• Birmanie : Aung San Suu Kyi de retour aux affaires

    Birmanie : Aung San Suu Kyi de retour aux affaires

    LEMONDE.FR avec AFP | 29.11.11 | 09h18

     

    L'opposante birmane Aung San Suu Kyi, le 14 août.

    L'opposante birmane Aung San Suu Kyi, le 14 août.AP/Khin Maung Win

    Le président américain, Barack Obama, envoie cette semaine en Birmanie sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton. En effectuant la première visite d'un chef de la diplomatie américaine en Birmanie en plus d'un demi-siècle, Hillary Clinton va chercher à profiter des récentes ouvertures de la junte au pouvoir pour renforcer l'influence des Etats-Unis face à la Chine.

    Mme Clinton, attendue mercredi dans le pays, l'un des plus fermés du monde, doit rencontrer le président Thein Sein ainsi que l'opposante Aung San Suu Kyi, libérée l'an dernier de son assignation à résidence. Avant cette visite d'Hillary Clinton, le chef de l'Etat américain s'est entretenu personnellement au téléphone avec la lauréate du prix Nobel de la paix.

    DESTIN POLITIQUE

    Barack Obama d'abord, Hillary Clinton ensuite, ce rapprochement engagé par les Etats-Unis révèle aussi le rôle de plus en plus important de l'opposante Aung San Suu Kyi dans le jeu politique birman. "Elle joue un rôle très, très important. Elle fait le lien entre l'Ouest et la Birmanie, pour le retour du pays dans la communauté internationale", résume Aung Naing Oo, analyste birman en exil en Thaïlande.

    Peu auraient parié sur un tel scénario le 13 novembre 2010, lorsque la frêle et altière silhouette, qui symbolise depuis plus de vingt ans la résistance à la junte, était apparue à la tombée de la nuit, au-dessus des grilles de sa résidence de Rangoun.

    Libérée après plus de sept ans de privation de liberté, celle qui fut parfois comparée à Nelson Mandela, au pouvoir après vingt-sept ans dans les geôles sud-africaines, semblait bien loin d'un vrai destin politique. Depuis, sa Ligue nationale pour la démocratie (LND), dissoute par les militaires, a décidé de se réenregistrer et de présenter des candidats aux prochaines élections partielles. Et l'opposante est décrite par son entourage comme décidée à conquérir un siège de député.

    ADOUBEMENT DU RÉGIME

    Dans les chancelleries occidentales, l'heure est à l'euphorie sur les chances de réussite du "printemps birman". Et les observateurs sont unanimes pour dire que les sanctions occidentales ne seront pas levées sans son accord. Depuis vingt ans, la fille du héros assassiné de l'indépendance, le général Aung San, incarne seule la résistance à l'oppression. Quitte à faire oublier les autres franges de l'opposition démocratique, pourtant bien vivantes, et la fondamentale impasse dans laquelle sont enfermées les minorités ethniques.

    En 1990, la LND avait humilié le régime militaire en remportant 392 des 485 sièges en compétition. Mais les généraux avaient refusé de s'incliner. Celle que les Birmans surnomment la "Dame" était alors déjà privée de liberté et l'est restée pendant quinze des vingt et une années suivantes. En septembre 2007, la figure gandhienne était sortie en pleurs de sa maison délabrée pour saluer des moines bouddhistes manifestant contre l'oppression. En novembre 2010, elle était réapparue rayonnante et libre, cette fois. Mais sans marge de manœuvre. Depuis, elle a rencontré la société civile, fait des voyages en province, accordé des dizaines d'interviews. Surtout, elle s'est entretenue dans la capitale Naypyidaw avec le président Thein Sein. Là encore, un adoubement, venu cette fois du régime lui-même.

    Aujourd'hui, elle fait la une des journaux birmans. Le généralissime Than Shwe, qui la maintenait enfermée, a pris sa retraite. Son pays, à nouveau, compte sur elle. "Elle a les clés de la situation", affirme Aung Naing Oo, l'analyste birman en exil en Thaïlande.


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