, il y a quarante ans, au Bangladesh, quand un chef d’Etat musulman, le président Mujibur Rahman, prit la décision courageuse de nommer « birangona », littéralement « héroïnes nationales », les -dizaines de milliers de jeunes femmes qu’avait violées les soudards de l’armée pakistanaise et qui étaient mises, pour cela, au ban de la société ainsi que, souvent, de leurs propres familles. C’est, mutatis mutandis, le geste d’Angelina Jolie. Et c’est ce qui fait la sombre grandeur de son film.

    Nos routes s’étaient croisées une première fois autour de la mémoire de Daniel Pearl, dont elle incarna la veuve dans un film.

    Puis une deuxième fois, le 25 février 2007, à Bahai, dans le nord du Soudan, où j’attendais la possibilité de passer clandestinement au Darfour et où elle était venue visiter les camps de réfugiés.

    Cette troisième rencontre est la bonne – au rendez-vous d’une imprescriptible souffrance et de son inscription dans le registre d’une œuvre d’art.


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    La coopérative Plaine du Roussillon sous haute surveillance

     

     

    Le 26/02/2012 à 06h00 par Jean-Paul PelrasJ.-P. P. | Mis à jour à 08h24
     

     Quelque 250 producteurs et salariés participaient à la rencontre.
     

    Quelque 250 producteurs et salariés participaient à la rencontre.  © Photos H. J.

     

    Avec plus de 250 personnes venues assister vendredi soir, salle des fêtes du Soler, à une assemblée générale d'information, Jean-Marie Roger, nouveau président de Plaine du Roussillon a certainement voulu, non sans une certaine solennité, tourner la page des grandes inquiétudes. De celles qui tourmentent cette coopérative maraîchère depuis fin 2011, avec la découverte d'une gestion hasardeuse et celle de pertes dépassant 2 M d'euros. Une réunion où étaient présents le préfet René Bidal, le sénateur-maire François Calvet, Françoise Bigotte représentant la Région et le Département, Louis Carles pour l'Agglo, Michel Guallar président de la Chambre d'agriculture, le directeur du Crédit agricole, des élus de l'Agglo et toutes les personnes ayant contribué au sauvetage de l'entreprise. Un sauvetage dont la chronologie fut évoquée à tour de rôle par la quasi-totalité des intervenants avec dans le premier acte le rachat par l'Agglo des bâtiments et du terrain au Soler, pour 2,5 M d'euros. Le bâtiment devant être réattribué à Plaine du Roussillon sous forme de location-vente et le terrain revendu dans le cadre d'une opération immobilière.

    Désignation d'un administrateur judiciaire

    L'achat de ce lot ne pouvant être effectif avant mai, il fallait d'ici là, trouver les liquidités nécessaires au règlement des fournisseurs, producteurs et salariés. Le Crédit agricole, banque ayant accepté de soutenir l'entreprise, ne pouvait intervenir à ce titre sans l'aval du Tribunal de commerce sans risquer le soutien abusif. C'est donc maître Samson qui fut désigné pour sécuriser cette période.

    L'activité de Plaine du Roussillon peut alors redémarrer plus sereinement même si cette entreprise est, pour ainsi dire, placée sous haute surveillance. Tout d'abord car elle est gérée, dans un premier temps, par un administrateur judiciaire. Ensuite, car la banque sera certainement très attentive à la gestion des sommes consenties, au regard de la fragilité de la structure et surtout des conjonctures agricoles dont elle dépend. Sans oublier les contrôles que vont exercer le conseil général et la Région, comme le précisait Françoise Bigotte : "On ne pourra vous aider que si l'entreprise est viable. Vous devrez accepter les consultants de la Région et fournir un état des comptes, ainsi qu'un prévisionnel. A partir de là, le conseil général qui n'a pas vocation à aider les entreprises, interviendra dans le cadre des calamités agricoles. Alors que la Région participera probablement à hauteur de 134 000 euros sur la part des investissements réalisés".

    Le préfet veut tout savoir

    Concernant les services de l'Etat, le message était tout aussi clair avec l'intervention du préfet qui a réclamé un maximum de transparence : "Nous sommes là avec le directeur des Finances publiques pour vous accompagner. Mais attention, il ne faudra rien nous cacher. Je veux savoir. Si vous ne voulez pas que je sache, ne venez plus solliciter le soutien de l'Etat".

    Des soutiens qui prendront effet dans les semaines à venir avec la restructuration de l'entreprise. Laquelle passera inévitablement par un plan social (lire ci-contre). La tension était, à ce titre, palpable dans l'auditoire avec l'intervention d'une salariée qui en début de séance a évoqué le licenciement de 40 personnes. Une intervention rapidement maîtrisée par Jean-Marie Roger qui a souhaité "une tenue impeccable de cette réunion", la question, selon lui, pouvant être abordée dès lundi au sein de l'entreprise.

    Tout n'est pas encore réglé dans cette entreprise maraîchère qui vient d'éviter le dépôt de bilan. Là où la réactivité, la confiance et l'union politique se sont avérées, de toute évidence, salutaires. Et ce, même si d'autres arbitres doivent encore intervenir avec, au centre de tous les débats, le marché, la conjoncture et le climat. Sachant que Plaine du Roussillon, à cause de la vague de froid, vient de perdre 1000 tonnes de production. 

     


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  • La révolte syrienne

    PORTRAIT :

    Jacques Bérès : un médecin dans l'enfer syrien

    Créé le 28-02-2012 à 15h26 - Mis à jour à 17h57      2 réactions

    "Je suis un dinosaure de l'humanitaire", confie le co-fondateur de Médecins sans frontières et Médecins du Monde, de retour de Homs.

     

    Jacques Bérès (AFP)

    Jacques Bérès (AFP)

    "Il y a des immeubles qui flambent, des trous dans les murs des maisons et beaucoup, beaucoup de blessés, majoritairement des civils, hommes, femmes et enfants…", décrit par téléphone satellitaire Jacques Bérès, imperturbable malgré le bombardement de Bab Amro à cent mètres de lui.

    Mais que fait ce médecin français de 71 ans sous les bombes syriennes, dans ce quartier de Homs détruit par l'armée d'un président déterminé à écraser la révolte née il y a bientôt une année ?

    "On ne voulait envoyer personne dans cet enfer et encore moins quelqu'un qu'on aime comme Jacques. Mais il nous a harcelé, il a réussi à nous convaincre, alors on lui a signé un ordre de mission", confie le président de l'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis M'hammed Henniche. "Jacques n'est pas du genre à se laisser dissuader", confirme Bernard Schalscha, secrétaire général de France-Syrie démocratie et également signataire de l'ordre de mission.

    "Je suis un dinosaure de l'humanitaire", confie à son retour à Paris le co-fondateur de Médecins sans frontières puis Médecins du Monde. "Cela fait quarante ans que je tourne sur tous les terrains de guerre pour sauver des civils et il est normal que je me rende aussi en Syrie. Le régime tue des hommes, des femmes, des enfants dans ce pays… Il bombarde sans arrêt ce quartier de Bab Amro d'où on m'a amené des blessés lourds durant plus de deux semaines".

    Officiellement, aucune ONG n'envoie d'humanitaire en Syrie en ce moment. Trop dangereux. Pas pour Jacques. "C'est un passionné. C'est sa vie", souligne son épouse. "Et quelles que soient les conséquences je l'approuve," dit-elle doucement, mais sûre d'elle. Cette mission "n'était pas plus angoissante pour moi que d'autres où il a été: à Bagdad quand les Américains ont attaqué, en Tchétchénie. Ou au moment de Ceausescu en Roumanie : je regardais à la télé la préparation d'un assaut contre l'hôpital où il était, je crois que ça a été le pire moment".

    "Je me souviens bien, raconte le chirurgien. On est arrivé à l'hôpital et un officiel nous a dit "désolé il va falloir partir, on annonce un assaut dans 20 minutes". Que faisait-il encore là alors? Je n'y ai pas cru une minute. Je lui ai dit : "Alors préparons-nous à mourir ensemble". L'assaut n'a pas été donné. Et le chirurgien est encore là pour s'en amuser.

    "Il ne prend pas de risque inutile, tempère pourtant son épouse, et il est très intuitif avec les gens qu'il rencontre. En général il prend les bonnes décisions et c'est très rassurant. Il a l'air tête brulée mais en fait tout est froidement analysé".

    Témoigner

    Depuis son retour il y a trois jours, il témoigne. De radios en télévisions, d'interviewes en conférences de presse, il trimbale sa barbe impeccablement taillée et sa chevelure ébouriffée, d'un blanc immaculé.

    "J'ai mis 20 ans pour comprendre de quoi les gens me remerciaient. Longtemps j'ai cru que c'était pour mes compétences médicales. Mais on nous remercie aussi lorsqu'on rend des morts aux familles. En fait, vous savez, ils nous remercient d'être là avec eux. Pour témoigner. C'est ça le plus important : témoigner", proclame le médecin.

    Raconter les blessures soignées et dire ce qui les a provoquées – blessures par balle, éclats d'obus, effondrement. Raconter le manque de tout pour soigner – "on ne peut plus faire la longue liste de ce qu'on n'a pas. On fait la courte liste de ce qu'on a et on fait avec" dit-il. "Ce qui manque surtout ce sont les masques anesthésiants pour les enfants car on ne peut vraiment pas faire sans…" Raconter les hôpitaux vides de blessés civils car certains s'y sont vus torturés, amputés pour avoir manifesté, enlevés aussi. Raconter enfin une ville sacrifiée, avant d'y repartir. Rien ne fera pâlir sa détermination:

    "Oui, dès qu'une nouvelle filière d'entrer s'avère sûre, je repars. Ma femme est d'accord alors…"

     

    Céline Lussato

     

    Par Céline Lussato

     

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