-
Affaire DSK : nouveaux soupçons sur la plaignante Nafissatou Diallo
Affaire DSK : nouveaux soupçons sur la plaignante Nafissatou Diallo
LEMONDE.FR avec AFP | 02.07.11 | 14h52 • Mis à jour le 03.07.11 | 14h41
Après le secret, le grand déballage. Depuis la mise en liberté sur parole de Dominique Strauss-Kahn, la presse new-yorkaise additionne les informations autorisant une nouvelle lecture des faits qui se sont produits dans la suite 2806 du Sofitel de la ville.
Ces éléments proviennent dans leur grande majorité d'enquêteurs travaillant pour la défense de l'ancien patron du FMI.
Celle-ci donne ainsi l'impression de distiller auprès de la presse les éléments qu'elle conservait pour le procès et qui visent à remettre en cause la crédibilité du témoignage de Nafissatou Diallo. Son but : obtenir, le plus vite possible, l'abandon des poursuites par le bureau du procureur Cyrus Vance.
Le quotidien à scandales, New York Post, avait ainsi affirmé, dans son édition du samedi 2 juin, que la femme de chambre aurait pu retirer de substantiels pourboires de services sexuels qu'elle rendrait à certains clients du Sofitel. Le journal complète, dimanche 3 juin, ces affirmations en livrant une version des faits qui pourrait se rapprocher de la ligne adoptée par la défense de DSK si le procès devait avoir lieu.
Selon ses informations, Nafissatou Diallo serait entrée sciemment dans la chambre du président du FMI, dont elle aurait su qu'il était un de ces "riches clients" susceptibles de payer pour une relation sexuelle. Le fait que cette relation ait eu lieu est le seul qui ne soit contesté ni par la défense ni par la plaignante. Cette dernière affirme que cette relation a été obtenue par la force.
Le New York Post ajoute que c'est après cette relation sexuelle que les choses se sont dégradées. La jeune femme, réclamant un paiement, aurait essuyé un refus de DSK. Elle aurait insisté durant plusieurs minutes pendant que DSK se rhabillait dans la suite. Le quotidien indique que la plaignante aurait pu être bousculée durant cet échange. Selon ses sources, l'humiliation ressentie l'aurait décidée à se déclarer victime d'un viol.
"JE SAIS CE QUE JE FAIS"
Au cours du week-end, le New York Times a donné de son côté des précisions sur la conversation téléphonique qui a jeté le doute chez les enquêteurs sur la crédibilité de la plaignante. Citant "une source bien placée au sein de la police", le quotidien a indiqué que la conversation a eu lieu 24 heures après que la femme de chambre eut dit qu'elle avait été agressée sexuellement par M. Strauss-Kahn. Son interlocuteur parlait d'un centre de détention réservé aux immigrants illégaux dans l'État de l'Arizona.
Les enquêteurs du bureau du procureur du district de Manhattan ont appris l'existence de l'enregistrement et l'ont fait traduire du peul, une langue parlée en Guinée, le pays d'origine de la femme, a indiqué le NYT. Lorsque la conversation a été traduite — mercredi seulement —, les enquêteurs ont commencé à s'inquiéter, poursuit le journal. "Elle dit en gros 'Ne t'inquiète pas, ce type a beaucoup d'argent. Je sais ce que je fais'", selon la source citée par le New York Times.
L'homme avait été arrêté alors qu'il troquait des contrefaçons de vêtements de marque contre de la marijuana dans le sud-ouest de Manhattan, selon la même source. Selon le journal, l'avocat de la femme a dit qu'elle ne savait pas que l'homme était un "dealer".
"L'ENQUÊTE A SOULEVÉ DES INTERROGATIONS"
M. Strauss-Kahn a été libéré sur parole, vendredi, mais la justice américaine n'a pas abandonné les poursuites pour crimes sexuels, qui lui ont coûté son poste de directeur général du FMI.
"Aujourd'hui nous n'avons pas totalement abandonné l'inculpation ni aucune des charges", avait alors expliqué le procureur de New York, Cyrus Vance Jr, avant d'admettre que "l'enquête a soulevé des interrogations quant à la crédibilité de la victime présumée de Dominique Strauss-Kahn".
Car l'autre rebondissement de vendredi est venu d'une lettre datée du 30 juin envoyée aux avocats de DSK par le procureur, publiée sur le site du New York Times. Dans ce courrier, Cyrus Vance se montre très précis et véhément à l'encontre de la femme de chambre : il y écrit qu'elle a produit sous serment un "récit erroné" de l'agression sexuelle dont elle affirme avoir été l'objet.
Tags : dsk, procureur, presse, justice
-
Commentaires