Citoyen russe, résident belge, mais toujours "français". Gérard Depardieu a tenté de clarifier sa situation le 7 janvier 2013, en marge d'un déplacement en Suisse, où il a pu saluer le Ballon d'Or Leo Messi. Après un séjour assez "abracadabrantesque" en Russie, où il a été accueilli avec une maison et un poste de ministre de la Culture (cf. vidéo ci-dessous), l'acteur a en tout cas un statut certifié dans l'opinion : celui d'exilé fiscal. Mais combien ferait économiser la Russie à ce nouveau contribuable fortuné en comparaison d'une imposition en France ? Et peut-il vraiment échapper au fisc aussi facilement ?

En Russie, le système d'imposition est des plus simples : tous les résidents quels que soient leurs revenus sont imposés à 13 %. Par "résident", on entend des individus séjournant au moins 6 mois par an dans la fédération. Au dessous, les "non-résidents" doivent s'acquitter de 30 % d'impôt sur le revenu. Avec ce système, Gérard Depardieu est au moins certain d'échapper en bonne partie à l'ISF, inexistant en Russie, et cela qu'il soit "résident" ou non. Mais l'incertitude demeure concernant le taux d'imposition qui sera appliqué à ses revenus.

Calculer l'économie que ferait l'acteur en devenant contribuable russe est donc peu aisé tout comme le fût l'évaluation de ce qu'il a payé en France en 2012. "Je pars, après avoir payé, en 2012, 85 % d'impôt sur mes revenus", écrivait-il à Jean-Marc Ayrault dans une lettre publiée par le JDD en décembre. Avec un taux à 13 %, l'économie serait donc plus que substantielle. En prenant en compte ses cachets de 2011, évalués à 2 millions d'euros par le Figaro, l'économie serait ainsi de plus de 1,4 million d'euros. Mais ce calcul est trop théorique pour être exact. D'abord, plusieurs fiscalistes qui se sont penchés sur le sujet dans la presse rapportent que ce taux de 85 % cité par Depardieu tenait probablement compte de l'ISF et même des impôts indirects payés par l'acteur (TVA et charges sociales de ses sociétés). D'après le barème en vigueur en 2012, l'acteur n'aurait dû payer "que" 787 350 euros d'impôts sur ses revenus du cinéma selon les mêmes experts. Loin des 85 % annoncés.

Ensuite, rien ne dit que l'acteur a gagné tous ses revenus en France et qu'il les empochera tous en Russie à l'avenir. Comme dans l'Hexagone, les taux d'imposition russes ne s'appliquent qu'aux revenus gagnés à l'intérieur du pays. S'il tourne en majorité dans des productions étrangères, Gérard Depardieu échappera donc à la fiscalité moscovite comme il a pu échapper à la fiscalité française sur certains cachets. Ce qui pourrait bien accroitre encore ses économies...

En revanche, Gérard Depardieu n'échappera pas à la fiscalité française sur ses actifs et placements. La star est aujourd'hui l'heureux propriétaire de nombreux biens immobiliers : une SCI dans les Yvelines, une villa à Trouville, un château dans le Val de Loire et un hôtel particulier à Paris, rue de Cherche Midi, actuellement en vente à 50 millions d'euros. Grand gastronome, il est également le détenteur d'une brasserie, d'une cave, d'un restaurant, d'une poissonnerie à Paris, mais aussi d'un vignoble dans le Maine-et-Loire. On lui connait enfin une collection d'oeuvres d'art et une concession moto à Roissy. Une fortune, estimée à plusieurs dizaines de millions d'euros, qui sera toujours assujettie en partie à l'impôt français.

En France comme en Russie, calculer les impôts payés ou payables par Gérard Depardieu relève donc de la mission impossible. D'autant plus qu'il reste à la star l'option de devenir Belge et de résider à Néchin, où elle avait semble-t-il décidé de s'installer en décembre.