• Angela Merkel et Nicolas Sarkozy placent Silvio Berlusconi face à ses responsabilités

    23/10 | 23:02 | Anne Bauer

    Angela Merkel et Nicolas Sarkozy placent Silvio Berlusconi face à ses responsabilités

    Après trois jours de négociations, les Européens commencent à construire réellement leur réponse à la crise de l'euro. La menace qui plane sur le financement de l'Italie agit comme un aiguillon. Le règlement du dossier grec est proche, l'urgence étant désormais de prévenir une crise italienne.

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    Anne BAUER
    Anne BAUER
    Correspondante à Bruxelles

    De vendredi soir à hier soir dimanche, Bruxelles a connu trois journées de négociations fébriles. Avec un sentiment d'urgence nouveau, chacun ayant pris conscience que la crise de l'euro pouvait basculer rapidement dans une spirale incontrôlée. Ainsi la chancelière allemande Angela Merkel a répété plusieurs fois hier lors de sa conférence de presse commune avec Nicolas Sarkozy que tous les outils que mettront en place les pays de la zone euro pour défendre leur monnaie commune et leur stabilité financière ne suffiront pas, si chaque pays ne fait pas les efforts nécessaires pour remettre de l'ordre dans ses finances publiques. Tous les regards se portent désormais vers l'Italie, dont le programme de désendettement tarde à se concrétiser.

    ANNE BAUER

    Interrogés sur leur entretien avec Silvio Berlusconi, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont échangé un regard complice qui en disait long sur leur impatience vis-à-vis du chef du gouvernement italien. Questionné sur sa confiance dans le leader italien, Nicolas Sarkozy a répondu diplomatiquement : « Nous faisons confiance au sens des responsabilités de l'ensemble des autorités politiques et économiques de l'Italie »... Plus avenante, Angela Merkel a évoqué une discussion « entre amis », tout en répétant encore qu'« il n'y a pas d'appel possible à la solidarité des partenaires, quand on ne fait soi même pas d'effort ».

    Admonesté par les deux dirigeants, Silvio Berlusconi a tenté un dernier coup de bluff face à la pression italienne, fanfaronnant qu'il n'avait « jamais été recalé de sa vie » lors d'un examen. Mais l'heure n'est plus à l'indulgence pour ce pays lesté d'une dette publique de 1.900 milliards d'euros. Les responsables européens ont le sentiment que, depuis que la Banque centrale européenne est venue, en août, au secours de l'Italie, en commençant à racheter sa dette publique sur les marchés, Rome a relâché ses efforts et commencé à revenir sur ses promesses de rigueur.

    Sous la pression du G20

    L'heure est d'autant moins à l'indulgence que les dix-sept Etats membres de la zone euro, sous la pression de tous leurs partenaires du G20, cherchent par tous les moyens à augmenter la puissance de feu de leur fonds de secours, le FESF, pour convaincre les marchés que, après avoir aidé la Grèce, l'Irlande et le Portugal, ils leur restent des cartouches face à de possibles difficultés en Italie et en Espagne. Et, comme l'a rappelé Nicolas Sarkozy, la crise de la dette n'est pas non plus insurmontable comme le montrent les progrès accomplis en Irlande, au Portugal et en Espagne.

    Alors que les dix-sept Etats de la zone euro sont parvenus à se mettre d'accord dans les grandes lignes sur le refinancement de la Grèce et sur la recapitalisation des banques (lire page 3), ils buttent encore sur ce dossier du renforcement du FESF. Deux solutions sont à l'étude, dont la création éventuelle d'un nouveau fonds qui pourrait s'ouvrir aux investissements privés ou publics de pays hors de la zone euro et racheter de la dette souveraine européenne. D'ici au sommet du G20 de Cannes, les 3 et 4 novembre, les Européens doivent convaincre de la crédibilité de leur réponse. Il reste trois jours de négociations intenses pour y parvenir. En fin de soirée, Nicolas Sarkozy s'est déjà voulu rassurant : « Les discussions progressent bien, il n'y a pas de blocage. »


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