• Dans un 4 étoiles, avec leur "esclave"

    Dans un 4 étoiles, avec leur "esclave"

     

    Par Alcyone Wemaere

    Publié le 20 septembre 2012 à 11h53 Mis à jour le 20 septembre 2012 à 13h05 
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    Un hôtel de luxe.

    Un hôtel de luxe. © MAXPPP

    A Paris, une jeune femme a échappé à une famille des Emirats, aidée par les employés d'un hôtel.

    Des coups, pas de salaire, un passeport confisqué… Une "employée de maison" éthiopienne de 24 ans, retenue et maltraitée depuis un an et demi par ses employeurs des Emirats arabes unis, a pu échapper à son sort à la mi-juillet grâce à plusieurs salariés de l'hôtel de luxe parisien Concorde Opéra, a-t-on appris mercredi de source syndicale. C'est dans ce 4 étoiles que la riche famille séjournait cet été lorsque la jeune femme s'est plainte d'être en fait "leur esclave" à deux femmes de chambres de l'hôtel.

    Les employées alertent alors leurs délégués syndicaux. "Etant donné l'aspect inédit de la situation, nous sommes entrés en contact avec des associations - le Comité contre l'esclavage moderne et Femmes solidaires - pour être conseillés", explique Claude Lévy, délégué CGT-hôtels de prestige, joint par Europe1.fr.

    De concert avec les associations, les quatre délégués syndicaux décident alors sciemment d'agir sans prévenir la direction de l'hôtel. Le 13 juillet, alors que la famille revient d'une sortie, la jeune femme est "récupérée" avant d'être libérée par les policiers qui obtiennent la restitution de son passeport.

    "Aux Emirats, je suis toujours enfermée "

    "Je travaillais tout au long de la journée et de la nuit" sans recevoir le moindre argent, "les coups étaient réguliers", racontera un peu plus tard la jeune femme aux policiers, comme on peut le lire dans son procès-verbal auquel a eu accès Libération. Il y avait les menaces aussi : "tu ne pourras jamais retourner en Ethiopie, je te trancherai la gorge", lui aurait dit un membre de la famille. "Je n'ai jamais pu jusqu'à présent dénoncer ces faits car je suis toujours enfermée quand je suis aux Emirats arabes unis", a expliqué la jeune femme.

    Pour la jeune femme, c'est la fin du calvaire et le début d'une nouvelle vie : deux mois après sa libération, elle est toujours accompagnée par le Comité contre l'esclavage moderne. Ses "employeurs", eux, ont pu regagner Dubaï sans problème, aucune plainte n'ayant été déposée à temps.

    "L'hypocrisie de certains hôtels de luxe"

    Pour les quatre délégués syndicaux du Concorde Opéra, en revanche, les ennuis commencent. Tous reçoivent "une lettre de mise en garde" de la direction de l'hôtel. Il leur est reproché de ne pas avoir alerté le directeur de leur initiative. "Si on l'avait fait, jamais la jeune femme n'aurait pu s'échapper", assure Claude Lévy. D'après lui, la direction de l'hôtel aurait même reproché aux syndicalistes "de faire perdre du chiffre d'affaires à l'hôtel". Des propos démentis par le directeur.

    "Il y a une hypocrisie de certains hôtels de luxe quant à la problématique de l'esclavage moderne", dénonce la CGT-hôtels de prestige. "Comme pour la prostitution, il y a parfois une tolérance", regrette Claude Lévy qui évoque le cas de cette Philippine libérée par l'employée d'un autre grand hôtel dans les mêmes conditions deux ans auparavant, mais "sans tapage".

    Pour protester contre l'attitude de la direction du Concorde Opéra, la CGT-hôtels de prestige appelle à une manifestation le 3 octobre prochain devant l'hôtel de luxe.


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