• ALLEMAGNE. "Les sociaux-démocrates sont démoralisés"

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    ALLEMAGNE. "Les sociaux-démocrates

    sont démoralisés"

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    <time datetime="2013-09-21T17:09:29" itemprop="datePublished">Publié le 21-09-2013 à 17h09</time>

    Le candidat des sociaux-démocrates, Peer Steinbrück, n'a pas

    réussi à stopper la chute de son parti le SPD. Interview de

    la journaliste allemande Jacqueline Boysen.

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    Le candidat du SPD, Peer Steinbrück à Alexander square à Berlin, le 19 septembre 2013. (AFP / JOHANNES EISELE)

    Le candidat du SPD, Peer Steinbrück à Alexander square à Berlin, le 19 septembre 2013.

    (AFP / JOHANNES EISELE)

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    A la veille des législatives en Allemagne, les sociaux-démocrates tentent toujours de mobiliser leurs

    troupes contre la chancelière Angela Merkel, avec laquelle il semble de plus en plus probable qu'ils

    gouvernent. Douloureux pour le SPD qui a misé sur Peer Steinbrück pour tenter de stopper la

    dégringolade du parti. Interview de la journaliste et biographe d'Angela Merkel, Jacqueline Boysen.

     

    Choisi pour enrayer le recul des sociaux-démocrates allemands, Peer Steinbrück a finalement

    plutôt accéléré la dégringolade du SPD. Qu'est-ce-qui s'est passé ?

    - En effet, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a mené une campagne électorale la moins habile

    possible. Il y a eu beaucoup trop de maladresses, aucune organisation et aucune stratégie. La preuve,

    il a changé de porte-parole en cours de route. Surtout, le SPD n'a pas su défendre les révélations sur les salaires exorbitants qu'a touchés Peer Steinbrück lors de conférences données pour des grandes banques et des institutions financières. Ne parlons pas de ce geste à la une du "Suddeutsche Zeitung"... qui a signé la fin pour lui. Il a voulu être libre et indépendant, mais je pense qu'il a joué beaucoup trop personnel.

    Est-ce que le SPD l'a toujours soutenu ?

    - Peer Steinbrück est difficile à diriger et à contrôler. C'est une question de caractère aussi. Il est apparu trop arrogant. Surtout, il n'est pas très social-démocrate et cela a toujours été un problème pour lui, parce que son parti ne se retrouve pas derrière lui. Il n'est pas vraiment un représentant des travailleurs, il est un peu trop bourgeois, trop intellectuel. Il n'est pas le socialiste typique qu'on attend.

    Est-ce que le SPD regrette aujourd'hui de l'avoir choisi ?

    - Ils ne peuvent pas le dire ouvertement, mais ils sont démoralisés, cela se voit. Surtout parmi les plus traditionalistes.

    Le SPD n'arrive pas à se trouver de leader. Pourquoi ?

    - Oui, cela fait longtemps que le parti n'a pas eu de grand leader. C'est, en partie, à cause de l'héritage des grandes réformes de Gerhard Schröder. C'est aussi en raison des forts antagonismes à l'intérieur du parti. Il y a toujours eu deux forts courants : les traditionalistes de gauche, proches des syndicats, en faveur d'un salaire minimum, et les réformistes qui souhaitent moderniser le système social. Les deux groupes n'ont jamais réussi à trouver une unité. Une autre raison est qu'Angela Merkel a incorporé dans sa politique des thèmes habituellement propres au SPD. Les grands sujets sociaux ne sont plus monopolisés par les sociaux-démocrates, ce qui a considérablement affaibli le parti. Enfin, c'est une question de génération, qui touche tous les partis : il n'existe plus d'hommes à grand caractère à l'image de Willy Brandt.

    Peut-on imaginer qu'un jour le SPD se scinde ?

    - Non, cela n'est pas possible. C'est un parti qui a 150 ans d'existence quand même. Certains syndicats ont quitté le SPD pour rejoindre des partis plus radicaux comme Die Linke, mais cela n'a jamais vraiment fonctionné. Le parti bout de l'intérieur, mais le couvercle tient bien.

    Aujourd'hui, sur quoi le SPD et la CDU peuvent-ils s'entendre, s'ils devaient gouverner ensemble ?

    - Ce qui est intéressant, c'est que, hier, l'aile gauche du SPD, les traditionalistes donc, se sont prononcés sur les conditions avec lesquelles ils sont prêts à accepter une grande coalition. Et cela est un grand pas, car ils ont toujours dit qu'ils refuseraient la grande coalition. Ils sont apparus plus modérés, tout en disant qu'ils regrettaient un tel scénario et qu'ils privilégiaient la coalition avec les Verts.

    Mais peut importe la coalition qui va se dégager après les élections, il y a un point d'accord : le sauvetage de l'Europe et de l'euro. C'est le grand objectif pour tous. Les différences sont finalement des détails. Sur la Syrie, par exemple, ils ne sont pas tout à fait d'accords quant à l'aide à apporter aux rebelles. Le sujet des investissements publiques et de la limitation du prix des loyers peuvent être des sujets de discordes, mais à la marge.

    Que doit faire le SPD pour stopper sa chute ?

    - Le SPD a annoncé une sorte de congrès juste après les élections. On s'attend à des changements à la tête du parti. Sur le fond, tout dépendra du scénario de dimanche. Si c'est un échec total, une réorientation vers la gauche peut avoir lieu. Si le parti limite la casse, il n'y a pas de raison que tout soit remis à plat, ni même de couper des têtes.

    Propos recueillis par Sarah Diffalah le 20 septembre 2013


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