A la mi septembre, 75 députés socialistes avaient signé une pétition dans Le Monde pour demander à François Hollande de ne pas oublier sa promesse d'accorder le droit de vote aux étrangers aux élections locales.
A présent que les réformes de société occupent le devant de la scène, que le "mariage pour tous" et le droit de vote des étrangers suscitent pétitions, manifestations et contre manifestations, douze députés et élus socialistes lui écrivent pour qu'il remette "l'agenda économique et social en tête des priorités de l'action gouvernementale".
Jamais contents, les socialistes ? On le dirait, mais le plus grave est à venir. Ces élus, parmi lesquels Laurent Baumel, député-maire de Ballan-Miré (Indre-et-Loire), Philippe Doucet, député-maire d'Argenteuil (Val-d'Oise) et François Kalfon, conseiller régional d'Ile-de-France, s'inquiètent du "scepticisme croissant des couches populaires et moyennes" à l'égard de la politique depuis sept mois.
Ils réclament "des réponses fortes sur le terrain du pouvoir d'achat et de l'emploi". Ils jugent possible "d'augmenter de plusieurs centaines d'euros par an le pouvoir d'achat des plus modestes" en évoquant la mise en place de "la grande réforme fiscale redistributive" annoncée par François Hollande pendant sa campagne .
La publication de leur courrier dans Le Parisien intervient au moment où :
- L'exil fiscal fortement médiatisé de Gérard Depardieu sonne le glas de tout nouveau prélèvement sur les riches.
- Le ministre du travail, Michel Sapin, exclut tout coup de pouce au smic au 1er janvier 2013.
- Le ministre de l'économie, Pierre Moscovici, accorde au Journal du Dimanche une interview particulièrement réfrigérante, où il évoque une année "2013 très difficile" sur le plan de la croissance, de la réduction des déficits et du chômage.
De deux choses l'une : ou bien la communication gouvernementale n'est pas encore parvenue aux oreilles socialistes, ou bien un début de fronde s'y manifeste.
Ce que les "douze" soulignent sans excès de précaution est que François Hollande n'a pas su profiter du début de son quinquennat pour mettre en œuvre la réforme fiscale qu'il avait promise : les hausses d'impôts n'ont servi qu'à boucher les trous.
Et aujourd'hui, il est impossible d'en concevoir d'autres pour faire de la redistribution, sauf à alourdir la charge des classes moyennes.
Ce serait alors le meilleur moyen de les perdre.