• Aveux de plagiat de Gilles Bernheim, Grand rabbin de France

    Après ses aveux de plagiat, Gilles Bernheim, Grand rabbin de France, est soupçonné de ne pas être agrégé de philosophie

    Le HuffPost avec AFP  |  Publication:   |  Mis à jour: 06/04/2013 11:40 CEST

     

    PLAGIAT - C'est décidément une mauvaise semaine pour le Grand rabbin de France. Après avoir avoué un plagiat mercredi 3 avril, Gilles Bernhein est maintenant soupçonné d'avoir menti sur son parcours. Le magazine L'Express révèle que Gilles Bernheim n'a pas son agrégation de philosophie. Un titre pourtant mentionné systématiquement dans plusieurs biographies du rabbin et qu'il n'a jamais réfuté. Le journal Le Monde a également eu confirmation de cette information.

    "Toutes ses biographies l'affirment, sa notice du Who's who également. Un ouvrage publié en 2009 par le Consistoire Central, et qu'il a préfacé, le présente comme 'agrégé de l'Université'", souligne l'hebdomadaire qui rappelle également que Nicolas Sarkozy s'était montré "admiratif" du rabbin "agrégé de philosophie" lors de sa remise de la Légion d'honneur.

    L'article précise également comment l'information a été vérifiée:

     

    "Le Grand Rabbin étant né en 1952, nous avons consulté, dans les archives de la Société des Agrégés de l'Université, tous les palmarès de l'agrégation de philosophie de 1968 à 1986. Pas la moindre trace de son nom. Selon nos informations, la mention de cette agrégation n'apparaîtrait pas non plus dans les fichiers administratifs du Ministère de l'Education nationale", écrit L'Express.


    Un second plagiat découvert?

    L'hebdomadaire revient également sur l'affaire du plagiat et assure que d'autre "copiés-collés" ont été repérés. Selon Jean-Noël Darde, spécialiste du plagiat, certaines pages du livre Le souci des autres: au fondement de la loi juive sont empruntées à L'éloquence des larmes, de Jean-Loup Charvet. Dans ses aveux, Gilles Bernheim a quant à lui assuré que le plagiat dans Quarante méditations juives était "la seule et unique fois" qu'il s'était "livré à un tel arrangement".

    "Les plagiats démasqués sur Internet sont avérés", a-t-il avoué dans un communiqué daté de Jérusalem, alors que le doute montait au sujet de l'originalité de l'ouvrage publié en 2011 chez Stock. Le responsable religieux a expliqué avoir confié une partie "des travaux de recherches et de rédaction" de son livre à un étudiant "par manque de temps". "C'est la seule et unique fois que je me suis livré à un tel arrangement. [...] Ce fut une terrible erreur. [...] J'ai été trompé. Pour autant, je suis responsable", poursuit-il.

    Gilles Bernheim ajoute "regretter" ses dénégations initiales: "Ma réaction devant la première évidence de plagiat a été émotionnelle, précipitée et maladroite. Je l'analyse rétrospectivement comme du déni."

    D'abord, le déni

    Les ennuis du Grand Rabbin ont commencé quand un professeur agrégé Pierre Girardey a repéré des similitudes troublantes entre son livre et des réponses du philosophe décédé Jean-François Lyotard à Elisabeth Weber, publiées en 1996 dans Devant la loi (Desclée de Brouwer).

    "Pierre Girardey a eu un œil averti et m'a soumis les deux textes. Comme mon blog s'intéresse à la philosophie contemporaine et à des thématiques qui relèvent de l'écriture, je les ai mis en ligne", a expliqué à l'AFP Jean-Clet Martin qui anime le site Strass de la philosophie.

    Quelques jours plus tard, Gilles Bernheim publie un démenti sur le site du Grand Rabbinat. Il assure s'être appuyé pour rédiger ses méditations sur des cours dispensés dans les années 80. Selon lui, les photocopies de ses cours et des enregistrements sonores ont pu être utilisés "à son insu". Il ajoute s'être appuyé sur un texte publié en langue hébraïque et non traduit en français.

    "Plagiat grossier"

    Lundi 1er avril, l'éditeur du livre du Grand Rabbin chez Stock, François Azouvi, soutenait encore cette version: "Je ne soupçonne pas Lyotard d'avoir copié les cours mais il a dû prendre connaissance de ces textes via ces enregistrements", disait-il. Mais ses arguments vacillent quand deux spécialistes de littérature hassidique soulignent l'existence d'une version française du texte référence.

    Sur son blog "Archéologie du copier-coller", l'universitaire Jean-Noël Darde porte le coup de grâce. En croisant des recherches sur Internet et en bibliothèque, il retrouve des extraits entiers des Quarante méditations juives dans des livres écrits bien avant les années 80 par Jean-Marie Domenach, Jean Grosjean, Élie Wiesel "et probablement d'autres".

    "D'habitude, les plagiaires s'inventent des excuses. Si le plagiat avait été moins grossier, Bernheim aurait pu s'en sortir. Là, il n'avait pas le choix", commente Jean-Noël Darde.

    "Le plus grave, c'est le mensonge"

    Pour cet enseignant de l'université Paris VIII, qui s'intéresse surtout aux plagiats académiques, "le plus grave, c'est le mensonge" du Grand Rabbin. Et pas seulement le communiqué de dénégation. "A la sortie du livre, Gilles Bernheim a expliqué avoir un 'fort désir d'écrire' qui le tient éveillé la nuit et a assuré que ses Méditations étaient de loin son œuvre la plus personnelle", rappelle-t-il.

    Deux ans plus tard, le Grand Rabbin a demandé à son éditeur de retirer l'ouvrage des librairies et de sa bibliographie. Il a également présenté ses excuses à Dolorès Lyotard, la veuve du philosophe, et à Elisabeth Weber, ainsi qu'aux autres auteurs plagiés et à ses lecteurs.

    Gilles Bernheim, 60 ans, a été élu au grand rabbinat de France en 2008, succédant à Joseph Sitruk. Il avait également publié en 2008 Le Rabbin et le cardinal (Stock) avec le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. En décembre, le pape Benoît XVI avait cité son dernier essai, un argumentaire contre le mariage homosexuel.

    Selon Le Monde, si la communauté juive est atterée par ces aveux de plagiat, aucune démission du Grand rabbin n'a été évoquée pour le moment.


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :