Le Front national arrive en tête dans six régions au premier tour des élections régionales 2015. Si le PS s'en tire un peu mieux qu'attendu, ce résultat constitue surtout une victoire pour le parti de Marine Le Pen, qui a réussi à gagner un terrain considérable en cinq ans.
Il y a cinq ans, la France était gagnée par une vague rose, verte et rouge lors des élections régionales. Une France toute rose à l'issue du second tour, à une exception près en métropole: l'Alsace-Lorraine. A droite, l'UMP, alors au pouvoir, subissait une véritable déroute. Dans la droite lignée de la présidentielle 2007, le terrain politique était alors occupé par ces deux camps. Le Front national, très bas en 2007, réussissait tout de même une progression remarquée, obtenant certains scores à deux chiffres. A l'issue du premier tour, le parti frontiste culminait toutefois à l'échelle nationale à 11,42%.
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Cinq ans plus tard, l'euphorie a changé de camp. Il suffit de voir la mine réjouie de Marine Le Pen en conférence de presse pour s'en convaincre. Les scores du Front national, ou du "mouvement national" comme se plaît désormais à le définir sa présidente, ont explosé. Les derniers résultats partiels le placent à près de 28%. Ni l'alliance du centre et du parti Les Républicains, ni la résistance toute relative du PS n'ont permis de freiner cette tendance. Elle devrait permettre à Marine Le Pen d'aborder la prochaine campagne présidentielle, qui devrait démarrer très tôt après les régionales, avec une certaine sérénité.
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Le FN perce partout
L'envolée Bleu Marine est globale, constatée sur l'ensemble du territoire. Il y a bien sûr les régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Cote-d'Azur, où l'on savait le FN en mesure de l'emporter. Les deux figures du parti, Marine Le Pen et Marion Maréchal Le Pen, y ont obtenu un score insolent. 40,6% pour chacune d'entre elles. En 2010, le FN y réalisait déjà ses meilleures performances. Le pourcentage était toutefois incomparable, à 18,2% dans le nord et 23% en Paca.
Et puis il y a toutes ces autres régions, ou l'extrême droite avait dû se contenter de scores bien plus modestes en 2010. En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, le FN se classe en troisième position. Mais en cinq ans, il est passé de 8% à 23,2% des voix au premier tour. Autre exemple en Bourgogne-Franche-Comté, où le FN a grimpé de 13,6% à 31,5%, s'offrant le luxe de virer en tête à l'issue du premier tour.
La fusion ou le retrait en question
Ce mouvement peut-il être stoppé? C'est la question qui est aujourd'hui posée à droite comme à gauche. Et l'équation risque de causer quelques migraines. La progression du Front national est structurelle. Elle n'a jamais cessé de s'accélérer depuis 2010. Inexorablement, les idées de Marine Le Pen, dans un contexte de chômage record et de menace terroriste, séduisent. Pour limiter la casse au second tour, le PS a déjà tranché. Il a décidé de retirer ses listes dans les régions Paca et Nord-Pas-de-Calais-Picardie, pour défendre les valeurs républicaines. Le parti ne sera donc pas représenté dans ces deux régions avant au moins six ans.
Du côté du parti Les Républicains, on tient toujours au second rôle arraché en vertu d'une alliance avec les mouvements centristes. Nicolas Sarkozy ne rendra pas la pareille à la gauche. Il refuse désormais toute fusion ou retrait de liste. Peu importe que la gauche soit mieux armée pour s'emparer d'une région, comme c'est le cas en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Peu importe, encore, que le réservoir de voix ne puisse s'élargir à droite par le biais d'une nouvelle alliance politique. Le pacte conclu avec l'UDI et le Modem ne pourra pas aller plus loin. Du pain béni pour l'extrême droite? Sur France 2, Nathalie Kosciusko-Morizet a également balayé d'un revers demain toute possibilité de fusion. "C'est laisser croire qu'on mènerait la même politique", explique-t-elle. Au sujet du retrait, elle s'interroge encore. "Est-ce que vraiment le retrait de la liste LR dans cette région ne serait pas une chance pour le FN? C'est une question que je poserai demain matin [ce lundi, NDLR] au bureau politique." J-6, le temps presse déjà.