• Aux Invalides, hommage aux morts des attentats

    Aux Invalides, hommage aux morts des attentats

    Le Monde.fr | <time datetime="2015-11-26T21:00:32+01:00" itemprop="datePublished">26.11.2015 à 21h00</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-11-27T11:13:19+01:00" itemprop="dateModified">27.11.2015 à 11h13</time> | Par

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    Les Invalides, le 27 novembre.

    C’est à 10 h 30 dans la cour d’honneur des Invalides, le plus haut niveau protocolaire d’hommage à la nation, qu’est rendu, vendredi 27 novembre, celui aux cent trente morts du 13 novembre. Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, avait initialement proposé une cérémonie à l’Ecole militaire ; le président François Hollande a tranché en faveur de l’hôtel des Invalides. Le chef des armées y a déjà présidé plusieurs cérémonies d’hommage aux militaires morts en opération, celles engagées avant son élection, mais aussi celles qu’il a décidées.

    « C’est extrêmement rare [d’y honorer des civils], explique la défense. Quand des honneurs sont rendus à un civil, c’est parce qu’il avait un passé de résistant ou un haut grade dans la Légion d’honneur. Mais le président a voulu cette cérémonie aux Invalides du fait du caractère très solennel de cette cour carrée et de ce qu’elle représente dans la mémoire collective. »

    Une « Marseillaise » pour commencer, une autre pour conclure

    La cérémonie devait durer près d’une heure. Sa scénographie définitive a fait l’objet d’ultimes ajustements. Une Marseillaise jouée par l’orchestre de la garde républicaine pour commencer, une autre pour conclure. Entre les deux, les honneurs militaires rendus au chef de l’Etat, la revue des troupes et plusieurs morceaux de musique. « Quand on a que l’amour » de Jacques Brel sera interprété par Camelia Jordana, Yael Naim et Nolwenn Leroy pendant que seront affichés les portraits des victimes décédées, du moins celle dont les familles ont accepté de fournir les photos. « Perlimpimpin » de Barbara, chanté par Nathalie Dessay, accompagnée par Alexandre Tharaud, précédera la lecture des prénom, nom et âge des assassinés, qui devait être égrénés un à un, à l’exception d’un seul, les proches s’y étant opposé. L’hypothèse d’une sonnerie aux morts a été écartée, considérée comme non pertinente s’agissant de victimes civiles.

    Si l’option d’une succession de portraits photographiques des victimes sur un grand écran a finalement été écartée, des portraits seront posés dans la cour d’honneur. Mais il a fallu trouver le moyen qui permettrait à l’assemblée de les voir sans que les caméras filment ceux pour lesquels les familles s’y opposent. Le discours du président de la République a rendu hommage aux victimes : « Ces hommes, ces femmes incarnaient le bonheur de vivre. C’est parce qu’ils étaient là qu’’ils ont été tués. (…) Ils étaient la jeunesse de France, la jeunesse d’un peuple libre qui chérit la culture. (...) L’attaque du 13 novembre restera dans la mémoire de la jeunesse d’aujourd’hui comme une inititaion terrible à la dureté du monde, mais aussi comme une invitation à l’affronter. (…) La France mettra tout en œuvre pour détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes odieux (…) mais la France restera elle-même, telle que les disparus l’avaient aimée. »

    En comptant les officiels, les membres de l’exécutif, les ambassadeurs (trente et un pays sont concernés par des morts ou des blessés), les parlementaires, près de 2000 personnes devraient sont présentes dans la cour des Invalides. Plus de la moitié sont des proches des victimes – la majorité a répondu présent –, des blessés, mais aussi des personnes qui se trouvaient en terrasse ou dans la salle de concert du Bataclan le soir des attentats, et qui ont été choquées.

    Lire aussi : Hommage national : tous les Français ne sortiront pas un drapeau

    « Votre main tendue, nous n’en voulons pas »

    Deux familles ont fait savoir publiquement qu’elles n’assisteraient pas à cette messe républicaine et qu’elles se désolidarisaient de cet hommage. « Monsieur le président, Messieurs les politiciens (…), votre main tendue, votre hommage, nous n’en voulons pas », a écrit sur son mur Facebook Emmanuelle Prévost, la sœur de François-Xavier Prévost, tué au Bataclan. La jeune femme tient le gouvernement « comme en partie responsable de ce qui [lui] arrive » .

    « En France, les attentats perpétrés du 7 au 9 janvier de cette année ont fait dix-sept victimes. Depuis, rien n’a été fait. Si des textes ont été votés, aucun décret d’application n’a encore été publié. Dix mois plus tard, les mêmes hommes sont en mesure de recommencer. » Elle ne comprend pas « qu’en France, il [soit] possible d’être en lien avec un réseau terroriste, de voyager en Syrie, et de revenir, librement ».

    Proche de la famille , le maire de Lambersart, Marc-Philippe Daubresse, ministre du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, s’associe à ce message : « On ne peut s’empêcher de se demander combien de vies auraient pu être sauvées si les pouvoirs publics avaient agi plus tôt. »

    Actes symboliques nécessaires

    La décision des proches d’Aurélie de Peretti est plus personnelle, du moins n’appelle-t-elle pas les autres familles au boycott de la cérémonie officielle. La sœur de la jeune femme se demande « comment un pays en état d’alerte depuis les événements du 7 janvier, avec un plan Vigipirate au maximum, n’a pu déceler la préparation du drame du 13 novembre ? » Delphyne de Peretti vit à Londres depuis des années. Combien de fois a-t-elle pesté contre « la politique big brother de cette capitale », la vidéosurveillance, « les mesures de sécurité excessives dans les musées, les salles de concert, les bars » ? Aujourd’hui, elle en « comprend la nécessité », dit-elle.

    Le procès en récupération politique était inévitable. Mais « c’était compliqué, voire impensable, d’organiser un hommage aux Invalides sans que le président parle, estime un conseiller ministériel. Est-ce que chacun se retrouve là-dedans ? Ce n’est pas certain. Avec un président qui a pris 10 points, à dix jours d’un scrutin, avec un discours très clivant tenu par la gauche, tout cela n’allait pas de soi ».

    « Des actes symboliques étaient nécessaires », complète un second conseiller, qui précise que « le président, à ce moment-là, n’est plus François Hollande, mais le représentant élu de toute la nation ». « Il est normal que certaines familles le refusent. », comprend-il malgré tout. La majorité des proches des victimes seront toutefois présents. Par besoin de se rassembler, de partager un destin commun. Si tragique soit-il.


     

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