• Riboud passe la main chez Danone, la fin d'une longue histoire

     

    Publié le 02.09.2014, 21h00 | Mise à jour : 21h51lien

     
    Aux manettes depuis deux décennies, Franck Riboud cède, à l'approche de la soixantaine, la direction opérationnelle de Danone à son lieutenant Emmanuel Fabe.

    Aux manettes depuis deux décennies, Franck Riboud cède, à l'approche de la soixantaine, la direction opérationnelle de Danone à son lieutenant Emmanuel Fabe. | AFP/Pierre Andrieu

     
    Aux manettes depuis deux décennies, Franck Riboud cède, à l'approche de la soixantaine, la direction opérationnelle de Danone à son lieutenant Emmanuel Faber, mettant fin à une situation unique dans le grand capitalisme français.

    Le propriétaire des yaourts Danone, d'Evian ou des petits pots Blédina a annoncé mardi que les fonctions de président et de directeur général allaient être dissociées à compter du 1er octobre, Emmanuel Faber devenant directeur général.<btn_noimpr>
     
     

    SUR LE MÊME SUJET

    </btn_noimpr>Franck Riboud (58 ans) conserve pour sa part la présidence du Conseil d'administration, mais lamarche du groupe au jour le jour sera déterminée par M. Faber. Ce sera la première fois qu'un non-Riboud assurera la direction opérationnelle de l'entreprise qui n'a connu depuis sa création en 1966 que deux patrons : Antoine, puis Franck Riboud.

    Une situation dynastique inédite pour un groupe du CAC 40 dont la famille fondatrice ne détient plus qu'une infime fraction du capital (0,2 million d'actions sur 643,8 millions). En faisant monter M. Faber aux plus hautes responsabilités, M. Riboud veut «préparer le futur» et permettre «l'accession d'une nouvelle génération à la direction de Danone», selon un communiqué.

    Diplômé de HEC et âgé de 50 ans, Emmanuel Faber est entré chez Danone en 1997. Il gérait depuis 2008 les fonctions «corporate» (finances, ressources humaines...) du groupe et était vice-président du conseil d'administration depuis 2011. Franck Riboud reconnaît qu'«il y a une grande part d'affect dans ce choix». Mais il assure aussi au quotidien Le Figaro : «Emmanuel connaît par coeur le groupe et a participé à toutes les grandes décisions stratégiques depuis le début». Agé de seulement 58 ans, Franck Riboud souhaite garder un pied dans le groupe en tant que président du conseil d'administration pour plancher «sur les grandes orientations stratégiques de Danone à moyen et long terme».

    Danone : 20 milliards de chiffre d'affaires en 2014

    Antoine Riboud, entrepreneur emblématique, avait eu le génie en 1972 de fusionner son entreprise verrière BSN avec le fabricant de yaourts Gervais Danone, pressentant que l'essor des emballages jetables nuirait à l'industrie verrière. L'entreprise s'était par la suite développée de façon exponentielle dans tous les secteurs de l'agroalimentaire et partout dans le monde. A son arrivée, Franck, le «fils de», choisit de recentrer le groupe, n'hésitant pas à céder le champagne Lanson, les pâtes Panzani, la bière Kronenbourg, la moutarde Amora, les soupes Liebig, les conserves William Saurin, les biscuits Lu et même le mythique Carambar . «Si nous avions gardé le périmètre de 1996, Danone parlerait anglais», confie celui qui est devenu l'un des patrons les mieux payés du CAC 40.

    Danone en 2014, c'est plus de 20 milliards de chiffre d'affaires dont 60% réalisé hors Europe et seulement 10% en France. C'est aussi 100.000 salariés employés dans quatre pôles d'activité: les produits laitiers frais, les eaux, la nutrition pour bébé et la nutrition médicale. Emmanuel Faber va devoir gérer un climat assez morose, avec des produits laitiers qui pâtissent de la crise en Europe et d'une situation délicate en Chine, qui représentait ces dernières un des principaux leviers de croissance. Les eaux en revanche se portent bien, notamment parce que Danone a réussi à prendre le virage des eaux aromatisées, les «aquadrinks».

    M. Faber devra aussi mener à bien le projet «Danone 2020» qui vise à identifier les leviers de croissance future et à éviter au groupe d'être avalé par plus gros que lui. Et l'Afrique pourrait dans ce cadre là présenter un beau terrain de jeu. Le nouveau directeur général pourrait de plus poursuivre sur la voie du recentrage, les rumeurs s'étant multipliées ces derniers mois sur une éventuelle cession de la branche nutrition médicale.

     

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    LeParisien.fr


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    Pour l'économiste Paul Krugman, la France est un malade imaginaire

    Par , publié le <time datetime="2014-08-29 09:24:00" itemprop="datePublished" pubdate="">29/08/2014 à 09:24</time><time datetime="2014-08-29 17:46:17" itemprop="dateModified">, mis à jour à 17:46   </time>lien 

    L'économiste américain Paul Krugman, dans une contribution au site du New York Times, estime que la situation économique en France est loin d'être catastrophique. Des propos qui n'auraient pas détonné dans la bouche d'Arnaud Montebourg. 

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    </aside><figure>Pour l'économiste Paul Krugman, la France est un malade imaginaire<figcaption>

     

    Paul Krugman est un économiste américain, prix Nobel d'Economie en 2008.

     

     

    REUTERS/Tim Shaffer

     

    </figcaption></figure></header>

    "L'hypocondrie de la France l'amène à accepter des remèdes de charlatans, devenant la véritable cause de sa détresse." Non, la phrase n'est pas d'Arnaud Montebourg, mais bien de Paul Krugman, économiste américain, prix Nobel d'économie 2008, difficilement soupçonnable de gauchisme forcené. Et pourtant, l'analyse qu'il livre sur la situation économique de la Francen'aurait pas dénoté dans la bouche du désormais ancien ministreévincé de Bercy.  

    D'ailleurs, Montebourg citait justement l'économiste pour appuyer son propos dans l'interview accordée à nos confrères du Monde la semaine dernière. Oui, celle-là même qui avait précipité sa chute, enclenché la crise gouvernementale et provoqué le remaniement ministériel. Car voilà un moment que Paul Krugman met en doute l'efficacité des politiques d'austérité en Europe, allant jusqu'à faire dire au site Business Insider que l'Américain est en fait le principal responsable de la chute du gouvernement Valls I. 

     

    Sans aller jusqu'à revendiquer cet hypothétique coup d'éclat, Paul Krugman persiste et signe ce mercredi dans une contribution publiée sur le site du New York Times sobrement intitulée "quel est le problème avec la France?". Il y développe un argumentaire en trois points, graphiques à l'appui, pour démonter le pessimisme qui domine de ce côté de l'Atlantique. 

    La faute à Hollande

    A ses yeux, le taux d'emploi en France n'a rien à envier à celui qui est observé aux Etats-Unis. Mieux, il lui est supérieur. Et tant pis si pour étayer sa démonstration, Krugman ne se base que sur le taux d'emploi des 25-54 ans quand le problème majeur du marché du travail en France concerne justement les jeunes et les séniors. Il ajoute que les déficits français ne sont pas plus catastrophiques que ceux observés aux Etats-Unis.  

    Enfin, il enfonce le clou en démontrant que la tendance déflationniste est avant tout un problème européen avant d'être hexagonal. Il pointe au passage la responsabilité de l'Allemagne, où les salaires n'augmentent pas assez vite, et celle des pays du sud, où ils ont au contraire baissé trop rapidement.  

    Pour Paul Krugman, "les données ne reflètent absolument pas l'histoire qui nous est racontée", mais ce n'est pas parce que les Etats-Unis ou l'Europe (qui présentent des symptômes et des problèmes très différents) ne vont pas mieux que la France va bien. Et pour Krugman, le responsable est tout trouvé: "Jusqu'à présent, la priorité de Hollande est de se serrer la ceinture (...) et le résultat est une sorte d'effet multiplicateur de l'austérité qui conduit la croissance à faiblir, aggravant les déficits et conduisant à toujours plus d'austérité." Vous ne rêvez pas, on dirait bien du Montebourg dans le texte. 


     


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  • Angela Merkel renouvelle son appel à des «réformes structurelles» en France

     

    Créé le 27/08/2014 à 23h00 -- Mis à jour le 27/08/2014 à 23h04
    <aside>La chancelière allemande Angela Merkel à Berlin, le 27 août 2014.

    La chancelière allemande Angela Merkel à Berlin, le 27 août 2014. MICHAEL SOHN/AP/SIPA

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    EUROPE - La chancelière allemande n'a fait aucun commentaire sur le nouveau gouvernement français...

    Le remaniement ne change rien. La chancelière allemande Angela Merkel a renouvelé mercredi soir son appel à de «véritables réformes structurelles en France», sans plus de commentaires sur le nouveau gouvernement français, lors d’une interview publique organisée par le magazine Cicero.

    >> Revivez l’annonce du nouveau gouvernement en live par ici

    «En France, il s’agit de savoir si l’on fait de véritables réformes structurelles. Cela, le président français aussi l’avait annoncé», a déclaré Angela Merkel au lendemain de la présentation du nouvel exécutif socialiste français, perçu comme plus social-libéral que le précédent.

    Le principal déclencheur de la crise gouvernementale française a été les propos de l’ancien ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, appelant samedi dernier dans le quotidien Le Monde à «hausser le ton» face à Berlin et critiquant les «axiomes idéologiques» de la droite allemande.

    Merkel s’abstient de tout commentaire sur le nouvel exécutif

    Après la nomination au ministère de l’Economie de l’ex-banquier d’affaires Emmanuel Macron, le Premier ministre français Manuel Valls a estimé mercredi que l’Europe avait «plus que jamais besoin d’une entente forte, durable et productive entre la France et l’Allemagne».

    S’abstenant de tout commentaire sur le nouvel exécutif à Paris, Angela Merkel s’est bornée à souhaiter que les pays membres de l’UE «soutiennent de concert la croissance», et «pas uniquement par une augmentation des dépenses».

    La chancelière allemande a rappelé qu'«en 2000, l’Allemagne était l’homme malade de l’Europe, vilipendé de toutes parts». Le pays a redressé la situation «par des réformes», a-t-elle ajouté.

     20 minutes avec AFP

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  • Logement: les mises en chantier chutent toujours

     

    Créé le 26/08/2014 à 09h50 -- Mis à jour le 26/08/2014 à 23h40
    <aside>Les mises en chantier de logements neufs en France ont continué à se détériorer de mai à juillet 2014, avec un recul de 13,3% sur un an, pour s'établir à 73.468: Photo du 1er aout 2014 à Lille

    Les mises en chantier de logements neufs en France ont continué à se détériorer de mai à juillet 2014, avec un recul de 13,3% sur un an, pour s'établir à 73.468: Photo du 1er aout 2014 à Lille PHILIPPE HUGUEN AFP

    </aside>

    Paris - L'attente d'un nouveau train de mesures pour relancer la construction, érigée en priorité de la rentrée par l'exécutif, s'est encore renforcée mardi, avec l'annonce d'une poursuite de la chute des mises en chantier de logements neufs entre mai et juillet.

    Les mises en chantier ont continué à se détériorer sur cette période, avec un recul de 13,3% sur un an, pour s'établir à 73.468, et ont même dégringolé de 16% pour les logements classiques (hors résidences), selon les statistiques du ministère du Logement publiées mardi.

    Ces mauvais chiffres, qui se dégradent de mois en mois, ont poussé le gouvernement à faire de la relance de la construction l'une de ses priorités de la rentrée.

    Le président François Hollande a promis la semaine dernière un nouveau «plan de relance» pour le secteur, alors que les efforts du gouvernement n'ont pas permis jusqu'ici d'enrayer l'effondrement de la construction.

    Dimanche, plusieurs médias ont affirmé que le gouvernement s'apprêtait à autoriser la location de logements neufs entre ascendants et descendants d'une même famille, parmi les mesures envisagées pour redynamiser un secteur moribond.

    «Malheureusement la dégradation continue. On ne voit pas comment les choses peuvent se redresser rapidement», a commenté à l'AFP François Payelle, président de la fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

    Sur les douze mois achevés en juillet, le nombre de logements neufs mis en chantier affiche un recul également notable de 10,8% à 305.079 unités. La tendance s'aggrave cette fois: le repli n'était encore que de 8,5% au mois de mai.

    Un niveau historiquement bas et en retrait d'un tiers par rapport au pic exceptionnel de l'année 2007, qui s'élevait à 466.000 unités.

     

    - L'urgence de la «simplification» -

     

    Le marché de l'immobilier souffre d'un «double problème» selon les professionnels de l'immobilier.

    «Il existe à la fois un problème pour les acheteurs, qui ont perdu confiance, ainsi qu'une complexification croissante de la procédure pour les opérateurs», a indiqué M. Payelle.

    Pour Benoît Heitz, économiste à la Société générale, la situation économique «globale» reste le principal responsable.

    «Avec la crise, la baisse des revenus et le chômage, les ménages ne sont pas incités à emprunter. Et ceux qui peuvent le faire en ont encore moins envie», a déclaré à l'AFP M. Heitz.

    Le nombre de permis de construire accordés pour des logements neufs, qui renseigne sur les futures mises en chantier, a de son côté diminué de 1,1% de mai à juillet, à 101.885, toujours selon le ministère. Un léger mieux, comparé à leur recul de 25% à la fin du premier trimestre.

    Sur douze mois, la baisse se réduit un peu pour les permis de construire, avec un repli cumulé de 17% à fin juillet (contre 20,7% à fin mai) à 391.474 unités.

    La politique du logement a un besoin «urgent» de «simplification fiscale et administrative» pour mettre fin à son déclin, plaide Jean-François Buet, président de la Fédération nationale de l'immobilier (FNAIM), interrogé par l'AFP.

    Le président de la FNAIM milite également pour une «extension» du prêt à taux zéro pour les logements anciens ou encore un «assouplissement fiscal» sur les plus-values immobilières.

    «Il faut qu'un programme de simplification soit mis en place beaucoup plus vite. On en parle mais il n'y a pas de calendrier et on ne sait toujours pas ce qui va être mis en place», a estimé François Payelle.

    Avec 45 milliards d'euros d'aides totales au logement conjuguéew à des taux d'intérêts historiquement bas, la France fait paradoxalement face à un manque criant de logements sans parvenir à stimuler la construction.

    «Même si de bonnes mesures seront prises à court terme, cela ne suffira pas à relancer l'immobilier tout de suite. Pour 2014, c'est déjà plié», a considéré Benoît Heitz.

    En 2013, 331.867 logements neufs avaient été mis en chantier, un chiffre en repli de 4,2% sur un an, bien en deçà de l'objectif gouvernemental -- encore jamais atteint dans l'Hexagone -- d'un demi-million de logements construits par an.

    Selon l'Insee, le marasme du secteur de la construction est le principal frein à la croissance en France, et lui coûtera 0,4 point de produit intérieur brut (PIB) cette année.

     © 2014 AFP

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  • L'économie mondiale a besoin d'une baisse de l'euro

    <figure data-exclu="" data-surtitre="Opinions">OPINIONSAshoka Mody, ancien chef de mission pour l'Allemagne et l'Irlande au Fonds Monétaire International, professeur de politique économique internationale, Princeton.<figcaption>Ashoka Mody, ancien chef de mission pour l'Allemagne et l'Irlande au Fonds Monétaire International, professeur de politique économique internationale, Princeton. (Crédits : DR)</figcaption></figure><section>

    Ashoka Mody  |  <time datetime="2014-08-19CEST16:33:00+0200" itemprop="datePublished">19/08/2014, 16:33 </time> -  lien 

    IL faut cesser de croire que l'économie mondiale va repartir par enchantement. Le monde entier a tout intérêt à une dépréciation coordonnée de l'euro. Par Ashoka Mody, ancien chef de mission pour l'Allemagne et l'Irlande au Fonds Monétaire International, professeur de politique économique internationale, Princeton.

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     Dans le film « Un Jour sans Fin », un présentateur météo interprété par Bill Murray se réveille tous les matins à 6h00 et revit la même journée. La même impression de déjà-vu a gagné les prévisions économiques depuis le début de la crise économique mondiale il y a bientôt cinq ans. Pourtant les décideurs restent convaincus que le modèle économique de croissance dominant durant les années d'avant la crise reste encore leur meilleur repère, au moins dans un avenir proche.

    Mais la mise à jour de milieu d'exercice du World Economic Outlook du Fonds Monétaire International raconte la même histoire chaque année depuis 2011 : « Zut ! L'économie mondiale n'a pas atteint les résultats attendus. » Les rapports continuent à tenir pour responsables des facteurs imprévus : le séisme Tōhoku et le tsunami au Japon, l'incertitude quant au rendement de la politique monétaire expansionniste américaine, une revue à la hausse « unique » des primes de risque et les conditions météorologiques extrêmes aux États-Unis.

    Une erreur de jugement chronique

    En insistant sur la nature provisoire de ces facteurs, les rapports insistent sur le fait que, bien que la croissance de PIB mondial ait augmenté de près de à 3% au premier semestre, elle devrait reprendre au second semestre. Grâce à ce nouvel élan, la croissance devrait enfin atteindre l'an prochain le taux tant attendu de 4%. Si cela ne devait pas se produire, le FMI publie une autre interprétation des mêmes arguments.

    Cette erreur de jugement chronique révèle la nécessité de penser différemment. L'accent mis sur les perturbations causées par la crise financière obscurcit peut-être une modification naturelle dans le passage des économies développées à un régime inférieur, après des années de croissance accélérée. En outre, si les économies émergentes connaissent également de forts ralentissements de croissance, leur part du gâteau économique mondial va continuer à augmenter. En bref, les trois phénomènes de concurrence économique plus contraignante, de croissance plus lente et d'un faible taux d'inflation ont de beaux jours devant eux.

    Une consommation des ménages qui reste atone, aux Etats-Unis

    Aux États-Unis, les conditions d'un décollage économique ont été ostensiblement présentes durant l'année écoulée. La dette des ménages et le chômage ont diminué. Les réserves de bénéfices et la trésorerie des entreprises sont importantes. Le marché boursier affiche des pronostics favorables pour l'avenir. Les banques sont prêtes à prêter et les mesures d'assainissement budgétaire n'entravent plus la demande.

    Pourtant contre toute attente, la croissance de la consommation des ménages reste terne et les entreprises n'ont pas augmenté leurs investissements. Durant les deux premiers quarts de cette année, le PIB des États-Unis a à peine dépassé son niveau de la fin de l'année dernière et une grande part de l'augmentation a résulté des marchandises produites mais non encore vendues. L'explication dominante (un hiver très froid) a une portée si faible qu'il ne trompe vraiment plus grand monde.

    Les consommateurs américains restent marqués par la crise. Cela pose un autre problème : à domicile et au travail, le sentiment d'excitation quant à l'avenir est absent, malgré une foule de gadgets tape-à-l'œil dans ce domaine. Et bien que les mesures d'assouplissement quantitatif de Réserve fédérale américaine aient aidé les entreprises, elles ne remplacent pas l'enthousiasme et l'anticipation nécessaires pour propulser les investissements.

    Une croissance du commerce mondiale bloquée à 3%, loin des 6 à 8% d'avant crise

    Même la prévision globale de croissance réduite du PIB à 3,4% pour cette année pourrait bien se révéler trop optimiste. Avant la crise, les échanges mondiaux ont augmenté de 6 à 8% par an, bien plus rapidement que le PIB. Mais jusqu'ici cette année, la croissance du commerce reste bloquée à environ 3%.

    Ne pas reconnaître le ralentissement fondamental actuel renforce l'attente selon laquelle les anciens modèles peuvent relancer la croissance : une approche qui ne fera que créer de nouvelles fragilités. D'après Atif Mian et Amir Soufi, les achats d'automobiles et d'autres biens durables par les consommateurs américains ont été renforcés par les mesures de prêts non-durables de type « subprimes » qui ont servi à financer des achats immobiliers avant la crise.

    Un secteur financier britannique représentant 900% du PIB?

    De même, Mark Carney, gouverneur de la Banque d'Angleterre, imagine un secteur financier britannique de la taille de celui de Chypre, représentant 900% du PIB. L'économiste Michael Pettis met en garde quant à la dépendance de la Chine par rapport aux mesures de relance économique, qui risquent de provoquer une accumulation des vulnérabilités macroéconomiques en cas de blocage.

    Deux bouleversement dans l'économie mondiale: croissance lente et concurrence accrue des émergents

    Les deux variations tectoniques dans l'économie mondiale (une croissance plus lente du PIB et une concurrence accrue des marchés émergents) ont créé une fracture qui divise aussi l'Europe. Le leadership technique détenu par les économies commerciales traditionnelles d'Europe s'érode, tandis que la concurrence des salaires encourage les craintes de déflation. Et alors que les économies les plus endettées de la zone euro supportent le fardeau de ces évolutions, l'Italie trône en tête de ce déficit.

    Organiser une dépréciation coordonnée de l'euro

    Cependant, la Banque Centrale Européenne est incapable de relancer à elle seule la croissance de la zone euro. Compte tenu de l'inertie qui pèse sur l'économie mondiale et en particulier sur les échanges mondiaux, il est dans l'intérêt du monde d'organiser une dépréciation coordonnée de l'euro. Dans le même temps, un stimulus coordonné sur les investissements à l'échelle mondiale est nécessaire en vue de créer de nouvelles opportunités de croissance.

    Tout comme le personnage de Bill Murray ne pouvait pas s'échapper d'un jour sans fin à moins de modifier radicalement sa vie, on ne peut s'attendre à des résultats économiques différents sans des modèles de croissance fondamentalement différents.

    Ashoka Mody, ancien chef de mission pour l'Allemagne et l'Irlande au Fonds Monétaire International, est actuellement professeur de politique économique internationale à l'École Woodrow Wilson des affaires publiques et internationales, à l'Université de Princeton.

    © Project Syndicate 1995-2014

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