• Au Soudan, une femme flagellée sous les ricanements des policiers

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    Au Soudan, une femme flagellée sous les ricanements des policiers

     
    Sur une vidéo qui vient d’être publiée sur Internet, des policiers soudanais hilares s’acharnent sur une femme à coup de fouet. Les ONG locales de défense des droits des femmes réclament pourtant depuis plusieurs années l’abrogation de la loi qui autorise les forces de l’ordre à fouetter les femmes qui, selon eux, ne respectent pas les bonnes mœurs.
     
    La vidéo a été postée dimanche 15 septembre par un média d’opposition soudanais. Le journaliste qui a publié ces images dit avoir reçu cette vidéo par courrier électronique, mais ne pas savoir quand cette scène s’est déroulée. Ces images ont vraisemblablement été tournées dans la région de la capitale Khartoum, à en juger par l’accent.

     
     
     
    La scène se déroule dans une cour - probablement celle d’un tribunal - devant laquelle est massée une foule de badauds. Un policier assène plusieurs coups de fouet à une femme assise en tailleur face au mur, tandis que la personne qui filme et une autre qui se tient à côté ne cessent de ricaner. À 39’’, le policier lance à la suppliciée, désignée par le prénom Halima : "Pour que tu ne montes plus dans des voitures dorénavant". Un de nos Observateurs au Soudan, qui a visionné la vidéo, indique qu’il n’est pas rare qu’une femme soit condamnée à des coups de fouet si elle a été surprise dans une voiture en compagnie d’un homme n’appartenant pas à sa famille proche (comme un mari, un père ou un frère).
     
    Le châtiment du fouet à l’encontre des femmes a été instauré après le coup d’État de 1989 et l’arrivée d’Omar el-Bachir au pouvoir. Cette pratique est courante mais ce n’est qu’en 2009, avec la condamnation à la flagellation de la journaliste Loubna Hassan, pour avoir porté un pantalon, qu’elle a été médiatisée. Depuis, les ONG de défense des droits des femmes font campagne pour l’abrogation de l’article 152 de la loi de 1991, communément appelée loi de l’ordre public, qui encadre ce type de châtiments.
    Contributeurs

    "Les bourreaux voulaient délibérément humilier cette femme, car en plus des coups de fouet elle est exposée au regard des curieux"

    Nahid Jabr Allah milite au sein de l’association de défense des droits des femmes et des enfants au Soudan. Elle participe à la campagne pour l’abrogation de la loi sur l’ordre public.
     
    Il est inacceptable qu’on fasse subir des sévices corporels à une femme ou un homme, quel que soit le délit que cette personne a pu commettre. Il s’agit d’une atteinte flagrante aux droits de l’Homme que nous dénonçons depuis plusieurs années. Sur cette vidéo, les bourreaux voulaient humilier cette femme, car en plus des coups de fouet elle est exposée au regard des curieux. C’est un traitement réellement dégradant.
     
    Le châtiment par les coups de fouet est malheureusement le lot de milliers de Soudanaises qui sont abusivement punies en vertu de la loi sur l’ordre public. Ce texte est très flou car il condamne les tenues vestimentaires et les comportements indécents sans en apporter la définition. Du coup, la conformité d’un vêtement avec les bonnes mœurs est laissée à la libre appréciation du policier. Toute femme qui porte un pantalon ou qui n’a pas la tête entièrement voilée risque jusqu’à 50 coups de fouet.
     
    Les autorités ont instauré une police spéciale, appelée police de l’ordre public, et des tribunaux spéciaux pour traiter ce genre de délits. Il s’agit d’une justice inique et expéditive car dans la plupart des cas, l’accusée est jugée et condamnée sur-le-champ, sans avoir recours à un avocat ni à aucune assistance juridique.
     
    C’est pour cette raison que nous menons depuis plusieurs mois campagne pour l’abrogation de cette loi qui appartient à un autre temps et qui est insultante pour le peuple soudanais. Actuellement, nous menons une campagne de soutien à une journaliste, Amira Osmane, qui a été arrêtée pour avoir refusé de porter le voile. Nous nous battrons jusqu’à ce qu’elle soit innocentée.

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