• Russie : l'opposant Alexeï Navalny

    assigné à résidence

    Le principal opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, le 24 février 2014 à Moscou.

    Le principal opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, le 24 février 2014 à Moscou.

    Crédit : AFP / VASILY MAXIMOV

    La justice russe a ordonné, ce vendredi, l'assignation à résidence de l'opposant numéro un du Kremlin, Alexeï Navalny, dans le cadre d'une enquête pour escroquerie au détriment de la marque française de cosmétiques Yves Rocher.

    Cette mesure sera en vigueur jusqu'au 28 avril, a indiqué sur Twitter la porte-parole de l'opposant, Anna Vedouta. Elle a précisé qu'il n'aurait le droit de parler qu'à sa famille, et qu'il lui serait désormais interdit d'utiliser le téléphone et l'internet. Alexeï Navalny, devenu l'un des chefs de file de l'opposition au président Vladimir Poutine, est un avocat et un blogueur influent qui s'est fait connaître en dénonçant sur internet des affaires de corruption impliquant de hauts responsables russes.

    Dans l'affaire Yves Rocher, il est soupçonné avec son frère Oleg d'avoir détourné 26 millions de roubles (590.000 euros) appartenant à la filiale russe de la compagnie française et plus de quatre millions de roubles (90.000 euros) appartenant à une autre entreprise. Les deux frères ont également été inculpés de blanchiment de 21 millions de roubles (480.000 euros) et risquent jusqu'à 10 ans de camp.

    Alexeï Navalny, actuellement détenu pour avoir participé lundi à une manifestation non autorisée, a été placé en décembre 2012 sous contrôle judiciaire pour cette affaire. Le Comité d'enquête, chargé des investigations, avait indiqué mercredi avoir constaté des "infractions répétées" aux mesures imposées à Alexeï Navalny dans le cadre de cette affaire, et demandé à un tribunal de Moscou son assignation à résidence.

    Il a notamment reproché à l'opposant d'avoir à plusieurs reprises quitté Moscou sans l'autorisation des enquêteurs. Ce mardi, Alexeï Navalny avait été condamné à 7 jours de détention pour "avoir désobéi à la police" lors d'un rassemblement la veille près du Kremlin au cours duquel plus de 400 personnes ont été interpellées.

    Ce rassemblement a été organisé en soutien à huit opposants condamnés lundi à des peines allant jusqu'à quatre ans de camp pour participation à des "troubles massifs" lors d'une manifestation qui a dégénéré le 6 mai 2012, à la veille de l'investiture de Vladimir Poutine pour un troisième mandat au Kremlin. Alexeï Navalny, 37 ans, fait l'objet de plusieurs enquêtes et a récemment été condamné à cinq ans de prison avec sursis. Il rejette toutes les accusations, qui visent selon lui à l'écarter de la scène politique.


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  • Abus sexuels dans l'armée : le ministère ordonne

    une enquête, première historique

    L'armée française (illustration).

    L'armée française (illustration).

    Crédit : AFP

    DÉCRYPTAGE - Les abus sexuels dans l'Armée vont faire l'objet d'une enquête interne ordonnée par le ministère de la Défense. Un livre recense une cinquantaine de cas de harcèlement et d'humiliation.

    C'est une décision historique. Pour la première fois, les abus sexuels dans l'Armée vont faire l'objet d'une enquête interne. Le ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian, l'ordonne à l'Inspection Générale et au Contrôleur Général des Armées.
     
    La demande a été envoyée jeudi 27 février, après la publication d'un livre le matin même, La guerre invisible, dans lequel des témoignages décrivent une quarantaine de cas. "Les Féminines", comme on les appelle, victimes d'humiliations et de violences. 

    Humiliation, harcèlement, promotion canapé

    Dans l'armée française, on compte plus de 15% de femmes. Elles représentent 21% des effectifs de l'armée de l'air. Et comme le dit un officier sous couvert d'anonymat, "en fonction de nos valeurs, on devrait donner l'exemple. Mais voilà, on est aussi un calque du pays qui n'échappe pas aux dérives. Il y a ces journées de cohésion militaire, ces soirées d'intégrationqui basculent dans l'humiliation".
     
    "Il y a le harcèlement sexuel sans oublier la promotion canapé", raconte-t-il. La cinquantaine de cas recensés par le livre démontrent que le phénomène existe et que la grande muette a camouflé ces histoires sordides qui ont marqué à jamais les jeunes femmes qui ont accepté de témoigner. N'oublions pas aussi les garçons qui ont également été victime de tels actes.

    Une notion non précisée dans le code militaire

    Dans l'armée française, on préfère le camouflage, c'est-à-dire minimiser voire même cacher des faits limites mais avérés. Il n'existe, par exemple, aucun recensement des victimes de ce type de violences, comme dans les codes militaires la notion de harcèlement sexuel n'est pas précise. La hiérarchie peut épargner l'auteur des faits.
     
    Quelques jours d'arrêts de rigueur, alors qu'il risque de par la loi jusqu'à deux ans d'emprisonnement. Bien sûr, vous pouvez déposer plainte et c'est ce qu'ont fait plusieurs femmes militaires. On leur a fait payer ce geste : corvées, isolement, mutation... Comme pour les pousser à quitter définitivement l'institution.


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  •  L'Ukraine appelle Londres et Washington

    à garantir sa souveraineté

    Par Les Echos | 28/02 | 06:37 | mis à jour à 11:27 | 6commentaires

    - Deux aéroports basés en Crimée auraient été investis par des soldats. La Russie dément être derrière ces actions. Le parlement ukrainien a demandé une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu et appelle Washington et Londres à garantir sa souveraineté.

    Les militaires russes se seraient notamment déployés pour empêcher le décollage des chasseurs MIG 29 ukrainiens. - DR

    Les militaires russes se seraient notamment déployés pour empêcher le décollage des chasseurs MIG 29 ukrainiens. - DR

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    10H57 : Le Premier ministre ukrainien espère percevoir l'aide financière de la communauté internationale dans "un avenir proche"

    L'Ukraine espère commencer à recevoir sous peu une aide internationale et est décidée à remplir les conditions exigées pour obtenir l'appui du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré vendredi le Premier ministre, Arseni Iatseniouk.

    Le chef du gouvernement a précisé devant la presse que des "mesures concrètes" étaient en cours de préparation pour obtenir l'aide financière de la communauté internationale, une aide qu'il aimerait percevoir dans "un avenir proche". Une délégation du Fonds est attendue la semaine prochaine à Kiev où elle rencontrera les représentants du nouveau pouvoir ukrainien, lesquels ont évalué à 35 milliards de dollars les besoins du pays en 2014 et 2015.

    Le gouvernement, dit-il, va demander à la banque centrale de travailler à un vaste programme de prêt à mettre en oeuvre une fois que la situation sera stabilisée.

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    10H45  : L'Ukraine en appelle à Londres et Washington pour garantir sa souveraineté

    Le Parlement d'Ukraine a voté une résolution appelant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à garantir sa souveraineté. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie se sont portés garants de l'indépendance de l'Ukraine dans le Mémorandum de Budapest, signé en 1994, en échange de son renoncement aux armes nucléaires après la chute de l'Union soviétique dont elle faisait partie.

    Le texte demande aux pays garants de "confirmer leurs engagements" envers l'Ukraine et de lancer des "consultations immédiates avec (elle) pour faire baisser la tension".Un conseil de sécurité nationale et de défense a été convoqué pour 09H00 GMT au sujet de la situation en Crimée, a annoncé le président par intérim Olexandre Tourtchinov à la tribune du parlement. Selon lui, les hommes en armes qui occupent depuis jeudi le gouvernement et le parlement de Crimée à Simféropol sont des "terroristes armés opérant sous le drapeau russe".

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    10H34  : La Crimée, une région stratégique

    "Les Echos" / IDE
    "Les Echos" / IDE

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    10h14 : L'Ukraine demande une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu

    Le parlement ukrainien a appelé à une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu pour examiner la crise que connaît actuellement le pays. Cet appel a été lancé après que des hommes armés, qui selon les autorités ukrainiennes appartiendraient à l'armée russe, se sont emparés de deux aéroports en Crimée, à Simféropol la capitale de la région autonome et à Sébastopol le siège de la flotte russe en mer Noire.

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    10h13 : La banque centrale limite les retraits à 1.000 euros par jour

    La Banque centrale ukrainienne a annoncé vendredi avoir limité à 15.000 hryvnia (1.095 euros) le montant quotidien maximal pouvant être retiré dans les banques du pays.

     

    La devise ukrainienne, la hryvnia, a perdu le quart de sa valeur depuis le début de l'année, alors que le pays est au bord de la faillite. Selon le nouveau Premier ministre du gouvernement de transition, Arseni Iatseniouk, la dette publique ukrainienne s'élève à 75 milliards de dollars, soit le double de son niveau de "2010, quand Ianoukovitch est arrivé au pouvoir".

    Une banque dans le centre-ville de Kiev - AFP PHOTO/ LOUISA GOULIAMAKI
    Une banque dans le centre-ville de Kiev - AFP PHOTO/ LOUISA GOULIAMAKI

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    9H58  : A suivre, les évènements en direct à l’aéroport de Simferopol

     

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    9h37 : Démenti russe sur les aéroports

    La flotte russe basée dans le port de Sébastopol a affirmé n'avoir investi aucun aéroport, ni pris aucune autre mesure dans la ville. "Aucune unité de la flotte de la mer Noire ne s'est avancée vers l'aéroport, sans parler d'en organiser le blocage", a dit un porte-parole de la flotte. Il a toutefois reconnu que des "unités antiterroristes" avaient pris des mesures dans les zones où est basée la flotte et dans les casernes abritant les militaires et leurs familles.

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    8h53 : Poutine veut que la Russie coopère avec Kiev

    Vladimir Poutine a ordonné à son gouvernement de continuer à discuter avec l'Ukraine sur les dossiers économiques et commerciaux et de prendre contact avec ses partenaires étrangers, FMI et G8, en ce qui concerne une aide financière, lit-on dans un communiqué publié sur le site internet du Kremlin. Le président russe, précise le communiqué, a ordonné également à son gouvernement d'étudier une demande d'aide humanitaire émise par la république autonome de Crimée, seule région à majorité russe d'Ukraine. Il s'agit des premières décisions prises par le chef de l'Etat russe depuis que le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a été destitué samedi et a quitté Kiev. Ces recommandations de Poutine contrastent avec les déclarations agressives faites jusqu'à présent par les différents responsables russes accusant notamment les nouveaux dirigeants ukrainiens d'être des "extrémistes". Cet appel en faveur d'une coopération, notamment avec le G8 et avec le FMI, confirme que Poutine n'entend pas voir la Russie laissée à l'écart de l'aide financière et économique dont a besoin l'Ukraine, qualifiée de "nation soeur".

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    8h07  : Le ministre de l’Intérieur ukrainien par intérim accuse les forces russes « d’invasion »

    Sur sa page Facebook, le ministre ukrainien de l’Intérieur par intérim, Arsen Avakov, dénonce l'occupation des deux aéroports et accuse les forces russes « d’invasion ». Arsen Avakov précise qu'il n'y a eu ni violences, ni heurts lorsque des hommes armés, qui appartiendraient aux forces navales russes, ont bloqué de l'aéroport militaire près de la base de Sébastopol qui abrite la flotte russe dans la mer Noire. « Je considère que ce qui s'est passé est une occupation armée et une occupation en violation des accords et des règlements internationaux », estime néanmoins Arsen Avakov sur sa page Facebook. Il qualifie ces occupations de provocations et a appelé à des négociations.


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  •  L'Ukraine accuse la Russie d'invasion

    armée en Crimée

    Par Les Echos | 28/02 | 06:37 | mis à jour à 10:18 | 5commentaires

    - Deux aéroports basés en Crimée auraient été investis par des soldats. La Russie dément être derrière ces actions. L'Ukraine demande une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu.

    Les militaires russes se seraient notamment déployés pour empêcher le décollage des chasseurs MIG 29 ukrainiens. - DR

    Les militaires russes se seraient notamment déployés pour empêcher le décollage des chasseurs MIG 29 ukrainiens. - DR

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    10h14 : L'Ukraine demande une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu

    Le parlement ukrainien a appelé à une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu pour examiner la crise que connaît actuellement le pays. Cet appel a été lancé après que des hommes armés, qui selon les autorités ukrainiennes appartiendraient à l'armée russe, se sont emparés de deux aéroports en Crimée, à Simféropol la capitale de la région autonome et à Sébastopol le siège de la flotte russe en mer Noire. Le parlement évoque dans son appel un accord de 1993 par lequel les grandes puissances s'engagent à garantir l'intégrité territoriale d'un pays. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie se sont portés garants de l'indépendance de l'Ukraine, en échange de son renoncement aux armes nucléaires.

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    10h13 : La banque centrale limite les retraits à 1.000 euros par jour

    La Banque centrale ukrainienne a annoncé vendredi avoir limité à 15.000 hryvnia (1.095 euros) le montant quotidien maximal pouvant être retiré dans les banques du pays.La devise ukrainienne, la hryvnia, a perdu le quart de sa valeur depuis le début de l'année, alors que le pays est au bord de la faillite.

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    9h37 : Démenti russe sur les aéroports

    La flotte russe basée dans le port de Sébastopol a affirmé n'avoir investi aucun aéroport, ni pris aucune autre mesure dans la ville, indique l'agence Interfax. "Aucune unité de la flotte de la mer Noire ne s'est avancée vers l'aéroport, sans parler d'en organiser le blocage", a dit un porte-parole de la flotte. Il a toutefois reconnu que des "unités antiterroristes" avaient pris des mesures dans les zones où est basée la flotte et dans les casernes abritant les militaires et leurs familles.

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    8h53 : Poutine veut que la Russie coopère avec Kiev

    Vladimir Poutine a ordonné à son gouvernement de continuer à discuter avec l'Ukraine sur les dossiers économiques et commerciaux et de prendre contact avec ses partenaires étrangers, FMI et G8, en ce qui concerne une aide financière, lit-on dans un communiqué publié sur le site internet du Kremlin. Le président russe, précise le communiqué, a ordonné également à son gouvernement d'étudier une demande d'aide humanitaire émise par la république autonome de Crimée, seule région à majorité russe d'Ukraine. Il s'agit des premières décisions prises par le chef de l'Etat russe depuis que le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a été destitué samedi et a quitté Kiev. Ces recommandations de Poutine contrastent avec les déclarations agressives faites jusqu'à présent par les différents responsables russes accusant notamment les nouveaux dirigeants ukrainiens d'être des "extrémistes". Cet appel en faveur d'une coopération, notamment avec le G8 et avec le FMI, confirme que Poutine n'entend pas voir la Russie laissée à l'écart de l'aide financière et économique dont a besoin l'Ukraine, qualifiée de "nation soeur".

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    8h07  : Le ministre de l’Intérieur ukrainien par intérim accuse les forces russes « d’invasion »

    Sur sa page Facebook, le ministre ukrainien de l’Intérieur par intérim, Arsen Avakov, dénonce l'occupation des deux aéroports et accuse les forces russes « d’invasion ». Arsen Avakov précise qu'il n'y a eu ni violences, ni heurts lorsque des hommes armés, qui appartiendraient aux forces navales russes, ont bloqué de l'aéroport militaire près de la base de Sébastopol qui abrite la flotte russe dans la mer Noire. « Je considère que ce qui s'est passé est une occupation armée et une occupation en violation des accords et des règlements internationaux », estime néanmoins Arsen Avakov sur sa page Facebook. Il qualifie ces occupations de provocations et a appelé à des négociations.

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    7h30  : Deux aéroports sous le contrôle d'hommes armés

    A Simferopol, capitale de la Crimée, région marjoritairement russophone rattachée en 1954 à l’Ukraine, le drapeau russe a été hissé sur le toit du Parlement local. - AFP

    A Simferopol, capitale de la Crimée, région marjoritairement russophone rattachée en 1954 à l’Ukraine, le drapeau russe a été hissé sur le toit du Parlement local. - AFP

    La tension est montée de plusieurs crans ce vendredi en Crimée. Deux aéroports, l'un civil, l'autre militaire, sont contrôlés par des hommes armés en uniforme. Le premier est l'aéroport international de Simferopol, capitale de la Crimée. Dans la nuit de jeudi à vendredi, une cinquantaine d’hommes armés a pénétré dans les bâtiments. L’aéroport reste néanmoins ouvert, alors que des hommes armés, en uniforme, patrouillaient à l’extérieur.      VIDEO

     

    Le second est l'aéroport intenational Belbek, à côté de Sébastopol. Même s'il est en théorie ouvert aux vols civils, ce deuxième aéroport n'a qu'une vocation militaire et abrite la 204ème brigade d'aviation tactique de l'Armée de l'air ukrainienne. Selon Interfax, ce sont des militaires russes qui bloquent l'aéroport de Belbek _ mais n'occuperaient pas les bâtiments à l'intérieur desquels se trouvent des soldats et gardes-frontière ukrainien _ et seraient là pour empêcher le décollage des chasseurs MIG 29 ukrainiens.

     Voir l'image sur Twitter 

    Kristina Dei @2kdei

    PHOTO separatist gunmen seizing airport pic.twitter.com/YdAUWAl2FP

    RT @2kdei HOTO separatist gunmen seizing airport pic.twitter.com/NcwIYbdKcV

     

    Crimée : brefs heurts entre manifestants “pro-Russie” et “pro-Ukraine”

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    Thaïlande : le riz thaï va-t-il faire tomber le pouvoir ?

    Le Point.fr - Publié le <time datetime="2014-02-27T13:29" itemprop="datePublished" pubdate=""> 27/02/2014 à 13:29</time> - Modifié le <time datetime="2014-02-27T17:58" itemprop="dateModified"> 27/02/2014 à 17:58</time>

    Mobilisés depuis quatre mois, les opposants thaïlandais pourraient obtenir la destitution de la Premier ministre Yingluck grâce à une rocambolesque affaire.

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    <figure class="media_article panoramique" itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> Une rizicultrice thaïlandaise scande des slogans antigouvernementaux à Bangkok, le 17 février dernier. <figcaption>Une rizicultrice thaïlandaise scande des slogans antigouvernementaux à Bangkok, le 17 février dernier. © PORNCHAI KITTIWONGSAKUL / AFP </figcaption> </figure>
     
     
     

    Si les dizaines de milliers de manifestants thaïlandais n'ont pas réussi en quatre mois à obtenir la tête de la Premier ministre, ils pourraient toutefois parvenir à leurs fins grâce à une rocambolesque affaire de grains de riz. Yingluck Shinawatra comparaît jeudi devant une Commission anticorruption pour "négligence de son devoir". En ligne de mire de cet organe judiciaire officiellement "neutre", son programme controversé d'aide aux riziculteurs, grâce auquel l'État leur a acheté leur récolte à 50 % au-dessus du prix du marché.

    Cette promesse électorale, volontiers "populiste" selon ses opposants, avait permis à la patronne du Pheu Thai, le parti "progressiste" au pouvoir, de remporter haut la main les législatives de juillet 2011, 65 % de la population résidant dans les zones rurales. "Ce programme, très critiqué par la Banque mondiale, a été considéré comme un achat de voix des paysans", affirme David Camroux, maître de conférences au Centre d'études et de recherches internationales (CERI) de Sciences po.

    10 milliards d'euros de perte

    Or, si la promesse a été respectée, elle s'est révélée dévastatrice pour le budget de l'État. Car si le riz thaïlandais, reconnu pour sa qualité unique, était le premier exporté au monde en 2011, il est depuis retombé à la troisième place, la faute à un grain jugé trop cher face aux exportations massives des concurrents indiens et vietnamiens. Dès lors, le gouvernement s'est retrouvé avec un stock record d'invendus de 18 millions de tonnes. Au total, l'État a dépensé plus de 10 milliards d'euros depuis la mise en place de la réforme.

    "Ce programme a entraîné d'importantes ponctions sur les finances publiques", souligne Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse au Asia Centre. "Ainsi, le gouvernement n'a tout simplement pas pu payer tous les paysans, qui sont à leur tour descendus dans la rue pour réclamer leur dû. Endettés, plus d'une dizaine d'entre eux se sont suicidés." Ces protestataires, appartenant pourtant à la base électorale de l'exécutif, sont ainsi venus gonfler les rangs des "chemises jaunes", ces opposants antigouvernementaux.

    "Chemises jaunes" contre "chemises rouges"

    Cela fait en effet quatre mois que le pays est secoué par une crise opposant les "chemises jaunes" aux "chemises rouges". Les premiers, des classes moyennes et supérieures des grandes villes du pays, sont de fervents partisans de la monarchie. Soutenus en arrière-plan par les militaires, pour l'heure officiellement neutres, ils militent pour le retour au pouvoir de l'ultraroyaliste et conservateur Parti démocrate, pourtant minoritaire dans les urnes.

    Les seconds rassemblent des masses rurales et défavorisées du pays, notamment dans le Nord et le Nord-Est. Des populations qui s'estiment totalement délaissées par la haute bourgeoise de Bangkok. Elles soutiennent corps et âme le redouté Thaksin Shinawatra, frère de Yingluck Shinawatra et lui-même ancien Premier ministre de 2001 à 2006. "Ce milliardaire, ancien

    lieutenant-colonel de police, a acquis une popularité durable en prenant une série de mesures visant à améliorer le niveau de vie, les conditions de soins et de transport des populations rurales", souligne Jean-Louis Margolin, maître de conférences à l'Institut de recherches asiatiques du CNRS (IrAsia). "L'image de héros social dont a bénéficié Thaksin, par opposition au grand capitalisme de Bangkok, lui a valu le soutien d'une majorité de Thaïlandais".

    L'ombre de Thaksin

    Au contraire, la chercheuse Sophie Boisseau du Rocher dénonce la politique "d'achats de voix" du clan Thaksin, couplée à une volonté manifeste de s'emparer de tous les contre-pouvoirs existant (médias, justice). La démagogie du clan de Thaksin est en tout cas fort peu appréciée des cercles conservateurs, qui y voient une attaque directe à leurs intérêts économiques. Les "jaunes" accusent également les Shinawatra d'affaiblir l'influence, déjà considérable, de la famille royale sur le pays.

    "Il existe des liens traditionnels et quasiment organiques entre le palais et la direction de l'armée, qui relèvent de la vieille aristocratie siamoise", note Jean-Louis Margolin.

    Le populaire milliardaire est renversé en 2006 par un coup d'État militaire. Forcé à l'exil, et

    condamné en 2008 par contumace à deux ans de prison pour malversations financières, Thaksin Shinawatra conserve, même depuis l'étranger, une influence considérable sur la Thaïlande par le biais de sa soeur Yingluck. Ainsi, la décision de la Premier ministre, en août dernier, de proposer un projet de loi d'amnistie taillé sur mesure pour permettre le retour de son frère au pays, met le feu aux poudres.

    "L'opposition pas démocrate" (chercheur)

    Depuis quatre mois, les "chemises jaunes" paralysent le pays en réclamant la tête de Yingluck Shinawatra et la fin du "système Thaksin". Les violences sont même devenues quotidiennes et ont fait 22 morts. "Elles viennent des deux camps, qui sont armés", assure Phil Robertson,

    directeur adjoint de Human Rights Watch pour l'Asie. La Premier ministre a eu beau convoquer des élections législatives anticipées, celles-ci ont été perturbées par l'opposition, consciente qu'elle consacrerait à nouveau le parti au pouvoir. Au contraire, les contestataires souhaitent remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu.

    "Clairement, le Parti démocrate (opposition, NDLR) n'est pas composé de démocrates", insiste le spécialiste David Camroux. "Il souhaite des réformes allant à l'encontre de la démocratie représentative, dont il considère qu'elle n'est pas appropriée à la Thaïlande". Inquiétant retour en arrière ou pur pragmatisme politique ? D'après S

    ophie Boisseau du Rocher, "cette tentative de réformer le mode de scrutin s'explique par le fait que le Parti démocrate, dont l'électorat demeure minoritaire, ne pourra jamais remporter à lui tout seul un scrutin".

    Corruption

    Et l'experte de souligner que "l'augmentation du niveau d'éducation en Thaïlande, ainsi que l'ouverture du pays sur l'étranger rendent désormais obsolètes les règles du jeu politiques traditionnelles, à savoir l'achat de voix et la corruption, peu importe laquelle des deux factions demeure au pouvoir". Ainsi, au coeur du scandale sur le programme gouvernemental de subvention du riz, Yingluck Shinawatra est surtout épinglée pour avoir couvert des faits de corruption.

    "Des sommes colossales ont été détournées par quelques politiciens de province, appartenant à son parti Pheu Thai, dont certains demeurent actuellement au gouvernement ou à l'Assemblée nationale", affirme Sophie Boisseau du Rocher. "Et la Premier ministre en est tenue pour responsable." À en croire des sources sur place, le risque d'une destitution serait bien réel. Ce qui fait dire au chercheur David Camroux que la justice donne l'impression d'être "instrumentalisée à des fins politiques". "Cette commission est utilisée par l'opposition comme prétexte pour arriver, par la voie judiciaire, à réaliser ce qu'ils n'ont pas réussi à faire, ni par les urnes ni par la rue", souligne le spécialiste de l'Asie du Sud-Est.

    Pour l'heure, Yingluck Shinawatra a préféré esquiver la convocation de la justice. Prétextant un déplacement dans son fief du nord du pays, la Premier ministre a envoyé ses avocats à sa place à Bangkok. Mais, quoi qu'il advienne, Phil Robertson de Human Rights Watch se déclare "surpris de la rapidité avec laquelle la commission a décidé de se réunir", alors que plusieurs affaires datant de 2010 n'ont toujours pas été instruites.

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