• Derrière l?échec de l?Europride de Marseille, un parfum de favoritisme

    Enquête 29/07/2013 à 18h29

    Derrière l’échec de l’Europride de Marseille,

    un parfum de favoritisme

    Mourad Guichard | Journaliste

    Vue des participants de l’Europride 2013 à Marseille, le 20 juillet 2013 (Claude Paris/AP/SIPA)

    L’Europride 2013 de Marseille, dont tous les observateurs déplorent le bilan calamiteux (voir Télérama, France Info ou encore La Provence), a-t-elle servi de potentielle tirelire à un proche de Jean-Claude Gaudin, le maire UMP de la ville ?

    C’est ce que dénonce un ancien cadre de la Lesbian and Gay Parade Marseille, l’association organisatrice de l’événement :

    « Le message était on ne peut plus clair. Si nous souhaitions une subvention, elle passait par un contrat avec le prestataire de leur choix, dans ce cas précis SC Conseils, la boîte de com’ de Sébastien Chenu. »

    « Dans l’intérêt des organisateurs »


    Sébastien Chenu (@sebchenu sur Twitter)

    Dans une série d’e-mails échangés fin 2012 entre les organisateurs de l’Europride, le cabinet de Jean-Claude Gaudin et Sébastien Chenu, il apparaît effectivement qu’une mise en relation a bien été effectuée. Mais l’intéressé dément tout favoritisme.

    « C’est complètement farfelu et tiré par les cheveux. C’est moi qui ai demandé à mettre mon expérience à leur service, et oui, la mairie m’a transmis les coordonnées des organisateurs. »

    A la mairie de Marseille, un cadre « événementiel » reconnaît cette « mise en relation », mais assure que « c’est dans l’intérêt des organisateurs ».

    Coïncidence troublante : la création de l’agence SC Conseils a opportunément eu lieu le 5 octobre 2012 avec un capital de 200 euros, comme l’indique le site Societe.com. Soit pile au moment où ont commencé les discussions autour de ce contrat.


    Capture d’écran de la fiche de SC Conseils sur Societe.com (Societe.com)

    Dans une première « proposition d’accompagnement et d’assistance » datée du 31 octobre 2012, Sébastien Chenu place la barre très haut. Il réclame « 60 000 euros HT (hors transports, hébergements) » pour un service minimum n’incluant pas la communication.

    « Cette prestation n’a pas vocation à se substituer à une agence événementielle ou de communication et exclut de fait l’organisation technique et pratique des événements, la démarche partenariats commerciaux, la gestion budgétaire, le Web et les relations internationales. »

    Un parrain acteur de « Plus belle la vie »

    Par e-mail, un « general manager » de la ville insiste de nouveau sur cette nécessité d’obtenir « l’aide d’un professionnel de la communication ».

    « Toutefois, l’aide fournie par la Ville de Marseille va nécessiter d’étayer le dossier [...] afin de présenter l’Europride au prochain conseil municipal. L’aide d’un professionnel de la communication me semble à ce stade nécessaire. »

    La subvention, d’un montant de 100 000 euros, étant tout entière absorbée par le devis de SC Conseils (en comptant les taxes, les transports et hébergements), une négociation s’engage alors entre les différents partenaires. Et Sébastien Chenu consent une diminution de son traitement.

    « L’organisation n’est pas fortunée, nous sommes tombés d’accord pour des factures de 3 500 euros hors taxes et sans les frais, sur cinq mois. »

    Quelques jours après la fin de l’événement, Sébastien Chenu assure n’avoir perçu que deux versements de 3 500 euros.

    « Sincèrement, je pourrais me tourner contre l’organisation, mais c’est une cause qui me tient à cœur. J’ai rempli mon contrat, et même au-delà. »

    Concrètement, le cofondateur de GayLib, mouvement lesbien, gay, bi et trans (LGBT) associé à l’UMP et qui en a claqué la porte en janvier 2013, dit avoir « apporté des témoignages sur le site internet de l’Europride » et obtenu « le parrainage de Laurent Kerusoré, acteur de “Plus belle la vie ” » incarnant un jeune barman gay.

    « C’est une figure emblématique et il habite Marseille. A chacune de ses interviews, il en a parlé pour donner de la visibilité à l’événement. »

    Une explication politique

    Derrière le fiasco de l’Europride 2013, il y a sans doute une guerre interne que se livrent, depuis plusieurs mois, les associations LGBT. Sébastien Chenu s’y dit étranger :

    « Ils ont des histoires internes auxquelles je n’ai rien compris, c’est un panier de crabes impossible. »

    Un autre cadre associatif croit détenir une explication plus politique :

    « Chenu est un proche de Copé et Gaudin, deux opposants au “mariage pour tous”. Alors que d’autres ont claqué la porte, lui reste dans l’espoir d’obtenir une investiture. Ce petit arrangement marseillais aurait pu passer inaperçu s’il n’y avait pas cet aspect du dossier. »

    Actuellement élu à Beauvais, cet ancien collaborateur de Christine Lagarde s’est rapproché de NKM et organise, dans la perspective des municipales 2014, son implantation dans le IIe arrondissement de Paris.


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