Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a lancé mardi la première étape de ses consultations en vue des réformes sociales du quinquennat, les syndicats insistant sur les menaces de plans sociaux, alors que le Medef alertait sur la "dégradation de la situation des entreprises".
"Cela a été une bonne journée de travail" qui "a marqué un changement d'état d'esprit dans le dialogue avec les partenaires sociaux", s'est réjoui Michel Sapin, le ministre du travail et du dialogue social, qui a participé aux entretiens.
M. Ayrault, entouré également par Marisol Touraine (Affaires sociales), Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Marylise Lebranchu (Fonction publique), a reçu durant une heure les cinq syndicats représentatifs (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC) et les trois organisations patronales (Medef, CGPME, UPA).
A leurs sorties, syndicats et patronat ont tous salué une volonté nouvelle de dialogue. La patronne du Medef, Laurence Parisot, a "apprécié" et résumé la "méthode de travail" en trois mots: "écoute, échange, concertation".
M. Sapin a rappelé le calendrier: réunion mardi prochain à Matignon pour "se mettre d'accord sur l'ordre du jour, les sujets abordés et les participants" d'une grande conférence prévue avant le 14 juillet à l'Elysée.
Le leader de la CGT, Bernard Thibault, a mis la pression sur le gouvernement de gauche en lui rappelant qu'"une majorité de salariés" avait "contribué" à l'élection de François Hollande. Maintenant, il y a une "impatience" de mesures "rapides" qui "modifient le quotidien".
M. Thibault a remis au Premier ministre une liste de 46 entreprises en redressement ou en liquidation, soit près de 45.000 emplois menacés. Il a réclamé une loi pour "permettre aux salariés de contrarier la décision des gestionnaires lorsqu'il n'y a pas de bien-fondé économique aux licenciements". M. Sapin a estimé qu'il fallait examiner "au cas par cas", et prévoir une loi pour les "licenciements boursiers".
Le numéro un de la CFDT, François Chérèque, a proposé la re-création d'une "mission interministérielle sur les plans sociaux", tandis que son homologue de FO, Jean-Claude Mailly, prônait le retour d'un "commissariat au plan".
Mme Parisot était elle aussi venue avec une liste sous son bras: celle des "indicateurs" montrant "dégradation de la situation de nos entreprises". Elle a alerté le Premier ministre sur "la fragilité du tissu économique" et lui a demandé d'être "très, très, attentif" dans ses futurs arbitrages "à ce qui pourrait être une augmentation du coût du travail".
La grande conférence sociale prévue en juillet doit comporter "un volet économique", a-t-elle réclamé. Elle a été entendue: le rendez-vous a été rebaptisé "la grande conférence", et être "social" autant qu'"inscrit dans la situation économique", a précisé M. Sapin.
Sur un coup de pouce au Smic, promis par le président lors de la campagne, le Medef a répété son opposition. Une hausse "a minima" serait la seule acceptable pour le numéro un de la CGPME, Jean-François Roubaud.
Le président François Hollande a promis dans la soirée sur France 2 un "coup de pouce" sans pour autant "déstabiliser les entreprises", alors que la CGT et FO plaident pour une hausse conséquente.
Autre sujet de divergence: le décret en préparation sur les retraites qui paraîtra dans les semaines à venir pour permettre un départ à 60 ans des salariés ayant commencé tôt. Mme Parisot a prévenu du risque de "faillite" de la complémentaire santé Agirc.
L'ex-Premier ministre François Fillon a affirmé que les syndicats allaient être "les premiers cocus de la gauche", notamment sur la question de la retraite, suscitant une polémique.