• Avalanche au Népal : les guides de Chamonix en deuil

    Avalanche au Népal : les guides de Chamonix en deuil

    Dimanche à l'aube, une terrible avalanche a balayé un camp de base sur les pentes du mont Manaslu, au Népal. Au moins quatre Français ont été tués.

    D.L, T.d.L, M.S. | Publié le 23.09.2012, 12h39 | Mise à jour : 22h00   lien
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    GORKHA (NEPAL). Les rescapés de l'avalanche survenue sur le mont Manaslu et qui a tué au moins neuf personnes.

    GORKHA (NEPAL). Les rescapés de l'avalanche survenue sur le mont Manaslu et qui a tué au moins neuf personnes. | AFP/SIMRIK AIR

    Au moins quatre Français sont morts et trois autres portés disparus dans une avalanche survenue tôt dimanche matin (samedi soir à ) sur le mont népalais Manaslu, huitième montagne la plus élevée au monde (8.163 m). Ces victimes faisaient partie de différentes expéditions partie à l'assaut de ce sommet, l'un des plus dangereux du monde.
     

     

    «C'est le bilan le plus lourd enregistré depuis
    l'accident d'avalanche du Kang Guru en 2005 au Népal», souligne dans un communiqué le syndicat national des guides de montagne (SNGM).

    Des guides de Chamonix parmi les victimes

    Selon le SNGM, il y a «sept victimes françaises, dont quatre décédées identifiées d'après des photos et trois disparus». Le vice-
    du SNGM, Christian Trommsdorff, a précisé dimanche que les recherches avaient été interrompues par manque de visibilité et qu'il restait très peu d'espoir de retrouver vivants les trois disparus. Il a indiqué que trois de ces victimes étaient des guides de la région de Chamonix et quatre des clients.

    Ces sept Français faisaient partie de «deux expéditions françaises», a ajouté Christian Trommsdorff, précisant qu'il y avait par ailleurs «des victimes de nationalités allemande, espagnole et népalaise».

    9 morts selon la police locale, 13 selon un témoin italien

    «Neuf corps ont été récupérés sur la montagne, dont ceux d'un sherpa et d'un alpiniste allemand», a déclaré plus tôt Basanta Bahadur Kunwar, un responsable local de la police. Selon le sherpa Ang Tshering, vice-président de l'Association des alpinistes du Népal, la plupart des victimes sont françaises. «Parmi les morts figurent un ou deux Espagnols, un Italien, un Népalais et un Allemand», a-t-il ajouté.
     
    Des
    médias italiens s'appuyant sur le témoignage d'un survivant, Silvio Mondanelli, font état d'un bilan d'au moins treize morts qui pourrait s'alourdir. Selon eux, Alberto Magliano, un alpiniste italien chevronné de 66 ans, a été tué dans l'avalanche.

    Trois Français blessés évacués à Katmandou

    Selon
    le Dauphiné Libéré, les Français Rémy Lecluse et Gregory Costa, guides de Chamonix qui voulaient descendre la montagne à skis et sans oxygène, figurent parmi les disparus, tout comme Ludovic Challéac, également guide de Chamonix.

    Le ministère français des Affaires étrangères n'a pas confirmé le bilan, ni donné l'identité des victimes, mais un porte-parole a déclaré que «trois Français blessés» avaient été transportés à Katmandou pour être soignés. Des photos de l'agence de presse AP montrent deux alpinistes français, Armand Manel et Claude Belmas, en chaise roulante ou dans une ambulance. Les deux alpinistes faisaient effectivement partie, avec Ludovic Challéac, d'une expédition franco-canado-suisse partie à l'assaut du Manaslu,
    une expédition à laquelle un blog est consacré.

    Un énorme sérac a emporté le campement

    Selon le SNGM, l'avalanche s'est produite vers 5 heures (heure locale) «sur la voie normale du Mont Manaslu (...) vers 7.400 mètres et a emporté une partie du camp n°3 à 6.800 mètres». Une information confirmée par des témoins (lire ci-dessous). L'alpiniste italien Silvio Mondanelli explique qu'un serac s'est détaché du flanc de la montagne et a provoqué, en tombant, une avalanche qui s'est abattue sur le camp de base n°3. Tous les alpinistes dormaient dans les tentes avec les sherpas quand ils ont été frappés de plein fouet par l'énorme masse de neige et de glace.

    La police locale a expliqué que plusieurs membres de l'expédition avaient été blessés et demeuraient bloqués au camp de base, en raison de la mauvaise visibilité et des conditions météo qui empêchaient les hélicoptères de voler. Selon Christian Trommsdorff, les opérations de secours ont été «se poursuivront demain (lundi) si la météo le permet».
    Au moins deux appareils d'une compagnie privée avec une douzaine de secouristes ont été dépêchés sur place, d'après un journal népalais en ligne. 

    «Voie très fréquentée»

    Selon un communiqué du SNGM, «il y avait de nombreuses expéditions sur la voie normale, trois d'entre elles étaient françaises». «Cette voie est très fréquentée par des expéditions commerciales depuis 2008, à cause des difficultés d'accès au Cho Oyu par le versant Tibet», ajoute le SNGM, selon lequel «cet automne, environ 200 occidentaux et 130 sherpas participent à différentes expéditions sur la voie normale de ce "8.000"».

     

    «Il était 4h45 quand nous avons entendu un rugissement»

    L'Américain Glen Plake, pionnier du ski extrême, a vécu la terrible avalanche qui s'est produite dimanche matin. Ce professionnel de la montagne, basé à Chamonix, était parti avec les Français Rémy Lecluse et Gregory Costa à l'assaut du mont Manaslu. L'un de ses amis skieur et blogueur, Trey Cook, raconte
    sur son site internet le coup de téléphone qu'il a reçu de Glen Plake après l'avalanche.

    «Je vais bien, un peu tabassé, il me manque quelques dents et j'ai un œil au beurre noir, mais dis-leur que Glen Plake est vivant et qu'il rentre à la maison. C'est un accident majeur qui s'est produit. Il y a jusqu'à 14 personnes portées disparues. Il y avait 25 tentes au camp n°3 et toutes ont été détruites, 12 tentes au camp n°2 ont été abimées et déplacées. Greg et moi étions dans une tente, Rémy dans une autre. Il était 4h45 un et j'étais dans mon sac de couchage avec ma lampe frontale en train de lire la bible quand nous avons entendu un rugissement. Greg m'a regardé et m'a dit : «C'est une grande rafale de vent», puis une seconde plus tard, «Non, c'est une avalanche.» Ensuite, ça nous a percutés.

    J'ai été traîné sur 300 mètres sur un serac plus bas, j'étais encore dans mon sac de couchage, à l'intérieur de la tente (...). Je suis sorti de la tente et j'ai commencé à fouiller (...). J'ai trouvé tout ce qui était dans ma tente - appareil photo, sac de couchage, chaussures de ski, c'était comme si quelqu'un avait jeté mon matos à l'arrière d'un pick-up - mais il n'y avait aucun signe de Greg. Rémy et sa tente étaient aussi introuvables.

    L'équipage Dynafit, qui dormait plus haut au camp 2, est immédiatement venu à notre rescousse. Sergio, Stéphane, Doji notre Sherpa - tous les alpinistes confirmés - sont partis à la recherche des disparus (...).  Quand le brouillard est devenu trop épais, nous avons dû mettre fin aux recherches.

    C'était une chute massive de sérac, probablement 600 à 700 mètres de diamètre. Il s'agit d'une zone de guerre ici.»


    Glen Plake, Remy Lecluse et Gregory Costa (Crédit : http://daily.epictv.com





     

    LeParisien.fr


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