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Économies budgétaires: le gouvernement sur la défensive
Économies budgétaires: le gouvernement sur la défensive
Par Marie Visot, Olivier Auguste Mis à jour <time class="updated" datetime="21-06-2012T23:44:00+02:00;">le 21/06/2012 à 23:44</time> | publié <time datetime="21-06-2012T20:11:00+02:00;" pubdate="">le 21/06/2012 à 20:11</time> lien
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Le ministre du Travail, Michel Sapin, le 5 juin à Paris. Crédits photo : BERTRAND GUAY/AFPLes révélations du Figaro ont provoqué des réactions contradictoires.
Les informations du Figaro sur la préparation du budget de l'État pour 2013 et les années suivantes ont provoqué un certain flottement, hier, au sein de l'exécutif. Ironie ou étonnement? «Si c'était le cas, j'en aurais été informé tout de même!», a rétorqué François Hollande, interrogé au Brésil.
Mais Michel Sapin, fraîchement débarqué, lui, du G20 mexicain, n'a pas démenti les chiffres avancés sur les réductions d'effectifs dans les ministères «non prioritaires»,c'est-à-dire hors Éducation, Intérieur et Justice. Sans vouloir les «confirmer point par point», le ministre du Travail a observé qu'ils étaient «simplement la traduction de ce que François Hollande a dit pendant toute la campagne électorale: c'est qu'il n'y aura pas de diminution globale du nombre de fonctionnaires. Et je peux le dire autrement, a-t-il ajouté, il n'y aura pas d'augmentation globale du nombre de fonctionnaires».
Sachant que 13 000 embauches annuelles sont promises à l'Éducation et à l'Intérieur, il faudra donc en supprimer autant ailleurs. Ce qui revient mathématiquement à réduire en moyenne de 2,5% par an des effectifs des autres ministères, même si une petite marge de manœuvre existe la première année, les enseignants n'étant recrutés qu'à la rentrée de septembre(nos éditions de jeudi). Tout cela n'est «pas une révélation», a tranché Michel Sapin, bien placé pour le dire puisqu'il fut chargé d'élaborer le programme présidentiel de François Hollande, rappelle son entourage.
Nouveau coprésident du groupe EELV, le député François de Rugy a enfoncé le clou au «Talk 2012 Orange-Le Figaro», jugeant «logique» la stabilisation des effectifs dans la mesure où la nouvelle majorité trouvait «les caisses vides». Matignon et Bercy, qui avaient admis la «cohérence» de ces données la veille, les ont néanmoins remises en cause hier, affirmant: «Ces chiffres ne sont pas ceux du gouvernement.»
«La RGPP change de nom»
Les réactions n'ont en tout cas pas tardé. «Ainsi donc la RGPP, c'est-à-dire la rationalisation des services publics, n'est pas abandonnée. Elle change de nom, c'est tout!», a lancé sur Twitter Éric Woerth (UMP) qui, à Bercy, avait lancé ce chantier sous l'autorité de Nicolas Sarkozy. Son successeur au ministère de la Fonction publique, François Sauvadet (Nouveau Centre), a jugé que «les masques tombent».
Parmi les syndicats, Force ouvrière s'est montré le plus direct. «Déshabiller Pierre pour habiller Paul n'est pas une solution, les deux sont en slip», a grincé l'un de ses dirigeants, Pascal Pavageau, sur France Info. La branche fonctionnaires de FO a prévenu qu'elle ne resterait pas passive si les projets de réduction d'effectifs et de gel des salaires se concrétisaient, taclant au passage ses concurrents: «En n'ayant donné aucune consigne de vote aux élections présidentielle et législatives (…), nous ne sommes pas gênés aux entournures ni pris au piège de la cogestion!» Une pique que la CGT pourra prendre pour elle, qui a appelé à battre Nicolas Sarkozy. Mais dans les syndicats plus modérés, une partie des dirigeants, proches du PS, qui prônaient plus ou moins ouvertement l'indulgence pour le nouveau pouvoir, risquent aussi de se retrouver en porte-à-faux vis-à-vis de leur base. Les informations du Figaro ont ainsi semé «la panique» à la tête de l'Unsa, témoigne un cadre.
Les coupes annoncées dans les dépenses de fonctionnement (-10 % en 2013,
-3 % en 2014 et 2015) et d'intervention (-40 % en trois ans, hors champ social et ministères prioritaires) ont été moins commentées. Selon nos informations, elles ont bien été exposées ces derniers jours au conseiller budgétaire de chaque ministre. Sans s'aventurer sur un chiffre, Michel Sapin a admis la «nécessité» de réduire les dépenses de «bureaux, voitures, toutes les dépenses qu'on peut rogner sans mettre en cause le service public».«L'œuvre qui est devant nous est immense. Rien ne sera facile», prévenait Jean-Marc Ayrault à l'issue des législatives. Le séminaire gouvernemental sur le budget qui doit se tenir lundi autour du premier ministre devrait en convaincre les participants.
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Tags : Budget, Fonctionnaires, François Hollande, Michel Sapin, Jean-Marc Ayrault
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