Le président Xi Jinping a fait mouche sur la Toile chinoise en jugeant, mardi devant le Collège d'Europe à Bruges, que la République populaire a déjà expérimenté plusieurs systèmes politiques sans succès, y compris la démocratie et le multipartisme. Avant d'estimer que copier les modèles politiques ou de développement étrangers pourrait s'avérer catastrophique pour la Chine.
«La monarchie constitutionnelle, la restauration impériale, le système multiparti et présidentiel: nous les avons considérés, essayés, mais aucun n'a fonctionné», a lancé le numéro un chinois. En raison de son histoire et de ses conditions sociales uniques, la Chine ne peut pas copier le système politique ou un modèle de développement importés de l'étranger «parce que cela ne nous conviendrait pas et pourrait même entraîner des conséquences catastrophiques». Et d'ajouter: «Le fruit a peut-être le même aspect, mais son goût peut être très différent.»
Bien qu'elle tolère l'existence de petits partis, plus ou moins inféodés, au Parti communiste chinois (PCC), la Constitution de la République populaire reconnaît au PCC un rôle «dirigeant» au sein du pouvoir. Une Constitution, entrée en application deux ans avant la prise de pouvoir des communistes en 1949, avait autorisé le multipartisme. Cependant, elle n'a jamais été réellement mise en œuvre en raison de la profonde animosité entre les nationalistes du Guomindang et les communistes du PCC. Les nationalistes ont fini par s'enfuir à Taïwan, où ils ont entrepris des réformes politiques dans les années 1980, qui ont fait de l'île l'une des démocraties les plus vibrantes d'Asie.
Propagande officielle
Les propos de Xi ont déclenché un torrent de commentaires sur Weibo, le Twitter chinois. «Entre 1911 et 1949, pendant 38 ans, la Chine a passé quinze ans de conflits entre les seigneurs de guerre, huit ans contre l'envahisseur japonais et quatre ans de guerre avec le Guomindang. Donc la Chine n'a jamais réellement expérimenté la monarchie constitutionnelle, le système multipartite et le régime présidentiel», écrit Dapeng.
Un autre blogueur, Tianjin Yangtuo, renchérit: «Selon la logique de Xi, on peut dire que la Chine est un exemple de réussite, tandis que Taïwan est le modèle d'échec. Mais alors, expliquez-moi pourquoi les familles des fonctionnaires chinois n'arrêtent pas d'émigrer à l'étranger?»
Quelques rares internautes défendent le président, jugeant que la démocratie ferait courir le risque de troubles sociaux, reprenant à leur compte la propagande officielle. «Au moins, nous n'avons pas la dictature familiale en Chine. Nous sommes plus heureux que les Nord-Coréens», estime Heshang Buhaose sur Weibo. L'accession au pouvoir de Xi Jinping en novembre 2012 avait pourtant suscité l'espoir chez de nombreux libéraux, qui s'attendaient à ce qu'il inscrive ses pas dans ceux de son père, un vice-premier ministre réformateur. Renforçant le sentiment qu'il n'y aura pas d'ouverture politique sous Xi, le magazine Qiushi, porte-voix du PCC, a jugé que les «valeurs universelles» n'existent pas.