• Arnaud Montebourg au JT de France 2 : dans la bouse jusqu’au cou !

    Arnaud Montebourg au JT de France 2 : dans la bouse jusqu’au cou !

    Modifié le 01-10-2012 à 12h05 
    lien

    Temps de lectureTemps de lecture : 4 minutes

    LE PLUS. Le ministre du Redressement productif aurait mieux fait de refuser l’invitation de Laurent Delahousse au JT de France 2. Selon notre chroniqueur Thierry de Cabarrus, il n’avait rien à donner, ni rien à dire. Sauf un proverbe régional pour gagner du temps.

    Édité par Louise Pothier

    Arnaud Montebourg était l'invité du JT de France 2 dimanche 30 septembre. Ici, à Paris, le 29 septembre (J.MARS/JDD/SIPA).

    Arnaud Montebourg était l'invité du JT de France 2 dimanche 30 septembre. Ici, à Paris, le 29 septembre (J.MARS/JDD/SIPA)

     

    En voyant Arnaud Montebourg dimanche soir au JT de France 2 (video à 15'55), je me suis demandé pourquoi il osait se présenter ainsi les mains vides devant les Français alors qu’il n’avait aucune annonce à faire, aucun espoir concret à formuler.

     

    J’ai pensé qu’une fois de plus, la télé rendait fou nos hommes politiques à l’ego surdimensionné. Et je me suis dit que notre ministre du Redressement productif entrant dans les foyers par la petite lucarne était une insulte à tous ceux qui sont aujourd’hui menacés par les plans sociaux, chez PSA, chez Sanofi, chez Fralib, et évidemment chez Mittal à Florange.

     

    Le ministre a "du peps"

     

    Rien, absolument rien n’est ressorti de son intervention. Tellement rien que c’en était ridicule et qu’un nanar des années soixante-dix m’est revenu en mémoire : "C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’on doit fermer sa gueule".

     

    Et je me suis souvenu de la fameuse tirade du "peps" : Jean Lefebvre en tenue de plombier disant à son complice Michel Serrault, tous deux enfermés dans des toilettes, qu’il en avait du "peps", de l’énergie, de la vigueur et que d’ailleurs, il allait le dire à tout le monde, et même l’écrire sur le mur pour que personne n’en doute : un graffiti au dessus du lavabo.

     

     

     

    Alors, je suis parvenu à sourire quand même, en comprenant qu’Arnaud Montebourg était venu simplement nous dire qu’il avait du peps et que son message n’avait guère plus d’importance qu’un graffiti sur le mur des toilettes publiques.

     

    La France va mal, mais Arnaud Montebourg, costume bleu sur-mesure impeccable, beau comme un patron de multinationale, va bien, merci pour lui. Il a du peps et il nous le répète. D’ailleurs, il a le verbe flamboyant, il dit qu’il veut "faire plier le système économique", que s’il n’est pas aux côtés de Mélenchon et des manifestants à la Bastille, c’est parce qu’il est ministre, mais que, finalement, il pourrait y être, et d’ailleurs, qu’il y est, à leurs côtés, en même temps qu’il est là à faire le beau à la télévision. Il est "à coté de ceux qui connaissent l’inquiétude de perdre leur travail".

     

    "Ministre des solutions économiques"

     

    Arnaud Montebourg est ainsi fait qu’il ne semble pas percevoir les évidences et les contradictions. Il est, dit-il en substance, avec les ouvriers à la Bastille et en même temps, il est là à pérorer avec Laurent Delahousse sur sa mission.  Non il n’est pas le "paratonnerre" du gouvernement qui prendrait tous les coups de foudre des plans sociaux comme le journaliste voudrait le lui faire avouer, mais il est, dit-il, un ministre avec une belle mission.

     

    Ah bon ? Et alors, c’est quoi, son travail, se demandent les Français qui s’efforcent de le suivre ? Et voilà qu’il déroule de jolies phrases, évoque sa feuille de route pas très réaliste, à laquelle lui-même ne semble pas trop croire :

     

    "Le travail que j’ai à faire après dix années de délabrement industriel, c’est de reconstruire pierre après pierre. Donc c’est un travail très difficile mais c’est une mission qui n’est pas impossible (…) Je ne suis pas le ministre des plans sociaux, je suis le ministre des solutions économiques. C’est donc qu’il y a une solution, qu’il y a de l’espoir."

     

    D’après lui, ça marche, la preuve ? Il a réussi, se vante-t-il, à "faire plier" le patron de Sanofi qui voulait supprimer 2500 emplois, qui a proposé un plan de 1400 suppressions de poste avant d’accepter moins de 1000. Arnaud Montebourg se réjouit devant ses statistiques, oubliant d’adresser un mot de compassion  à ce millier de salariés dont la vie va basculer dans l’inquiétude et la précarité.

     

    "À la fin de la foire, on compte les bouses !"

     

    Mais pour lui, l’essentiel n’est-il pas de montrer aux téléspectateurs que, décidément, il a du peps, et qu’ils peuvent compter sur lui pour limiter la casse ? D’ailleurs, il n’a pas l’intention de se dérober. À Laurent Delahousse qui lui demande s’il n’a pas posé un lapin aux salariés de PSA qui l’attendaient samedi au Mondial de l’Auto, il répond que non, c’était prévu comme ça, et il ajoute qu’il "leur donne rendez-vous puisque c’est samedi prochain".

     

    Sur Florange, il explique que "Monsieur Mittal veut se désengager. Nous avons demandé deux mois (de sursis) pour trouver une solution de reprise". Pour autant, reconnaît-il, l’État ne nationalisera pas les hauts-fourneaux. Est-ce qu’il sous-entendrait finalement que c’est une mauvaise affaire et que la filière est condamnée ? Pas du tout, on l’a mal compris, qu’est-ce qu’on va chercher… Simplement, l’État est un mauvais actionnaire et en plus, il n’a pas un kopec.

     

    Voilà, la France est fauchée, et en plus, elle est étranglée par l’objectif des 3% de déficit, "un chiffre qui m’exaspère" reconnaît-il du bout des lèvres,  message timide à destination de Mélenchon et des manifestants contre le traité d’austérité. Une concession qu’il balaie aussitôt en ajoutant : "Pour l’instant, nous redressons les comptes publics. On nous a légué un pays endetté…"

     

    On arrive à la fin de l’interview. Arnaud Montebourg sent bien qu’il a ramé et que ça s’est vu. Alors, il retrouve soudain ses réflexes de président du Conseil général de Saône et Loire, quand parfois dans les réunions publiques, une voix s’élève pour l’apostropher de façon désagréable. Il dégaine alors une formule puisée dans son paquet de proverbes qui sentent bon la campagne.

     

    Cette fois, il nous dit à sa façon de patienter, nous demande de lui laisser le temps de travailler. Et ça donne : "C’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses !" Quand je vous dis que comme Jean Lefebvre enfermé dans les toilettes, il se vante d’avoir du peps.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :