Le débat sur la transition énergétique s'annonce décidément bien compliqué à organiser : l'ex-patron du CEA Pascal Colombani, qui devait co-animer le débat, ce qui avait poussé deux ONG anti-nucléaires à boycotter l'événement, a annoncé lundi 19 novembre qu'il jetait l'éponge.
"Faute du temps nécessaire à consacrer à ce projet ambitieux et capital pour l'avenir énergétique de la France, Pascal Colombani a le regret de décliner la proposition du Ministère de (...) l'énergie d'intégrer le Comité de pilotage sur la transition énergétique", a annoncé l'ex-responsable du CEA, dans une déclaration.
Le 10 novembre, la ministre de l'énergie Delphine Batho avait annoncé que le comité de pilotage, qui sera chargé d'animer le débat sur la transition énergétique devant démarrer avant la fin du mois, comprendrait cinq "sages" et serait présidé par elle-même.
Outre M. Colombani, qui est actuellement président du conseil d'administration de Valeo, elle avait cité l'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon, l'ex-directeur de Greenpeace Bruno Rebelle, le climatologue Jean Jouzel, et la directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) Laurence Tubiana.
La présence au sein du comité de deux partisans de l'atome, l'ex-patronne d'Areva et M. Colombani, avait poussé deux ONG, Greenpeace et Les Amis de la Terre, à annoncer qu'elles ne participeraient pas au débat, et à réclamer une ouverture du comité à d'autres filières de l'énergie (renouvelables, efficacité énergétique).
D'autres ONG, dont France Nature Environnement et la Fondation Nicolas Hulot, ont également fait part de leur mécontentement de la composition du comité de pilotage.
Greenpeace reste sur ses gardes
Interrogé par l'AFP, le directeur de Greenpeace France, Jean-François Julliard, a assuré que ce retrait ne changerait rien à la décision de son organisation de quitter le débat avant même qu'il ait commencé.
"Cela ne change pas notre décision. Cela montre que même au sein du comité, les choses ne sont pas calées, que rien n'est prêt à une semaine du démarrage et c'est plutôt inquiétant", a-t-il dit, ajoutant que d'après lui, le renoncement de M. Colombani ne constitue "pas un choix du gouvernement de remettre en cause la composition du comité".
Pour que Greenpeace revienne, "il faudrait qu'il y ait plus de changement, beaucoup plus d'éclaircissements sur l'organisation du débat, une remise en cause du comité de pilotage et pas seulement" le départ de Pascal Colombani, a-t-il souligné.
"Dans le contexte actuel, je pense à Notre-Dame-des-Landes, tant qu'il n'y a pas de flexibilité là-dessus, nous n'avons aucune envie d'être associé à un débat organisé par le gouvernement", a-t-il conclu, en référence au projet de nouvel aéroport à Nantes, qui suscite de très fortes tensions à gauche.
De son côté, le ministère a pris acte du retrait de l'ex-patron du CEA, tout en assurant que la préparation du débat suivait son cours, en concertation avec toutes les parties prenantes.
"La décision de Pascal Colombani est parfaitement respectable", a-t-on indiqué au ministère de l'Energie. "Le comité de pilotage a déjà commencé ses travaux pour que le débat commence dans les meilleurs délais. Il sera procédé à des ajustements en temps utile" et "la semaine va être consacrée à des échanges avec toutes les parties prenantes" du débat, notamment sur sa date de lancement, a-t-on ajouté de même source.
Initialement prévu le 20 novembre, la première réunion du "parlement du débat", réunissant les six collèges de participants (Etat, ONG, entreprises, syndicats, élus locaux et parlementaires) a été repoussée à la semaine prochaine, à une date non encore arrêtée.