Un seul mot d'ordre : positiver. La motion de la direction du Parti socialiste, portée par le premier secrétaire par intérim, Harlem Désir, est arrivée en tête, jeudi soir 11 octobre, du vote des militants, avec un score de 68,23 %, selon des résultats partiels communiqués par le PS vendredi matin portant sur 93 % du corps électoral dépouillé. Un succès mitigé à deux semaines du congrès de Toulouse alors que l'aile gauche du parti, représentée par la motion 3, termine deuxième avec 13,4 % des voix, juste devant la surprise de la soirée, à savoir le score obtenu par la motion 4 présentée par Stéphane Hessel, frôlant les quelque 12 % (abonnés).
Impulsée par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et l'ancienne première secrétaire du PS Martine Aubry, signée par la totalité des poids lourds du gouvernement, la motion de soutien à François Hollande n'est donc pas parvenue à atteindre le score de 90 % initialement prévu par la direction de la rue de Solférino. "Faire moins de 70 % avec un tel casting politique est tout de même un échec. C'est le signe qu'avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, le centre de gravité socialiste s'est déplacé du parti vers le gouvernement et le Parlement, et que le PS n'intéresse plus vraiment", considère, en privé, l'un de ses signataires.
Lire aussi : Congrès du PS : la crainte d'une faible participation avive les tensions
Depuis plusieurs jours, l'entourage d'Harlem Désir, inquiet d'un mauvais résultat, avait commencé à dégonfler l'objectif des 90 %. "Ceux qui ont parlé de 90 % savent pertinemment que ce score ne peut pas être atteint dans un congrès entre cinq motions", considère le sénateur du Val-de-Marne, Luc Carvounas, proche de Manuel Valls. "C'est une manière d'entonner un nouvel air prévisible, celui du premier secrétaire mal élu", ajoute le député de l'Essonne Malek Boutih.
CIRCONSCRIRE LES CRITIQUES
Dès l'annonce des résultats, jeudi soir, au siège d'un PS déserté par l'ensemble des "éléphants", plusieurs signataires de la motion majoritaire ont tenté de circonscrire les critiques. "On est plutôt dans la moyenne haute des derniers congrès", a expliqué Alain Fontanel, secrétaire national chargé des fédérations, rappelant que lors des derniers congrès du PS réunissant plus de quatre motions, "jamais la motion majoritaire n'avait dépassé les 70 %".
"On nous reprochait avant le vote de vouloir verrouiller. On constate à l'arrivée que le PS est un parti vivant, avec un débat entre différentes lignes, mais que celle de la direction est bien majoritaire", a déclaré David Assouline, porte-parole de la Rue de Solférino. "Avec une majorité de 68 %, ce vote est avant tout le vote de l'unité et de la responsabilité", a déclaré vendredi matin Harlem Désir.
"IL VA FALLOIR RÉAJUSTER"
Le 18 octobre, M. Désir devrait donc affronter Emmanuel Maurel, le représentant de l'aile gauche du parti, lors d'un second tour militant, pour le poste du prochain premier secrétaire. M. Maurel a en effet qualifié jeudi soir de "plus que vraisemblable" sa candidature. Avec près de 14 %, sa motion n'a perdu que quatre points par rapport aux 18 % réalisés par Benoît Hamon lors du congrès de Reims en 2008. Ce dernier, ministre délégué à l'économie sociale et solidaire, a préféré rejoindre la motion majoritaire. "Nous sommes très contents. C'est la preuve que notre analyse était la bonne", a commenté M. Maurel.
"En additionnant les quatre motions minoritaires, c'est un tiers du parti qui n'adhère pas à la motion majoritaire", a ajouté le député de l'Essonne Jérôme Guedj, autre figure de la motion 3, qui s'est félicité d'une "petite fronde des militants", mais a regretté "le mauvais calcul" de M. Hamon. "Si l'aile gauche avait été unie, nous aurions dépassé facilement les 20 %", a-t-il estimé.
Avec un résultat sous la barre des 70 % pour la motion majoritaire, les équilibres entre ses différentes composantes au sein des instances vont devoir être revus à la baisse. Les représentants de chaque sensibilité devraient donc rapidement reprendre leurs réunions pour faire les comptes. "Il va falloir réajuster, on ne fait pas entrer autant de personnes dans 70 % que dans 90 %", a déclaré Marc Coatanéa, premier secrétaire fédéral du Finistère et proche de Harlem Désir. "Certains vont devoir être moins gourmands", a d'ores et déjà prévenu un "négociateur".
Lire aussi : Harlem Désir, patron par intérim d'une maison vide et François Lamy, le "ministre du congrès" (abonnés)