L'"Etat islamique en Irak et au Levant" (EIIL), une branche d'Al-Qaida, a revendiqué dimanche 11 août, dans un communiqué publié sur des sites djihadistes, la vague d'attentats qui a fait au moins 74 morts en Irak pendant la fête de fin du ramadan. Les chiites "ne connaîtront la sécurité ni la nuit ni le jour, ni le jour de l'Aïd ni aucun autre", affirme le groupe dans un communiqué.
Contrairement à la communauté internationale, les dirigeants irakiens, et notamment le premier ministre Nouri Al-Maliki, sont restés silencieux face à ces attaques. Le pays a connu son mois de ramadan le plus sanglant depuis 2008, avec plus de 800 personnes tuées, selon un bilan établi par l'AFP.
"Il n'y aura aucune amélioration de la situation en Irak", a déploré Abou Samer, ingénieur à la retraite de 64 ans habitant à Shaab, un quartier commerçant du nord de la capitale où un double attentat a entraîné la mort de huit personnes. "Je ne peux faire confiance à aucun politicien", insiste le sexagénaire, qui espère envoyer ses enfants à l'étranger.
ABOU BAKR AL-BAGHDADI RECHERCHÉ
A Bagdad, les forces de sécurité ont renforcé dimanche les contrôles aux barrages routiers, provoquant de vastes embouteillages. Mais malgré ce dispositif, habituel après des attentats, de nouvelles violences ont fait six morts, selon des responsables : trois soldats tués par un engin explosif au sud de la capitale, deux miliciens abattus près de Baqouba et un homme qui franchissait un barrage policier à vive allure visé par un policier à Mossoul (nord).
Le ministre britannique chargé du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, Alistair Burt, a dénoncé la vague d'attentats de samedi, estimant qu'elles avaient "clairement visé à alimenter le conflit confessionnel et à déstabiliser le pays". Les Etats-Unis ont qualifié pour leur part les auteurs des attentats d'"ennemis de l'islam" et rappelé qu'une prime de 10 millions de dollars était offerte pour toute information permettant de "tuer ou capturer Abou Bakr Al-Baghdadi", le chef de l'"Etat islamique en Irak et au Levant".
La vague de violences est survenue quasiment trois semaines après deux assauts spectaculaires menés par ce groupe contre deux prisons irakiennes, qui ont permis la libération de plusieurs centaines de détenus, dont de hauts responsables du réseau extrémiste. Des experts ont souligné que ces évasions ajoutaient à la défiance de la population vis-à-vis du gouvernement, déjà accusé d'incurie face à la recrudescence des attentats ces derniers mois et qui se voit aussi reprocher son incapacité à fournir des services de base.
Les tension depuis le début de l'année sont encouragées, selon des analystes, par la montée de la colère chez la minorité sunnite, qui a organisé en décembre des manifestations pour dénoncer les discriminations dont elle se dit victime. Le gouvernement, dominé par des chiites, a depuis fait quelques concessions, libérant notamment plusieurs milliers de prisonniers, mais sans résoudre le cœur du problème.