Les journalistes présents ont évalué à quelques dizaines de milliers le nombre de manifestants, quand les organisateurs espéraient au moins un million. Si aucun chiffre de source officielle n’était disponible dans l’immédiat, la mobilisation a été moins forte que prévue.
«Le plus de monde possible doit participer, souvenez-vous que c’est la seule arme dont nous disposons !», avait pourtant lancé vendredi l’organisateur de ce «Family Day», Massimo Gandolfini.
Plusieurs orateurs se sont succédé tout au long de l’après-midi sur le podium où une immense banderole affichait : «Il est interdit de mettre la famille à la casse». Le chef du gouvernement, Matteo Renzi, qui soutient la proposition de loi sur les unions civiles, a fait de la «mise à la casse» de la vieille Italie l’un des ses slogans préférés.
Un pique-nique derrière une banderolle
«Une société qui ne met plus de limites est une société qui devient folle», a lancé samedi M. Gandolfini à la foule des parents, grands-parents et enfants rassemblés dans le centre de la Ville éternelle sous un ciel maussade.
Un père et ses cinq enfants n’en ont pas moins profité pour pique-niquer derrière une banderole avertissant le président du Conseil italien: «Renzi, ceux qui glissent tombent». Un avertissement réitéré sur le podium par M. Gandolfini. «Au moment des élections, nous devrons nous souvenir de qui s’est rangé du côté des familles et des enfants et qui l’aura oublié», a-t-il déclaré.
Les partisans de cette proposition de loi, dont le Sénat italien a commencé l’examen jeudi, avaient eux manifesté samedi dernier à travers l’Italie pour «réveiller» le pays et réclamer une protection pour les couples de même sexe et leurs enfants.
La proposition de loi Cirinna
L’Italie est le dernier grand pays d’Europe occidentale à ne reconnaître aucun statut aux couples homosexuels. Les opposants au texte se défendent cependant de toute homophobie.
Les opposants à la proposition de loi Cirinna, du nom de la sénatrice qui la porte depuis des années, affirment vouloir surtout défendre les droits et l’avenir des enfants, qui, affirment-ils, ont besoin d’un père et d’une mère.
En l’état actuel, le texte, issu d’une médiation parlementaire, prévoit d’instaurer une union enregistrée par un officier d’état-civil entre personnes du même sexe, qui s’engagent à une vie commune dans la fidélité et à une assistance morale et matérielle réciproque.
Mais, au sein même de la majorité de centre-gauche, ce sont les mesures supplémentaires qui posent problème: la possibilité de bénéficier d’une pension de réversion et surtout celle d’adopter les enfants naturels de son conjoint.
Le « Family Day » italien
«Faire volontairement des orphelins de père ou de mère: ça n’est humainement pas acceptable», avait ainsi expliqué vendredi à Rome Ludovine de La Rochère, présidente de la «Manif pour Tous» en France, venue avec une dizaine d’autres sympathisants apporter son soutien au «Family Day» italien.
Les alliés de centre-droit de M. Renzi, son ministre de l’Intérieur Angelino Alfano en tête, rejettent catégoriquement l’adoption de l’enfant du conjoint, de même que la frange catholique du Parti démocrate (PD, majorité), qui menace de réclamer un référendum abrogatif si la loi passe en l’état.
L’Eglise catholique, omniprésente en Italie, a pris plusieurs fois position pour rappeler le caractère central de la famille, comprise comme l’union entre un homme et une femme, mais sans appeler directement à manifester samedi.
Le vote final sur la proposition de loi Cirinna est attendu mi-février. Mais il doit ensuite recevoir l’aval de la Chambre des députés dans les mêmes termes, toute modification du texte entraînant alors son retour devant les sénateurs.