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    Dernière modification : 10/02/2012 

    - Ligue arabe - ONU - Syrie - Turquie


    Ankara s’impose comme un acteur incontournable de la crise syrienne

     Ankara s’impose comme un acteur incontournable de la crise syrienne 

    Le ministre turc des Affaires étrangères, en déplacement à Washington, a obtenu le soutien des États-Unis pour organiser une conférence internationale sur la crise syrienne. Une manière, pour Ankara, d’asseoir son influence sur la scène régionale.

    Par Gaëlle LE ROUX (texte)
     

    L’offensive diplomatique de la Turquie dans la crise syrienne se précise. Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, s’est rendu à Washington, vendredi 10 février, afin de s’entretenir avec la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, sur ce brûlant sujet. La Turquie a d'ores et déjà reçu le soutien des États-Unis pour lancer, "dans les plus brefs délais" selon Ankara, une conférence internationale de soutien au peuple syrien en présence des acteurs régionaux et internationaux.

    Cette proposition - première initiative turque d’envergure depuis le début de la répression en Syrie - illustre le changement de cap de la diplomatie turque depuis plusieurs mois. "Jusqu’à présent, la Turquie avait joué un rôle absolument fondamental pour l’insurrection syrienne mais sans porter la voix de cette révolte hors des frontières de la Syrie, explique Matthieu Mabin, auteur d’un reportage sur les opposants syriens pour FRANCE 24. Désormais, la Turquie se pose sur la scène internationale comme un acteur majeur : elle pourrait devenir le médiateur de la crise."

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    Au début du printemps arabe, la Turquie avait hésité à s’exprimer sur les révoltes intervenant dans des pays économiquement importants pour Ankara. Il a ainsi fallu huit mois au président turc pour demander le départ du leader syrien Bachar al-Assad. Pourtant, dans les faits, dès le début de la répression en Syrie le 15 mars 2011, la Turquie a servi de refuge aux opposants syriens. Le pays a accueilli quelque 1 200 réfugiés à sa frontière et sert, surtout, désormais de base arrière logistique à l’insurrection syrienne. "C’est là-bas que les premiers groupes de l’armée libre se sont constitués, que les premières réunions politiques ont eu lieu", rappelle Matthieu Mabin.

    Dès le 1er juin 2011 en effet, soit deux mois et demi après le début de la contestation, plus de 300 opposants syriens avaient organisé une série de conférences intitulée "Pour le changement en Syrie" à Antalya, une station balnéaire turque. En octobre ensuite, c’est cette fois à Istanbul qu’est né le Conseil national syrien, une coalition des principaux partis de l'opposition. Au mois de novembre enfin, Ankara a commencé à hausser le ton à l’égard de Damas, imposant des sanctions économiques à son voisin et brandissant des menaces : "Si l’oppression se poursuit, la Turquie est prête à tout", avait notamment déclaré Ahmet Davutoglu le 30 novembre dernier.

    La Turquie s’impose en acteur incontournable

    Aujourd’hui, Ankara passe à la vitesse supérieure en proposant de chapeauter une conférence internationale de soutien au peuple syrien. "Ankara adopte une politique extérieure indéniablement plus ferme, confirme Robert Parsons, spécialiste de politique internationale à FRANCE 24. Il y a quelques mois encore, la ligne de conduite suivie par la Turquie était 'zéro problème avec nos voisins'. Aujourd’hui, on constate clairement un changement de stratégie régionale". L’objectif : s’imposer - en tant que démocratie islamique à l’économie bien portante - en modèle du monde arabe, et bénéficier de la chute du régime syrien pour s’ériger en partenaire politique et économique incontournable de ce pays.

    "La Turquie parie sur la chute du régime de Bachar al-Assad, estime Robert Parsons. Si elle joue bien cette carte, Ankara pourrait aller jusqu’à occuper la place qu’occupe actuellement l’Iran en Syrie et étendre son influence au Liban." Pour l’heure, l’Iran trouve en Bachar al-Assad un allié de poids dans la région qu’il ne compte pas abandonner.

    Le récent double veto opposé par la Chine et par la Russie à un projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies a considérablement réduit la marge de manœuvre de l’ONU à l’égard du régime syrien, mais a ouvert des portes à de nouvelles initiatives diplomatiques. Du pain béni pour la Turquie, d’autant plus que la tentative de médiation russe s’est soldée par un échec. Si Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, en déplacement à Damas le 7 février, affirmait ainsi avoir obtenu du régime syrien la promesse d'une cessation des violences, la répression n'a fait que s'intensifier à Homs les jours suivants.

    Dès le lendemain de la visite de Lavrov - qui a laissé dubitative nombre de responsables occidentaux -, la Turquie a pris l’initiative d’organiser une conférence internationale pour venir en aide à l’opposition syrienne. "Nous ne pouvons pas regarder les Syriens se faire tuer tous les jours sans que la communauté internationale n’agisse, a affirmé Ahmet Davutoglu à son arrivée à Washington. Nous voulons disposer d’une plateforme internationale [d’un appui international, NDLR] si les Nations unies n’agissent pas. Pour montrer notre solidarité envers le peuple syrien et contre ce bain de sang, ce massacre". Une manière, pour la Turquie, de discréditer encore un peu plus la diplomatie russe en Syrie et jouer sa meilleure carte pour asseoir son influence dans la région.

     

     


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