• Vers la fin du "miracle turc" ?

    Le Point - Publié le <time datetime="2015-03-17T11:36" itemprop="datePublished" pubdate=""> 17/03/2015 à 11:36</time> - Modifié le <time datetime="2015-03-17T11:59" itemprop="dateModified"> 17/03/2015 à 11:59</time>

    Plus grand succès d'Erdogan sur lequel il a bâti toutes ses victoires, la croissance économique turque est en déclin, assombrissant l'avenir du président.

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    <figure class="media_article panoramique" itemprop="associatedMedia" itemscope="" itemtype="http://schema.org/ImageObject"> Pour des raisons électoralistes, Recep Tayyip Erdogan n'a pas souhaité mener de réformes structurelles de l'économie turque. <figcaption>

    Pour des raisons électoralistes, Recep Tayyip Erdogan n'a pas souhaité mener de réformes structurelles de l'économie turque. © OMAR TORRES / AFP

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    De nos envoyés spécaux à Istanbul et

    C'est désarmé que le parti islamo-conservateur AKP attaque la campagne des élections législatives de juin. Si, durant les treize dernières années, la formation du président Erdogan avait bâti ses victoires politiques sur des résultats de croissance pharaoniques, à l'approche du scrutin, ses candidats se font plus discrets sur le sujet. Et pour cause, il est bel et bien révolu, le temps où la République turque affichait de fringants taux de croissance à la chinoise (jusqu'à 9 % en 2010) jalousés par ses voisins européens. Aujourd'hui, le pays peine à dépasser la barre des 3 % et accuse une inquiétante hausse de son taux de chômage (environ 11 %) et du niveau d'inflation. Un sérieux revers pour "le miracle turc".

    "La Turquie traverse une période très difficile, elle a perdu sa boussole, ses ancrages économiques", analyse Seyfettin Gürsel, économiste et professeur à l'université Bahçeþehir, à Istanbul. Si l'heure n'est pas à la récession, plusieurs signaux montrent cependant un ralentissement certain de l'activité économique du pays. "L'AKP n'a pas su préparer la Turquie pour l'ère à venir. Le parti n'a pas de grand projet économique pour mener à bien l'essor du pays", complète Sinan Ülgen, président du Center for Economics and Foreign Policy (EDAM).

     
     

    Bras de fer avec la Banque centrale

    Au cours de la dernière décennie, la Turquie de l'AKP a su tirer profit d'un climat économique favorable pour les nations émergentes. Mais force est de constater que le pays a un impérieux besoin de changements structuraux. Réformer le marché du travail, favoriser l'entrée des femmes dans le monde de l'emploi (deux sur trois sont sans emploi, NDLR), améliorer le système éducatif : autant de défis majeurs que Recep Tayyip Erdogan n'a pas voulu prendre à bras le corps, estime Seyfettin Gürsel, et pour cause : "Certaines de ces réformes sont des choix politiques difficiles à prendre et Erdogan craint de perdre des voix à cause de cela."

    Les calculs électoralistes dont le chef de l'État semble friand, comme le prouve son bras de fer entamé depuis plusieurs mois avec la Banque centrale turque, Erdem Baþçý. Erdogan accuse en effet l'institution - indépendante - et son gouverneur, Erdem Baþçý, de maintenir un taux d'intérêt directeur (qui conditionne les prêts avec les banques commerciales) élevé qui nuirait à la croissance. Croissance qui, à l'approche des législatives, manque cruellement au leader turc pour rassurer les électeurs de l'AKP.

    Recul des investissements étrangers

    Cette mesure - classique en économie - engagée par la Banque centrale pour endiguer l'inflation (7,5 % environ), mal endémique du pays, a donc valu à l'institution d'être la cible principale du clan présidentiel. En mal d'arguments de poids, Erdogan et ses proches conseillers ont alors accusé la Banque centrale d'être à la solde du "lobby du taux d'intérêt", obscure coterie oeuvrant depuis l'étranger à la déstabilisation de l'économie turque. "Rien de nouveau à cela, estime Sinan Ülgen, c'est une rhétorique très populaire, qui fonctionne sur certains électeurs de l'AKP et dont le gouvernement se sert pour identifier les problèmes de l'économie turque."

    Des sorties qui font craindre pour l'indépendance de l'institution et qui ont fait plonger la livre turque à son plus bas niveau face au dollar début mars. Signe rassurant, après une longue réunion la semaine dernière, Erdem Baþçý et Recep Tayyip Erdogan semblaient avoir enterré - pour un temps - la hache de guerre. Pour autant, "le tableau n'est pas tout noir, tient à rappeler le président de l'EDAM. La Turquie possède aussi des atouts : une discipline fiscale, une dette publique équilibrée, un système bancaire solide." Des atouts dont elle aura bien besoin à l'avenir. En effet, à l'instar des autres pays émergents, la République turque voit à l'international les investissements étrangers - dont elle est très dépendante - ralentir et doit désormais, en interne, gérer économiquement la présence sur son territoire de deux millions de réfugiés syriens.

    Dans ce climat économique, les grands objectifs affichés par Erdogan pour 2023 et le centenaire de la République semblent hors d'atteinte. "Il voulait hisser la Turquie parmi les dix principales puissances économiques mondiales, rappelle Sinan Ülgen. Résultat : le pays recule actuellement au classement (18e place, NDLR)." Renvoyés également aux calendes grecques, le pari des 25 000 dollars de revenu annuel par habitant ou le PIB national à 2 000 milliards. Des revers qui laissent à penser que "la voie vers un plus grand bien-être pour tous", tracée par le leader turc, semble donc plus tortueuse que prévu.


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    La vie rêvée des "libérés de la Sécu"

    Par publié le <time datetime="2015-03-09 13:55:26" itemprop="datePublished" pubdate="">09/03/2015 à  13:55  lien </time><time datetime="" itemprop="dateModified"></time>

     

    Commerçants, artisans, indépendants... Ils se laissent séduire par les sirènes du populisme fiscal et aimeraient s'affranchir d'une assurance-maladie jugée trop coûteuse. Sans aller forcément jusqu'à la rupture. 

    <aside class="toolbar"></aside></header></article>La vie rêvée des "libérés de la Sécu"
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    A Arras, le 21 février, Claude Reichman, chef de file des "libérés", insiste sur les avantages à quitter la Sécu.

    Sébastien Jarry/Andia.fr pour L'Express

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    Ils sont agriculteurs, médecins, commerçants. Parfois consultants, plus rarement fleuristes ou tatoueurs. Ils sont venus en couple, en famille, entre amis. Ce samedi de la mi-février, c'est à Arras. A la fin de janvier, c'était à Paris. Demain, ce sera à Quimper, à Bayonne ou à Bordeaux. Ils sont là, attirés par la promesse d'un monde meilleur où la protection sociale coûte moins cher. Un monde dans lequel on pourrait librement arrêter de payer ses cotisations maladie et retraite à la Sécurité sociale et prendre une assurance privée. Ils se vivent en esclaves d'un système étatisé et se rêvent en héros, libérés de la Sécurité sociale. 

    >> Lire aussi: Quitter la Sécu risque de coûter très cher aux indépendants

    >> Et aussi: Les Libérés veulent quitter la sécu: droit ou "suicide"?

    La tentation n'est pas nouvelle. Ces cinquante dernières années, Pierre Poujade, Gérard Nicoud (Cidunati) ou encore Christian Poucet (CDCA) ont cultivé le populisme fiscal. Désormais, la révolte contre le monopole de la Sécurité sociale emprunte la voie ouverte par Claude Reichman, un chirurgien-dentiste parisien. Son combat a 20 ans, mais la crise qui réduit les marges des entreprises, les ratés du Régime social des indépendants -le RSI, la Sécu de ces professions- et les projets gouvernementaux en matière de santé et de fiscalité lui ont donné une nouvelle vigueur. Un site Internet lancé en avril 2014 et les réseaux sociaux élargissent et rajeunissent son public. 

    Moyennant 10 euros de participation aux frais, les indépendants se pressent pour assister aux réunions d'information des "libérés". Ils sont 100 dans les petites villes, 400 ou 500 dans les plus grandes. Ils connaissent leur sujet par coeur. Ils corrigent l'orateur lorsqu'il se trompe sur une date -"mars, mars, mars" au lieu d'un 23 octobre erroné-, l'appuient dans ses outrances antisystème -"Ah, oui!", "Bien sûr!"- et rient de ses bons mots. Quand, enfin, arrive la séance des questions-réponses, celui qui tient le micro commence toujours par : "La libération, j'y pense de plus en plus..." 

    On se présente en donnant le montant que l'on doit aux organismes de Sécurité sociale : 18 000, 22 000, 40 000 euros -qui est le plus persécuté? En aparté, un "non-libéré" s'inquiète auprès d'un "libéré" : "Est-ce que c'est bien légal tout ça ?" C'est la bonne question... 

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    Le tatoueur Frédéric Pennequin a quitté la Sécu voilà un an, quand il a reçu une facture du RSI de 18 000 euros.<figcaption>

    Le tatoueur Frédéric Pennequin a quitté la Sécu voilà un an, quand il a reçu une facture du RSI de 18 000 euros.

    Sébastien Jarry/Andia.fr pour L'Express

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    Sur le devant de la scène, deux hommes se répartissent les rôles. A Claude Reichman, le récit de deux décennies de "libération". Habillé comme un notable, costume sombre, cravate, pochette, il ne résiste jamais à une blague de salle de garde, surtout lorsqu'il s'agit de viser Marisol Touraine, ministre de la Santé. Il arpente la scène, parlant de "complot", de "mensonge d'Etat". Il se compare à Eliot Ness, qui a su faire tomber Al Capone par un chemin détourné, met volontiers en avant les 70 à 80 procès qu'il a menés contre la Sécu, mais reste plus discret sur sa situation actuelle. Après avoir perdu tous ses procès, il a dû retourner dans le bercail de la Sécu. Pas forcément désagréable : il perçoit une retraite comme tout le monde et relève désormais de l'assurance-maladie.  

    Le "libéré" le plus célèbre de France ne l'est donc pas. Qu'importe. On se presse autour de lui, il savoure sa célébrité, à l'échelle de son petit monde. On lui demande conseil, il répond qu'il faut s'adresser à l'association qu'il a créée, le Mouvement pour la liberté de la protection sociale (MLPS), qui, moyennant 230 euros par an, aide les "libérés" à "briser leurs chaînes". 

    Son partenaire se présente comme "Laurent C., quadra de l'informatique et père de cinq enfants". Tout le monde vous glisse son patronyme intégral, lui tient à rester anonyme. Il s'est désaffilié de la Sécu à la fin de 2012, quand, dit-il, il s'est rendu compte qu'il allait payer 30% en plus de taxes et d'impôts sans gagner plus. Quelques semaines plus tard, il crée un blog sous forme de journal -"Je quitte la Sécu". Il en a fait un livre édité à compte d'auteur qui s'écoule comme des petits pains lors des réunions des "libérés"- 19 euros, dédicace comprise. Il dit que les économies réalisées en s'adressant à un assureur privé à l'étranger lui ont permis de payer les salaires au moment où son entreprise subissait un trou d'air, en octobre. Le plus cocasse est que sa société a des contrats avec l'assurance-maladie, l'Union des caisses de Sécurité sociale (Ucanss) et même le "ministère de l'Economie et des Finances" : ces références apparaissent en bonne place sur son site. 

    Combien sont-ils exactement? Difficile de le savoir

    Au-delà des plus militants, combien sont-ils à se laisser convaincre de franchir la frontière pour s'assurer, les compagnies étrangères étant les seules à proposer cette prestation ? Difficile de le savoir. Le Mouvement des libérés a délibérément choisi de ne pas s'organiser en association pour ne pas risquer d'être poursuivi pour "incitation à la désaffiliation". L'association Vendée Initiative, qui assume, sur le site, le rôle d'éditeur légal, n'est qu'une coquille vide. Claude Reichman, lui, refuse de s'exprimer sur le nombre de dossiers dont s'occupe sa structure, le MLPS, au motif qu'il "fait l'objet d'une surveillance incroyable", mais il n'hésite pas à affirmer qu'il y a de 60 000 à 70000 "libérés".  

    Jennifer Landry, une dermatologue très active, avance le nombre de 80000 parce que, dit-elle, "l'an dernier, on était de 50 000 à 60000 et que le mouvement n'arrête pas de grossir". Laurent C, lui, donne une fourchette entre 30000 -ce serait le nombre de cartes de tiers payant délivrées par l'assureur britannique Amariz, le seul à s'être lancé sur le marché de la maladie- et 60000. Le succès de son livre sur Amazon n'est-il pas la preuve que les "libérés" se bousculent? Il est, en fait, n°1 dans la catégorie des "e-books dédiés à l'assurance", soit, de l'aveu d'Eyrolles, éditeur de la version électronique, quelques centaines d'exemplaires vendus au maximum. 

    La petite vingtaine de militants qui animent le site des "libérés", organisent des réunions et transmettent la bonne parole l'a bien compris : un peu d'aplomb suffit pour gagner en crédibilité. Ils répètent à l'envi cette démonstration aux allures de syllogisme, au coeur de leur combat : le RSI est une mutuelle; les mutuelles sont soumises à concurrence; donc le RSI doit être soumis à la concurrence. Imparable, à condition de prouver que le RSI est bien une mutuelle... ce qu'ils ne font pas. Les activistes renvoient sans cesse à une proposition de loi datant de 1994 "tendant à abroger le monopole de la Sécurité sociale", qui a terminé sa vie dans les archives de l'Assemblée nationale sans même être examinée, brandie comme une réalité incontestable -"forcément, si c'est écrit...". 

    Les sanctions ont été durcies: quitter la Sécu devient un délit

    Le culot aide aussi à se rêver un peu plus nombreux qu'en réalité. Exemple avec Christian Person, ce chef d'entreprise qui inonde la presse de tribunes réclamant la fin du monopole. Vérification faite, il reste affilié à la Sécu parce que son comptable lui a dit que s'assurer ailleurs était bien trop dangereux. Mais il prend date car, demain, il pourrait y avoir "de formidables opportunités de business" dans son secteur, le portage salarial. 

    Du côté des caisses de Sécurité sociale, on juge le phénomène marginal. Le RSI avance le nombre de 769 personnes ayant fait part, au début de janvier, de leur souhait de se désaffilier. L'Acoss, qui chapeaute toutes les caisses, estime à un petit millier le nombre de "libérés". Pas de quoi s'affoler, en apparence. Pourtant, le gouvernement comme les organismes de Sécurité sociale sont très vigilants. A la fin de 2014, deux épisodes judiciaires leur ont donné des sueurs froides.  

    Successivement à Limoges et à Nice, des juges demandent au RSI de prouver son inscription au registre de la mutualité. Aussitôt, les "libérés" crient victoire. Pour eux, c'est fait, puisqu'on lui demande cette preuve, forcément le RSI est une mutuelle et le monopole de la Sécu tombe ! Ils oublient que, dans le premier cas, la cour d'appel n'a pas encore rendu sa décision -elle le fera le 23 mars- et que, dans le second, un appel a été interjeté. 

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    La ministre de la Santé, Marisol Touraine, est la cible d'attaques. Sa faute? Exercer sa tutelle sur la Sécu. <figcaption>

    La ministre de la Santé, Marisol Touraine, est la cible d'attaques. Sa faute? Exercer sa tutelle sur la Sécu.

    afp.com/Bertrand Guay

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    Pas question, pour le gouvernement, de laisser le mouvement profiter de ces péripéties judiciaires. La riposte est immédiate. Lors du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale, en octobre 2014, les sanctions sont durcies à l'encontre des personnes qui inciteraient à se désaffilier : elles risquent désormais deux ans d'emprisonnement et/ou 30 00 0 euros d'amende. Quitter la Sécu devient un délit, punissable de six mois d'emprisonnement et de 15 0 00 euros d'amende. Pour l'instant, aucune procédure n'a été engagée -les pouvoirs publics ne veulent pas risquer d'être déboutés le jour où ils utiliseront cette arme. 

    Mais la menace porte. Au-delà des fanfaronnades, artisans, commerçants, indépendants sont, en réalité, bien peu nombreux à se désaffilier. Trop d'inconnues. Il y a ces experts-comptables qui menacent de ne plus les accompagner. Cette angoisse de perdre les aides européennes pour les agriculteurs, ce numéro d'agrément octroyant des avantages fiscaux ou l'accès aux marchés publics pour les autres, cette retraite pour laquelle on a cotisé si longtemps et cette assurance-chômage si bienvenue en cas de difficultés extrêmes. Alors, ils se renseignent encore et encore, écoutent des réponses souvent stéréotypées, rarement convaincantes. Ils fréquentent les réseaux sociaux, se complaisent dans cette atmosphère paranoïaque où les ordinateurs s'éteignent tout seuls, où les messageries sont piratées et les médias, hostiles. Sans franchir le pas. 

    La décision de la cour d'appel de Limoges, le 23 mars, sera déterminante. Si les juges donnent tort au RSI et considèrent qu'il peut être assimilé à une mutuelle, "ce sera un tremblement de terre", reconnaît un responsable des caisses. En attendant le pourvoi en cassation, l'arrêt de la cour d'appel s'appliquera, ouvrant une brèche légale dans le monopole de la Sécu. Dans le doute, l'exécutif prépare, pour le deuxième trimestre, de nouveaux outils destinés à décourager les indépendants de s'affilier auprès d'un assureur européen. 

    A contrario, si Limoges confirme le monopole, les "libérés" seront privés d'un argument dont ils usent et abusent depuis quelques mois. Pour avoir trop revendiqué une victoire qui n'en était pas encore une, ils devront assumer une défaite bien réelle. La Sécurité sociale fêtera, elle, ses 70 ans. 

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  • Areva annonce 1 milliard d’économies

    mais temporise sur le volet social

    AFP 4 mars 2015 à 08:33 (Mis à jour : 4 mars 2015 à 11:36)  lien

    Philippe Knoche, directeur général d'Areva, présente les résultats de la compagnie le 4 mars 2015 à La Défense, près de Paris

     

    Philippe Knoche, directeur général d'Areva, présente les résultats de la compagnie

    le 4 mars 2015 à La Défense, près de Paris (Photo Eric Piermont. AFP)

    Temporisant sur le volet social de son redressement, Areva a dévoilé mercredi la première phase de sa thérapie de choc avec un plan d’un milliard d’euros d’économies, d’importantes cessions et un recentrage de ses activités, alors qu’un rapprochement capitalistique avec EDF est de moins en moins exclu.

    Le directeur général d’Areva, Philippe Knoche, a affirmé que le groupe n’excluait pas des suppressions d’emplois, alors que le spécialiste du nucléaire a confirmé une perte record de 4,8 milliards d’euros pour 2014.

    «Nous ferons tout pour que, s’il doit y avoir des départs, ils se fassent sur la base du volontariat», a déclaré Philippe Knoche lors d’une conférence de presse à l’occasion de la présentation des résultats du groupe, détenu à plus de 87% par des capitaux publics.

    Selon un communiqué du groupe, Areva prévoit d’engager «à partir de la fin du mois de mars» une phase de concertation avec les organisations syndicales sur «un projet d’accord-cadre» relatif à «l’emploi, aux rémunérations et au temps de travail».

    Le ministre du Travail, François Rebsamen a assuré sur France Inter que le gouvernement suivait «de près» le dossier et qu’à ce stade aucune suppression de poste n’avait été évoquée, notamment lors d’une rencontre lundi avec le président du conseil d’administration d’Areva, Philippe Varin en présence du ministre de l’Economie Emmanuel Macron.

    Mardi soir, ce dernier assurait qu’il n’y aurait pas de «carnage social» dans le groupe public et invitait à ne pas «alimenter l’inquiétude des salariés».

    Le milliard d’économies visé à horizon 2017 se fera via «de nouveaux leviers d’achats», «une forte amélioration de la productivité» et «en allégeant les structures et en optimisant les implantations géographiques», selon le groupe.

    Areva table sur un retour dans les trois ans à un niveau de marge «comparable à celui de ses concurrents sur les différents marchés du monde».

    Le groupe a d’ores et déjà annoncé une nette réduction de ses investissements et un programme de cessions d’actifs supérieur aux 450 millions d’euros annoncés en octobre dernier.

    Le groupe annonce aussi «la levée de financements bancaires au niveau des actifs industriels» et «des partenariats comportant un volet financier».

    - Rapprochement possible avec EDF -

    Un rapprochement capitalistique avec EDF, qui pourrait prendre une participation dans le groupe ou dans certains actifs, n’est pas exclue, mais des discussions sur ce point n’interviendront que «dans un second temps», a affirmé Philippe Knoche.

    La «refonte» du partenariat entre l’électricien et le spécialiste du nucléaire qu’annonce Areva pourrait aller «jusqu’à un rapprochement, y compris capitalistique», a estimé M. Macron, dans un entretien au Figaro paru mercredi.

    Le gouvernement plaide en effet pour la création d’une véritable filière française du nucléaire autour d’Areva, EDF et du CEA (commissariat à l’énergie atomique).

    «L’Etat examinera les propositions des directions générales d’EDF et d’Areva qui se sont engagées dans des discussions en vue d’une refondation de la filière française», ont déclaré dans un communiqué la ministre de l’Energie Ségolène Royal, le ministre des Finances Michel Sapin et M. Macron, soulignant que cette filière constituait «un facteur essentiel de la souveraineté et de l’indépendance énergétique de notre pays».

    Dans un premier temps, ce rapprochement passe par l’achèvement des projets en cours (EPR de Flamanville, EPR d’Hinkley Point au Royaume-Uni), l’optimisation de la gamme de réacteurs développée par les deux groupes français et le «défi de la compétitivité», selon Areva.

    Une recapitalisation publique est en revanche «prématurée», aux yeux d’Emmanuel Macron alors que le groupe dit étudier «des moyens de renforcement de ses fonds propres».

    Areva doit ses résultats catastrophiques aux difficultés (retards et surcoûts) engendrées sur les projets d’EPR Olkiluoto 3 en Finlande, et de Flamanville en France, au fiasco financier de l’acquisition d’Uramin en 2007, à la morosité du secteur nucléaire depuis l’accident de Fukushima en 2011 et à des pertes dans les énergies renouvelables.

    En 2014, les provisions passées pour le seul projet d’EPR finlandais ont atteint 720 millions d’euros.

    A l’avenir, le groupe entend se recentrer sur «le coeur des procédés nucléaires» sans pour autant abandonner son modèle intégré promu par sa précédente dirigeante Anne Lauvergeon (2001-2011), allant de l’extraction d’uranium au traitement des déchets issus des centrales nucléaires.

    Areva compte aussi sur les vents porteurs en Chine et plus généralement en Asie dans le nucléaire pour en faire une priorité de son développement et y renforcer sa présence.

    Le groupe a conclu un accord stratégique il y a un an avec le chinois CNNC sur l’ensemble des activités nucléaires et participe également au chantier des deux EPR Taishan 1 et 2, qui avancent mieux que les deux autres en Finlande et en France.

    AFP

     


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    Livret A: retraits supérieurs aux dépôts en janvier

    (9e mois de suite)

    Par le <time datetime="2015-02-28T07:01:00+01:00" itemprop="datePublished">28 février 2015   lien </time>
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    Le Livret A a connu un neuvième mois consécutif de décollecte nette, les retraits ayant dépassé de 850 millions d'euros les dépôts en janvier, selon des données publiées lundi par la Caisse des dépôts.

    A la peine depuis mai 2014, ce produit d'épargne avait terminé l'année passée dans le rouge, avec une décollecte nette de 6,13 milliards d'euros.

    Alors que janvier est généralement un bon mois pour le Livret A, la concurrence de placements jugés plus attractifs par les épargnants a continué à peser. Et ce, alors que le gouvernement a décidé de maintenir son taux à 1% quand la formule permettant de le calculer devait mécaniquement le faire chuter à un nouveau plus bas historique de 0,25%, en raison de la faiblesse de l'inflation.

    Parmi ces concurrents figure notamment l'assurance-vie, avec des fonds en euros (à capital garanti) qui ont rapporté 2,5% en moyenne en 2014.

    Surtout, les épargnants ont continué à plébisciter en janvier le Plan épargne logement (PEL), avec un "coup d'accélérateur" lié à l'évolution de sa rémunération annoncée par le ministère des Finances mi-janvier, selon une source bancaire interrogée par l'AFP.

    En effet, tout PEL ouvert avant le 1er février était assorti d'un taux garanti de 2,5%, taux qui reculait à 2% pour ceux ouverts à partir de cette date.

    "En janvier, on a enregistré 25% d'ouvertures de PEL en plus et une collecte en hausse de 13% par rapport à janvier 2014", a expliqué à l'AFP une source d'un réseau bancaire en France.

    En ce qui concerne le Livret de développement durable (LDD), lui aussi rémunéré à 1%, les retraits ont également été supérieurs aux dépôts en janvier, à hauteur de 200 millions d'euros.

    Au total, 364,1 milliards d'euros étaient déposés fin janvier sur ces deux produits de placement, dont les encours permettent notamment de financer le logement social en France.


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  • Paris entend réduire ses déficits « sur un rythme adapté à l'objectif de croissance »

    Le Monde.fr avec AFP | <time datetime="2015-02-27T01:50:05+01:00" itemprop="datePublished">27.02.2015 à 01h50</time> • Mis à jour le <time datetime="2015-02-27T01:57:49+01:00" itemprop="dateModified">27.02.2015 à 01h57  lien </time>

     

    Les efforts de Paris pour réduire les déficits publics vont se poursuivre en 2015 et en 2016, mais « sur un rythme adapté à l'objectif de croissance ». Telle est la ligne défendue par le ministre français des finances, Michel Sapin, dans un entretien au Berliner Zeitung, publié vendredi 27 février.

    Ce dernier rappelle ainsi au quotidien allemand que la France a « consolidé de façon massive son budget depuis 2012 », le tout avec un déficit « réduit de moitié » entre 2011 et 2014.

    DES MESURES SUPPLÉMENTAIRES

    M. Sapin avait déjà assuré, jeudi, à Vienne que des « mesures supplémentaires » seraient prises pour remplir les engagements européens de Paris en matière de réduction de déficits publics en 2015, dans la mesure où celles-ci s'avéraient nécessaires.

    Lire aussi : L'UE attend un « programme de réformes ambitieux » de la France

    Mercredi, Bruxelles a donné un délai de deux ans supplémentaires au gouvernement français, soit jusqu'en 2017, pour réduire son déficit nominal (Etat, protection sociale, collectivités locales) à 3 % de son PIB. Paris prévoit 2,7 % en 2017, après 3,6 % en 2016.

    Lire aussi en édition abonnés, l'analyse : Pourquoi Bruxelles n’a pas fait de cadeau à Paris

    « UNE POLITIQUE ÉCONOMIQUE MOINS RESTRICTIVE »

    « Nous voulons rendre l'économie française à nouveau compétitive », a plaidé le ministre au Berliner Zeitung. « Si nous voulons assez de croissance de même qu'une inflation conforme à la définition de la Banque centrale européenne, nous devons suivre une politique économique moins restrictive. »

    >> Lire aussi en édition abonnés, l'entretien : Michel Sapin : « Nous serons sous les 3 % de déficit en 2017 »

    Pour 2015, Paris table sur un objectif de croissance de 1 %, après 0,4 % en 2014. Mi-février, le premier ministre, Manuel Valls, a toutefois estimé que, pour cette année, son gouvernement pouvait « faire mieux » que cette prévision.


     

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