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Au Pakistan, Rimsha libérée sous caution
Au Pakistan, Rimsha libérée sous caution
Par Marie-France Calle Mis à jour <time class="updated" datetime="07-09-2012T17:54:00+02:00;">le 07/09/2012 à 17:54</time> | publié <time datetime="07-09-2012T17:46:00+02:00;" pubdate="">le 07/09/2012 à 17:46</time> lien
Des manifestants brandissent une banderole à l'effigie de Rimsha Masih pour proclamer son innocence et exiger sa liberté, dimanche à Hyderabad. Crédits photo : Newscom/NCOM/ABACALa jeune chrétienne accusée d'avoir brûlé des pages du Coran n'a pas été acquittée. L'enquête suit son cours.
C'est loin d'être un «happy end», tout juste un répit pour Rimsha Masih. Accusée d'avoir brûlé des pages du Coran, la jeune chrétienne pakistanaise croupit depuis le 16 août dans une prison pour mineurs à Rawalpindi, à une vingtaine de kilomètres d'Islamabad. Vendredi matin, les juges se sont enfin penchés sérieusement sur son cas. Ils ont décidé de libérer Rimsha sous caution, contre la coquette somme d'un million de roupies (un peu plus de 8000 euros).
«J'accepte sa requête», a déclaré le juge Muhammad Azam Khan, spécifiant que pour des raisons de sécurité, elle resterait sous haute protection. Si Rimsha a reçu le soutien de nombreux activistes des droits de l'homme, d'intellectuels et même celui du Conseil des oulémas du Pakistan - une première -, elle n'est pas à l'abri de la vindicte populaire. Pas question pour elle, donc, de retourner vivre dans son bidonville de Meherabadi, dans une banlieue d'Islamabad. Ses parents l'ont d'ailleurs déserté, craignant pour leur vie.
Pays obscurantiste
Car si Rimsha est libre, elle n'est pas exonérée des «crimes» qui lui sont reprochés au nom de la loi sur le blasphème. Un texte inique qu'aucun responsable politique n'ose remettre en cause. Ceux qui s'y sont essayés l'ont payé de leur vie, tel Salman Taseer, le gouverneur du Pendjab pakistanais assassiné par l'un de ses gardes du corps le 4 janvier 2011. Il avait pris la défense d'Asia Bibi, une jeune paysanne chrétienne emprisonnée après avoir été accusée d'avoir «insulté le Prophète».
«L'enquête de la police se poursuit», a indiqué vendredi un avocat de Rimsha. Le ministre de l'Intérieur, Rehman Malik, a formé une commission spéciale chargée de faire la lumière sur l'«affaire Rimsha». Une mesure visant à montrer que le Pakistan n'est pas le pays obscurantiste que l'on croit. Vendredi, Paul Bhatti, le ministre chrétien de l'Harmonie nationale en charge des minorités religieuses, s'est félicité des conclusions du tribunal. «Cette décision est un message clair envoyé à la communauté internationale ; elle montre que nous, Pakistanais, savons être justes, peu importe qu'il s'agisse du cas d'un musulman ou d'un chrétien», a-t-il souligné.
Dans l'histoire de Rimsha, rien n'est clair. Qu'il s'agisse de son âge (a-t-elle 11 ou 16 ans?), de son état mental (on l'a présentée comme trisomique, mais ce n'est pas avéré), tout est colporté, manipulé. À la fin de la semaine dernière, l'imam de la mosquée de son quartier, accusé d'avoir monté toute l'histoire, a été arrêté. Il aurait lui-même introduit des pages du Coran dans un sac en plastique utilisé par la jeune fille.
Washington place le réseau Haqqani sur sa liste noire
Les États-Unis ont décidé de classer sur la liste des organisations terroristes le réseau taliban Haqqani, basé au Pakistan et en Afghanistan, en dépit des inquiétudes sur l'impact de cette mesure sur leurs relations avec Islamabad. Un intense débat faisait rage depuis des mois au sein de l'Administration du président Barack Obama sur l'attitude à avoir vis-à-vis de ce groupe armé formé il y a trente ans face à l'envahisseur soviétique, faction qu'elle considère comme la plus extrémiste et dangereuse des talibans afghans. Les tenants du compromis insistaient sur le risque d'aggraver les tensions déjà vives entre les États-Unis et le Pakistan. Jeudi, un haut responsable pakistanais a d'ailleurs réagi sans attendre, jugeant que cette décision ne serait «pas un bon signe» pour l'avenir des relations entre Washington et le Pakistan.
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Par Marie-France Calle
Correspondante en Asie du Sud,
Tags : Rimsha Masih, Blasphème, Pakistan, Muhammad Azam
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