Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé jeudi avoir choisi le président de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina), Mathieu Gallet, pour prendre la présidence de Radio France. Une surprise: le jeune patron de l'Ina ne faisait pas figure de favori dans la liste des postulants dont émergaient plutôt Martin Ajdari, secrétaire général de France Télévisions, l'ancienne de France Bleu Anne Brucy voire Anne Durupty, directrice générale d'Arte. A 37 ans, cet inconnu à la Maison de la radio s'est déjà fait remarquer par un parcours particulièrement fourni, au point d'inquiéter. «On a un peu peur que ce soit juste pour ajouter une ligne à son CV», confiait ainsi à Libération un journaliste de Radio France.

Sa jeunesse n’empêche en effet pas Mathieu Gallet d’afficher un CV long comme deux bras : il a commencé dans le privé (Warner, Pathé puis Canal +) avant d’entrer au service de l’Etat, où il se retrouve dans des cabinets de droite. Celui de François Loos dans le gouvernement Raffarin, et surtout celui de la Culture sous Christine Albanel.

C’est là, rue de Valois, que démarre l’ascension, visiblement irrésistible, de Mathieu Gallet. Dans l’ombre d’une Albanel (dont, en interview, il termine la phrase souvent hésitante), cette tronche de Gallet fait à peu près tout, notamment la loi Sarkozy sur l’audiovisuel qui supprime la pub sur France Télévisions. Ironie, c’est lui aussi qui a mis sur pied la loi qui donne à Sarkozy le pouvoir de nomination des patrons de l’audiovisuel public… Quand Albanel est remplacée par Frédéric Mitterrand, Gallet conserve son poste avant de se voir offrir l’INA, une nomination qui sent fort le pantouflage, mais le parquet de Créteil, après enquête, ne donne pas suite.

Unanimité

Ce jeudi, le président du CSA Olivier Schrameck s'est expliqué sur le choix de Mathieu Gallet: «La décision a été unanime, neuf voix sur neuf»«Son bilan à l’Ina était très positif, c’est un bon gestionnaire, une personnalité jeune», a-t-il ajouté, soulignant que Mathieu Gallet deviendra le plus jeune président de Radio France : «De tous les candidats, c’est celui qui appréhendait le mieux l’enjeu du renouvellement de l’audience et de la conquête du jeune public.» La conseillère Françoise Laborde s'est faite plus lyrique : «Ce qui a fait la différence, c’est l’homme, un élan, un supplément d’âme.»

A une question posée au sujet des polémiques obcurcissant la candidature de Gallet – sa nomination à l'Ina au sortir du ministère de la Culture et de la Communication où il s'occupait aussi de l'Institut, lui avait valu une plainte, classée sans suite depuis mais qui peut encore être réactivée – Olivier Schrameck est en revanche resté laconique : «Nous avons examiné tous les aspects des candidats.»

Mathieu Gallet, lui, a vu son compte Twitter soudain très fréquenté, passant de moins d'une cinquantaine de followers à plus de 800 en moins d'une heure. C'est d'ailleurs à Twitter qu'il a confié sa première réaction, assez old school pour les 37 ans qu'il affiche : «Le choix du #CSA m’honore et m’oblige. Ma reconnaissance aux collaborateurs de @Ina_audiovisuel et toute ma confiance à ceux de @radiofrance.»

LIBERATION