• Dernière modification : 20/05/2013 

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    Obama reçoit Thein Sein et replace la Birmanie

    dans le concert des nations

    Obama reçoit Thein Sein et replace la Birmanie dans le concert des nations
    Thein Sein et Barack Obama le 20 mai 2013 à la Maison Blanche
    © AFP

    Le président américain reçoit son homologue birman pour une visite historique : aucun chef de l’État birman ne s’était rendu à Washington pendant presque 50 ans. Les États-Unis marquent ainsi leur soutien aux réformes du "Printemps birman".

    Par Gaëlle LE ROUX (texte)
     

    Pour la première fois depuis près de cinq décennies, un président birman va franchir le perron de la Maison Blanche. Thein Sein, à la tête de l’État birman depuis la chute de la junte en 2011, doit rencontrer, ce lundi à Washington, le président américain Barack Obama.

    Cette visite est un nouveau signal fort envoyé par Washington à la Birmanie, qui prend petit à petit le chemin de la démocratie. En un an et demi, le pays a fait de spectaculaires progrès : la censure des journaux a été considérablement allégée, des centaines d’opposants ont été libérés et l’ancienne opposante Aung San Suu Kyi, pendant des années en résidence surveillée, est entrée au Parlement. Un "Printemps birman" que Washington a largement soutenu.

    Les relations entre les deux pays ont dès lors connu un net réchauffement. Les États-Unis et l’Union européenne ont ainsi en avril 2012, soit quelques mois seulement après la fin du régime militaire, levé une partie des sanctions financières pesant sur ce pays d’Asie du Sud-Est.

    En septembre dernier, Aung San Suu Kyi, icône de la résistance au régime militaire, a été reçue en grande pompe au États-Unis au début d’un voyage de trois semaines au cours duquel elle a rencontré Barack Obama. Le président américain lui-même s’est rendu dans la capitale birmane deux mois plus tard, où il s’est entretenu avec Thein Sein. C’est maintenant au tour du président de la Birmanie, ex-Premier ministre au cours des trois dernières années de la junte et artisan du "Printemps birman", de se rendre à la Maison Blanche.

    Thien Sein en quête de légitimité

    "Pour les États-Unis, ce rapprochement s’inscrit dans la droite lignée de la réorientation de sa politique extérieure vers l’Asie", analyse David Camroux, politologue spécialiste de l’Asie du Sud-Est au Centre d’études et de recherches internationales (Ceri). "Mais pour Thien Sein, ce déplacement revêt trois objectifs : il lui apporte une légitimité dans son rôle de président, à la fois sur le plan intérieur vis-à-vis de l’armée et sur la scène internationale ; il lui permet de solliciter des investissements et des aides, car la Birmanie est riche, mais elle n’est dotée d’aucune infrastructure ; et ce rapprochement affiché avec Washington permet à Thien Sein de mener un rééquilibrage des rapports de son pays avec la Chine, de qui il était relativement dépendant pendant les années de junte."

    La Birmanie n’est désormais plus au ban de la communauté internationale et le soutien américain ne devrait pas tarder à se concrétiser. Cependant, de nombreux opposants – principalement des représentants en exil des minorités ethniques birmanes – jugent l’invitation officielle de Thien Sien à Washington prématurée. Car dans de nombreuses provinces de Birmanie, les droits des minorités sont encore largement bafoués. Dans l’est du pays, le long des frontières avec la Chine et la Thaïlande, les hostilités entre les militaires et des membres des ethnies Kachins, Karens et Shans n’ont pas cessé.

    Les minorités maintenues en marge des réformes

    Parmi les minorités qui ne profitent pas du "Printemps birman" figurent notamment les Rohingyas. Ces musulmans apatrides sont ciblés depuis 2012 par des vagues de violence qui ont provoqué près de 200 morts en l’espace de quelques mois, et le déplacement de 140 000 personnes dans l’ouest de la Birmanie.

    Aujourd’hui, la situation des Rohingyas, considérée par l’ONU comme l’une des minorités les plus persécutées au monde, est particulièrement préoccupante. Les déplacés, entassés dans des camps, vivent dans des conditions sanitaires déplorables, manquant de nourriture, d’eau potable et de médicaments. Le cyclone Mahasen, qui a touché les côtes du Bangladesh voisin le 16 mai dernier, a transformé les camps en champs de boue, donnant aux réfugiés un avant goût du calvaire qui les attend pendant la mousson.

    "Les minorités ne sont pas la priorité des politiciens en Birmanie, rappelle David Camroux. Ni pour Thien Sein, ni pour Aung San Suu Kyi qui tient elle aussi des discours très ethno-nationalistes et défend des thèses sur la suprématie de la majorité ethnique birmane. Les responsables des minorités ethniques estiment que les félicitations de la communauté internationale viennent trop vite, et on ne peut pas leur donner tort. Effectivement, il y a des réformes de taille, mais elles ne concernent que les territoires de l’ethnie birmane majoritaire. En revanche, en périphérie [dans les territoires des minorités, NDLR], rien ne se passe".


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  • 02 mai 2013 - 18H13  lien

    Visite historique du président birman à Washington en mai

    Le président birman Thein Sein est attendu à Washington dans le courant du mois de mai pour une visite historique, signe du soutien américain aux réformes qu'il a entreprises dans son pays, a-t-on appris jeudi de source parlementaire américaine.

    Le président birman Thein Sein est attendu à Washington dans le courant du mois de mai pour une visite historique, signe du soutien américain aux réformes qu'il a entreprises dans son pays, a-t-on appris jeudi de source parlementaire américaine.

    AFP - Le président birman Thein Sein est attendu à Washington dans le courant du mois de mai pour une visite historique, signe du soutien américain aux réformes qu'il a entreprises dans son pays, a-t-on appris jeudi de source parlementaire américaine.

    Thein Sein sera le premier dirigeant de la Birmanie à se rendre aux Etats-Unis depuis plus d'un demi-siècle. Il est attendu autour du 20 ou du 21 mai, a précisé à l'AFP cette source qui a souhaité garder l'anonymat.


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  • OÙ EST PASSÉE L'ICÔNE ?

    Aung San Suu Kyi, opposante birmane devenue politicienne, s'attire les critiques

    Le HuffPost  |  Par Sara Taleb Publication:

    INTERNATIONAL – Oslo, 16 juin 2012. La capitale norvégienne s'apprête à vivre un moment historique. Plus de vingt ans après avoir été désignée prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi vient chercher son prix en personne. L'opposante birmane, assignée à résidence pendant des années, est enfin libre de se déplacer. Près d'un an plus tard, si la communauté internationale continue à voir Aung San Suu Kyi comme une égérie, le concert de louanges a laissé place à quelques fausses notes en Birmanie.

    Pourtant, dans son discours d'acceptation du prix Nobel, Aung San Suu Kyi assurait qu' elle et son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, étaient "prêts et désireux de jouer tout rôle dans le processus de réconciliation nationale".

    Tout juste élue députée, la "Dame de Rangoun", a débuté par une tournée européenne. Outre la Norvège, elle passe par l'Angleterre, la Suisse ou encore la France. Partout, les éloges pleuvent: les différentes personnalités politiques ou médiatiques qu'elle rencontre saluent son courage et célèbrent sa témérité. Et dans son pays, depuis sa libération en novembre 2010, son aura est à son summum.

    Aung San Suu Kyi est sans doute à ce moment-là, à l'apogée de sa notoriété. Elle est l'incarnation de la lutte pour les droits de l'homme et représente la victoire de la résistance pacifique face à l'oppression militaire.

    Succession de fausses notes

    Depuis juin 2012, les exactions dans l'ouest du pays contre les communautés musulmanes, notamment celle des Rohingyas, sont de plus en plus violentes.

    Minorité ethnique considérée par l'ONU comme une des plus persécutées au monde, les Rohingyas n'ont pas le droit d'avoir la nationalité birmane malgré leur présence historique sur le territoire national et sont la cible de bouddhistes nationalistes. Lundi 22 avril, Human Right Watch a publié un rapport dans lequel il n'hésitait pas à parler de "nettoyage ethnique". Une situation d'oppression à laquelle n'a quasiment pas réagi la pasionaria.

    Sentiment de trahison

    En octobre 2012, de passage à New York, Aung San Suu Kyi a expliqué qu'elle ne voulait "pas mettre d'huile sur le feu". De quoi lui attirer une foule de critiques. De nombreux militants ont exprimé leur désarroi. Nang Seng, une activiste birmane en exil, a publié une tribune chez nos confrères du HuffPost américain pour crier sa colère. "Moins de deux ans après la fin de son assignation à résidence, je me sens triste et trahie", écrit-elle.

    "Alors qu'elle a le pouvoir de faire savoir au monde ce qui se passe en Birmanie, elle n'a jamais pris position contre les attaques du gouvernement […] Sa stature internationale lui permettrait pourtant de faire pression sur le régime pour arrêter les conflits ethniques", déplore Nang Seng.

    En peu plus tard, le 4 janvier 2013, la Birmanie, dirigée par le général Thein Sein, célèbre son accession à l'indépendance. Dans son discours à ses partisans, Aung San Suu Kyi invite ses compatriotes à ne compter que sur eux-mêmes. "Ne comptez sur personne pour être votre sauveur", a-t-elle déclaré. Cette déclaration lui a valu une réponse cinglante de The Irrawady, un des titres de presse les plus connus en Birmanie. Dans un édito cinglant, le journal écrit: "Sans une prise de position forte de la femme en laquelle le pays a placé tous ses espoirs d'un futur meilleur, la Birmanie, sera au mieux une version moins répressive que la précédente tyrannie".

    Proximité avec l'armée

    Et les reproches ne s'arrêtent pas là. Dans un entretien à la BBC, la députée a affirmé avoir "de l'affection pour l'armée". A cette sortie très peu appréciée par les opposants à la junte, s'ajoute la présence, quelques semaines plus tard, d'Aung San Suu Kyi aux côtés des généraux pour une grande parade militaire. U Win Tin un membre important du parti de Suu Kyi a ainsi confié : "Bien sûr, nous devons faire un bout de chemin avec les militaires. Mais ce n’est pas pour cela qu’elle doit avoir des mots aussi bienveillants pour eux", rapporte Libération.

    Enfin, le dernier incident en date s'est déroulé dans le nord-ouest du pays, à la mine de Leptadaung. Aung San Suu Kyi a été vivement chahutée par les mineurs qu'elle était venue convaincre d'accepter la reprise de la mine. Encore une fois, la prise de position de la "Dame de Rangoun" n'est pas passée.

    Qu'est-il arrivé à Aung San Suu Kyi?, commencent à s'interroger les médias occidentaux. S'enivre-t-elle du pouvoir? Pourquoi reste-t-elle si silencieuse sur des sujets ayant trait aux droit de l'homme? L'icône est-elle tombée en "disgrâce"? Le mot revient souvent.

    La "mue" d'Aung San Suu Kyi

    Un mot qui force un peu le trait pour Olivier Guillard, directeur de recherches Asie à l'IRIS. "Parler de disgrâce est un peu exagéré, l'opinion lui est encore largement favorable". En revanche, "il y a bien une forme de désillusion". Olivier Guillard confirme que le récent parcours d'Aung San Suu Kyi a pu "surprendre et décevoir certains".

    Pour le chercheur, Aung San Suu Kyi a opéré une sorte de "mue". "Elle est perçue comme ayant fait sa mue d'opposante, ce qu'elle n'est plus tout à fait. Elle fait désormais partie du paysage politique. Suu Kyi a un peu changer de métier, elle a aujourd'hui le profil d'une politicienne".

    Si cette transformation semble lui être reprochée par une partie de l'opinion publique, elle s'explique notamment par le contexte politique de la Birmanie. "La confiance des Birmans est toujours là, ça n'a pas changé, mais la position d'Aung San Suu Kyi est compliquée", explique Célestine Foucher, coordinatrice d'Info Birmanie, une association qui milite pour le respect des droits de l'homme dans ce pays. Selon elle, "Suu Kyi doit gagner le support des militaires pour pouvoir les changer. Trop se mettre en avant, trop les irriter, ce serait mettre en péril sa marge de manœuvre".

    "Un pacte intelligent" avant les élections de 2015?

    L'hypothèse de la stratégie politique est également avancée par Olivier Guillard. "On assiste à une sorte de pacte intelligent", explique-t-il. "Aung San Suu Kyi se rapproche de certaines idées des militaires pour rester dans le paysage politique. De son côté, l'armée profite de l'image de la dame pour montrer qu'elle s'inscrit dans un élan démocratique."

    Un pacte d'autant plus logique que les prochaines élections générales de 2015 se rapprochent à grands pas. Le chercheur à l'IRIS rappelle que si Suu Kyi se montrait trop critique, le pouvoir en place ne la laisserait pas faire.

    Parmi les dossiers sensibles figurent notamment la question des violences ethniques. "Dans un pays où le nationalisme est très fort, si Aung San Suu Kyi critiquait trop les exactions ethniques, elle s'aliénerait non seulement les militaires mais aussi les électeurs." Si elle veut donc avoir une chance de remporter les élections de 2015, elle est obligée de "minorer le sujet".

    Une popularité toujours aussi forte

    Pour ce qui est de son "affection" pour l'armée, Olivier Guillard y voit là aussi le signe de la stratégie. "Ce sentiment ne s'explique pas que par le prisme historique et paternel [Aung San, le père de l'ex-opposante, était un général, héros de l'indépendance, ndlr]. C'est encore un calcul intelligent. Elle doit se dire : 'Si moi je ne fais pas un geste comme celui-ci, personne ne le fera' mais surtout 'si je le fais, l'armée devra me rendre la pareille'".

    Par ailleurs, pour que Aung San Suu Kyi décroche la présidence de la Birmanie, il faut d'abord que la Constitution soit changée. Celle-ci contient une disposition créée de toute pièce pour l'ex-opposante. Elle interdit aux personnes ayant un conjoint ou des enfants de nationalités étrangères (c'est le cas de Suu Kyi) de briguer la présidence. L'espoir que cette disposition soit amendée avant 2015 explique sans doute aussi le comportement de la dame.

    En attendant 2015 et de savoir si ces manœuvres auront été payantes, les critiques formulées jusqu'ici ne pèsent pas aussi lourd que la popularité d'Aung San Suu Kyi. Selon Céléstine Foucher, "Aung San Suu Kyi porte encore tous les espoirs de démocratie pour les Birmans".

    Notre dessinateur, Xavier Delucq, a publié ce dessin il y a près d'un an, pressentant les difficultés que rencontrerait Aung San Suu Kyi en cohabitant avec l'armée:

    Lire aussi:
    » Un automne de la junte militaire plutôt qu'un printemps birman


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    Birmanie : les risques d'un chaos social

    LE MONDE | <time datetime="2013-04-06T11:23:16+02:00" itemprop="datePublished">06.04.2013 à 11h23</time> • Mis à jour le <time datetime="2013-04-06T11:25:00+02:00" itemprop="dateModified">06.04.2013 à 11h25</time>
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    La mosquée de Gyobingauk (district de Bago, centre de la Birmanie) a été la proie de destructions de la part de groupes extrémistes bouddhistes, jeudi 28 mars 2013.

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    La Birmanie marche à grands pas vers la démocratie, mais la rapidité du processus présente aussi des risques de chaos social : sanglantes émeutes antimusulmanes l'année dernière dans le Sud-Ouest et fin mars dans le Centre ; intensification depuis le début de l'année de la guerre avec les combattants de l'ethnie kachin au nord ; feux encore mal éteints de décennies de conflits avec les guérillas d'autres minorités, à l'est : deux ans après la démission de la junte, tout montre que rien n'est joué au "Myanmar".

    Le contraire eût été étonnant : après un demi-siècle de régime militaire (1962-2011), la Birmanie avait peu de chances de devenir en un tour de main une Suisse de l'Asie. La Birmanie est une mosaïque impossible composée de 135 ethnies répertoriées. On y parle une centaine de langues différentes. Bouddhisme, islam, catholicisme, religions protestantes et confucianisme y cohabitent. Gouverner la Birmanie est un défi. L'unifier, un fantasme : l'"Union de Myanmar" – tel est le nom officiel du pays – n'est qu'une désunion.

    Rudyard Kipling eut cette belle phrase pour résumer le caractère fondamental de ce pays qui fut un empire indépendant, puis un joyau de la Couronne britannique : "Telle est la Birmanie, où rien n'est pareil à ce qui se passe ailleurs"...

    Le "Myanmar" serait-il donc condamné à l'imprévisibilité ? La Birmanie risque-t-elle encore longtemps de poursuivre le rêve impossible de la construction de cet Etat-nation éternellement en devenir ? Dès l'indépendance, en 1948, les minorités ethniques refusèrent de jouer le jeu de la construction nationale. En dépit des accords de cessez-le-feu conclus entre l'actuel gouvernement et la majorité des groupes armés, rien n'est réglé à ce jour.

    Le président Thein Sein, ancien général de la junte mais architecte en chef des réformes, sait parfois taper du poing sur la table : après les émeutes antimusulmanes de la semaine dernière, il a tancé, dans un discours courageux, les sbires de l'extrémisme bouddhiste...

    Mais ce n'est pas suffisant : les militaires sont rentrés dans leurs casernes mais demeurent la force de recours, la puissance réelle. Certains soupçonnent des éléments de la "Tatmadaw" – l'armée –, peu enclins à soutenir de trop rapides développements démocratiques, d'avoir incité les émeutiers. On dit aussi que les militaires n'obéissent pas toujours au président, qui a ordonné, sans succès, à ses soldats de cesser le feu au nord avec les guérilleros kachin...

    Quant à Aung San Suu Kyi, l'ancienne bête noire du régime, elle multiplie les compromis avec le pouvoir. Elle espère être élue présidente aux élections de 2015. On commence à lui reprocher de ne pas parler suffisamment haut et clair. Notamment pour condamner des émeutiers appartenant à la religion bouddhiste majoritaire. Craindrait-elle de voir s'effriter son immense popularité ? Plus que jamais, pourtant, la Birmanie a besoin que se fasse entendre la voix de son "icône".

    Le président, justement, est un réformateur. Cet ancien général de la junte, qui a coiffé la casquette du démocrate, forme un couple improbable avec Aung San Suu Kyi. Mais, grâce à eux, le pays sort de la nuit. Et l'Union européenne, qui doit décider ce mois-ci du sort des sanctions jadis prises contre le "Myanmar", devrait aider Thein Sein et Aung San Suu Kyi. Et accorder un traitement commercial préférentiel à ce pays.

    </article>

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  • Dernière modification : 01/04/2013 

    La presse birmane veut profiter d'une

    nouvelle fenêtre de liberté

    © AFP   lien

    Quatre quotidiens birmans privés, jouissant d’une liberté de ton inédite, ont vu le jour lundi 1er avril. Le gouvernement civil issu de la junte militaire s’apprête toutefois à museler ces journaux sur certains sujets.

    Par Nay NAAYEM (vidéo) lien
    FRANCE 24 (texte)
     

    De nouveaux quotidiens ont paru dans les kiosques birmans lundi 1er avril. Ces journaux sont privés, libres de leur parole et non-contrôlés par le gouvernement. Cela ne s’était pas vu en Birmanie depuis 1964.

    "On constate une énorme envie de lire, de se cultiver, on voit apparaître des bouquinistes et des écoles libres en Birmanie", témoigne Cyril Payen, le correspondant de FRANCE 24 à Bangkok. L’arrivée de journaux privés est donc la bienvenue dans le pays et la liberté de ton s'est fait sentir dès le premier jour de la publication : un quotidien n’a ainsi pas hésité à afficher l'opposante Aung San Suu Kyi en une du journal.

    "Il reste des défis majeurs en Birmanie"
     
    Par Cyril PAYEN, correspondant à Bangkok

    Déjà présents comme hebdomadaires ou sur Internet, quatre organes de presse ont pu saisir l’occasion de passer en quotidiens. Douze autres journaux auraient souhaité voir le jour, mais n’ont pas réussi à tenir les délais. C’est le cas de "D-Wave", le journal du parti d’Aung San Suu Kyi, qui espère paraître en juillet.

    Ce nouveau champ de liberté pour la presse, qui fait passer la Birmanie de la 179e à la 151e place dans le classement 2013 de Reporters sans frontières, est en effet semé d’embûches. Les journaux ont des problèmes de professionnalisation. Les journalistes sont peu formés, modelés par la censure, et les imprimeries restent sous-équipées.

    La libéralisation - du moins économique - de la presse, pourrait contribuer à dépoussiérer les journaux officiels. Le quotidien anglophone "New Light of Myanmar", modèle d'un journalisme d'un autre âge, a ainsi lancé un appel d'offre pour trouver un partenaire privé, local ou étranger, et devenir un "journal normal".

    "La confiance est entamée"

    Les relations avec l’Etat et les règles de libre expression demeurent cependant encore floues. Depuis l’auto-dissolution de la junte en mars 2011, le nouveau gouvernement a certes permis la libération de journalistes emprisonnés. Mais une nouvelle loi sur la presse est en préparation. En parallèle du texte préparé par le conseil de la presse - regroupement des éditeurs qui produisent notamment les nouveaux quotidiens -, le pouvoir a rédigé son propre projet de loi, qui restreint la liberté de critiquer la Constitution et interdit de couvrir les heurts ethniques, notamment les violences religieuses entre bouddhistes et musulmans qui ont secoué le pays ces dernières semaines.

    Le projet de loi prévoit en effet qu’une publication pourrait être déclarée “illégale” dans un certain nombre de cas, notamment sous des accusations aussi vagues que des “écrits dangereux pour la réconciliation nationale ou blessants pour les religions”, “la perturbation de la primauté du droit” et la “violation de la Constitution et des autres lois existantes”, détaille Reporters sans Frontières.

    Kyaw Min Swe, membre du conseil de la presse et rédacteur en chef du journal "Voice", explique à FRANCE 24 que "la compréhension et la confiance entre le conseil de la presse et le ministère de l'Information est entamée. La loi sera un gros problème pour les éditeurs de journaux".


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