• Espagne : comprendre la Catalogne en 9 chiffres

    27 Sept. 2015, 21h04 | MAJ : 27 Sept. 2015, 22h09   lien
     
     
    <figure> Vue de Barcelone, capitale de la Catalogne. <figcaption class="articleChapeau ">Vue de Barcelone, capitale de la Catalogne. DR</figcaption> </figure>

    La catalogne, où étaient  organisées ce dimanche des élections à l'allure de plébiscite pour - ou contre - l'indépendance, est un territoire-clé pour l'Espagne, par son poids économique comme démographique.

     
     
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    Quelques chiffres-clés pour mieux connaître cette région, dynamique et tentée par l'indépendance. 

    - 7,5 millions d'habitants.  L'Espagne comptant 46,4 millions de personnes, cela représente un Espagnol sur six. Ce qui fait de la Catalogne la deuxième région la plus peuplée du pays, devant Madrid (6,3 millions) mais derrière l'Andalousie (8,4).

    - 73% de catalanophones. Dans la province, plus de sept personnes sur dix parlent le catalan en parallèle du castillan.

    -- 19% du PIB. La Catalogne était en 2014 la région la plus riche d'Espagne, talonnée par Madrid (18,7%). Son PIB par habitant s'établit à 26 900 euros par an, contre une moyenne nationale à 22 780 euros.

    - 3e dette du pays. La dette de la Catalogne représente  32,8% de son PIB. C'est l'un des points faibles, la Catalogne est la  troisième région la plus endettée d'Espagne, derrière Valence et Castille-La Manche. La Catalogne assure en revanche être créditrice de l'Etat (différence entre ce qu'elle apporte en impôts à Madrid et ce qu'elle reçoit en retour), à hauteur de 5,7% de son PIB en 2011. Madrid conteste ce chiffre et évoque le chiffre de 4,35% .

    - 19% de chômage. Un chiffre qui reste élevé maisqui  se situe 3 points en dessous du taux de chômage national  (22,3%). Le taux de chômage en Catalogne  est en baisse depuis plus de six mois

    - Un demi-million d'entreprises. La région compte plus de 586 000 entreprises, en très grande majorité des PME. Seules 2 150 d'entre elles comptent toutefois plus de 200 salariés. Le géant du textile Mango y a son siège, comme le géant gazier Gas Natural.

    - 17% des investissements étrangers. Soit 2,9 milliards d'euros. Un chiffre en repli de près de 16% par rapport à 2013, mais reparti à la hausse en 2015. Depuis 2011, la région exporte d'ailleurs davantage vers l'étranger qu'elle ne vend au reste de l'Espagne.

    - 14,5% d'étrangers. Dynamisme économique, climat méditerranéen... 14,5% des habitants de la région ne sont pas de nationalité espagnole.

    - Première destination touristique espagnole. Entre Barcelone et la Costa Brava, c'est la région attirant le plus de touristes étrangers sur la péninsule ibérique. Plus de 16,8 millions s'y sont rendus en 2014, soit un quart du total accueilli en Espagne. 

     


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    Scrutin en Catalogne : majorité des sièges pour les indépendantistes

     

    Un scrutin crucial s'est joué ce dimanche en Catalogne. Selon les premiers sondages à la sortie des urnes, les indépendantistes ont remporté les élections.

    Publié le <time datetime="2015-09-27T10:24" itemprop="datePublished">27/09/2015 à 10:24</time> - Modifié le <time datetime="2015-09-27T20:21" itemprop="dateModified">27/09/2015 à 20:21</time> | Le Point.fr   lien

     

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    Des supporteurs du "oui" lors d'un meeting, le 25 septembre 2015, à Barcelone.CITIZENSIDE©CÉSAR DEZFULI

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    Les Catalans ont voté très nombreux dimanche pour un scrutin jugé "historique". Selon les premiers sondages, les indépendantistes ont remporté une majorité des sièges. À 18 heures, deux heures avant la fermeture des bureaux de vote, la participation était en hausse de 6,8 points par rapport au précédent scrutin de 2012, signe de l'importance que les électeurs accordent à ce vote, selon des données du gouvernement régional. Plus de 63 % des électeurs de cette région de 7,5 millions d'habitants avaient glissé leur bulletin pour choisir leurs députés et dire si, oui ou non, il faut lancer la procédure de divorce d'avec l'Espagne.

    Les indépendantistes, dont la figure de proue est le président sortant de la région Artur Mas, ont transformé ce scrutin en plébiscite, promettant qu'en cas de victoire ils mèneraient la Catalogne vers l'indépendance, en 2017 au plus tard. "Nous verrons qui gagne (...), mais la démocratie l'a emporté en Catalogne", a soutenu Artur Mas, après avoir voté. Évoquant les manifestations massives réclamant depuis 2012 à Barcelone "le droit de décider" comme "nation", il a conclu : "Finalement, les urnes sont là, il y a un plébiscite, politiquement parlant, sur l'avenir de la Catalogne.

    "Beaucoup d'espoir"

    Depuis trois ans, il n'avait cessé d'exiger un référendum d'autodétermination semblable à celui organisé en Écossais il y a un an, où le non l'avait emporté. Mais Madrid a toujours refusé, arguant de son inconstitutionnalité. Le chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy, s'est impliqué personnellement dans la campagne, jusqu'au dernier moment, plaidant pour une "Espagne unie" et dressant la liste des catastrophes qui, selon lui, guettent les Catalans en cas d'indépendance : exclusion de l'UE, explosion du chômage, effondrement des retraites.

    L'entraîneur du Barça, Luis Enrique, ex-joueur du Real Madrid et chouchou des Barcelonais, a annoncé sur Twitter avoir "exercé son droit de vote", ajoutant "vive la Catalogne !" en catalan. Asturien d'origine, il n'a jamais pris position, contrairement à l'ex-entraîneur-star du Barça, Pep Guardiola, candidat symbolique sur la principale liste indépendantiste.

    Inquiétude

    Si la Catalogne s'en allait, elle emporterait un cinquième du PIB de l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, et un quart de ses exportations. L'éventualité inquiète banquiers et entrepreneurs, qui invitent au dialogue. Barack Obama, David Cameron et Angela Merkel ont également souhaité le maintien de l'unité. À la faveur de la crise et de médiocres relations avec le pouvoir central, le nationalisme de nombreux Catalans fiers de leur culture a viré à l'indépendantisme.

    Leur ressentiment s'est accentué quand Mariano Rajoy, alors dans l'opposition, s'est battu pour amender le statut d'autonomie renforcée gagné par la Catalogne en 2006, obtenant gain de cause en 2010, quand le Tribunal constitutionnel l'a en partie annulé et a retiré sa valeur juridique au titre de "nation". Artur Mas en a fait un casus belli, comme de nombreux Catalans, par ailleurs rendus amers par une répartition de l'impôt national injuste selon eux.

    Artur Mas a rassemblé l'essentiel du camp indépendantiste - droite, gauche républicaine, associations - dans une seule liste et a demandé aux électeurs de valider son programme : la "liberté" dès 2017. Son camp avait assuré être prêt à aller de l'avant s'il obtenait une majorité absolue de députés (68 sur 135), même sans majorité en voix.

    Ce cas de figure qui ferait entrer l'Espagne dans une zone de fortes turbulences, à trois mois des élections législatives. D'autant que le gouvernement a prévenu qu'il agirait contre tout acte "illégal". Toni Valls, architecte de 28 ans, a voté à Barcelone pour les indépendantistes: "C'est une question de dignité et de respect pour une culture différente qu'ils (le gouvernement) n'ont même pas cherché à comprendre", dit-il. "Ce n'est pas le moment de nous séparer. Moi, cela va me toucher directement s'il n'y a pas de retraites. Il faut rester en Espagne, mais avec un gouvernement plus autonome", estimait au contraire Mireia Galobart, retraitée de 70 ans.


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  • Le grand défi de l’indépendantisme catalan

    Iñaki Aguirre Pérez, traduit par Fanny Lutaud
    26 Septembre 2015

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    Ces derniers jours, la Catalogne est de nouveau au cœur des débats. À une semaine des élections autonomes, la Catalogne se prépare à affronter un nouvel épisode dans son conflit historique avec le gouvernement central du pays. Après trois ans de confrontation intense, il se peut que le processus souverainiste catalan soit proche du sommet, quel que soit son dénouement.


    Crédit DR
    Crédit DR
    Samedi dernier, près d’un million et demi de catalans sont sortis dans les rues pour célébrer la Diada, la fête nationale catalane. Devant des centaines de médias internationaux qui étaient venus dans la ville pour l’occasion, le peuple catalan a cette année encore hissé le drapeau indépendantiste, l’estalada, pour exiger avec plus de force que jamais, le droit à l’autodétermination de son propre territoire.

    Dans une semaine, ces mêmes citoyens se rendront aux urnes pour choisir le nouveau gouvernement autonome de la Catalogne lors des élections anticipées. Il ne fait aucun doute que la file d'attente sera longue, puisque les principales forces indépendantistes qui se présentent, Junts pel Sí et Candidatura d’Unitat Popular, apportent une valeur plébiscitaire à ce rendez-vous électoral.

    Référendum du 9 novembre

    Les catalans s’étaient déjà rendus aux urnes dix mois auparavant pour se prononcer sur l’indépendance de la Catalogne. Ce vote s’était réalisé par l’intermédiaire d’un référendum, que le gouvernement espagnol était parvenu à pénaliser par le biais du Tribunal constitutionnel. Le référendum avait ainsi été déclaré anticonstitutionnel. Mais le gouvernement n’a pas pu éviter que les indépendantistes convoquent un deuxième référendum, organisé trop vite pour être cette fois-ci interdit.

    Malgré son manque de valeur juridique, plus de deux millions de catalans, soit 37 % de l’électorat, se sont rendus aux urnes pour exprimer leur opinion lors du référendum du 9 novembre. À la sortie, 80 % des votants se sont prononcé en faveur de l’indépendance de la Catalogne.

    Réaction du gouvernement

    Pendant ce temps, depuis Madrid, le gouvernement du Parti populaire a axé sa stratégie politique sur la criminalisation et le discrédit de la cause souveraine et de ceux qui la dirigent.
     
    Le 28 août dernier, à un mois des élections, la Garde civile espagnole a perquisitionné le siège de Convergència Democrática de Catalunya, le parti du président catalan Artur Mas, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de corruption auprès de la formation politique. Les souverainistes ont alors dénoncé la volonté du gouvernement espagnol d’« influencer ainsi la campagne électorale ». L’avancée de l’enquête est encore en cours.

    Quoiqu’il en soit, il semble que les décisions du Parti populaire face au conflit avec la Catalogne ont provoqué le malheur des uns et des autres. Les voix pour l’unification sont nombreuses à accuser le gouvernement d’alimenter la cause indépendantiste avec sa mauvaise gestion du conflit catalan.
     
    En 2012, peu de temps avant les élections autonomes de cette même année, le Ministère de l’Intérieur avait enquêté sur l’existence d’un dossier de police dévoilé par le journal El Mundo. Cette enquête associait également Mas, candidat aux élections, à des comptes bancaires en Suisse et à un délit présumé de trafic d’influences pour la perception de commissions illégales.

    La coalition majoritaire Convergència i Unió est sortie gagnante de ces accusions, en remportant les élections, alors que les principaux partis indépendantistes (CiU, ERC, CUP et SI) ont obtenu ensemble 49,15 % des votes.
     
    Face à la menace de plus en plus forte d’un mouvement séparatiste majoritaire en Catalogne, le Parti populaire s’est depuis lors limité à souligner l’aspect non viable d’un état catalan indépendant, en se concentrant sur le processus anticonstitutionnel et l’hypothèse que le territoire serait en dehors de l’Union européenne.

    Le parti Convergència assure que c’est « l’attitude centraliste du Gouvernement et son dénigrement de la Catalogne » qui l’a mené à ce stade. Selon Marc Guerrero, membre du Comité exécutif national du parti et candidat de Junts pel Sí, le problème se base sur « le claquement de porte reçu en guise de réponse aux multiples tentatives de négociation catalanes » et que « la souveraineté de la Catalogne, tout comme son autodétermination, n’ont pas été reconnues ».

    Membre de l’Union européenne ?

    Le risque d’être exclue de l’Union européenne est l’une des principales incertitudes provoquée par la possibilité d’une déclaration unilatérale de l’indépendance de la Catalogne.

    Jeudi dernier, par l’intermédiaire de l’un de ses porte-paroles, la Commission européenne en personne a précisé que « si une partie d’un État membre cesse de faire partie de cet État, parce que ce territoire devient un État indépendant, les traités européens cessent de s’appliquer à ce territoire. » Mais elle a également ajouté que « une nouvelle région indépendante, du fait même de son indépendance, deviendrait un pays tiers par rapport à l’UE et pourrait alors poser sa candidature pour devenir un membre de l’Union ».

    Cependant, du point de vue de Junts Pel Sí, le parti considère que la sortie de l’UE ne sera pas menée à terme, en assurant que « le pragmatisme historique de l’UE s’adaptera à cette nouvelle réalité ». De ce fait, et malgré la force des déclarations de la Commission, Junts Pel Sí est persuadé que « l’État catalan sera un acteur européen de référence, et que ses sept millions d’habitants seront un actif du projet communautaire dans le sud de l’Europe ».

    Selon les sondages, l’indépendantisme serait vainqueur en nombre de sièges

    De leur côté, les sondages, publiés chaque jour, anticipent déjà l’éventuel résultat électoral du 27 septembre. Depuis une semaine, les baromètres du Centro de Investigaciones Sociológicas (qui dépend de l’État) montrent que l’intention de vote des catalans donne une majorité absolue exacte des sièges à l’union des deux coalitions indépendantistes, avec seulement 43,8 % des votes. 

    Cependant, un autre sondage réalisé par l’institut DYM et publié dans le journal El Confidencial ce vendredi, accordait aux catalans un avantage majeur en nombre de sièges, qui assurerait leur majorité absolue et augmenterait le pourcentage d’électorat favorable à la création d’un état catalan indépendant à 49,9 %.

    Le résultat sera certainement très serré. Dans tous les cas, il ne reste maintenant plus qu’à attendre et observer ce qu’il se passera pendant cette dernière semaine de campagne avant que dimanche, les catalans ne soient convoqués à voter pour leur futur.

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    La Catalogne souhaite devenir un état à part entière

    Publication: <time datetime="2015-09-25T15:22:33-04:00"> 25/09/2015 21h22 CEST </time> Mis à jour: <time datetime="2015-09-25T15:22:39-04:00"> il y a 4 heures </time>
     
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    INTERNATIONAL - La Catalogne souhaite devenir un Etat à part entière. La viabilité économique de cette éventualité est sujette à controverse. Mais l'économie n'est qu'un aspect, important certes, d'un conflit qui est avant tout identitaire, culturel et politique. Beaucoup de Français ont en général du mal à interpréter et à comprendre ce processus et ces enjeux, fruit de notre culture jacobine et de beaucoup d'ignorance de l'histoire, la culture et la vie politique outre Pyrénées.

    Il est intéressant de noter que la richesse dont à pu bénéficier la Catalogne au cours de son histoire a été presque toujours le fruit d'une culture de travail, d'entreprise et du commerce des catalans eux mêmes, profondément enracinée dans le subconscient collectif. Rarement dans son histoire l'Espagne a fait profiter la Catalogne d'une quelconque redistribution de la richesse nationale produite par le centre ou par la périphérie. La Catalogne ne doit sa richesse le plus souvent qu'à elle-même, au travail de tous les catalans, ceux de souche ou immigrés, qui l'on construite. Tout au moins c'est ainsi que le perçoivent beaucoup d'entre eux et particulièrement ceux qui se proclament souverainistes.

    Aucune impulsion positive, de progrès, de modernité n'est jamais venue ou rarement du gouvernement central à Madrid, elle est toujours parvenue des forces propres et d'une dynamique internes à la Catalogne. L'Etat central est vécu par beaucoup en Catalogne pour ce qu'il a été souvent ces derniers siècles, un état prédateur accaparateur de richesses à la limite d'un pouvoir colonial. Même lorsque les richesses affluaient gratuitement en Espagne, fruit du pillage de l'Amérique, elles ne bénéficiaient pas à la Catalogne, qui était formellement interdite par Castille de commerce avec les Indes, ce qui aurait pu créer, même si c'était dans le vol et l'exploitation, une communauté de destin. Cette mise à l'écart du pouvoir a crée chez les catalans l'habitude de ne compter que sur eux-mêmes, sur leur esprit d'industrie et de commerce dans des domaines qui n'étaient pas accaparés par un Etat nourrit et accro à la rente venue d'ailleurs. Cette différence économique et culturelle est un des points de discorde entre la Catalogne et le gouvernement espagnol.

    L'Espagne, après avoir bénéficié pendant deux siècles d'un afflux de richesse gratuites inestimable, est un des payes d'Europe qui a fait plus de fois défaut de payement (incapable de comprendre un tant soit peu l'économie et de la gérer avec rationalité), est un des pays en Europe qui a les taux de chômage le plus élevés, qui a accédé aux biens faits de l'Etat providence le plus tardivement, qui à maintenu dans le plus grand dénouement et la pauvreté des millions de salariés agricoles les fameux « jornaleros » d'Andalousie et d'Extremadura jusqu'aux années soixante du siècle dernier, obligés d'émigrer en Catalogne d'abord, en Europe ensuite pour survivre.

    L'Espagne a failli se retrouver de peu, dans la même situation d'échec économique que la Grèce, réduite à deux doigts de demander la charité pour survivre, c'est-à-dire en cessation de payements une fois de plus et obligé d'obtenir le secours de l'Europe et du FMI, après deux décennies de financements européens colossaux et de gaspillage à tout va, suprême honte pour l'orgueil hispanique et totalement inacceptable par cette oligarchie altière, aristocratique et bureaucratique qui dirige l'Espagne depuis long temps, pour avoir fondé son développement sur du sable, ou plutôt sur du « ladrillo », la brique en castillan, et avoir dilapidé la manne financière européenne par incompétence notoire et manifeste, par méconnaissance des vrais mécanismes industriels et financiers, par une vision bureaucratique, archaïque et obsolète de l'économie d'un pays moderne, au désespoir des européens et des catalans. Après cela, peut-on vraiment en vouloir à cette partie de la population catalane qui rêve d'indépendance. Le gouvernement central espagnol veut bien faire partager maintenant le fardeau de son échec. Il n'a jamais voulu partager auparavant le pouvoir réel et financier avec ces mêmes régions.

    Que l'indépendance de la CATALOGNE serait une chance économique pour celle-ci, reste à vérifier. Lorsqu'on visite le site web du CCN (« centre català de negocis ») association de chefs d'entreprise catalans regroupant des PME et PMI favorables à l'indépendance, tous les arguments qu'ils présentent sur le site d'une façon fort convaincante et structuré plaident pour l'indépendance. D'autres entrepreneurs et experts expriment au contraire leurs doutes et leur opposition de principe à l'indépendance pour des raisons économiques et financières. Qui croire. Les récentes délocalisations de sièges de filiales étrangères de Barcelone ou elles étaient installées vers Madrid en raison du dumping fiscal de la capitale plaident pour l'indépendance. Malgré qu'on puisse facilement admettre le bien fondé de beaucoup des analyses économiques pour l'indépendance très bien argumentés, il est fort probable qu'une CATALOGNE indépendante passerait au début un très, très mauvais moment économiquement parlant. Le temps que les nouvelles structures économiques se mettent en place et que l'économie s'adapte à la nouvelle donne et à la perte probable, en partie, du marché espagnol, d'autant plus que possiblement, ils n'auront rien à attendre dans un premier temps de l'Espagne, la France ou l'Europe, qui feront tout pour leur mettre des bâtons dans les rues partant du principe qu'il est plus commode à gérer le statut quo connu que les incertitudes d'une aventure nouvelle.

    Au fond, quel intérêt pour les catalans de rester espagnols si l'Espagne ne veut d'eux uniquement que pour leur richesses, comme porte monnaie, qui leur interdit périodiquement l'usage de leur langue et de leurs traditions, qui les a gouvernés militairement par périodes comme une colonie et qui les a soumis militairement à plusieurs reprises contre leur propre volonté. Ces catalans là, sont fatigués des incompréhensions et de l'incompétence des bureaucrates espagnols et de cette mentalité impériale qui a subsisté jusqu'à aujourd'hui, consistant à négliger la gestion, la création de richesses, l'industrie et l'entreprenariat, trop peu honorable pour ces héritiers des hidalgos et descendants des grands d'Espagne, au profit de la rente et de la dépense sans discernement de la richesse crée par les autres, Il n'ya qu'à voir les immenses villes fantômes construites inutilement autour de Madrid avec des dizaines milliers de logements vides et inoccupés, les autoroutes gratuites construites en Estrémadure doublant des doubles voies existantes par les quelles quasi aucun véhicule ne circule, les TGV vides et déficitaires sur certaines lignes construites pour le prestige sans aucune viabilité économique, les aéroports comme celui de Castellon flambant neufs et sur lesquels aucun avion ne risque pas d'atterrir de sitôt etc...etc..., tout cela aux frais de l'Europe et des régions qui créent la richesse et qui ont conscience de la valeur de cette richesses et se désolent de pareil gaspillage inutile. Cette bureaucratie est héritière de la mentalité de l'oligarchie castillane enracinée dans des valeurs aristocratiques et guerrières très peu partagés par la mentalité travailleuse, entrepreneuriale et industrieuse des catalans qui ne veulent plus de cette tutelle inefficace, parasite, arrogante, malhonnête et de mauvaise fois, d'après beaucoup d'entre eux.

    Les problèmes financiers de la Catalogne ne sont pas dus uniquement à une prétendue mauvaise gouvernance économique du gouvernement autonome et à la corruption. Madrid est très mal placé pour donner de leçons sur ce point, même si ce sont des facteurs réels importants. Ils tiennent pour beaucoup à ce déséquilibre fondamental et à maints regards malhonnête pour beaucoup de catalans, sur lequel est fondée la répartition des richesses crées en Catalogne, aggravé par la mauvaise foi permanente du gouvernement espagnol sur ces sujets financiers sensibles, longtemps recouverts par le secret d'état, tant ils sont explosifs.

    La corruption est un des problèmes politiques majeurs de la classe politique en Espagne, la classe politique catalane comprise bien entendu. Des mécanismes institutionnels défaillants pour prévenir et pour lutter contre la corruption, mais surtout une morale et une éthique totalement défaillante dans les formations politiques de pouvoir issues de la transition démocratique, encouragées par l'afflux massif d'argent facile obtenu à peu de frais sans efforts ni travail des aides communautaires après l'adhésion à l'Europe dans la décennie 90, par l'accès au crédit bon marché suite à la adhésion à la monnaie unique dans la décennie suivante et par la bulle spéculative précédant la crise internationale, qui a banalisée le clientélisme, les pots de vins, les affaires douteux, le trafic d'influences, le mélange de genres, relâchée la morale politique vis-à-vis de l'argent et diluée le sentiment de l'intérêt général au profit de la cupidité individuelle, suite à quoi une bonne partie de la classe politique espagnole se tient par la barbichette.
    Il faut interpréter les dernières accusations de corruption du gouvernement central envers le président de « la «Generalitat  de Catalogne» à la veille des élections régionales comme une manœuvre politique de dernière minute, outre les menaces d'emprisonnement et de poursuites judiciaires prononcées, avant de sortir l'artillerie lourde, pour déstabiliser et discréditer le mouvement indépendantiste catalan sur un point faible bien réel, mais dont des membres du partit au pouvoir en sont aussi largement affectés. Cette initiative provient probablement du PP qui est empêtré jusqu'à la moelle dans des enquêtes de corruption bien plus graves de plusieurs de ses membres. C'est un peu comme si Ali Baba le chef des voleurs accusait un de ses lieutenants qui veut quitter la bande des quarante d'être un voleur. Sans doute que la corruption politique et financière est un fléau pour la démocratie et que le partit du président de « la Généralitat » n'a pas, tout comme les autres partis, les mains blanches. Les fraudes imputées au précédent président de la région Jordi Pujol, qui comme par hasard ne lui avaient jamais été reprochées auparavant tant qu'il soutenait mordicus le pouvoir central, en son la preuve. Cette manœuvre du gouvernement peut aussi être un argument en faveur de l'indépendance. La grossièreté du procédé à l'approche des élections risque d'avoir l'effet contraire à l'effet escompté. La société civile catalane et les partis politiques pro indépendance espèrent et veulent croire que la corruption de la classe politique serait plus facile et efficace à combattre et à éradiquer avec des résultats tangibles au niveau d'une Catalogne souveraine, plutôt que d'un Etat espagnol ou, de par sa taille, les responsabilités sont plus diluées et le pouvoir plus éloigné des citoyens. La candidature indépendantiste à bien mis la lutte contre la corruption parmi les principaux thèmes de sa campagne, talonnée sur ce point par la coalition de la gauche radicale catalane au pouvoir à la mairie de Barcelone.

    Un des obstacles majeurs à la perception de la problématique ibérique et aux actuels événements en Catalogne, est notre difficulté à penser l'Espagne autrement que comment une construction politique monolithique, similaire ou semblable à celle de la France et à comprendre la pluralité de langues et cultures la composant. Différences qui n'ont jamais cessé d'exister en Espagne malgré les tentatives appuyées de les effacer. Notre conception centraliste unitaire et jacobine de l'Etat et de la nation issue du mélange entre l'absolutisme royal et la révolution, nous rendent plus difficile la compréhension de la réalité, bien plus complexe, multiple et plurielle de l'Espagne, tout comme la compréhension de celle, fédérale et décentralisée de l'Allemagne. Difficulté culturelle qui par ailleurs empêche en partie encore aujourd'hui la France de ratifier la charte européenne des langues régionales et minoritaires.
    Suite à la décision du tribunal constitutionnel espagnol en 2010 d'invalider certains articles du nouvel statut d'autonomie voté par le parlement de Catalogne, les catalans se sont jetés dans la rue massivement à trois reprises, dans des manifestations à Barcelone chaque onze septembre, jour de commémoration de la prise de Barcelone en 1714 par les troupes franco-espagnoles contre la résistance catalane, en 2011, 2012, 2014, et tout récemment en 2015, d'ampleur comparables à celle de janvier 2015 à Paris pour la défense de la liberté d'expression, malgré une population de la capitale catalane et de la Catalogne bien moindre que celle de Paris et de la France, et dans une chaîne humaine ininterrompue de 400 km entre la frontière française au nord et le sud de la principauté en 2013, regroupant plusieurs centaines de milliers voir plus d'un million de personnes pour une population du territoire de 7,5 millions. Pour se rendre compte de l'échelle phénoménale de la manifestation, cela correspond au bas mot à un dixième de la population catalane concerné.

    Ce malaise a été flagrant dans le traitement médiatique prudent des manifestations massives depuis 2010 à Barcelona. Lorsqu'on réfléchi au traitement médiatique assez timoré et très prudent fait en France de ces diverses manifestations citoyennes monstres organisés par la société civile catalane ou du référendum pour le droit de décider non autorisé par le gouvernement central, organisé en Catalogne en 2014 et à l'écho assez discret fait dans l'actualité française en comparaison au traitement médiatique donné au mouvement souverainiste Québécois et au référendum en Ecosse alors que la Catalogne, contrairement à ces deux nations historiques, est toute proche et a une frontière commune avec la République, ou justement à cause de cela, il est intéressant de se demander les raisons de cette désaffection ou de ce désintérêt. Les commentaires et les analyses de ces dernières années dans les médias de masse français sur ce qui se passait à nos frontières en Catalogne, on été parfois quelque peu décalés par le regard porté à partir de notre propre histoire, nos propres références historiques, politiques et institutionnelles et nos préjugés. Il est à noter que peu sont les médias importants qui ont un correspondant à Barcelone en plus de Madrid pour témoigner directement de ces événements.

    On peut constater de la part des politiques, des élites, des médias et de l'opinion publique en France une certaine incompréhension ou difficultée à appréhender le processus politique en cours en Catalogne depuis 2010, qui se manifeste par un certain malaise, gêne, précaution ou retenue, face à un phénomène qui surprend et laisse perplexe de prime abord nombreux de nos concitoyens, éduqués dans un jacobinisme et un centralisme bien enraciné, pour ces événements qui ne correspondent pas complètement à nos cadres politiques habituels, malgré un premier ministre d'origine catalane. Résultant de l'erreur de vouloir comparer la situation de l'Espagne à la notre. Comparaison n'est pas raison. Et le parcours des deux états n'est pas comparable. Les deux pays n'on point la même histoire, point le même héritage, point les mêmes ressorts, point les mêmes enjeux politiques. Quelque chose dérange ou agace profondément parce que politiquement inhabituel, à contre courant, voir déplacé par rapport aux schémas habituels et au prêt à penser politique dominant. Une forme de désarroi à analyser ce qui se passe de manière neutre et objective. Il est pertinent à l'approche des élections régionales en Catalogne, de se poser la question de l'origine de cette perplexité alors que pour les mouvements souverainistes en Ecosse ou au Québec cette réaction a été très différente et qu'on a pu constater même une certaine sympathie.

    Cette difficulté française à appréhender ce phénomène provient peut être du positionnement politique des indépendantistes catalans à contre courant de nos schémas habituels sur le souverainisme européen. C'est peut être ce positionnement progressiste et européen de l'indépendantisme catalan qui déroute  et désoriente chez nous. Qu'une partie de la population d'un territoire appartenant à un des actuels états européens réclame bruyamment leur souhait de décider pacifiquement et démocratiquement de leur destin, voir éventuellement l'indépendance, la souveraineté absolue et la sécession, c'est qu'il devrait s'agir à priori d'un mouvement d'extrême droite et xénophobe, profondément réactionnaire aux relents de racisme, replié sur soi même, communautariste, anti européen, anti mondialisation, etc, etc. Ce qui est assimilable dans notre imaginaire aux courants souverainistes des extrêmes droites européennes, françaises, flamande, autrichienne, lombarde etc.

    Alors que, ce qui se passe en Catalogne ne correspond point à cette vision formatée du souverainisme régionaliste en Europe. Personne, connaissant un tant soit peu la réalité politique en Catalogne ne peut prétendre que Monsieur ARTUR MAS, l'actuel Président de la « Généralitat de Catalogne », le gouvernement autonome et son courant politique CIU, coalition politique de centre droit démocrate chrétienne bon teint, ouvert sur le monde, s'exprimant aussi bien en catalan, qu'en castillan, français ou anglais, puisse avoir une quelconque sympathie avec les idées réactionnaires et opinions de l'extrême droite. Au contraire, l'extrême droite en Catalogne aujourd'hui ce sont les franges les plus réactionnaires du « partido popular espanyol » le PP, qui est au gouvernement, partiellement héritières du franquisme et de la réaction espagnole, idéologiquement plus proches avec le front national new look français.

    Mais encore, la deuxième force politique qui soutient en Catalogne cet élan souverainiste c'est l'ERC, « l'Esquerra Réplublicane de Catalogne, » c'est-à-dire, la gauche républicaine catalane, partit de gauche et républicain qui s'identifie à l'idéal républicain, démocratique et social, comparable au notre. C'est bien une coalition de centre droite et de la gauche républicaine qui soutient cet élan indépendantiste, dont la tête de liste de la coalition « ensemble pour le oui » aux prochaines élections régionales de septembre 2015, fortement européenne, tout au moins tant que l'Europe ne rejettera pas ouvertement leur aspiration à devenir un nouvel état européen, RAOUL ROMEVA est un écologiste de gauche, copain de JOSE BOVE, ancien eurodéputé et qui n'a absolument rien à voir, avec l'extrême droite.

    Quiconque a pris la peine de regarder sur internet les images des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants dans les cinq dernières manifestations massives en Catalogne en faveur du droit de décider démocratiquement de leur destin, peut constater qu'il ne s'agit point d'horribles fachos réactionnaires, de fanatiques nostalgiques du passé, ni de borgnes en moustache et lunettes noires à la Pinochet ou à la Le Pen. Mais au contraire on y voit des citoyens tout à fait simples, heureux, pleins d'illusion et d'espérance.

    On ne constate nulle démonstration de xénophobie ou de racisme anti immigration dans la population catalane, malgré que ces dernières décennies les municipalités ont été lourdement mises à contribution pour financer l'installation et assurer les aides sociales des vagues d'immigrants latino américaines et africaines que le gouvernement central, non sans arrières pensés inavouées ne souhaitait pas financer, ni était désireux de les voir s'installer ailleurs qu'en Catalogne pour diluer le sentiment identitaire, vieille technique déjà employée dans les années vingt et trente en Espagne, ou dans la région de Madrid pour disposer d'une main d'œuvre pas chère et corvéable, qui ont crée un sentiment xénophobe nouveau de certaines franges minoritaires de l'électorat le plus conservateur. La société catalane, est non seulement une société non xénophobe, malgré les heurts que ces vagues d'immigration nouvelle provoquent comme partout en Europe comme on le voit ces jours ci, mais également profondément assimilationniste, avec une tradition d'intégration qui remonte à la fin du XIX, multitude des catalans d'aujourd'hui ont de noms de famille, castillans ou andalous et sont les petits fils et arrière petits fils des vagues d'immigration intérieures du XIXe et XXe siècle, parlent catalan et se sentent catalans, tout en conservant leur langue maternelle et leur traditions culturelles. Les catalans ont du régler la question cruciale identitaire il y a longtemps. Est considéré, reconnu et accepté par tous comme catalan celui qui, peut importe ses origines, sa couleur, sa race, ses opinions ou sa religion, se sent catalan, démocrate, aspire à la liberté et qui fait l'effort d'apprendre et de parler le catalan.

    Ce texte est la suite d'une première partie, disponible en cliquant ici.


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  • Aujourd'hui l'économie

    La Catalogne: derrière le vote, l’indépendance

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    <time datetime="15-09-25">Diffusion : vendredi 25 septembre 2015   lien </time>
    La Catalogne: derrière le vote, l’indépendance
     

    Une urne dans un bureau de vote d'une école de Barcelone le 25 septembre 2015. L'Espagne s'apprête à voter

    ce dimanche pour renouveler son parlement. REUTERS/Andrea Comas

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    En Espagne, la Catalogne vote ce dimanche 27 septembre pour les élections régionales. Un scrutin aux allures de référendum sur son indépendance. La région la plus riche d'Espagne a-t-elle réellement les moyens de devenir autonome, est-ce économiquement viable ? Si en Catalogne, la coalition menée par Artur Mas, pro-indépendantiste et chef de l'exécutif catalan, obtient une majorité de sièges dimanche aux élections régionales, la tentation de l'indépendance pourrait devenir une réalité.

    De par son histoire, la Catalogne, qui représente 16 % de la population espagnole, a toujours su entretenir ses particularités et faire vivre son histoire. Bien qu'espagnole, la région a su cultiver ses différences au point d'en faire une région forte. La crise a encore accentué les différences, alors que l'économie espagnole vacillait, l'économie catalane résistait. Aujourd'hui, la Catalogne affirme haut et fort qu'elle est le fer de lance de l'Espagne, chiffres à l'appui. Riche de son industrie automobile, chimique, ou agroalimentaire la région affirme son dynamisme économique. A elle seule, elle représente 19 % du PIB espagnol. Par ailleurs 70 % des exportations espagnoles à destination de l'Europe, transitent par la Catalogne. En 2014, elles ont dépassé les 60 milliards d'euros. Sur le plan touristique, c'est la région d'Espagne la plus visitée.

    Autant d'arguments qui poussent les Catalans à dire haut et fort qu'ils payent pour le reste du pays. Selon les indépendantistes, la région verserait 15 milliards d'euros d'impôts par an à l'Etat espagnol sans aucun retour, alors que, toujours selon eux, la Catalogne manque d'équipements et d'infrastructures pour améliorer son développement. Les indépendantistes considèrent donner plus qu'ils ne reçoivent au point qu'une partie des électeurs estime que l'Espagne les vole. Par conséquent, l'indépendance serait la bienvenue.

    Si la Catalogne devenait indépendante, elle pourrait encore faire mieux, selon ses partisans qui affirment que son PIB par habitant serait supérieur à la moyenne européenne, l’excédent budgétaire dépasserait les 11 milliards d'euros, la protection sociale serait meilleure que dans le reste du pays et la fiscalité pourrait être plus douce.

    Forte économiquement aujourd'hui la Catalogne pourra-t-elle encore le rester une fois indépendante ? En cas de victoire, Artur Mas n'a pas l'intention de déclarer l'indépendance au lendemain des élections. Il se donne 18 mois pour entamer le processus de séparation. Dans un premier temps, il souhaite négocier avec Madrid une séparation en douceur et discuter avec Bruxelles de son maintien dans l'Union. Si les trois parties parvenaient à un accord, la Catalogne assumerait alors, sa part de la dette espagnole, en revanche, faute d'accord elle n’aurait plus aucune obligation ce qui mettrait Madrid en difficulté, tout autant que la Catalogne qui sortirait alors de l'Union monétaire. Une menace à laquelle les indépendantistes ne croient pas. Selon eux, Bruxelles n'a aucun intérêt à exclure la Catalogne.

    Pourtant des voix s'élèvent pour contrer l'optimisme des indépendantistes. Le gouvernement espagnol bien sûr, mais surtout les milieux d'affaires catalans. Ils agitent le chiffon rouge et mettent en garde l'opinion publique contre des conséquences dramatiques pour l'économie de la région. Chute du PIB, flambée des dépenses, explosion du taux de chômage, sans oublier la fuite des capitaux vers l'étranger. Une séparation de l'Espagne serait un choc pour le pays, et pour l'Europe. Certains patrons catalans sont sortis de leur réserve et prédisent un avenir assez sombre à la Catalogne. Les entreprises subiraient une perte de leur compétitivité, ralentissant les exportations.

    De leur côté, les banques préviennent qu'en cas de sortie de la zone euro, elles reverront l'opportunité de rester ou non en Catalogne. De plus, Barcelone sera confrontée à la question cruciale : à quel prix pourra-t-elle se financer sur les marchés, et pourra-t-elle encore bénéficier des financements de la BCE ?

    Pour sauver l'unité nationale, Madrid va devoir mener des réformes sur le système de financement des régions ainsi que son système fédéral afin que la Catalogne ne se sente plus lésée. 


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