Parfois, il suffit d’une seule série pour entrer dans l’histoire. Bill Watterson est l’auteur d’une œuvre: Calvin et Hobbes. De 1985 à 1995, il publie plusieurs centaines de strips de l’histoire de ce petit garçon et de son tigre en peluche dans tous les journaux du monde. Puis, après 23 millions d’albums vendus, il décide de tout arrêter, de fuir la presse et le merchandising et de vivre reclus. Cela n’a pas empêché les votants du festival d'Angoulême (le jury était ouvert à 1 500 auteurs) de le choisir en majorité dimanche pour le Grand Prix. Il devance Alan Moore et Katsuhiro ÅŒtomo.

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Récompenser Watterson, c’est rendre hommage à l’enfant qui est en nous. A celui, qui, face à la morne normalité des adultes, préfère le rêve, la folie, le jeu. Il n’y a pas de débats : contrairement à ce que pensent les parents de Calvin, Hobbes, de toute évidence, est vivant. Il est le compagnon idéal, celui qui est dans notre tête et ne nous a jamais trahis.

Fin 2013 est sorti l’intégrale de Calvin & Hobbes, 1 456 pages de bonheur. Comme ce strip, de 1988, les deux rêveurs jouent aux cow-boys. Ils se tirent furieusement dessus. Le petit garçon n’a plus de balles. «Ha ! Ha ! Ça fait six coups! Tu n’as plus de balles! Je te tiens, coyote!», se réjouit Hobbes. «Zap», répond l’autre sans se décontenancer. «Zap?» «J’ai changé de jeu». N’oubliez jamais que si vous le souhaitez, vous pouvez être le roi du monde, de votre monde imaginaire, le plus beau de tous.

Quentin GIRARD envoyé spécial à Angoulême