• Boris Nemtsov, l'un des plus fervents opposants à Vladimir Poutine

    Boris Nemtsov, l'un des plus fervents opposants

    à Vladimir Poutine

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2015-02-28T00:28:30+01:00" itemprop="datePublished">28.02.2015 à 00h28</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-02-28T12:47:06+01:00" itemprop="dateModified">28.02.2015 à 12h47</time>

     

    <figure class="illustration_haut " style="width: 534px"> Boris Nemtsov, lors d'une manifestation à Moscou, le 6 mai 2012. </figure>

     

    L'essentiel

    • Boris Nemtsov est mort, tué par balle, dans la nuit de vendredi à samedi au pied du Kremlin. Les enquêteurs parlent d'« assassinat planifié ».
    • Ancien ministre de Boris Eltsine, il avait incarné la génération des jeunes réformateurs des années 90 avant de devenir un opposant virulent de Vladimir Poutine.
    • Les autorités ont autorisé l'opposition à organiser dimanche une marche dans Moscou en mémoire de l'opposant.

     

    Il y a une quinzaine de jours, il confiait, dans une interview à l'hebdomadaire Sobesednik, sa peur d'être assassiné. Dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 février, alors qu'il marchait dans le centre de Moscou, Boris Nemtsov a été abattu, quatre balles ayant été tirées dans son dos. Il est tombé à quelques mètres du Kremlin : tout un symbole pour celui qui fut de tous les combats face au pouvoir en place.

    Ancien ministre de Boris Eltsine, l'homme de 55 ans avait incarné la génération des jeunes réformateurs des années 1990, avant de devenir un virulent critique du président Vladimir Poutine, qu'il comptait défier à nouveau dimanche en manifestant.

    Plusieurs fois interpellé par les forces de l'ordre lors de rassemblements de protestation au pouvoir en place, il avait aussi subi des perquisitions et été mis sur écoute, sans jamais cesser de dénoncer la corruption de ce qu'il appelait le « système oligarchique » en vigueur au pays des tsars.

    TRÈS PROCHE DE BORIS ELTSINE

    Le teint toujours bronzé, les cheveux en brosse, l'air séducteur malgré de grands yeux noirs pochés de cernes, Boris Nemtsov, physicien de formation, avait commencé sa carrière peu avant l'effondrement de l'URSS. Il avait été élu en 1990 au Soviet suprême, le Parlement soviétique.

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      Boris Nemtsov, l'une des figures de l'opposition en Russie, a été assassiné ce soir à Moscou. L'information annoncée dans un premier temps par des agences russes, a été confirmée. Boris Nemtsov a été atteint de quatre balles dans la poitrine, alors qu'il se trouvait dans le centre de la capitale russe, non loin du Kremlin. Une enquête est en cours. Âgé de 55 ans, Boris Nemtsov était connu pour son combat mené contre la politique du président Poutine. Il était, avec Garry Kasparov, l'un des leaders du mouvement Solidarnost. Au cours de sa carrière, il fut notamment ministre de l'Énergie sous Boris Eltsine. En 2009, il s'était présenté à la mairie de Sotchi.

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    Après avoir été gouverneur de la région de Nijni-Novgorod, à 400 km à l'est de Moscou, il avait entamé une ascension fulgurante sous la présidence de Boris Eltsine. De mars 1997 à août 1998, il avait obtenu le poste de vice-premier ministre chargé du secteur énergétique et des monopoles, secteur très convoité, ce qui lui valait d'être régulièrement dénoncé par le Kremlin comme un homme politique lié aux oligarques qui ont profité de la vague de privatisations des années 1990.

    Le premier président de la Russie démocratique, dont il était très proche, avait envisagé un temps d'en faire son dauphin, avant de lui préférer le chef du FSB (ex-KGB), Vladimir Poutine. Limogé en août 1998, Boris Nemtsov a basculé dans l'opposition lorsque son rival a pris les rênes du pays.

    Aux législatives de 1999, l'opposant est élu à la Douma – chambre basse du Parlement – et rejoint le parti libéral SPS (l'Union des forces de droite), dont il dirige une fraction qui se distingue par ses critiques virulentes envers le gouvernement en place. Son opposition au pouvoir se fait de plus en plus tranchante après les élections législatives de 2007, qu'il dénonce comme « les plus malhonnêtes de l'histoire de la Russie ».

    ASPERGÉ D'AMMONIAC

    Un an plus tard, en 2008, après avoir échoué à se présenter à l'élection présidentielle comme candidat unique d'une opposition affaiblie par sa disparité, il décide de créer le mouvement Solidarnost, sous l'égide de l'ex-champion d'échecs Garry Kasparov.

    Mais c'est surtout aux côtés d'Alexeï Navalny qu'il s'affichera comme figure de proue des manifestations qui ont secoué Moscou pendant l'hiver 2011-2012. Après la réélection de Vladimir Poutine au Kremlin en mai 2012, il a continué à dénoncer les dépenses jugées excessives du président et la corruption, notamment lors de la tenue des Jeux olympiques d'Hiver à Sotchi, sa ville natale, en 2014. Cinq ans plus tôt, alors candidat à la mairie de cette localité des bords de la mer Noire, il avait d'ailleurs été aspergé d'ammoniac par des inconnus dans la rue.

    Plus récemment, Boris Nemtsov avait pris parti dans le conflit qui ravage depuis plus de dix mois l'Est de l'Ukraine. Organisateur de plusieurs marches pacifiques en soutien à Kiev, il avait récemment réaffirmé sur son compte Facebook, qu'à ses yeux, l'annexion de la Crimée était illégale. Selon Ksenia Sobtchak, autre figure de l'opposition, Boris Nemtsov travaillait à un rapport sur la présence de forces russes en Ukraine, que le Kremlin nie avec acharnement.

    L'influence de ce vétéran de l'opposition, très présent sur les réseaux sociaux, semblait cependant diminuer au profit de la nouvelle génération incarnée par Alexeï Navalny, de 17 ans son benjamin.

    C'est d'ailleurs avec lui qu'il avait appelé à la tenue dimanche 1er mars d'un vaste rassemblement pour dénoncer la mauvaise gestion par le Kremlin de la grave crise économique que traverse la Russie en raison des sanctions occidentales et de la chute des prix du pétrole. Après la mise sous écrou de son cadet, mi-février, il en avait repris le flambeau.

    Les autorités de la ville de Moscou ont autorisé l'opposition à organiser, dimanche, une marche, qui pourra rassembler jusqu'à 50 000 participants, à travers le centre de la capitale russe en mémoire de l'opposant.

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