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Analyses médicales : des propositions chocs pour brider les dépenses
Analyses médicales : des propositions chocs
pour brider les dépenses
Malgré les baisses de tarifs, les dépenses augmentent trop, juge la Cour des comptes.
Les magistrats réclament un nouveau coup de rabot.La Cour des comptes demande à l'Assurance-maladie d'agir de façon plus vigoureuse pour maîtriser les prescriptions d'analyses. - Frédéric Maigrot/REAHaro sur les analyses médicales ! Dans un rapport au vitriol qui vient d'être remis au Sénat, la Cour des comptes tire à boulets rouges sur le secteur de la biologie médicale et préconise des mesures immédiates pour brider les dépenses. Les remboursements d'analyses faites en ville ont augmenté de 66 % entre 2000 et 2011, beaucoup plus vite que les honoraires des médecins (+ 45 %), souligne ce document. Les honoraires des laboratoires de biologie médicale se sont élevés à 4,7 milliards d'euros l'an dernier. Si l'on y ajoute 2,4 milliards d'euros d'analyses réalisées dans les hôpitaux, la facture totale dépasse 7 milliards par an pour la Sécurité sociale.
Augmentation du nombre d'actes
Certes, le rythme de progression a sérieusement ralenti depuis cinq ans. L'an dernier, les remboursements d'analyses effectuées en ville ont même légèrement reculé, pour la première fois. Mais ce coup de frein est dû presque exclusivement à des baisses de tarifs, régulièrement décidées par le gouvernement depuis 2006. Le nombre d'actes facturés, lui, poursuit sa course en avant.
« Il existe une bonne corrélation entre le nombre de sites d'analyses et la consommation de biologie. Deux régions, la Corse et Provence-AlpesCôte-d'Azur, se détachent nettement », souligne la Cour. En Paca, région où la densité de sites est la plus nombreuse, la dépense par habitant est supérieure d'un tiers à moyenne nationale.
« Très peu d'actions ont été mises en place pour maîtriser les volumes d'actes », déplorent les magistrats de la Rue Cambon. La Haute Autorité de santé publie bien des fiches de bon usage à destination des médecins prescripteurs. Elles indiquent par exemple quels examens prescrire pour l'exploration d'une carence en fer, et lesquels sont au contraire inutiles. Mais ces référentiels ne sont pas assez nombreux, et ils sont parfois contestés par les biologistes, ce que la Cour juge « parfaitement anormal s'agissant d'une préconisation de la Haute Autorité de santé après étude scientifique ».
« Un bon exemple » mis en avant par la Cour, les prescriptions du dosage de la vitamine D, qui ont explosé au cours des dernières années : les montants remboursés ont été multipliés par sept entre 2007 et 2011, malgré une forte baisse des tarifs. Aucune recommandation de la Haute Autorité de santé ne permet de justifier ce boom. Autre dérive, certains biologistes « s'orientent vers un ajout systématique d'actes qui leur semblent utiles d'apporter comme complément aux actes prescrits par les médecins ».
La Cour demande à l'Assurance-maladie d'agir de façon plus vigoureuse pour maîtriser les prescriptions et de revoir de fond en comble sa convention avec les biologistes. Dans l'immédiat, elle recommande de baisser de 7 % « au moins » les tarifs des actes.
Analyses redondantes à l'hôpital
Dans les hôpitaux, les magistrats financiers estiment qu'on pourrait réduire de 10 % à 15 % le nombre d'actes de biologie pratiqués, ce qui permettrait d'économiser de 200 à 300 millions d'euros. « L'hôpital est un lieu où existent des risques de redondances : redondance avec des examens déjà effectués en médecine de ville, redondance entre services d'un même hôpital », souligne le rapport. Certains établissements, comme le centre hospitalier d'Annecy, ont réussi à réduire fortement leurs volumes d'analyses depuis la mise en place d'un groupe de travail spécifique.
Vincent Collen
Les chiffres7,1 milliards d'euros
La facture totale des examens de biologie médicale.
+ 66 %
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