• Budget de l'UE: Cameron débordé par les eurosceptiques et l'opposition

    Budget de l'UE: Cameron débordé par les eurosceptiques et l'opposition

    Créé le 31/10/2012 à 21h32 -- Mis à jour le 31/10/2012 à 23h32    lien
    Le Premier ministre britannique David Cameron à Londres, le 25 octobre 2012
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    Le Premier ministre britannique David Cameron à Londres, le 25 octobre 2012 Andrew Cowie afp.com

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    Les eurosceptiques et l'opposition travailliste ont infligé mercredi un cinglant camouflet au Premier ministre britannique David Cameron, pressé de radicaliser son attitude en vue d'obtenir une réduction du budget pluriannuel de l'UE, au lieu du simple gel qu'il exige aujourd'hui.

    Le désaveu est intervenu à l'occasion du vote d'un amendement parlementaire "non-contraignant" en faveur de coupes dans le budget communautaire pour 2014-2020. Présenté par des conservateurs eurosceptiques, il a recueilli le soutien des députés de l'opposition. De sorte que le texte a recueilli 307 voix contre 294.

    "Le parlement a parlé au nom du peuple", s'est réjoui Peter Bone, l'un des parlementaires conservateurs rebelles.

    "Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre" la moindre augmentation au budget européen, a tempêté Mark Reckless, qui avait pris la tête du mouvement de révolte.

    David Cameron se trouve ainsi débordé sur sa droite et sur sa gauche. Il espérait pourtant avoir donné des gages suffisants face à la montée de l'euroscepticisme au Royaume-Uni, en proclamant sa détermination à opposer son veto à tout budget communautaire 2014-2020 "inflationniste".

    Cependant, son chef de la diplomatie William Hague avait assuré la semaine dernière à Berlin que le "désenchantement de l'opinion publique à l'égard de l'Europe n'a jamais été aussi grand au Royaume-Uni", nourri par la crise de l'euro et les craintes pour la City.

    Avant lui, le ministre de l'Education Michael Gove a pu récemment évoquer le scénario tabou d'un "Brixit" (contraction de "British exit") en affirmant "Nous sommes prêts à sortir", sans être rappelé à l'ordre.

    Le chef du gouvernement britannique, marginalisé à Bruxelles pour son intransigeance, a vainement tenté mercredi de raisonner son camp, et accusé l'opposition "de jouer un jeu politique contraire aux intérêts du pays", en assurant: "Ce gouvernement est, de tous les gouvernements, celui qui a adopté la ligne la plus dure dans les négociations budgétaires depuis que nous avons rejoint l'Union européenne", en 1973.

    Le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband a justifié son ralliement contre-nature aux conservateurs eurosceptiques en jugeant incohérente l'attitude de M. Cameron consistant à "jeter l'éponge en abandonnant la perspective de coupes dans le budget européen, avant même l'ouverture de négociations", au moment où il multiplie les coupes au niveau national dans les secteurs de l'éducation, de la police ou de la défense, au nom de l'austérité.

    Le Premier ministre se trouve désormais un peu plus embourbé dans "le psychodrame européen" qui a été fatal à deux de ses prédécesseurs conservateurs, Margaret Thatcher et John Major.

    Il y a tout juste un an, la rébellion de 81 députés conservateurs lors d'un vote consultatif exigeant l'organisation d'un référendum sur une sortie britannique de l'UE l'avait conduit à durcir ses positions sur l'Union européenne. Jusqu'à mettre son veto sur une réforme du traité européen visant à renforcer la discipline fiscale dans l'Union.

    Pareil raidissement avait accru les tiraillements avec ses partenaires libéraux-démocrates, traditionnellement europhiles, au sein du gouvernement de coalition.

    Le casse-tête politique est aussi compliqué par la montée en puissance de l'UK Independent Party (UKIP), partisan d'une sortie de l'UE à l'approche des élections européennes de 2014. Les conservateurs, aujourd'hui distancés de 11 points dans les sondages par les travaillistes, sont menacés de passer en 3e position à l'occasion de ce scrutin. Une catastrophe à un an des élections générales de 2015.

    Une autre surenchère menace le chef du gouvernement.

    Partisan du maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE, essentiellement au nom des bienfaits du marché commun, M. Cameron a promis à ses concitoyens un référendum sur les liens de Londres avec l'Union "le moment venu". Son entourage voudrait l'inscrire dans la plate-forme conservatrice aux élections de 2015. Les eurosceptiques galvanisés par le vote de mercredi ne manqueront pas d'accroître la pression pour un vote immédiat. Sur une sortie de l'UE.

    © 2012 AFP

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