L’explosion a eu lieu en pleine prière du vendredi, le 22 mai. La mosquée chiite du village de Koudeih, dans l’est de l’Arabie saoudite, a été frappée par un attentat-suicide qui a fait au moins 19 morts, selon la Croix-Rouge. Il a été revendiqué par l'organisation de l'Etat islamique (EI), par le biais d'une branche qui dit être implantée sur le territoire saoudien.
Selon des témoins, cités par l’Agence France-Presse, un kamikaze s’est mêlé à la foule des fidèles venus assister à la prière avant de faire sauter la charge explosive qu’il portait sur lui.
« Un individu a fait détoner une bombe qu’il portait sous ses vêtements pendant la prière du vendredi », a confirmé en début d’après-midi le porte-parole du ministère de l’intérieur saoudien. Il a souligné la détermination des services du ministère à « traquer toute personne impliquée dans ce crime terroriste perpétré par des personnes cherchant à porter atteinte à l’unité nationale, et à la présenter à la justice ».
Koudeih est située au nord de la ville de Katif, au cœur de la province orientale, une région pétrolière où se concentre la minorité chiite (10 % de la population), qui se dit victime de discriminations dans le royaume saoudien.
Lire aussi le décryptage : Quelles sont les différences entre sunnites et chiites ?
<figure class="illustration_haut " style="width: 534px"></figure>
« Un acte destiné à propager les troubles »
Le mufti d’Arabie saoudite, plus haut dignitaire religieux sunnite du pays, Cheikh Abdel Aziz Ben Abdallah Al-Cheikh, est intervenu en direct sur la chaîne Al-Ekhbariya pour dénoncer l’attentat :
« C’est un acte criminel destiné à creuser un fossé entre les fils de la nation (…) et à propager les troubles dans notre pays. »
Les autorités saoudiennes ont multiplié ces derniers mois les arrestations parmi des extrémistes sunnites soupçonnés de planifier des attaques pour attiser les tensions confessionnelles dans le pays. Une cellule de 65 personnes soupçonnées de liens avec l’Etat islamique a ainsi été démantelée le mois dernier.
Il s’agit du premier attentat à viser la communauté chiite en Arabie saoudite depuis novembre 2014 : des hommes armés avaient tué sept chiites, dont des enfants, dans la localité d’Al-Dalwa, dans l’est du pays, pendant la célébration du deuil chiite de l’Achoura.
L’Arabie saoudite a pris la tête d’une coalition arabe qui bombarde les miliciens chiites houthistes au Yémen. Après une courte trêve à caractère humanitaire, les bombardements ont repris. Au moins 1 037 civils ont été tués au Yémen depuis le 26 mars et 2 453 autres blessés, selon l'ONU.
Lire aussi notre enquête (édition abonnés) : La guerre au Yémen ravive le malaise des chiites d’Arabie saoudite