En plein été 2010, victimes notamment de mauvaises récoltes consécutives à une longue période de sécheresse, les populations du Sahel, cette large bande qui traverse l'Afrique de la Mauritanie au Tchad, avaient vécu une terrible crise alimentaire. Environ 10 millions de personnes avaient été affectées, notamment au Niger.
Après une année 2011 relativement correcte, 2012 s'annonce en revanche une nouvelle fois très difficile. Les huit pays de la région -Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Sénégal, Burkina Faso, Nigeria, Cameroun- sont concernés, à plus ou moins grande échelle. Selon les différentes estimations des ONG, ce serait cette fois 15 millions de personnes qui pourraient souffrir de malnutrition. Dont, selon l'Unicef, au moins un million d'enfants.
"Situation très préoccupante au Mali"
Comme souvent, cette nouvelle crise qui se profile est due à la fois aux problèmes structurels de ces pays et aux aléas climatiques. "Deux ans n'ont pas suffi pour absorber le déficit des récoltes de 2010. Les stocks n'ont pas pu être entièrement reconstitués", explique David Gressly, le directeur régional de l'Unicef pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre. "Mais le fait d'anticiper cette crise devrait nous permettre de mieux agir en récoltant plus rapidement nos dons (ndlr : l'Unicef a lancé un appel de 90 millions d'euros, dont 30% ont déjà été atteints). Cela nous permettra de mettre en place nos programmes alimentaires et de lutte contre la malnutrition en amont", ajoute-t-il. L'Unicef se félicite également de sa collaboration avec plusieurs gouvernements sur les questions de prévention.
Il va cependant sans dire que la crise au Mali fait peser une menace supplémentaire, à la fois dans le pays même et chez ses voisins. "Aujourd'hui, nous estimons que 100.000 personnes se sont déplacées à l'intérieur du Mali pour échapper les combats et que 100.000 autres ont fui le pays, principalement pour se rendre au Niger, en Mauritanie et au Burkina Faso", souligne David Gressly. "La situation est très préoccupante. Il est difficile de travailler et de venir en aide aux populations du Nord. Nous avons bien encore une équipe d'une vingtaine de personnes à Bamako. Mais il va falloir négocier pour avoir accès au Nord. Cela va prendre du temps", déplore-t-il.