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Ayoub El-Khazzani était toujours entendu dimanche 23 août dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret, en banlieue parisienne. Sa garde à vue a été prolongée samedi et peut durer jusqu’à mardi soir (96 heures).
Peu avant 18 heures, vendredi 21 août, alors que le Thalys 9364 Amsterdam-Paris transportant 554 passagers était sur le territoire français, en Picardie, un Français de 28 ans qui se rendait aux toilettes croise la trajectoire d’un homme torse nu armé d’un pistolet automatique Luger et d’un fusil d’assaut kalachnikov. Il tente de l’immobiliser, mais l’homme réussit à lui échapper et tire plusieurs coups de feu qui font un premier blessé parmi les passagers, un Franco-Américain, qui a reçu une balle dans le poumon mais dont les jours ne sont pas en danger. Trois jeunes Américains en vacances en Europe et un père de famille britannique parviennent ensuite à le plaquer au sol et à le désarmer. L’un d’eux, le militaire Spencer Stone, est blessé au cutter à la main par l’assaillant dans la bataille. L’agresseur immobilisé est interpellé en gare d’Arras (Pas-de-Calais) vers laquelle a été dérouté le Thalys. Il est transféré dans les locaux de la section antiterroriste tôt samedi matin.
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Le suspect est formellement identifié par les enquêteurs français samedi soir. Il s’agit d’un Marocain qui aura 26 ans le 3 septembre, Ayoub El-Khazzani. « [Il] vivait en Belgique, est monté dans un train à Bruxelles avec des armes sans doute acquises en Belgique. Et il avait des papiers délivrés en Espagne », a résumé une source proche du dossier à l’AFP.
Ayoub El-Khazzani aurait vécu légalement sept ans en Espagne, de 2007 au début de 2014. Il y serait arrivé à 18 ans depuis la région de Tanger, s’installant d’abord à Madrid puis à Algésiras, en Andalousie. Le jeune homme fluet et de taille moyenne y a vécu de petits emplois, et a été détenu à plusieurs reprise pour « trafic de drogues », selon le quotidien espagnol El Pais.
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En raison de ses relations avec l’islamisme radical, il se fait repérer par les services de renseignement espagnols en 2012, qui le signalent à leurs homologues français lors de son passage de la frontière en février ou mars 2014. A son arrivée en France, Ayoub El-Khazzani fait alors l’objet d’une fiche « S » pour « sûreté de l’Etat », qui vise les personnes ayant notamment des liens avec le terrorisme mais qui ne sont pas forcément surveillées. La chronologie de ses déplacements entre 2014 et 2015 est encore floue.
Selon El Pais, les services de renseignement espagnols estiment qu’El-Khazzani se serait rendu en Syrie depuis la France, « avant de retourner peu après vers l’Hexagone ». Une source au sein des services de lutte antiterroriste espagnols, citée par l’AFP, a confirmé cette information samedi. Selon Libération, la DGSI retrouve la trace du suspect le 10 mai 2015. Il est alors à l’aéroport de Berlin et s’enregistre, selon une source proche de l’enquête, sur un vol pour Istanbul.
Ayoub El-Khazzani aurait aussi vécu en Belgique en 2015. Le quotidien belge Le Soir indique qu’il « aurait été fiché par les services belges comme étant en relation avec des filières terroristes récemment démantelées en Belgique dans la foulée du démantèlement du réseau de Verviers ». Le jeudi 8 janvier, au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo à Paris, la police belge avait tué deux islamistes et arrêté un troisième, sur le point de commettre des attentats, lors d’une opération antiterroriste à Verviers, une commune considérée comme un foyer de la radicalisation islamiste.
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Lors de sa garde à vue au cours de laquelle il est assisté par un traducteur, le Marocain, qui était lourdement armé lors de son interpellation (une kalachnikov, un pistolet automatique, neuf chargeurs et un cutter), a commencé par nier tout projet terroriste, expliquant, selon son avocate citée par Le Parisien, avoir trouvé par hasard des armes « dans un parc, près de la gare de Bruxelles en Belgique où il avait pris l’habitude de dormir » et avoir décidé de s’en servir « pour rançonner les passagers de ce Thalys ».
« Au cours des six derniers mois, il raconte avoir voyagé en Espagne, à Andorre, en Belgique, en Autriche, en Allemagne et avoir fait un passage en France, mais sans préciser le lieu où il a séjourné. En revanche, il a contesté s’être rendu en Turquie et encore plus en Syrie. »
Mais son profil d’islamiste radical, repéré par les services de renseignement de trois pays européens, oriente bien les enquêteurs vers la piste d’une attaque terroriste qui aurait pu conduire à un bain de sang. La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête dès vendredi soir, et le parquet fédéral belge a ouvert samedi une enquête sur la « base de la loi antiterrorisme ».