• Crise de l'euro : négociations de la dernière chance

    Crise de l'euro : négociations de la dernière chance 

    Par Jean-Jacques Mevel, Patrick Saint-Paul Publié <time datetime="19-10-2011T23:02:00+02:00;" pubdate="">le 19/10/2011 à 23:02 </time>

     

    La chancelière allemande et le Président français à Berlin le 9 octobre.
    La chancelière allemande et le Président français à Berlin le 9 octobre.

    Avant un sommet européen, dimanche, décisif pour la zone euro, Nicolas Sarkozy s'est rendu en urgence hier à Francfort pour aplanir les divergences franco-allemandes directement avec Angela Merkel. 

    Coups de fil au plus haut niveau, vidéoconférences, allers-retours de crise, la montée vers le sommet de l'euro dimanche s'affiche plus effrénée à chaque heure qui passe. Nicolas Sarkozy a fait hier soir en urgence le voyage de Francfort pour resserrer sa cordée avec Angela Merkel. Mais dans les derniers mètres, c'est bien l'Italie de Silvio Berlusconi qui pourrait donner des sueurs froides à la monnaie commune.

    Dix jours après son voyage à Berlin, Nicolas Sarkozy s'est rendu ce mercredi dans la capitale financière de l'Allemagne pour un nouveau rendez-vous avec Angela Merkel. Officiellement, il est venu pour rendre hommage à Jean-Claude Trichet, qui tirait sa révérence à la tête de la BCE. Mais en pratique, pour verrouiller un accord qui tarde avec la chancelière. Au terme d'une rencontre de deux heures rien n'a filtré. Les deux dirigeants sont sortis séparement sans faire de commentaire. Ils avaient l'air tendu. Ils se sont engouffrés dans leur voiture, pour reprendre l'avion direction Paris et Berlin.

    La question clé - le rôle que devrait jouer ou non la Banque centrale européenne dans le financement de la dette souveraine, en appui du FESF, le fonds de sauvetage de la zone euro - reste donc toujours en suspens. La France est clairement pour, quitte à modifier les traités. L'Allemagne a toujours été contre, au nom de l'orthodoxie financière et d'une indépendance jugée sacro-sainte de la BCE.

    La question empoisonne l'axe Paris-Berlin depuis des mois. À cent heures d'un sommet que tout le monde veut croire décisif, elle fait surtout douter de la solidité du socle franco-allemand, sur lequel les 17 partenaires de l'euro et les 27 pays de l'UE comptent dresser dimanche un rempart contre la crise et la contagion. «Lundi matin, il faudra que les marchés, les États-Unis, la Chine et le FMI soient convaincus que l'Europe a un plan, lâche un responsable européen placé au cœur de la discussion. S'il n'y a pas d'accord, chaque pays européen en sera réduit à jouer individuellement sa survie.»

    Un «Mr Euro»  

    Du coup, la barre est spectaculairement relevée pour dimanche. Jusqu'à ces derniers jours, les Européens pensaient régler les problèmes en séquence : la Grèce d'abord, ensuite la recapitalisation des banques avec le renforcement du FESF, puis la gouvernance économique couplée à une discipline budgétaire accrue et pour finir la mise en chantier de nouveaux traités afin de pousser l'intégration européenne. Dans l'urgence, dit-on à Bruxelles, les chefs d'État et de gouvernement vont plutôt devoir traiter l'ensemble comme un tout.

    Des pièces essentielles sont déjà en place. Athènes verra débloquer dans les jours à venir une aide de 8 milliards d'euros. Elle lui permettra de passer les échéances de novembre et d'éviter une banqueroute catastrophique pour l'euro. Sauf coup de théâtre, la France et l'Allemagne sont aussi d'accord sur la recapitalisation des banques. Côté gouvernance, il paraît acquis que le président du Conseil européen Herman Van Rompuy deviendra «M. Euro». Les modalités de la discipline budgétaire collective et surtout l'intensité des contrôles effectués par des équipes bruxelloises dans chaque capitale font encore débat. Le dossier, directement lié à la révision des traités, soulève aussi de sérieuses questions de souveraineté nationale.

    Mais sur fond de divergences franco-allemandes persistantes quant au fonds de sauvetage et au rôle de la BCE, il reste toujours à organiser le fameux «contre-feu» de la zone euro, autrement dit à éviter la propagation de l'incendie. «C'est rassurant de calmer le foyer grec. Mais cela ne répond pas à la vraie question posée par les marchés: que se passe-t-il si d'autres pays sont à leur tour gagnés par les flammes?», poursuit le responsable européen.

    Après la dégradation de l'Espagne par l'agence Moody's et l'incertitude ouverte sur la France par Standards & Poor's, c'est l'Italie, troisième puissance de l'euro qui pourrait venir hanter le sommet. «Personne n'en parle ouvertement, mais tout le monde a le scénario d'une débâcle italienne à l'esprit», dit une source haut placée. Après les critiques ouvertes que son inertie suscite dans le patronat italien, Silvio Berlusconi pourrait bien se voir réclamer dimanche des comptes par ses pairs, dit-on à Bruxelles.


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