Plus qu’un manuel du parfait terroriste, c’est au « résistant » fondateur de « l’émirat islamique d’Afghanistan » qu’entendent rendre hommage les talibans dans cette biographie inédite de leur chef toujours en fuite. L’ennemi numéro 1 des Etats-Unis, qui ont promis jusqu’à 10 millions de dollars pour sa capture, est célébré ici dans le cadre du 19e anniversaire de sa désignation comme chef suprême de l’insurrection islamiste. C’était le 4 avril 1996 lors d’un rassemblement à Kandahar, le fief des talibans dans le sud-ouest de l’Afghanistan
Pas de résidence luxueuse ni compte en banque
Trente mille signes, plus de cinq mille mots, ces cinq pages en anglais publiées sur le site officiel des insurgés décrivent un homme « charismatique » et « courageux » dont les faits d’armes contre les Russes et les Américains rappellent les récits guerriers du Moyen âge.
Le texte revient sur la naissance du futur mollah, né en 1960, dans le district de Khakrez, dans la province de Kandahar. Un paragraphe est consacré à sa formation religieuse et son entrée à huit ans dans la madrasa de Shar-i-Kohna dirigé par son oncle. Un autre passage est dédié à sa famille issue du clan « Tomzi » de la tribu « Hotak ».
Une vie consacrée au prosélytisme et au combat contre « les cruels envahisseurs étrangers », et au bout du compte une existence frugale. A en croire les talibans, leur chef ne serait ni propriétaire de résidences luxueuses, ni même titulaire d’un compte en banque, en Afghanistan comme à l’étranger, et ce depuis que la communauté internationale a décidé de geler les avoirs des leaders radicaux afghans, en 1999.
RPG-7, comme arme de prédilection
Truffée d’anecdotes, la biographie revient sur plusieurs engagements armés face aux soldats russes ou de la coalition américaine dans lesquels serait impliqué le mollah Omar. Dans le chapitre « Sa lutte jihadiste », il est notamment fait référence au passage d’un convoi militaire russe sur l’autoroute qui relie Herat à Kaboul. Le mollah Omar et l’un de ses fidèles n’ont alors que quatre lance-grenades anti-blindés à leur disposition, ils vont pourtant faire mouche à tous les coups, selon le récit, et détruire quatre chars.
Le chef taliban serait ainsi un expert du lance-roquettes RPG-7, à tel point que ses amis ne se souviennent plus du nombre de tanks qu’il a mis sur les chenilles. Un combattant endurci dont la vision dépasserait les frontières de son pays.
Au chapitre « Sa vigilance sur les questions internationales et le monde islamique », le chef taliban est présenté comme quelqu’un qui « n’a jamais aimé les querelles idéologiques ou les luttes de factions entre les musulmans ».
Une manière aussi, pour celui qu’al-Qaida considère comme « l’émir des croyants », de se poser en rassembleur face à l’influence croissante du groupe Etat islamique et au califat du grand rival Abou Bakr al-Baghdadi, en Irak et en Syrie.