• Barack Obama face à l'urgence budgétaire

    Barack Obama face à l'urgence budgétaire


    Par Pierre-Yves Dugua Mis à jour <time class="updated" datetime="08-11-2012T00:25:00+02:00;">le 08/11/2012 à 00:25</time> | publié <time datetime="07-11-2012T19:19:00+02:00;" pubdate="">le 07/11/2012 à 19:19</time>  lien

     

    Barack Obama va devoir négocier avec les leaders républicains du Congrès: John Boehner (à gauche), chef de la majorité à la Chambre, et Mitch McConnell (à droite), responsable de la minorité au Sénat (ici, à Washington en 2011).
    Barack Obama va devoir négocier avec les leaders républicains du Congrès: John Boehner (à gauche), chef de la majorité à la Chambre, et Mitch McConnell (à droite), responsable de la minorité au Sénat (ici, à Washington en 2011). Crédits photo : Jonathan Ernst/AFP
     

    Le président américain doit impérativement trouver un compromis avec le Congrès avant le 1er janvier.

    Tout juste réélu, Barack Obama doit, d'ici à la fin de l'année, négocier un compromis avec les leaders républicains du Congrès. À défaut, en vertu d'une loi votée en 2011, 200 milliards de dollars de réductions automatiques de dépenses publiques et 400 milliards de dollars d'augmentations automatiques d'impôts vont intervenir.

    De l'avis général, ce scénario cata­strophe, délibérément conçu pour forcer les deux partis à négocier un compromis en vue de réduire durablement le déficit budgétaire des États-Unis, plongerait l'économie américaine en récession l'an prochain. Cette perspective déprime depuis un an l'investissement des entreprises, décourage l'embauche et hante Wall Street. Du reste, à l'ouverture des cotations mercredi sur les marchés américains, les indices boursiers plongeaient.

    Les agences de notation ont toutes placé la dette fédérale sous surveillance avec implication négative depuis des mois. Le risque de dégradation des États-Unis par Moody's et Fitch Investors Service grandit à mesure que le blo­cage politique à Washington s'éternise. Leur consœur Standard & Poor's est la seule pour l'instant à avoir retiré aux obligations de l'Oncle Sam leur notation AAA, réservée aux emprunteurs de meilleur standing.

    Le déficit budgétaire américain a dépassé 7 % du PIB en 2012

    La croissance américaine, de l'ordre de 2 %, la baisse du chômage et la bonne tenue de la consommation américaine peuvent certes rendre les Européens jaloux. Pourtant, le déficit budgétaire américain a encore dépassé 7 % du PIB en 2012, et le stock de dette publique, toutes catégories confondues, dépasse déjà 100 % du PIB.

    La situation est d'autant plus délicate que le Trésor estime que, au plus tard en février, l'État fédéral va atteindre son plafond légal d'endettement. Au minimum, il faut donc aussi que le Congrès vote un relèvement de ce plafond et s'entende avec la Maison-Blanche sur un calendrier pour produire une grande réforme de la fiscalité.

    L'existence de cette bombe à retardement est connue depuis des mois. Chaque candidat espérait que les élections donneraient à son parti un avantage dans la négociation. Or le rapport de ­forces entre républicains majoritaires à la Chambre, démocrates dotés d'une courte majorité au Sénat et Barack Obama confirmé à la présidence n'a pas changé.

    Mitt Romney battu, il est le premier à souhaiter maintenant que son parti «tende la main aux démocrates». Obama, lui aussi, se dit impatient de négocier. John Boehner, leader d'une majorité républicaine à la Chambre confirmée par les urnes mais affaiblie par des dissensions profondes, en appelle également à la discussion. Mais il refuse d'abandonner d'emblée son opposition de principe à toute hausse d'impôts, principale promesse des républicains à leurs électeurs.

    Un rôle possible pour Paul Ryan

    Les démocrates sont eux-mêmes déchirés par l'étendue des concessions à faire en matière de réductions de dépenses publiques. Leurs leaders comptent notamment sur le climat moins partisan qui règne au Sénat pour arbitrer une discussion qui s'annonce très délicate entre Obama et Boehner, toujours contraint de composer avec son aile droite jusqu'au-boutiste, qui se réclame du Tea Party. Dans ce contexte, Paul Ryan, colistier malheureux de Mitt Romney, peut jouer un rôle important: réélu dans sa circonscription du Wisconsin, il demeure l'autorité intellectuelle des républicains en matière fiscale. Toute négociation fructueuse avec Barack Obama passera par ce jeune président de la commission du budget à la Chambre.

    Barack Obama devrait prochainement nommer un nouveau secrétaire au Trésor. Le choix de cette personnalité centrale de l'Administration Obama lui fournira l'occasion d'adresser aux marchés un signal convaincant du fait que la paralysie à Washington peut être surmontée.


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