• Ces promesses économiques qui fondent comme neige au soleil

    Ces promesses économiques qui fondent comme neige au soleil

    Dette, déficit, impôts, chômage : en quelques semaines, François Hollande a vu nombre de ses promesses compromises par la conjoncture économique. Après avoir longuement lutté, le gouvernement est contraint d’abandonner ses objectifs un par un.

     François Hollande annonce "de nouveaux efforts" pour 2014 lors de sa conférence de presse du 23 février au Salon de l'agriculture (AFP/THIBAULT CAMUS) 

    François Hollande annonce "de nouveaux efforts" pour 2014 lors de sa conférence de presse du 23 février au Salon de l'agriculture (AFP/THIBAULT CAMUS)

    • 3 % de déficit en 2013 : enterré

    Cet engagement du gouvernement Fillon a été repris à son compte par François Hollande le 17 juillet 2011, quand le projet présidentiel du PS le repoussait à 2014. Réaffirmé par le gouvernement à plusieurs reprises après l’élection de François Hollande, cet objectif a été inscrit dans la loi de finances 2013 votée à l’automne dernier. Il était alors conditionné à une prévision de croissance de 0,8 %, bien supérieure aux 0,4 % annoncés par la Commission européenne.

    Alerté en fin d’année par l’Insee et le FMI, le gouvernement a maintenu ses objectifs envers et contre tous. Cette détermination tiendra jusqu’à la publication du rapport annuel de la Cour des comptes, le 12 février dernier. François Hollande est contraint de reconnaître qu'"il ne sert à rien d'afficher des objectifs s'ils ne peuvent être atteints".

    Le 22 février, alors que la Commission européenne annonce 3,7 % de déficit pour la France en 2013, Pierre Moscovici enterre officiellement la promesse de François Hollande en repoussant les 3 % à la fin 2014. Comme le prévoyait originellement le projet présidentiel du PS.

    Lire "Comment Hollande a enterré l'objectif des 3 %"

    • Déficit zéro en 2017 : en doute

    C’est l’objectif auquel se raccroche désormais le gouvernement : “Aboutir à l’équilibre de nos finances publiques à la fin du quinquennat.” Une autre vieille promesse de campagne de François Hollande, qui a pourtant déjà du plomb dans l’aile.

    La loi de programmation pluriannuelle des finances publiques (LPFP) votée à l’automne était censée fixer les orientations budgétaires du quinquennat pour atteindre cet objectif.

    Seul hic : elle prévoit pour 2017 un déficit de 0,3 % du PIB, et non pas 0 %. L’astuce ? Le gouvernement a mis en avant le retour à l’équilibre du déficit structurel, un indicateur qui a pour avantage d’écarter toutes les fluctuations conjoncturelles, comme une croissance molle ou un plan de relance.

    Extrait de la loi de programmation pluriannuelle des finances publiques 2012-2017 (LPFP)

    Extrait de la loi de programmation pluriannuelle des finances publiques 2012-2017 (LPFP)

    Lire "Pourquoi la France préfère-t-elle parler de 'déficit structurel'" ?

    • Pas de nouvelles hausses d’impôts après 2013 : compromis

    Le ministre du budget, Jérôme Cahuzac, avait promis le 30 septembre dernier qu’il n’y aurait pas “d’effort fiscal supplémentaire” après 2013, “car le président de la République s’est engagé à la stabilité”. La révision des prévisions de croissance et de déficit pour 2013 pourrait lui donner tort.

    Pour tenir l’objectif du déficit zéro en 2017, François Hollande a en effet annoncé le 23 février de nouveaux efforts. Il a exclu toute hausse des prélèvements en 2013, mais pas pour les années suivantes. Selon lui, l’effort se matérialisera surtout par des économies “dans tous les budgets”.

    Six milliards d’euros de recettes supplémentaires devront être trouvés dès 2014, selon Jérôme Cahuzac.

    Lire : "Qu'y a-t-il derrière les "six milliards" évoqués par Cahuzac ?" (lien abonnés)

    • Inverser la courbe du chômage d’ici à la fin 2013 : compliqué

    “Inverser la courbe du chômage d’ici à un an”, François Hollande l’avait déjà promis le 9 septembre 2012, sur le plateau de TF1. En décembre, le président répète mot pour mot sa promesse sur Europe 1 : il gagne au passage trois mois en renvoyant l’échéance à la fin 2013.

    Le 23 février dernier, une déclaration présidentielle au salon de l’agriculture instille le doute sur la réussite : "L'année 2013 sera marquée par une progression du chômage. [...] Si nous arrivons à accélérer la reprise, à anticiper la reprise, cet objectif peut être atteint." En creux, il laisse entendre qu’il pourrait bien ne pas l’être.

    Lire : "Chômage : la promesse intenable de François Hollande" (lien abonnés)

    • Pas un euro de plus de dette à la fin du quinquennat : impossible

    Cet engagement n’a pas été pris pendant la campagne présidentielle, mais le 29 septembre dernier, au Salon de l’automobile. A la lettre, il était quasiment intenable dès son énoncé. 

    “A euros constants, il est impossible de maintenir le niveau de la dette sans équilibre ou excédent budgétaire”, explique Mathieu Plane, économiste à l’OFCE. Avec cinq budgets consécutifs en déficit sur le quinquennat, le gouvernement ne peut espérer stabiliser la dette française en valeur qu’à des conditions hautement improbables : en empruntant à des taux fortement négatifs ou en renégociant très avantageusement sa dette.

    Mais...

    Dans l’esprit, faire baisser la dette signifie généralement réduire son poids par rapport au PIB. Or, maintenir le niveau relatif de la dette est un objectif conciliable avec des budgets déficitaires. La croissance et/ou l’inflation peuvent en effet “noyer” la dette, qui reste à valeur constante.

    Pour que cela fonctionne, le déficit doit toutefois se situer sous la fameuse barre des 3 % : “Une fois cette barre franchie, la dette peut commencer à baisser très vite”, explique Mathieu Plane. C’est ainsi que le gouvernement prévoyait dans sa loi de programmation pluriannuelle des finances publiques de réduire le poids de la dette à partir de 2014, en le portant de 89,9 % à 82,9 % du PIB en cinq ans. Le report du retour aux 3 % à 2014 risque de compromettre ces bonnes prévisions.

    Extrait de la loi de programmation pluriannuelle des finances publiques 2012-2017 (LPFP)

    Extrait de la loi de programmation pluriannuelle des finances publiques 2012-2017 (LPFP)

    Maxime Vaudano


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