• Comment sont indemnisés les chômeurs en Allemagne?

    Comment sont indemnisés les chômeurs en Allemagne?

    Créé le 10-02-2012 à 18h45 - Mis à jour à 19h17      Réagir

    DECRYPTAGE Sans mentionner le système allemand, Nicolas Sarkozy s'en inspire. Outre-Rhin, on n'hésite pas à pousser à tout prix les personnes licenciées à retrouver du travail, y compris en les forçant, par exemple, à accepter un emploi à temps partiel.

     
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    L'équivalent de Pôle Emploi en Allemagne s'appelle l'Agentur für Arbeit. Le système allemand est plus draconien que le français. Les chômeurs sont très vite contraints d'accepter un emploi y compris à temps partiel ou loin de leur domicile, dès lors que l'offre concerne le Land où ils habitent. (SIPA)

    L'équivalent de Pôle Emploi en Allemagne s'appelle l'Agentur für Arbeit. Le système allemand est plus draconien que le français. Les chômeurs sont très vite contraints d'accepter un emploi y compris à temps partiel ou loin de leur domicile, dès lors que l'offre concerne le Land où ils habitent. (SIPA)
     

    Nicolas Sarkozy veut réformer l’indemnisation des chômeurs ? L’Allemagne l’a fait. Avec cette philosophie, résumée en 2005 dans le contrat de gouvernement de la grande coalition entre socialistes-réformistes et chrétiens-démocrates : "Même un travail mal payé et inconfortable est préférable à une non-activité financée par les transferts sociaux". Résultat, un "durcissement sans précédent du régime de l’assurance chômage", constatent l’ancien ambassadeur de France à Berlin, Bernard de Montferrand et l’avocat spécialiste de l’Allemagne Jean-Louis Thiériot dans leur livre "France Allemagne, l’heure de vérité" (Tallandier, 2011). Avec, à la clé, une indemnisation chômage moins généreuse et deux fois moins longue qu’en France.

    Un système moins généreux qu'en France

    Concrètement, elle est désormais divisée en deux grandes catégories, que détaillent les auteurs de l’ouvrage.

    -D’abord l’Arbeitlosengeld I (ALG I), limitée aux 12 premiers mois de prise en charge (18 mois pour les plus de 55 ans) et proportionnelle au salaire antérieur. Soit 60% du salaire net sans enfant et 67% avec enfant. Avec un plafond de 5.500 euros à l’Ouest et de 4.650 euros à l’Est… Moins, donc, que les 57,4% à 75% du salaire brut versés en France pour une durée de 24 mois avec un plafond de 11.540 euros.

    -Ensuite l’Arbeitlosengeld II (ALG II), une aide sociale indépendante des revenus antérieurs. Le demandeur d’emploi perçoit une indemnité forfaitaire de 360 euros. Une somme modulable en fonction de la situation familiale. Dans le cas d’un couple, le montant est réduit de 10% pour le conjoint dans la même situation. Les enfants à charge donnent droit à une rallonge de 60% lorsqu’ils ont moins de 14 ans et de 80% au-delà. Diverses aides s’y ajoutent souvent (logement, chauffage, aide d’urgence…), de sorte qu’au total, l’ALG II assortie de ces dernières équivaut environ au RSA français (460 euros par mois), comme le montre une étude réalisée fin 2010 par l’ambassade de France à Berlin ("France-Allemagne, une nécessaire convergence, contrainte ou opportunité").

    Allocation réduite en cas de refus d'emploi

    "Ce ne sont pas dans les chiffres qu’il faut chercher la singularité de ALG II, mais dans la philosophie qui l’accompagne", soulignent toutefois Bernard de Montferrand et Jean-Louis Thiériot. L’indemnité est en effet conditionnée à un examen d’ensemble de la situation patrimoniale, y compris celle du conjoint. A tel point qu’il a souvent été qualifié de "flicage". En dehors d’un privilège sur les 4.500 premiers euros de patrimoine financier, si les ressources dépassent le seuil de 720 euros et/ou s’il existe un patrimoine foncier, l’allocation est refusée. Et elle est réduite en cas de refus d’emploi, même pour un salaire inférieur à la convention tarifaire de branche à laquelle le chômeur était initialement rattaché.

    Les chômeurs contraints à accepter un travail y compris à temps partiel

    En cas d’offre "acceptable", la réglementation permet aussi d’imposer une mobilité dans l’ensemble du Land, sauf circonstances particulières appréciées au cas par cas. "L’important est de pousser à tout prix les personnes licenciées à retrouver du travail", résument les auteurs. Y compris un contrat à temps partiel ou un "minijob" de moins de 15 heures par semaine. Au final, la règle qui prévaut outre-Rhin est celle du recours à l’autoassistance : Hilfe zur Selbsthilfe, une "aide pour s’aider soi-même"…

    Reste à savoir dans quelle mesure ces réformes ont contribué à la baisse du chômage en Allemagne (environ 7% de la population active aujourd’hui, contre plus de 10,5% en 2005). Pour Bernard de Montferrand et Jean-Louis Thiériot, c’est le cas.


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