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    Copé et Wauquiez contre le mariage gay et Taubira : peut-on faire mieux dans l'odieux ?

    Modifié le 31-01-2013 à 15h51

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    Chroniqueur politique

    LE PLUS. C'est un véritable spectacle que nous offrent les députés, à l'occasion du débat sur le mariage pour tous. L'UMP ne compte rien lâcher, Jean-François Copé et Laurent Wauquiez ayant trouvé une cible de choix en la personne de Christiane Taubira, la ministre de la Justice. Quitte à user d'arguments peu honnêtes, selon notre chroniqueur Bruno Roger-Petit.

    Édité par Aude Baron  Auteur parrainé par Benoît Raphaël

    Jean-François Copé, entouré de Michele Tabarot et Christian Jacob lors des débats sur le mariage homosexuel (Chesnot/Sipa)

     Jean-François Copé, entouré de Michele Tabarot et Christian Jacob lors du débat sur le mariage homosexuel (Chesnot/Sipa)

     

    La dignité de Christiane Taubira relève désormais du sacerdoce.

     

    Depuis Robert Badinter, jamais un ministre de la Justice n'avait été aussi attaqué. Elle endure désormais une campagne de dénigrement semblable à celles qui frappaient, au début des années 80, le ministre qui avait débarrassé la France de la peine de mort (ce qui devait, selon les ancêtres de l'UMP d'aujourd'hui, mettre fin à la civilisation, provoquer la décadence française et attirer les criminels du monde entier). Et comme Robert Badinter, Christiane Taubira doit affronter une sorte d'usine à mensonges et manipulations, peu encline à l'honnêteté intellectuelle, dont les plus remarquables hérauts sont Jean-François Copé et Laurent Wauquiez, qui se sont encore illustrés ce mardi à l'Assemblée nationale.

     

    Copé accuse Taubira honteusement

     

    Jean-François Copé avait décidé de dénoncer la circulaire émise par la ministre et permettant de sortir d'une zone de non-droit une quarantaine d'enfants nés par GPA à l'étranger, mais possédant un père français. Le président de l'UMP avait décidé d'en faire l'incarnation des dérives qui seront, selon lui, engendrées par le mariage gay : la généralisation d'enfants conçus par mères porteuses.

     

    Durant la séance des questions au gouvernement, Jean-François Copé a donc accusé Christiane Taubira et le gouvernement d'avancer masqués et d'avoir émis "cette circulaire en catimini". Le problème, c'est que cette circulaire n'a jamais été prise "en catimini", mais a été annoncée et présentée par la ministre de la Justice en commission des lois le 16 janvier dernier, sans que les 38 députés UMP présents (voir la liste) ce jour-là ne s'en offusquent, d'autant que la ministre avait réaffirmée l'opposition du gouvernement à l'instauration en France de toute GPA rémunérée : la preuve en images grâce au Huffpo.

     

    GPA : la circulaire "secrète" de Taubira..... par LeHuffPost

    Laurent Wauquiez, pour sa part, avait été désigné pour être l'orateur défendant la demande d'un référendum sur le projet de loi de mariage pour tous. Consacrant 20 des 30 minutes de son intervention à la circulaire Taubira relative à la GPA (que d'énergie pour empêcher 40 enfants innocents d'être français...), il tenta, entre deux saillies anti-gays sous couvert de naturalisme, de prouver que la Constitution, contrairement à ce que prétend le gouvernement, autorise le gouvernement à recourir au référendum sur les questions sociétales.

    Petites falsifications entre amis

    Le problème, c'est que le même Laurent Wauquiez a co-signé un petit précis de droit constitutionnel en 2002 (les 101 mots de la démocratie française) dans lequel il précisait, page 144, que le référendum sur les questions de société était impossible. Jean-Jacques Urvoas, le président de la Commission des lois, en citant ce texte oublié, s'est offert un joli succès oratoire à l'encontre de Laurent Wauquiez.

    Qui a suivi, tout au long de la journée de ce mardi passé, les débats sur la réforme du mariage, a pu constater que la majorité de l'UMP hostile au mariage, multipliait ainsi les petites falsifications, les petits arrangements avec la vérité, les petites réécritures de l'histoire.

    Sans aucune empathie, Wauquiez la cloue au sol

    Le moment le plus pénible de la soirée survint lorsque Catherine Lemorton, présidente de la Commission des affaires sociales de l'Assemblée, fit état de ce que les propos des orateurs de l'UMP (notamment Henri Guaino, mais aussi François Fillon et Jean-François Copé) destinés à ériger la filiation biologique au-dessus de toutes les autres, au nom d'un naturalisme imprégné de judéo-christianisme ultra, blessaient les parents et les enfants (50.000) nés par dons de gamètes. Catherine Lemorton le sait d'autant mieux qu'elle est elle-même la mère de deux enfants conçus de cette façon. Et de souligner que l'insistance à sacraliser la seule filiation biologique revenait à signifier aux familles ayant eu recours à des dons de sperme ou d'ovocytes, de même qu'aux familles ayant eu recours à l'adoption qu'elles étaient des sous-familles, avec des sous-parents et des sous-enfants.

    Le discours, bien que vif, ce qui peut se comprendre, était digne. Et le propos plus qu'admissible.

    Et que croyez-vous qu'il arriva ?

    Au lieu de montrer un peu d'empathie, un peu de compassion, Laurent Wauquiez s'empara du micro pour stigmatiser encore et encore Catherine Lemorton (qui bouillonnait sur son banc) jugeant son "comportement indigne d'une présidente de commission" et la clouant d'un sommaire et définitif : "Quel que soit votre itinéraire personnel, je vous invite à reprendre vos esprits!" Puis il en termina, visiblement satisfait de ce que l'on ne peut nommer autrement que l'expression de sa goujaterie.

    Peut-on faire mieux dans l'odieux ?

    Jean-François Copé et Laurent Wauquiez ne lassent pas de questionner sur la nature de l'homme de droite de 2013. Sont-ils sincèrement convaincus de ce qu'ils disent ou le disent-ils par opportunisme, sans se soucier du jugement de l'histoire ?

    Pourquoi ce plaisir que l'on pressent pervers, à blesser, abaisser, humilier ces Français invisibles et silencieux, donc sans défense, et ce par tous les moyens ?

    Pourquoi ces mensonges éhontés, aussitôt dénoncés après avoir été prononcés parce qu'énormes ?

    Et surtout, comment devient-on Jean-François Copé et Laurent Wauquiez ?

     

     

    * La liste des 38 députés UMP présents le 16 janvier en Commission des lois : Hervé Mariton, Patrick Devedjian, Éric Ciotti, Nathalie Kosciusko-Morizet, Dominique Bussereau, Bernard Gérard, Georges Fenech, Sébastien Huyghe,Guy Geoffroy, Jean-Pierre Decool, Patrick Ollier, Philippe Goujon, Jean-Frédéric Poisson, Xavier Breton, Philippe Gosselin, Marie-Jo Zimmermann, François Vannson, Françoise Guégot, Philippe Houillon, Pierre Morel-A-L'Huissier, Didier Quentin, Jean-Luc Warsmann, Guillaume Chevrollier, Guillaume Larrivé, Marianne Dubois, Daniel Fasquelle, Anne Grommerch, Jacques Lamblin, Philippe Le Ray, Céleste Lett, Gilles Lurton, Laurent Marcangeli, François de Mazières, Edouard Philippe, Michel Piron, Lionel Tardy, Michel Terrot et Philippe Vitel


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